Hpa-An, la suite : Mont Zwegabin, petit village, toujours au top !

Après une première journée faite de belles rencontres, d’un beau coucher de soleil, d’une jolie promenade en moto, il me reste 2 jours pour continuer de découvrir cette magnifique région ! Et surtout, grimper ce fameux mont Zwegabin !

 

Le mont Zwe Ga Bin

 

Elisa m’avait vantée le Mont Zwegabin ! Elle m’avait dit que c’était plus dur qu’Adams Peak alors je suis curieuse !! On décide de s’y rendre à 2h45 du matin pour y être au lever du soleil. Accompagnée de Felicia et d’une amie suisse à elle. On se met en route, cerveau embrumé mais motivées ! Après 15 minutes de route, alors qu’on est à mi-chemin du point de départ, une énorme averse se déclenche. On s’arrête sous un abri sur le trottoir en se disant que ça va passer. Malheureusement, la pluie fait des bulles sur le sol, c’est mauvais signe ! Et effectivement, 1h30 plus tard, on est toujours assises sur le trottoir. La pluie ne ralentit pas. La route est complètement inondée, on est juste dégoutées. On pourrait être dans nos lits, au lieu de ça on est assises par terre dans le noir et on a … froid !

On finit par décider de rentrer sous la pluie, on arrive complètement frigorifiées à l’hôtel.

 

Le marché

 

Le matin, je vais prendre mon petit déjeuner sur le marché, j’opte pour des spaghettis en salade avec une sauce tomate/pimentée et toujours des cacahuètes ! Pour … 30 centimes ! C’est super bon ! J’achète aussi des fruits et des graines bien décidée à repartir sur une alimentation plus saine ! Une femme qui tient un stand me demande d’où je viens. Je réponds poliment, et s’ensuit alors un tour du marché où elle m’explique l’utilisation de chaque ingrédient, me présente à sa famille… Elle parle super bien anglais et est adorable ! Au moment de partir elle me donne un genre de cacahuètes, c’est celles qu’ils mettent dans la salade de feuilles de thé ! J’insiste pour payer mais c’est un cadeau… Tellement de générosité ! Je suis chaque minute plus étonnée par ce peuple !

 

Mont Zwegabin : 2 ème tentative !

 

Je décide alors de me rendre à la montagne (à nouveau), le ciel s’est dégagé et j’ai espoir de voir le coucher de soleil ! C’était sans penser à cette chaleur assommante … Arrivée au pied de la montagne, je suis déjà en sueur, au bout de ma vie. Je m’assois 5 minutes à la recherche de motivation. Une femme est assise pas loin et … c’est une française ! YOUHOU ! Un mois que je n’ai pas parlé français ! On papote une petite demi-heure. Elle me dit être montée ce matin à 6h (il ne pleuvait plus !!!) et qu’elle vient juste de redescendre et que c’était déjà dur. Bon, c’est décidé je ne le ferai pas maintenant.

Et voilà le fameux mont ! Raide ? A peine !!!

 

Le génocide des Rohingyas, première approche …

 

Un moine se joint à la conversation. Il parle plutôt bien anglais alors on discute de tout et de rien, de son pays. Je tente alors d’en savoir plus sur le génocide des Rohingyas qui a lieu en ce moment même dans le nord du pays. Il fait d’abord comme s’il ne savait pas de quoi je parlais. Je ne suis pas une spécialiste du conflit, mais de ce que j’ai compris. Un moine « extrémiste » souhaite tuer tous les musulmans « bangladais » (qui sont en fait sur le territoire birman depuis des siècles mais n’ont ni la nationalité birmane ni bangladaise, ce qui les rend « peuple le plus persécuté du monde » selon l’ONU). Ces conflits sont absolument terribles, les bouddhistes (un comble !) tuent tout le monde et rasent des villages, violant les femmes et massacrant les bébés au passage… Ce conflit est d’autant plus gênant que The Lady, Aung San Suu Kyi, élue prix nobel de la paix en 1991 et désormais à la tête du pays nie l’existence de ces combats. La situation politique est en fait beaucoup plus compliquée que ça puisque la Birmanie a été une dictature militaire, la « junte militaire » a gouverné le pays pendant 30 ans, rendant tout échange avec l’extérieur impossible. La présence de Suu Kyi était censée être une renaissance pour le pays mais la junte détient encore 25% des places au parlement et Suu Kyi est soutenue par les bouddhistes du pays, elle ne peut donc pas se mettre son peuple à dos en dénonçant ces attaques… Donc en résumé, cette situation me gêne et me fait énormément culpabiliser d’être là et de « donner » de l’argent à ce gouvernement (à travers le visa, les frais d’entrée des lieux touristiques, les nuits d’hôtels qui sont taxés s’ils reçoivent des étrangers…) qui poursuit ses horreurs sur des gens qui n’ont rien demandé. Pour alléger ma conscience, j’avais décidé de me renseigner le plus possible auprès des locaux pour ne pas rester dans l’ignorance.

