Après mes 3 premiers jours à Hpa An, je décide de me rendre à Moulmein, sans trop savoir pourquoi. Au final, une décision en entrainant une autre, je vais me retrouver dans un monastère pour pratiquer la méditation puis dans un avion pour la Russie et enfin avec ma moto sur un bateau, quoi vous n’avez pas suivi ?? Je vous explique tout !

Visite de Moulmein, ses pagodes et son île Bilu

A peine descendue du bateau, je rejoins Cinderella Hostel. C’était le moins cher sur internet. Au final, c’est bien trop cher pour ce que c’est ! La wifi ne fonctionne pas dans la chambre, alors je regarde le film Wild, un « incontournable quand on est une fille qui voyage seule », verdict : j’ai bien aimé sans être transcendée, ça vaudra le coup que je le regarde de nouveau, j’étais peut-être encore trop fatiguée ! A 18h, je me rends au marché de nuit, ça me fait marcher un peu, ça me réveille ! Pour moins d’un euro, je mange une assiette de pâtes aux légumes très copieuse ! Le tout avec la vue sur le coucher de soleil sur la rivière et le match de foot sur écran géant. Cette ville qui parait toute calme, toute tranquille sur la rivière est en fait la quatrième plus grande ville birmane !

Je me couche à 20h et … fais le tour du cadran ! J’étais vraiment, VRAIMENT, fatiguée … Après cette nuit réparatrice, on pourrait croire que j’aurai les idées claires mais pas du tout ! Je suis incapable de me décider sur mon programme de la journée. Est-ce que je reste dans cet hôtel ? est ce que je change ? est ce que je loue une moto pour aller me promener ? est ce que je prends le bateau pour aller sur une ile ? Je cogite, je cogite … N’arrivant pas à choisir, je me dis que je vais déjeuner et qu’on verra bien ! Je mange chez Help grand-father, grand-mother. Vue sur la rivière ! Je prends un smoothie avocat, du pain/omelette sucrée bizarre, et une salade de feuilles de thé ! Tout ça pour à peine plus d’1€, j’aime vraiment trop ce pays !

Je finis par me décider à louer une moto pour aller me promener. Vu que mon hôtel ne loue pas de moto, je préfère en changer. Je me rends donc chez Breeze Guesthouse. J’ai une mini chambre sans fenêtre mais le prix (avec petit déjeuner !) est plus cohérent que ce que j’avais la veille.

Je me mets en route, au bout de 5 minutes, je réalise que je n’ai pas mis de crème solaire et que ça cogne ! Je me décide à faire demi-tour, 2 minutes après, je sens des gouttes : bon, je vais prendre crème solaire ET poncho de pluie ! Je retourne à l’hôtel et réalise que j’ai oublié de laver mon linge. Je fais ma lessive et repars en laissant le poncho et la crème solaire sur mon lit … Cette journée commence vraiment mal !!

Mon plan, c’est d’aller voir un monastère qui se trouve « à gauche dans la forêt ». Je me mets en route et quand je vois un pont vers la droite, je le prends ! Aucune logique. Mon cerveau est vraiment confus ce matin… En fait, j’ai atterris sans faire exprès sur l’ile où j’hésitais à aller en bateau ! Le pont est tout récent et par conséquent, pas encore indiqué sur mon GPS ou sur les blogs que j’avais consulté. Bon, me voilà à faire le programme que je n’avais pas choisi ! Je suis dure à suivre et ça me fatigue !

L’île Bilu est très jolie, beaucoup de champs cultivés, de rizières, du bétail.. Mais c’est la saison sèche, je ne peux qu’imaginer comme ça doit être plus joli en saison des pluies ! Je m’arrête acheter des fruits au bord de la route. Je paye et repars à ma moto. Je prends le temps de grignoter des petits bouts avant de repartir et la vendeuse me rejoins avec un grand verre d’eau à la main : adorable !

Le monsieur cueille les nénuphars !

