Welcome to India : Mumbai

Depuis des années, Maman m’évoquait son envie de découvrir l’Inde et la culture indienne, un pays immense qui fascine. Au cours de mes voyages, j’ai rencontré énormément de voyageurs me parlant de ce pays avec des étoiles dans les yeux, un sentiment bien opposé de la vision des personnes n’y étant jamais allées.   

Maman : C’était au début de ses voyages, j’avais dit mi-sérieuse à Léna : l’Inde c’est trop dangereux pour une fille seule, si tu y vas un jour j’irai avec toi … Puis nous sommes allés, mon mari et moi, la rejoindre au Cambodge, avec nos sacs à dos. Léna m’a dit en rigolant : on verra comment tu te comportes là. Inutile de préciser que la barre était haute pour moi qui n’avais jamais quitté mon confort et des règles d’hygiène haute sécurité, … A la fin du voyage, j’ai eu les félicitations de ma fille, taquine, pour mes efforts. Yessss !!!! Puis il y a eu le voyage toutes les deux en Bosnie-Herzégovine et Croatie. Dernière étape pour mes facultés d’adaptation au statut de backpackeuse ! Confirmation ! Nous allions pouvoir planifier le départ. Mon mari n’était pas tenté par notre aventure mais nous soutient à 100%.  

Léna : Et puis, il y a un peu moins d’un an, Maman m’annonce, si tu veux, on part en Inde ensemble en Janvier 2020. Je n’avais pas encore de plan bien défini donc c’est avec grand plaisir que j’ajoute cette destination sur mon calendrier. Et nous y voilà, l’heure du départ a sonnée ! Nous avons acheté nos billets d’avion, un aller-retour Toulouse/Mumbai pour Maman, un aller simple pour moi. Nous préparons nos sacs à dos le plus léger possible, emmenant avec nous le strict minimum pour ce mois de voyage en backpack !

Lundi 6 Janvier

C’est le décollage avec Lufthansa, petite escale dans l’immense aéroport de Francfort puis atterrissage à 1h du matin à Mumbai.    

Un vol qui ne se passe pas tout à fait comme prévu   

Maman : Levées à 3:30, ça y est, c’est le grand jour ! Nous prenons à l’aéroport notre dernier petit déjeuner sucré avant longtemps je suppose… Nous avons réussi sans trop savoir comment à voyager côte à côte sans payer de supplément ! C’est super bien !   

A l’aéroport de Toulouse, nous devons patienter pour embarquer car il y a semble-t-il un problème électrique puis un retard au décollage car de mauvaises conditions climatiques sont annoncées sur Francfort : mais heureusement pour nous, nous avons une longue escale entre les deux vols. Ce n’est pas le cas de certains autres voyageurs !   

A l’aéroport de Francfort, beaucoup de vols sont retardés mais pas tous …  Nous avons une pensée pour nos compagnons de galère qui avaient peur de rater leur correspondance. Nous décollerons finalement très en retard car trop de brouillard.    

Dans l’avion le temps passe vite : sieste, lecture, film Mamma Mia : Here we go again, comme un rappel de notre premier voyage à New York où nous avions vu la comédie musicale à Broadway.  

Le croissant mangé à l’aéroport avant le décollage vers 5:30 est très loin, passé midi je commence à perdre Léna qui fait une fixette sur son estomac, mais l’attente est longue, elle commence à puiser dans nos réserves : fruits secs, mandarine, … quand le déjeuner arrive enfin il est 15h15 et Léna est au bout de sa vie !!!  

Par chance le repas est végétarien, pourtant nous n’avons pas payé de supplément. Léna est aux anges : ” mmmmh trop bon, mmmh j’adore, mmmmh j’ai hâte d’être en Inde !! ”   

Pourtant les surprises culinaires sont déjà au rendez-vous, on ne sait pas ce que l’on mange : je prends une grosse cuillère de yaourt … mais ça n’a pas le goût du yaourt ! Plutôt salé et bizarre en bouche.

Atterrissage à Mumbai, bienvenue en Inde !       

Première belle rencontre en Inde !    

