Khajuraho, temples érotiques classés à l’UNESCO !

Nous avons quitté Orchha en train pour rejoindre la ville de Khajuraho. Un site classé à l’UNESCO et célèbre pour ses temples aux sculptures érotiques. Mais vous verrez que ces représentations du kama sutra ne sont pas la seule raison de notre présence ici. Une jolie rencontre, un confort retrouvé le temps de 2 nuits, de jolis temples, un guide bien intentionné, une tentative d’arnaque déjouée…

Samedi 1er Février

Léna : Après ces quelques heures de train et la rencontre surprise avec notre hôte à la gare, nous grimpons dans son tuktuk pour rejoindre le village et la chambre d’hôtes que nous avons réservée. A peine assise, notre chauffeur nous offre une grande couverture bien chaude. Pas de chauffage dans ces moyens de locomotions extérieurs mais il est équipé !! Heureusement qu’il a tout prévu, nous avons bien 20 minutes de route et maintenant que la nuit est tombée, il fait super froid ! Tels des sushis enroulés dans leurs feuilles d’algues, nous traversons la ville de Khajuraho dans le noir total.

Sur les derniers kilomètres, la route est totalement défoncée. Et surprise ! A l’arrivée devant la maison, un immense fossé délimite le terrain. Notre chauffeur s’engouffre sans ralentir sur une petite planche en bois qui sert de « pont ». Je sers les fesses, persuadée que l’on va tomber dans le trou ! Mais ouf, ça passe ! C’est la deuxième fois aujourd’hui que nous vivons des trajets en tuktuk pour le moins atypiques 😉  

 Meilleur logement du voyage ! 

Maman : Nous arrivons devant une maison récente, située dans une sorte de lotissement. Un peu inhabituel comme lieu d’hébergement. Mais très vite nous retrouvons les particularités de ce pays : nous entrons par la porte principale et nous trouvons directement face au lit de la grand-mère qui est déjà couchée. Un timide namaste un peu gêné et nous suivons notre hôte qui passe sans un mot à côté pour rejoindre la cour juste derrière. Différents bâtiments délimitent le tour, certains sont des habitations, d’autres destinés à cuisiner, ….  Plusieurs générations de cette famille vivent ici, et certains lieux sont communs à tous.

Notre chambre d’hôte est indépendante, très jolie, couleur pastel, et comprend une salle de bain et des sanitaires dont les murs sont recouverts de faïences. Un drap, des grandes serviettes de toilette douces, du papier hygiénique !! L’eau de la douche est chaude, avec pression, le tout d’une propreté incroyable !!!! Whaou le grand luxe à 5€ la nuit.  Nous recommandons Rancho Homestay !

Léna : Je dois reconnaitre que c’est plutôt agréable d’arriver dans un endroit aussi joli et propre. Nous n’osons pas nous asseoir sur le lit avant d’être douchée. Mais comme le lieu est spacieux, nous avons des petits fauteuils où nous installer. Quelques instants plus tard, notre chauffeur réapparait avec un thé et des petits gâteaux pour patienter le temps qu’ils préparent notre repas. Incroyable ! Une douche plus tard, notre repas nous est servi dans la chambre. Les plats se succèdent, tous ont l’air plus succulents les uns que les autres. A mon grand désespoir et malgré tous nos efforts, il nous est impossible de terminer. Il y a beaucoup trop ! En plus, c’est délicieux, je me régale. L’un des currys est à base de choux, miaaaam !  

Dimanche 2 Février 

Maman : Réveil ce matin, nous avons super bien dormi ! Aucun bruit jusqu’à ce matin 5:30 départ du tuk tuk du voisin. Puis 6:00 appel à la prière. Puis c’est sûrement l’heure du ménage car j’entends quelqu’un balayer la cour. Le coq n’en finit plus de s’égosiller. Nous avons très chaud sous nos deux couvertures mais aucune envie d’en sortir il fait trop froid dans la pièce. C’est assurément la meilleure chambre de notre voyage ! Noté 9,8 /10 sur Booking ! On valide ! Deuxième douche en moins de 12h … euh ! elle est trop bien !   

Léna : Nous nous installons au soleil dans la cour et nos hôtes nous apportent immédiatement le petit déjeuner, nous sommes beaucoup trop bien reçues ! L’un des frères qui tient le lieu nous propose de nous accompagner en tuktuk pour visiter le secteur des temples. Un service payant bien entendu, la ville nous paraissant assez grande nous acceptons avant de revenir sur notre décision. Nous allons passer plusieurs heures dans l’enceinte des temples principaux (piétonne) et nous nous débrouillerons donc par nous-même. Il nous dépose tout de même à l’entrée du site.   