Après un rapide tour de l’île, direction le monastère (je vais y arriver !!!!). A peine à l’entrée on me demande « vous restez combien de temps ? »
Dans ma tête c’est la panique !! « Comment ça?? je venais juste voir moi ! Haaaan c’est peut être un signe, peut être que je devrais faire une semaine de méditation ? De toute façon, j’ai aucune réponse de mes mails à Vipassana, j’ai postulé à 3 centres différents en Birmanie et NADA ! Après tout, pourquoi pas. »
Je réponds alors simplement « je peux commencer demain pour une semaine ? » et voilà, c’est adjugé ! TROP BIZARRE !

Visite du village Yoe Goe et confection d’un Longyi !

J’ai lu quelque part que le village de Yoe Goe était spécialisé dans la confection de longyi, ces longues jupes portées par tous les  hommes et femmes ici ! Je pars donc à travers les petits chemins du village espérant “tomber” sur des femmes tissant des jupes. Je ne sais pas trop ce que je cherche. J’aperçois une femme dans sa cour en train d’actionner un gros métier à tisser ! Je m’arrête et lui demande si elle est d’accord pour que je regarde, son visage s’éclaire elle me fait de grands gestes pour que j’entre regarder de plus près. C’est incroyable la dextérité avec laquelle elle utilise son gros outil.

Je trouve un peu plus loin dans le village, un petit magasin de tissu. Les couturières rigolent nerveusement en me voyant arriver. Je choisis un tissu et leur demande de me montrer comment le nouer. Ne parlant pas anglais, c’est un peu compliqué… Je comprends qu’elle peut prendre mes mesures pour me mettre des agrafes ! J’accepte bien volontiers et la voilà à me mesurer dans tous les sens. Elle me propose de revenir le lendemain, mais je lui propose de revenir dans une semaine après la méditation !

(Verdict : je suis très satisfaite de ma jupe !!! Et j’ai eu plein de compliments de locaux qui m’ont dit qu’elle était très belle !)

La colline des pagodes, un chef d’oeuvre !

Je me rends ensuite à la colline des pagodes au cœur de la ville. Tout le long de la crête des collines sont construites des pagodes (beaucoup de pagodes !). Je m’arrête à une première. Je fais comme les locaux et laisse mes chaussures (enfin, mes tongs) sous ma moto sur le parking et pars pied nu. Il y a des escaliers, aie aie aie, les courbatures de la veille ! Arrivée en haut, j’aperçois un tout petit bébé chat tout maigre, je craque. Je m’assois par terre, aux pieds de Bouddha et commence à jouer avec lui. Il ronronne trop fort ! Il est tout seul, aucun autre chat à proximité… J’ai trop envie de le prendre avec moi mais comme je commence la méditation le lendemain ce n’est pas possible. Je l’abandonne à contre cœur. Heureusement, quelques temples plus loin, à 100 mètres, je vois plein d’autres chats, ça me rassure, il n’est pas complètement seul !

A peine arrivée à ce nouveau temple, un homme s’approche de moi. Il me demande d’où je viens et quand je réponds « France » il me répond blasé « tous les touristes sont français ou allemands, french everyday ! », je le comprends, moi aussi ça me saoule de voir autant de français hahah !

Je m’arrête à tous les points de vue et autres stupas, pagodes, temples sur la route ! Le dernier est vraiment impressionnant ! On y accède par un ascenseur (WTF!) depuis la route ! C’est apparemment un bon spot pour le coucher du soleil mais je n’ai pas le courage d’attendre, la journée a été longue, je suis crevée.

Le soir, j’annonce au gérant de l’hôtel que je pars le lendemain au centre de méditation, il est trop content ! Il a été moine auparavant et a été à l’inauguration du premier monastère bouddhiste birman à Paris (quelque chose comme ça!). Je dois partir à 7h et le petit déjeuner doit être servi à partir de 7h, pas de souci qu’il me dit, on s’occupera de toi ! A peine réveillée, mon petit déjeuner est prêt, il a déjà appelé un moto-taxi et il me lit des textes de méditation pendant tout le temps où je mange … Je suis déjà en pleine immersion !
Je suis prête, j’enfourche la moto à l’arrière du conducteur et je vois le gérant s’approcher et lui donner de l’argent, je n’ai pas encore compris à ce moment-là mais il vient de me payer mon trajet !

Mon expérience en centre de méditation !