Léna : Nous descendons de l’avion, passons à la douane grâce à nos e-visas faits sur internet avant le départ, un petit sourire à la caméra, nos empreintes digitales enregistrées, nous sommes enfin de l’autre côté, à Mumbai ! Après avoir récupéré mon sac à dos que j’avais mis en soute, il nous faut trouver un moyen de rejoindre notre auberge de jeunesse, nous voulions prendre un Uber mais le wifi de l’aéroport ne fonctionne pas avec nos numéros européens et le stand qui permet de commander un Uber nous recale sans explication, ça commence mal ! Nous sortons sur la rue et essayons de trouver une solution, il y a plein de parkings différents : bus, taxi, voitures personnelles, Uber et Ola (le Uber indien), … N’ayant pas internet et notre première idée n’ayant pas fonctionnée, nous sommes un peu déboussolées, il est plus de 2 heures du matin. Nous partons en direction de la station de taxi et commençons à faire la queue à un guichet. Il fait chaud, plus d’une vingtaine de degrés et l’air est très humide. Un jeune homme s’approche de nous dans la file et nous demande où l’on va, je lui réponds dans le quartier de Bandra, « vers KFC ?! » je n’en ai aucune idée… Je lui demande si nous attendons au bon endroit et il me dit qu’il vaudrait mieux prendre un Uber, ce serait moins cher et plus rapide, je lui explique que c’était notre idée mais sans internet nous sommes coincées. Ni une, ni deux il sort son portable et commande le taxi pour nous, enfin ça c’est ce qu’on croyait !

Je suis un petit peu méfiante, est-ce une arnaque ? Est-ce qu’il va nous demander de le payer pour ce service ? Qu’est-ce qu’il attend en retour ?

Nous le suivons dans l’ascenseur pour aller au point de pick-up des taxis Uber au premier étage du parking. Dans l’ascenseur il me montre les photos de son voyage en Europe, La Sagrada Familia, des photos d’Italie et du Sud de la France. Il m’explique qu’il habite à New York et est de retour à Mumbai pour un mois pour voir sa famille. Le discours semble bien rodé, je me demande si c’est vrai. Le Uber arrive et il veut monter avec nous dans la voiture, je n’avais pas compris ça ! Je lui dis donc que nous préférons monter toutes seules et le remercie chaleureusement pour le Uber, en fait, il se rend au KFC qui est dans la même rue que notre hôtel et nous proposait donc de nous joindre à lui ! J’échange un regard avec Maman et nous décidons de lui faire confiance, il a l’air tout à fait réglo et je le sens bien finalement, une question d’instinct !

Dans le taxi, nous réalisons que nous n’avons pas de petits billets, nous venons de retirer et le distributeur n’a que des billets de 2000 (!!), la course devrait coûter moins de 300, ce n’est pas adapté. Je demande à notre nouvel ami, Arvind, s’il a de la monnaie et il répond le plus naturellement du monde « Ha non mais c’est moi qui paye, j’allais prendre ce taxi de toute façon, je veux juste vous aider ! ». Adorable !! Il insiste pour nous déposer devant la porte de notre auberge mais il s’agit d’un petit chemin piéton et il est tout embêté de nous laisser à 100 mètres, je le remercie encore et après avoir échangé nos Instagram, nous descendons dans une ruelle sombre et pas très rassurante mais d’après Maps.me, l’auberge est au bout de la rue !    

Maman : Moi je suis très méfiante et vois le mal partout, j’imagine d’avance toutes les ruses, complots, vols, agressions dont nous allons être victimes mais je prends mon visage serein pour suivre Léna et ce jeune homme … jusqu’à la fin je me dis que quelque chose va nous arriver ! Mais il ne demande rien et personne ne nous attend dans la ruelle sombre et glauque pour aller à l’auberge ! Il va me falloir réapprendre à faire confiance en la bonté des gens.

Eh oui, nous avons quitté la France, les gens sont gentils et souvent totalement désintéressés !   

Super auberge : Horn ok please, Mumbai    

Maman : Les ruelles qui nous mènent à l’hôtel sont étroites, très sombres et plutôt flippantes, nous croisons des chiens errants, des rats nous coupent la route, je suis très stressée, Léna cherche à mettre la lumière sur son portable et shoote sans le voir dans un truc au milieu de la route, je me retourne : un gros rat mort dans la demie obscurité…  beurk !  

Enfin nous arrivons à l’auberge, il est 3h30 du matin. Un jeune homme nous indique notre couchage dans un dortoir de filles comprenant 8 lits superposés.  