La ville de Khajuraho est célèbre pour ses temples aux sculptures … érotiques ! Edifié entre le IXè et le XIIè siècle, c’est l’un des lieux les plus visités d’Inde.  Alors que nous nous apprêtons à acheter les tickets d’entrées, des tas de guides nous interpellent, nous déclinons leur proposition une à une.  

Visite des temples du groupe Ouest, classé à l’UNESCO 

Maman : J’entends derrière moi quelqu’un qui nous parle en français. Nous disons d’office non merci, comme aux autres, mais je l’entends ajouter : “s’il vous plaît, j’ai quelque chose à vous dire, accordez moi deux minutes“.

En vraie curieuse je me retourne pour en savoir plus : il nous explique qu’il est guide en anglais mais qu’il prend des cours de français et souhaite nous faire la visite dans notre langue gratuitement pour s’entraîner et améliorer son français ! Il parle bien et son accent n’empêche pas de le comprendre. C’est d’accord ! Et nous voilà partis tous les trois à la découverte des temples.

Il explique bien, nous demande de l’aide quand il ne connaît pas un mot et le note dans son carnet en phonétique. Il ne sait ni écrire ni lire notre alphabet. Mais honnêtement, son français est très correct ! A la fin il nous remercie et s’en va totalement désintéressé par de l’argent sans que nous ayons le temps de proposer un billet qui aurait été amplement mérité ! Une fois de plus cet homme était sincère.  

Léna : Les temples sont tous sculptés très finement. Les sculptures érotiques ne représentent que 5% de l’ensemble du site. Certaines sont très osées, d’autres sont inspirées du kama sutra et les hindous n’hésitent pas à y ajouter des touches d’humour. Notre guide nous a par exemple montré cette rangée d’éléphants : tous regardent dans la même direction, sauf un dont l’œil a été attiré par l’activité de ce couple sur sa gauche… haha !

Toutes les divinités y sont représentées, notre guide nous a appris à les reconnaitre. Ainsi, le dieu à tête d’éléphants est toujours Ganesh, les dieux avec d’autres têtes d’animaux sont souvent des incarnations de Vishnu. Shiva est représenté avec un trident, Krishna avec la flûte, et les figures féminines dans leur quotidien : une femme s’ôtant une épine du pied, s’attachant les cheveux, s’occupant d’un bébé, …  

À la suite de cette visite bien agréable, nous profitons d’être dans une ville touristique pour manger une pizza ! Et pas n’importe laquelle : au Mediterraneo. Une pizzeria tenue par un cuisto’ ayant appris en Italie. Prometteur sur le papier mais c’était extrêmement cher et pas terrible. Notre pizza à Pushkar était bien meilleure !! Ça nous apprendra à faire les touristes, on va s’en tenir à la nourriture indienne dorénavant, revenons au classique ! Résultat, quelques mètres plus loin, nous nous arrêtons au Lassi Corner pour un excellent lassi à moindre coût. 

Nous décidons ensuite de partir en direction du village du « vieux Khajuraho » qui est sur la route pour visiter d’autres temples Jain. Ici, toutes les maisons sont bleues ! Nous sommes totalement sorties de l’axe touristique, à nouveau observées par les indiens, curieux de notre présence ici. 

Maman : Un jeune nous aborde et veut nous montrer son quartier très pauvre il nous explique qu’il y a 4 castes qui vivent ici il fait partie de l’avant dernière. Arrivés devant l’école il nous fait entrer. Parfois encore naïve, je suis surprise en réalisant que nous sommes tombées dans un piège. Le directeur nous accueille en faisant le guide au sein de son établissement. Nous finissons assises dans son bureau, à feuilleter le livre expliquant le projet de scolarisation pour tous les enfants du village. Une association essaie de collecter des fonds pour eux et nous nous retrouvons à remplir un livre d’or de nos bonnes impressions sur leur projet, puis un carnet de reçu prêt à remplir en échange de la coquette somme qu’il espère bien nous soutirer.