Il est 7h30 le lundi matin quand j’arrive à Pa Auk monastery. J’ai déjà reçu une part des instructions la veille mais il me reste à obtenir ma tenue et ma gamelle. Une femme moine me les donne, elle me montre ma chambre que je vais partager pour une nuit avec une jeune femme chinoise, la salle de méditation et l’endroit où je pourrai avoir à manger, 2 fois par jour.

Elle me donne le programme de la journée imprimé sur une feuille :
– réveil à 3h30
– méditation de 4h à 5h30
– repas à 5h30
– nettoyage de la chambre à 7h
– méditation de 8h à 9h30
– méditation marchée de 9h30 à 10h30
– repas à 10h30
– méditation de 13h à 14h30
– méditation marchée de 14h30 à 15h30
– méditation de 15h30 à 17h
– « réunion »
– méditation de 19h à 20h30

Et elle m’abandonne. Genre : démerde-toi, à dans une semaine !
Bon, dans la réalité elle me dit « si t’as des problèmes tu peux passer à mon bureau sur les heures de pause » mais bon …

Je rejoins donc la première séance de méditation de 8h. C’est très impressionnant, toutes les femmes sont assises en tailleur sur un petit tapis carré, certaines ont une moustiquaire autour d’elle. Il y a un silence de plomb. Je me trouve une petite place et me joins à elle.

Sur les papiers qui m’ont été donné la veille est expliquée « la méthode ānāpānassati » pour débuter la méditation. 4 pages que je pourrai résumer en « se concentrer sur le souffle qui sort de notre nez et qui touche la partie supérieure de notre lèvre, quand vous arrivez à vous concentrer 30 minutes sur cette zone vous pourrez passer à l’étape suivante ». OH MY BUDDHA ! Après une très courte période (5 minutes ? haha) je réalise que je ne sens pas l’air à cet endroit, c’est impossible! Je tente alors de me concentrer sur ma respiration mais mon esprit part vite en vrille et je me laisse emporter par le flot de mes pensées.

Ensuite, c’est l’heure de marcher et il tombe des trombes d’eau, je m’enferme donc dans ma chambre et fais une petite sieste, trop d’effort pour une petite matinée… Puis, c’est déjà l’heure du dernier repas de la journée, à 10h30. Je pars donc avec ma gamelle et m’incruste dans la file à l’endroit réservé pour ma « catégorie » c’est à dire les « yogis étrangères ». Je suis après les moines enfants et avant les yogis birmanes. En gros, entre les roses et les marrons !

Je fais donc la queue avec ma gamelle et là, catastrophe, on me sert à manger, beaucoup trop à manger !! Ma gamelle est archi pleine, je ne vais jamais pouvoir manger tout ça ! Mais il le faut, interdit de jeter la nourriture de l’aumône … Je suis agréablement surprise car c’est très bon mais je ne peux tout de même pas finir. En fait, je ne savais pas, il faut faire « la difficile » au moment où l’on est servi et faire des signes (car l’on ne parle pas) pour indiquer si l’on en veut un peu plus, un peu moins, pas du tout, juste une cuillère … Pfiouuuu! Je saurai pour le lendemain !

L’après-midi se passe comme le matin, je tente de me concentrer sur mon souffle en-dessous du nez (sans succès) et sur ma respiration, c’est pas trop mal mais si j’atteins 30 minutes de concentration sur toute la journée c’est bien le max que j’ai dû faire !
Le soir, je me rends à la réunion bien décidée à poser toutes mes questions ! Enfin juste une question (que j’aurais sûrement du me poser auparavant …) « comment fait-on pour méditer ? ». Je pensais que c’était un entretien en 1 to 1 mais non, je me retrouve dans une pièce avec plein d’autres moines (au féminin toujours ! On a aucun contact avec le sexe opposé !) qui sont assises face à UN moine (au masculin) qui leur explique la vie (en gros). Ensuite, elles peuvent poser des questions. Des questions de l’ordre « je me suis vue sortir de moi-même, que dois-je faire ? » et que le gars réponde « te concentrer pour ne faire qu’un avec cette apparition ». Bref, des questions de gens expérimentés en méditation et des réponses toute faites d’un moine/gourou ! Je ne me vois plus du tout poser ma question ! Je ne me sens pas du tout à ma place. Je m’éclipse alors « discrètement » mais raté ! Tout le monde me regarde et le moine/gourou me dit « tu n’as pas de questions ? » NOOOOON et je pars … La honte !