Il fait nuit je prends la place sous Léna sans allumer de lumière pour ne pas déranger les autres qui dorment mais aussi pour ne pas savoir ce qui m’entoure et pourrait me perturber… Le stress cumulé depuis notre descente d’avion est encore très présent, des doutes me traversent la tête sur ma capacité à lâcher prise ! C’est difficile mais je finis par m’endormir… Au matin je vais découvrir une pièce très propre et je m’en veux d’avoir imaginé des monstres tout autour du lit au coucher !     

L’auberge est très agréable et nous sommes l’attraction du personnel plutôt jeune, ils font une photo de nous pour l’Instagram de l’hôtel car déjà fan de notre voyage mère-fille.    

Après une douche bien méritée, nous prenons notre petit déjeuner. Les employés hommes sont très actifs, réservations, ménage, lits, vaisselle, … et les filles sont cool et papotent avec nous haha. La clientèle est mixte mais chacun son dortoir.    

Nous allons apprendre par nous-même qu’en Inde quand ils décident que c’est le moment de balayer ou laver le sol, rien ne peut perturber ce moment. Un employé décide de nettoyer la table sur laquelle nous regardons les cartes de la ville pour planifier notre journée et visiblement nous le gênons, ni une ni deux, il les déplace pour l’essuyer puis la laver.    

Quand c’est l’heure de nettoyer la table … C’est l’heure !    

Léna : C’est vraiment une belle auberge, pendant le petit déjeuner, j’entends d’autres voyageurs discuter et être unanimes, c’est l’une des meilleures auberges où ils ont séjourné durant leur voyage en Inde, j’informe maman : ne pas s’habituer à un tel confort !   

Au sujet du nom de l’hôtel « Horn ok please » il s’agit d’une inscription présente sur tous les camions indiens, la signification est floue, d’après les informations sur internet cela voudrait encourager les personnes souhaitant doubler à utiliser leur klaxon, un comble !  Ici, les rétroviseurs sont peu présents et peu (ou pas du tout) utilisés ! Par conséquent, si l’on veut être sûr que le chauffeur que l’on double soit informé de notre présence, mieux vaut faire du bruit !

Première journée, Mumbai nous voilà !   

Léna : Après ce premier petit déjeuner, j’ai acheté des cartes SIM indiennes pour ne pas renouveler l’aventure de l’aéroport et demandé des infos à la réception de notre auberge, nous partons enfin prendre le train. Les filles de l’auberge étaient trop contentes de savoir que nous allions utiliser le mode de transport le plus local, l’équivalent d’un métro : la ligne de train qui traverse la ville du Nord au Sud. Premier pas en extérieur, nous sommes assaillies par le bruit des klaxons et le monde, difficile de traverser les routes, des tuk tuks, aussi appelés rickshaws en Inde surgissent de partout, des scooters, des voitures, des bus, des pick-up, des vélos, des piétons, des vaches, des chiens, des singes, nous ne savons plus où donner de la tête.

Un grand pont piéton permet de circuler au-dessus de ce capharnaüm et de nous conduire directement jusqu’aux rails.   

Maman : Nous sommes perchées sur le pont au-dessus de cette agitation, le bruit assourdissant de la ville et des klaxons, une odeur indéfinissable et désagréable, dans la pollution des pots d’échappements, les gens qui dorment ou sont assis partout à même le sol, la beauté des couleurs, les sourires et les regards amicaux que nous observons autour de nous.

Et voilà, je sens les premières larmes d’émotion et de bonheur !

Ça y est, nous y sommes ! C’est l’Inde. Quel dépaysement !     

La gare de train/métro à Bandra

Léna : Nous trouvons où acheter les tickets, 20 roupies pour un aller-retour (25 centimes) jusqu’à Churchgate, le terminus à 16 km de là.

Le trajet en train se passe sans encombre, nous sommes dans un compartiment pour femmes, nous admirons les saris multicolores qui nous entourent et la diversité de leurs tenues, certaines sont en jeans/baskets, d’autres en tenues traditionnelles, certaines font un mix entre les deux. Mumbai (anciennement appelé Bombay) est une ville immense avec pas moins de 20 millions de personnes qui y habitent (1/3 de la population française…), dur à imaginer.