Il tombe mal, la journée a été un peu plus chère que prévu et nous n’avons pas beaucoup d’argent sur nous, qu’importe, dit-il, il accepte carte bancaire, chèque, … mais nous ne gardons jamais nos cartes avec nous ! Il devra se contenter d’un petit billet que nous acceptons de lui donner. Nous sortons et retrouvons le jeune qui nous a conduit ici et qui nous attend dehors. Nous restons polies mais avec davantage de retenue. Il nous accompagne alors chez un sculpteur sur bois. Nous le remercions mais nous devons continuer. Difficile à cerner !  

Jain Dharmashala 

Léna : Encore des temples ! Celui-ci est toujours utilisé, des fidèles viennent prier. Nous respectons donc la tradition : pas de nourriture ni d’eau dans le sac, il faut retirer ses chaussures… Mais une fois la porte d’entrée passée nous tombons nez à nez avec la sculpture d’un homme nu… La statue étant très grande et la porte de taille normale, nous ne voyons d’abord que ses parties génitales !! Pour une religion prônant l’abstinence sexuelle, c’est plutôt inattendu ! 

En ressortant, nous réalisons que nous n’avons plus d’argent sur nous, qu’il va bientôt faire nuit et que nous avons 3 km à marcher jusqu’à notre chambre. La flemme est bien présente, mais pas le choix, nous marchons sur la route à notre rythme. 

Rencontre à Khajuraho : c’est drôle !

Tout à coup, une moto s’arrête à notre hauteur. Un jeune homme, environ mon âge se présente et nous pose les questions habituelles « d’où nous venons, ce que l’on fait ici, combien de temps nous restons en Inde… ». 3 minutes plus tard, Yogesh nous propose de nous déposer dans le centre du village ! Super ça tombe trop bien, nous n’hésitons pas une seconde et enfourchons la moto. A peine 20 mètres plus loin, il s’arrête. Ha zut, nous n’avons pas dû nous comprendre. Il s’explique, d’abord on boit un chaï et ensuite on rentre ! Il est sympathique et nous acceptons gaiement. Un autre homme se mêle à notre conversation, ils parlent super bien anglais et sont adeptes de yoga et de méditation. Très ouverts d’esprit, ils ont déjà voyagé en Europe et la conversation se passe sans encombre. 

 Ils sont très sympas mais nous sommes au bord d’un lac, il fait nuit et je vois plein de moustiques voler autour de nous. J’insiste alors pour rentrer, je vais me faire manger !! 

Maman : Tu oublies de préciser quelques petites choses importantes pour une maman. Nous avons discuté longtemps avec eux. C’était très sympa. Nous avons bu des chaï, eux des bières. L’ambiance était bon enfant, ils ont fait tourner un joint que nous avons poliment refusé. Il a expliqué à Léna qu’en Inde il fait froid la nuit et qu’il faut toujours avoir une couverture dans son lit. Il lui a proposé d’être sa couverture si elle était d’accord… Puis nous avons pris conscience des moustiques et nous avons décidé qu’il était l’heure de rentrer.

Yogesh enfourche sa moto et attend de nous que nous fassions de même. Lucide je dis à Léna “tu crois que c’est raisonnable de monter après ce qu’il a bu et fumé ?” Léna me répond : “tu as vraiment envie de rentrer à pied ?” euh, non ! Et nous partons sans casque, bien sûr, avec ce nouvel ami très sympathique.  

Arnaque…. moins drôle !

Léna : Yogesh nous amène comme prévu en centre-ville. Nous avons déposé notre linge à un stand de pressing ce matin pour le laver et nous devons donc le récupérer. Mais alors là, c’est l’arnaque du siècle ! L’homme nous demande de payer près de 15 euros de pressing !

Je lui explique calmement que c’est impossible, les prix sont affichés en Hindi et même si je ne comprends pas ce qui est écrit, je vois bien que les chiffres ne correspondent pas. Il refait le calcul devant moi et m’indique que nous avons 43 pièces (!!). Un sketch, l’intégralité de notre sac à dos n’a pas autant de vêtements. Nous recomptons avec lui mais il n’en démord pas. Les chaussettes sont calculées individuellement et les sous-vêtements aussi. Résultat, nous arrivons à « 20 grandes pièces » (je vous parlais de chaussettes à l’instant…). Je réussis à faire descendre le prix de moitié (de 43 à 20) mais comme nous n’avons plus d’argent sur nous, nous devons de toute façon repasser à notre hébergement pour récupérer du cash.  

Yogesh nous raccompagne à moto jusque là-bas. Il a l’air surpris que nous dormions chez des « pakistanais ».  