Le soir, au moment de prendre ma douche je réalise qu’il n’y a pas de lumière dans la salle de bain, ni de pomme de douche. Je me lave donc à la lumière de mon portable, à l’eau froide, à l’aide d’un seau ! La chambre, je n’en ai pas parlé mais c’est une pièce carrée, vide. Sur le sol, des cartons qui servent de paillasse où dormir ! J’ai mon sac de couchage donc je peux mettre les couvertures sous moi pour compenser un peu l’absence de matelas.

Le lendemain, le réveil pique ! C’est super tôt ! On est réveillés par des bruits sourds, un genre de gong suivi des hululements des chiens ! (ils n’ont pas arrêté toute la nuit d’ailleurs, grrr)

Le matin et le soir, pour la première et dernière méditation de la journée, les moines chantent toutes ensemble (guidées par une piste audio avec une voix masculine). Les chants sont en birmans..

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24 heures que je suis là, je n’ai parlé à personne, ça fait parti de l’expérience mais je me sens un peu perdue ! Je ne me sens pas efficace pendant la médiation, je ne sais pas exactement ce que je suis censée faire, ressentir, pas faire, … Du coup, je ne sais pas comment progresser, super frustrant !

Il pleut non-stop alors je zappe toutes les méditations marchées pour faire la sieste … pas bien !

Le 2ème soir, je décide de chercher sur internet « comment méditer » afin de m’aider à progresser ! Je supprime toutes les applications susceptibles de me reconnecter au monde réel et je rallume mon portable. Je trouve des articles super intéressants, des vidéos sur Youtube et j’écoute le discours du Dhamma en français (il est diffusé tous les soirs au monastère mais en birman…) et franchement, je suis hyper remotivée ! C’est vraiment ça que j’ai envie de faire ! Sauf que en écoutant le speech du jour 1 je réalise que je ne les ai même pas atteint en 2 jours, normal, je ne les connaissais pas !

Les réponses que j’ai trouvées si ça vous intéresse :

=> Qu’est ce que la méditation ? La méditation est un exercice qui permet à l’esprit de se réguler lui-même. C’est la capacité à se concentrer continuellement sur une seule chose sans interruption.
=> A quoi ça sert ? Si la méditation est pratiquée correctement et régulièrement, c’est un moyen puissant pour se reconnecter avec son soi intérieur.
=> Pourquoi méditer ? L’esprit est un muscle qui a besoin d’être entraîné pour rester fort, en bonne santé, heureux et actif. Oui, c’est difficile. C’est même très difficile de réussir à faire taire son cerveau ne serait-ce que 5 minutes et ne penser à rien !

=> Pourquoi c’est difficile ? Nos pensées ne s’arrêtent jamais et envahissent notre esprit en permanence. L’idée de la méditation c’est de contrôler notre esprit pour ne plus être « perdu dans ses pensées ». Avec comme conséquence d’être plus présent à l’instant présent (coucou Musso et ton roman L’instant présent que je viens de terminer !), plus présent à l’écoute de notre corps, de nos aspirations, des autres. Permet de voir plus clair, de lever les voiles. C’est donc un premier pas vers le bonheur et la sagesse !

Ces pensées envahissantes ont un nom, le vagabondage mental – le bavard.
=> Que faire lors de la méditation ?
1/ se détacher de son esprit, ne pas le suivre dans ses divagations. Ces pensées ne sont pas « nous » elles sont des réflexes, des idées, des jugements hérités de la société, du quotidien. Lors de la méditation il ne faut pas entrer dans le jeu de l’acceptation de ces images. PAS DE RÉPIT ! Laisser couler les idées sans les suivre.
C’est DIFFICILE, il faut être patient.
2/ L’étape suivante, c’est l’analyse de ces pensées, les positionner sur une carte pour comprendre le cheminement, les récurrences, les limites, les territoires. Mais toujours SANS SE FAIRE EMBARQUER !
3/ Il faut être ferme et réactif et s’extirper à chaque fois que l’on se rend compte que l’on s’est laissé embarquer ! Ne pas laisser l’esprit gagner. L’esprit doit apprendre la discipline à mettre son énergie à votre service plutôt qu’à nous distraire.