Donc, ce moine était ma première tentative. Il n’y a personne autour, je ne suis pas dans l’offensive, je cherche juste à comprendre sa version des faits et là, surprise… Les conflits, les attaques sont causés par les musulmans “ces mecs avec une grosse barbe, non mais vraiment la barbe c’est pas normal, ça montre bien qu’ils sont méchants”. Et ils tuent “des gentils bouddhistes” qui n’ont rien demandé. Mais ces musulmans “ne sont pas birmans, ils sont bangladais ! Et les birmans ont peur, ils ne se défendent pas !” Il conclura son petit discours pas un « muslim are bad ». Quand je lui demande comment il s’informe sur le sujet, si c’est à la télé ou dans les journaux il rigole et me dit « bah non, sur Facebook! ». Désolée, je suis has-been ! Il renchérit d’ailleurs « je me suis fait voler mon portable, je l’avais laissé à charger au monastère et il a disparu, quand je suis revenu, il y avait le câble mais plus le téléphone, je suis sûr que c’est un musulman… ». Bon, c’est assez dur pour moi d’entendre des propos comme ça, il me demande « en France vous aimez bien les musulmans ? ». Je tente alors un discours de paix, pour moi, il n’y ni bonne ni mauvaise religion, il y a des bonnes et des mauvaises personnes, indépendamment de leur religion bouddhiste, musulmane, chrétienne…

Le moine ne se démonte pas et change alors de sujet « comment tu dis tu es très jolie en français? » Bon, ça annonce la fin de la discussion !

 

Moto dans les petits villages !

 

Felicia m’a rejoint et on décide de retenter l’escalade de la montagne la nuit suivante ! Pour ce qui concerne la fin de notre journée, on va aller se promener dans les petits villages. Et alors là, c’est émotions puissance 10 000 ! On passe dans des endroits incroyables. Les enfants jouent au ballon dans la rue et nous font de grands signes. On voit les personnes âgées assises dans la cour des jardins nous faire de grands sourires, les parents qui nous font coucou ou appellent leurs enfants pour qu’ils nous « voient » et nous fassent un signe de la main. Ce sont des endroits extrêmement pauvres, le salaire moyen en Birmanie est de 50€/mois… Les maisons sont faites en bois, en feuilles séchées, en terre. Il y a souvent un puits dans le village où les jeunes hommes pompent laissant apparaître tous les muscles de leurs frêles corps. Les femmes portent toujours un bébé sur le dos. les enfants aident les parents dans les champs, à pêcher, à cuisiner .. Ici, ils ne doivent pas être scolarisés. Je n’avais jamais vu autant d’enfants travailler depuis le début de mon voyage. Dès 3 ans, ils apprennent à porter les charges sur leurs têtes et font des aller-retours avec des sac de sables sur leur petite tête. Mais en parallèle, ça ne fait pas misère, une telle générosité et de si beaux sourires s’échappent de leurs visages que je ne ressens pas de pitié. Mais çà me fait de la peine oui…

Encore un moment dingue ! Décidément, les Birmans ne vont cesser de m’émerveiller !

D’un seul coup, on entend « where are you from ? » vite demi tour !! Quelqu’un qui parle anglais !! Au moins 15 personnes (dont 10 enfants) sont entassés dans un petit shop au bord de la route. On nous donne des chaises, du lait de soja, des lingettes pour se rafraîchir le visage, des bonbons… Bon en fait, le monsieur qui nous a interpellées ne savait rien dire d’autre et je ne suis même pas sûre qu’il ait compris le nom de nos pays ! On prend une photo tous ensemble et on tente une fois de plus de payer, sans succès ! On ouvre alors nos sacs et décidons de leur offrir quelque chose. Felicia a une écharpe qu’elle donne à la maman. Moi, j’ai une boite neuve de bananes séchées. Ils sont trop contents de pouvoir tous picorer dedans. Quand je leur tend la boite et que je vois leurs visages rayonnés j’ai des frissons dans tout le corps.

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On continue à conduire et on se retrouve face à une scène hors du temps. Le soleil commence à sa coucher derrière les montagnes. Une carrière fait de la poussière et rend la scène mystique .. On se gare au bord de la route et décidons de traverser un champ pour se rendre au petit temple que l’on aperçoit en face. On croise un fermier avec ses buffles, un pêcheur enfoncé jusqu’à la taille dans des marécages… La terre est pourtant très sèche tout autour, elle est toute craquée, on se croirait dans le désert.

En fait, ce n’est pas un temple, c’est un monastère, trop tard, on est dedans ! On est un peu gênées car il n’y a « rien » à voir du coup. Plein d’enfants jouent dans la cour, on s’apprête à repartir et une fois encore, on nous rattrape pour nous offrir … un yaourt à boire et un Redbul ! On remercie 1000 fois, trop gênées ! On fait une photo de groupe et décidons de repartir directement, très embarrassées.. On n’a pas fait 10 mètres que deux (jeunes!) ados nous rattrapent à moto et nous font signe de monter derrière eux. On leur dit qu’on a des motos, qu’il n’y a pas de soucis ! Ils insistent (et ils ne parlent pas anglais donc on ne comprend pas …) alors on monte derrière eux et ils nous ramènent exactement à nos motos ! Comment ils ont su où on les avait laissées ??? Tout se sait, c’est trop drôle ! Le jeune qui me conduit doit avoir 12 ans, il conduit pied nus pour passer les vitesses ! NORMAL !