Maman : Le propriétaire nous attend dehors il semble très contrarié en nous voyant arriver : il fait très nuit, il était inquiet pour nous ? A moins que notre arrivée sur une moto lui déplaise ? Peut-être aussi qu’il n’apprécie pas notre chauffeur ? Sa caste ? Il y a des codes ici qui nous échappent … 

Nous lui racontons notre journée et il se détend un peu. Léna l’informe de notre problème avec le pressing et il s’agace il va nous accompagner et nous aider à résoudre ça.   

Nous disons au revoir à notre ami Yogesh qui échange son numéro avec Léna pour peut-être se croiser plus tard dans une autre ville d’Inde …   

Retour au pressing où nous réglons un prix intermédiaire entre le prix indien et l’attrape touristes. Problème résolu.

Dernière nuit à Khajuraho

Retour à la guesthouse pour une nouvelle douche trop bien ! La sœur vient me faire du henné sur la main. Elle ne parle pas anglais et nous sommes déçues car il faut beaucoup de temps pour réaliser ces dessins et nous aurions aimé communiquer sur sa vie de femme dans cette partie de l’Inde. Le résultat est vraiment très joli, les traits sont fins et en plus gratuit. 

Au moment de partir pour la gare, nous pensons de nous-même à prendre la couverture qui était posée sur notre lit, en souvenir de l’aller, car les 20 minutes de tuktuk à 12 degrés nous inquiètent un peu. 

Nous sommes en avance en arrivant à la gare. A l’entrée du parking, des hommes sont assis auprès d’un feu. Notre chauffeur nous y arrête pour boire un chai. Nous avons le temps d’observer qu’une corde est tendue en travers la route et que ces hommes ont instauré un péage pour rendre l’accès à la gare payant pour les non tuktuk ! Les gens payent sans trop râler quand ils passent à ce niveau en partant. Un motard refuse et les hommes passeront un long moment à essayer de le faire changer d’avis. Nous craignons qu’après notre départ les choses s’enveniment mais au contraire il démarre et s’en va… 

Première nuit en train !! 

 Léna : Nous sommes encore en avance et devons patienter pour prendre notre premier train de nuit ! 12h de trajet et voyage en couchette pour rejoindre Varanasi. Fidèle à moi-même, j’ai peur de manquer de nourriture et achète donc de quoi grignoter. Sait-on jamais, si nous restions bloquées et que le trajet dure 20 heures finalement ? En Inde, tout est possible ! Dans le doute…  

Le train arrive et nous montons rejoindre notre place. Maman se couche sur le lit du milieu et moi tout en haut. Il faut crapahuter mais c’est propre. Des draps individuels sont distribués dans des enveloppes kraft à usage unique. Une fois allongée, je ne tiens pas assise et il est compliqué de redescendre. Je souhaite donc une bonne nuit à maman et m’endors rapidement.  

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Maman : Epuisée par notre journée, je reste quand même aux aguets pour tout ce qui m’entoure mais finis par m’endormir aussi… Toute la nuit est rythmée par les allers et venues des voyageurs qui montent et descendent du wagon sans aucun respect pour le sommeil de ceux qui restent. Les gens parlent, chantent, toussent, mangent, rotent, allument les lumières, jouent, …. C’est incroyable !

Au petit matin, le réveil est tout aussi bruyant ! Nous nous réveillons épuisées ! Nous sommes de mauvais poils et décidons de les ignorer. Nos regards renvoient nos sentiments, grrr ! Aucun savoir vivre et nous sommes dans un transport onéreux pour ce pays, les gens qui nous entourent sont certainement issus d’un milieu aisé, … Ici, il est normal de vivre chacun pour soi, l’idée de respect de la vie de l’autre ou d’intimité ne font pas partie de leur culture. Une fois de plus il ne faut pas émettre de jugement, ils ne manquent pas d’éducation, ils sont conformes à leur pays. 

Une journée suffit pour visiter la ville de Khajuraho. Nous avons réussi à y faire des rencontres authentiques bien que ce soit un endroit touristique et que les arnaques y soient malheureusement présentes… Les temples sont sublimes, tellement détaillés et travaillés ! C’est impressionnant toutes ses sculptures ! Rancho Homestay est définitivement le meilleur rapport qualité-prix du voyage et nous vous le recommandons chaudement ! Nous sommes maintenant dans le train direction Varanasi, dernière étape de notre périple… La fin approche.

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