Attention! Il ne faut pas faire que ça : lutter contre le vagabondage mental est un enseignement MAIS une condition de la méditation !

J’ai ensuite trouvé cette vidéoTedX dans laquelle je me suis bien reconnue et que j’ai trouvé très intéressante, c’est une philosophie que j’applique déjà dans mon quotidien (être heureux soi-même, grâce à soi sans laisser les évènements externes impacter notre bien-être = on est le seul maître de son bonheur et de sa capacité à réussir !).
Comme la vidéo est en anglais je vous traduit les passages qui m’ont semblé importants :

« Non seulement notre succès est provisoire mais notre bonheur est conditionnel. Nous sommes seulement heureux et satisfaits lorsque quelque chose d’externe nous fait nous sentir heureux et satisfaits. Nous ne sommes jamais heureux et satisfaits pour le bien d’être heureux et satisfaits! »

« Le vrai succès arrive quand tu prends le temps chaque jour de travailler sur toi-même intérieurement et que tu cultives les valeurs que tu veux voir en toi. Ensuite, tu arrives à t’accrocher à ces valeurs et à les exprimer dans toutes les situations externes, qu’elles soient positives ou négatives. »

Et si vous n’êtes toujours pas convaincus : Matthieu Ricard (que j’avais vu en conférence à La Rochelle !) a prouvé scientifiquement qu’après 3 mois de méditation : le système immunitaire est renforcé grâce à une hausse de 20 à 30 % des anticorps, il y a aussi une augmentation des cellules souches dans le sang et une diminution du taux de cholestérol et de la tension !

EDIT : Je rajoute ce lien que m’a envoyée ma copine Laura, en français cette fois, je le recommande fortement !!!

Les Antisèches du bonheur

Le lendemain matin, 3ème jour, mon ventre n’est pas en forme, il n’aime pas trop ne pas avoir à manger pendant 19 heures puis une groooosse portion … Mais rien ne peut m’arrêter, je vais à la méditation plus motivée que jamais, je vais mettre en pratique tout ce que j’ai compris la veille et .. ça marche ! Je me concentre au moins 2 fois 30 minutes d’affilées dans la matinée. Voilà, maintenant que j’ai atteint ce stade, il faut que je passe au suivant sauf que … je n’ai plus de crédit internet ! Impossible pour moi de progresser et ça me frustre. L’après-midi est une catastrophe, je perds tous mes efforts faits jusque là. Le soir, je dresse une liste des raisons pour lesquelles je devrai rester/partir.

Pourquoi partir :
– Ne pas me dégoûter de la méditation
– Avoir l’occasion de recommencer en étant encadrée
– Ne pas me stresser et me mettre mal à l’aise en restant
– Avoir plus de temps pour visiter la Birmanie

Pourquoi rester :
– Ne pas rester sur un échec
– Je n’ai pas trouvé les réponses que j’étais venue chercher (mes envies profondes pour la suite de ma vie / voyage)
– Je me suis engagée pour une semaine
– Pour continuer ma désintox réseaux/internet/bouffe

Et le lendemain en me réveillant, ma décision est prise, je m’en vais. J’aurai passé exactement 72 heures au monastère, à ne parler à personne, pas de contact avec l’extérieur. Cependant, j’ai brisé plusieurs règles, les siestes, écrire, lire, internet (même si c’était à bon escient) sont des choses non-autorisées que j’ai continué de pratiquer ! J’adore le concept de la méditation, c’est vraiment quelque chose que je veux travailler et je sais que je réessayerai mais dans un contexte différent où je serai avec d’autres débutants, encadrée par quelqu’un qui me dira quoi faire, comment le faire, et qui me rassurera face aux difficultés que je pourrai rencontrer. Partir, ça a été une décision de facilité, pas la solution que je préfère habituellement mais je n’ai qu’un mois en Birmanie et je préfère les passer à découvrir ce beau pays plutôt qu’à rester faire une expérience peu/pas concluante ! La prochaine fois, je ferai une retraite Vipassana comme je le souhaitais au départ (toujours suivre ses envies !!) qui répondra davantage à mes attentes.