 

Coucher de soleil : WAOU !

 

On se rend ensuite sur le pont au dessus de la rivière où on est censées voir la sortie des chauves souris. La légende dit qu’elles sortent tous les soirs et volent jusqu’à la frontière Thaïlandaise pour ne revenir qu’au petit matin. Je ne sais pas si elles vont jusqu’en Thailande mais des milliers (millions ?) de chauve souris s’échappent de la grotte formant une grosse traînée noire dans le ciel comme de la fumée ! C’est très impressionnant, je n’avais jamais vu ça ! Pendant 15 minutes, ce trait se déplace dans le ciel et s’enfonce dans la noirceur de la nuit…

A droite de la colline, vous pouvez voir comme de la fumée, ce sont les chauve-souris !

 

En plus, le coucher de soleil que l’on admire est absolument incroyable ! Je manque clairement de vocabulaire et d’adjectifs pour décrire cette journée ! Mais TOUT était incroyable et magnifique…

On rentre à l’hôtel des étoiles dans les yeux. Quand un énorme orage éclate. On se pense à l’abri jusqu’à ce qu’il pleuve dans la chambre. Juste à cote de mon oreiller. je déplace le lit, mets un seau par terre. On attend que ça passe. Puis, coupure d’électricité !!! Tout le couloir est inondé, la rue s’est transformée en rivière, et bien sûr, plus d’électricité implique plus de ventilation… On a chaud !

Le réveil sonne à 5h après une très courte (et humide) nuit ! Direction la montagne !

 

Mont Zwegabin round 3 !!!

 

Je me réveille, je suis vraiment pas en forme, je ne me sens pas bien. Mais j’ai promis à Félicia qu’on le faisait ce matin, je ne peux plus reculer. On y va, après 30 minutes de montée, je suis déjà très très mal. J’ai le tournis, envie de vomir, j’ai envie d’abandonner mais je NE peux PAS ! Ça ne fait pas parti de mon vocabulaire. Je fais des pauses toutes les 10 minutes, je dois m’asseoir, ça tourne… J’ai les jambes qui flageolent. Felicia est loin devant. Après une dizaine de pauses (peut-être plus ??) j’arrive enfin au sommet, 2000 marches plus haut. 2 heures de montée, les pires de ma vie ! Je ne me suis jamais sentie aussi faible, je suis trempée je pourrai essorer mon tee-shirt, le soleil est déjà haut dans le ciel. Mais je suis super fière d’y être arrivée ! I did it !!!!
Je confirme, c’est plus dur qu’Adams Peak alors qu’il y a 3 fois moins de marches !! Mais j’ai mis presque autant de temps, c’est plus raide ! Et le fait d’être seule force à puiser le courage au plus profond de soi. Au Sri Lanka, voir toutes ces personnes monter avec moi m’avait carrément fait oublier la douleur !

Je suis au dessus des nuages, il n’y a personne au sommet. J’observe les mamans singes allaiter leurs bébés. La vue est vraiment dingue ! C’est merveilleux et ça valait le coup de me battre contre moi-même toute la montée ! Pour redescendre, j’ai le souvenir horrible d’Adams Peak où j’ai cru m’écrouler à cause de mes jambes qui ne me portaient plus : je suis déjà pas en forme , hors de question que ça se reproduise ! Alors je fais des pauses super régulièrement, je descends un peu en courant. Et à l’arrivée, je suis plus en forme que Félicia ! Trop fière, j’ai pas géré la montée mais la descente je suis au top !

Sur le chemin de la descente, je croise plein de birmans qui disent « mingalaba » avec de grands sourires ! (Ils ont l’air de galérer à monter aussi hein !!) Moi, je suis rouge, en sueur, au bout de ma vie, j’ai pas franchement envie de prendre des selfies… Mais je ne peux rien leur refuser alors vas y qu’on fait des séances photos toutes les 50 marches …

Ça reste une très bonne expérience et si je m’étais levée plus en forme en ayant mieux dormi (et si j’avais mangé avant de partir, oups!) ça aurait surement été plus simple !

Il est temps de dire au revoir à Hpa-An, je prends le bateau pour Moulmein. Le trajet est réputé pour être magnifique mais crevée comme je suis, je m’endors au bout de 5 minutes et me réveille à l’arrivée… Bon, la prochaine fois, je le ferai en bus ! Ça coûtait moins cher et c’était beaucoup plus rapide ! Tant pis, j’ai été bercée par le courant c’était une petite sieste bien agréable !

 

En conclusion :
Hpa An a été génial, incroyable, merveilleux, magique, dingue, ouf,… !! J’ai absolument tout adoré. Je n’aurai pu espérer une meilleure approche de la Birmanie pour mes premiers jours. J’ai eu tout ce que je recherche dans mes voyages : la beauté des paysages, la liberté à moto, la gentillesse des habitants, des rencontres inoubliables, du sport, de l’émotion, des énergies…
Birmanie, après seulement 3 jours, je suis déjà tombée sous ton charme !