Je pars à 9h, retour à la guesthouse. J’ai peur que le gérant ne soit pas très content il m’avait dit « tu dois rester le plus longtemps possible car la méditation est le plus beau cadeau de la vie » … Au final, il n’a pas l’air plus surpris que ça, je lui explique mes raisons et il comprend.

CADEAU !

Dernière journée à Moulmein ! Rencontres et bouddha géant !

J’achète un billet de bus pour le soir même, je pars à Yangon ! L’ancienne capitale du pays ! Et pour profiter de ma journée, je vais faire de la moto dans les environs ! Je décide d’aller voir les bouddhas couchés géants, les plus grands du monde ! 300 mètres de long ! Sur le chemin, j’aperçois un petit restaurant avec que des filles à l’intérieur, je suis surprise ! Généralement, les lieux de « sorties » sont beaucoup plus masculins !! Je décide donc de m’arrêter. Passée la surprise de me voir débarquer dans ce tout petit bled perdu, les jeunes filles m’invitent à leur table ! Elles parlent un petit peu anglais. Elles ont 15 ans et sont toujours scolarisées (chose assez rare par ici…). Elles sont trop mignonnes ! Au moment de partir, je vais pour payer mais non, on refuse, mon repas a déjà été payé, je ne comprends pas ! Une des ados m’a payé mon repas !!!! Ils sont fous dans ce pays !
Je remercie chaleureusement et toute gênée elle me demande « tu vas voir les bouddhas après ? » Oui, « on peut y aller avec toi ? c’est à 15 minutes à pied ». J’accepte bien entendu, demande si je peux laisser ma moto devant le petit restaurant, la serveuse me dit que oui, je peux même lui laisser mes clés ! Bon, j’ai décidé d’être moins méfiante mais quand même !!
Alors que j’ai mangé avec 4 filles, à l’extérieur du restaurant c’est 9 jeunes filles qui m’attendent pour venir avec moi ! On part toutes ensemble, en ligne en se donnant la main ! Les habitants du village nous regardent bizarrement, qu’est ce que cette touriste fait avec les petites du village ?? C’est trop drôle ! On marche 15 minutes, puis on s’arrête. L’une d’entre elle attrape un immense bâton de plusieurs mètres de hauteur et tente de détacher les fleurs dans l’arbre, les autres me font comprendre que c’est pour moi, pour me les mettre dans les cheveux ! Trop gentil !

Les bouddhas sont vraiment impressionnants, c’est gigantesque !! On peut rentrer dans leur « tête » et à l’intérieur ce sont des méandres de couloir sur 5 étages ! Dans chaque pièce, des petites scénettes de la vie de Bouddha sont représentées (un peu comme une crèche!). Les filles tentent de me raconter l’histoire qui correspond à chaque scène mais leur anglais est quand même très limité alors je hoche la tête mais je ne comprends pas tout !

Regardez la taille des ouvriers assis sur l’échafaudage ….!!!

Futur bouddha encore plus grand en construction

Mes copines d’un jour !

On se trempe les pieds dans l’eau, il y a de grands toboggans mais elles m’avouent ne l’avoir jamais fait, elles ont trop peur ! On va ensuite dans un jardin de l’amour puis on rentre en direction de ma moto. J’achète une sucette à chacune, je ne savais pas quoi faire d’autre pour les remercier …

Sur la route pour revenir au restaurant, elles me disent « c’est notre prof de maths !! » hmmmm ok … Et ni une ni deux, me voilà présentée à la prof de maths qui parle bien anglais. Elle m’installe à l’intérieur, demande aux filles de m’apporter à boire. On discute, je montre les photos de La Rochelle, de mes parents, de mon chat, basique pour rompre la barrière de la langue ! Sans que je m’en aperçoive, une des petites s’éclipse et revient avec ses 3 chats, elle les porte au niveau du ventre et les 3 petites têtes sont alignées, elle me les colle dans les bras ! C’est trop chouuuuu ! Puis, le fils de la prof de maths arrive, il est prof de sciences et parle anglais également. Puis la maman de la fille aux chats arrive et m’invite dans sa maison.

Là, plus personne ne parle anglais ! Je suis livrée à moi-même ! J’arrive dans une maison où 3 femmes m’installent sur une chaise, m’apportent à boire. Et la grand mère de 92 ans me reçoit dans le salon. Elle a un immense sourire qui illumine son visage, c’est la première fois qu’elle reçoit une touriste chez elle. Pour me faire « plaisir » les 4 femmes décident de m’offrir du durian (oui le fruit qui pue !!!!) elles en ont plein qui poussent dans le jardin « génial » je feins l’enthousiasme … J’ai beau dire que je n’ai pas faim que j’ai mangé juste avant avec les filles, personne ne comprend, et clairement elles ne veulent pas comprendre. Tant pis, je prends sur moi. Elles coupent le durian dans le salon et à mon grand désespoir, c’est tout pour moi ! Je leur fais signe d’en prendre aussi et de manger avec moi mais rien à faire… Je fais signe que c’est bon mais je n’en pense pas moins… Elles ont l’air trop contentes ! Un jeune homme arrive de nulle part avec un pinceau à la main et il parle super bien anglais ! Il m’explique que la mamie veut que je reste dormir ce soir, qu’elle va m’installer un matelas par terre et même une moustiquaire ! Pendant ce temps, la grand-mère me montre le sol, me mime un lit et me fait signe « toi – dormir – ici ». Je suis super gênée, mais je ne peux pas accepter, j’ai déjà acheté mon billet de bus, je n’ai pas d’affaires de rechange, je n’ai loué la moto que jusqu’à 18h… Mauvais timing ! Je montre le billet de bus pour me justifier. Il passe entre toutes les mains et je les vois hocher la tête dans un geste approbateur « c’est une bonne compagnie, c’est bien ! » Ouf, elles ne sont pas offensées. Puis on me met à moitié dehors me disant que je vais être en retard, je dois rentrer. C’est très asiatique de se faire mettre dehors pour notre bien ! Je dis au revoir le coeur lourd et émerveillée de cette rencontre. On me colle un sac dans les bras et à l’intérieur je vois le reste du durian dans un petit tupperware « oooh c’est trop il ne fallait pas …. ». Je sors du village faisant coucou à toutes les ados qui me regardent pas leurs fenêtres ! Quelle belle journée !

Juste avant que j’arrive à ma moto, la mamie de 92 ans m’a rattrapée ! Elle ne peut pas marcher, ses 2 filles la supportent chacune sous un bras. Je ne comprends pas la raison de sa venue. En fait, elle voulait simplement me faire coucou quand je démarrerai … Si c’est pas adorable ! Je pars et verse une larme de bonheur. Mon dieu, qu’est ce que j’ai bien fait de partir de la méditation pour vivre quelque chose comme ça !!!

En conclusion :

Moulmein, un peu en dehors du circuit touristique traditionnel, a su conservé toute son authenticité ! J’ai adoré ! De magnifiques pagodes sur la colline, de beaux couchers de soleil sur la rivière, de jolie promenade à moto ou à bateau pour découvrir les îles, un monastère qui m’aura valu une jolie expérience .. Et des birmans toujours plus généreux ! Le gérant de la guesthouse, la vendeuse de fruits, ces ados, cette famille, … Que de beaux souvenirs que je conserve au plus près de mon cœur !

Infos pratiques :

• Cinderella hostel : lit confortable et clim, certes, mais cher pour la prestation rendue (pas de wifi dans le dortoir ni de petit déjeuner !) : $10
• Breeze Guesthouse : GENIAL ! Bon, plus de confort du tout, juste un lit simple entre 4 murs et un ventilo… mais un personnel adorable, services au top (location de moto, billet de bus, conseils, petit déjeuner inclus, vue sur la rivière…) : $7
• Centre de méditation Pa Auk : visite possible le matin et possibilité de rester si + d’une semaine !
• Bouddhas couchés géants : impressionant ! Site gratuit mais donation appréciée.
• Je recommande aussi un petit temple juste après les bouddhas couchés sur la route qui va à Mudon. Vous le verrez depuis la route sur la droite au bord d’un lac !

• Help grand mother grand father restaurant : très bon, vue agréable sur la rivière et vraiment pas cher ! Une bonne adresse locale (il parait que l’argent est reversé pour les personnes agées …)
• Il y a désormais un PONT pour se rendre sur l‘île de Bilu ! Très sympa en moto (ou vélo pour les plus courageux …)