Nous découvrons le quartier de Colaba sous la chaleur écrasante et l’humidité caractéristique de cette région. Les rues sont extrêmement animées entre odeurs et pollutions, senteurs d’encens et de street food … Nous apercevons la fontaine Flora, l’université avec des étudiants en uniforme, les galeries d’art de l’extérieur et plein de jolis bâtiments.   

Maman : Nous faisons une pause à Bombay Vintage, recommandé sur notre carte en papier, nous sommes contentes de trouver la clim ! Le restaurant est sympa, les serveurs sont aux petits soins pour nous, je prends une boisson que l’un d’eux me déconseille, il m’en propose une autre que j’adore à base de lait et framboises. Léna ne saura pas ce qu’elle a pris, c’est une boisson avec de la noix de coco mais salée… surprenant. Le repas est très bon quoiqu’un peu épicé pour moi mais il va falloir que je m’habitue si je veux manger dans ce pays. Le serveur est méticuleux et extrêmement précis dans ses gestes. Il dispose les objets sur la table au centimètre près. On n’ose rien déplacer. Cet endroit est vraiment très agréable.  

Léna : Nous n’avons pas encore connaissance des prix indiens, en fait, il s’agit du restaurant le plus cher de tout notre séjour ! Je comprends pourquoi le serveur est au petit soin … Puis, repas terminé nous repartons en direction de la mer d’Arabie, nous souhaitons voir le fameux hôtel Taj Mahal.

Sur la route, je me rappelle que j’ai vu sur la carte le nom du café Leopold et qu’apparemment, il s’agit d’un lieu incontournable dans la ville, nous faisons un crochet pour passer devant et là, j’ai un flash ! C’est le café dans lequel Lin, le personnage du roman Shantaram avait ses habitudes, je crois que j’ai reconnu l’endroit ! J’ai dévoré ces 2 bouquins et Maman aussi, nous décidons donc de nous y arrêter pour boire notre premier thé : « chai » d’Inde ! Nous nous remémorons les différents épisodes décrits dans le bouquin au sujet de cet endroit : nous cherchons Didier, les touristes qui se font arnaquer, ceux qui viennent signer un contrat de figurants pour un film de Bollywood, la rumeur est vraie, les serveurs ne sont pas spécialement sympathiques … Mais nous sommes ravies de découvrir cet endroit !

Je recommande mille fois de lire ce livre : Shantaram ! Il est énorme et peut faire peur mais il est magnifique.   

Après ce délicieux thé au lait et aux épices, nous repartons, nous sommes dans un beau quartier avec ses bâtiments coloniaux, pas très dépaysées niveau architecture. L’hôtel du Taj Mahal est gigantesque, la façade qui donne sur la rue est très jolie mais une fois que nous avons fait le tour, nous restons sur notre faim.

La porte de l’Inde se situe juste en face, nous marchons le long des barrières sans trouver l’entrée, finalement, une toute petite porte nous permet d’accéder à ce grand parc où trône la porte de l’Inde. Nous devons passer sous un portique de sécurité, de l’autre côté, beaucoup d’indiens déambulent un appareil photo à la main et nous proposent de nous photographier, c’est surprenant que ce business fonctionne encore à l’heure du numérique. En fait, ce sont surtout les familles indiennes qui viennent ici se faire prendre en photos, les femmes mettent des saris assortis entre elles.   

Maman : Nous longeons un parc bordé de grands arbres et Léna dans ses pensées me dit : “regarde les arbres, ils ont une âme …” je lui jette un regard, elle est sérieuse ! J’ai quelques appréhensions quand je l’imagine après 6 mois d’Inde !!!!!    

Léna : Pour ma défense, les arbres ici sont gigantesques et leurs racines qui descendent des branches leur donnent une allure toute particulière, ils semblent raconter une histoire…   

Nous voulons voir le fort que j’ai repéré sur Maps.me et qui semble immense mais il s’agit en fait d’une base militaire et nous ne pouvons donc pas y accéder, en revanche, le quartier du fort est hyper sympa ! Nous remontons une immense rue commerçante très animée, il y a du monde partout, des boutiques qui vendent tout et n’importe quoi, nous repérons notre premier temple hindouiste, c’est vraiment super sympa et plus authentique que Colaba et ses grandes enseignes.  

Je suis surprise, il est relativement simple de se repérer dans cette ville ! Petite pause dans un jardin/rond-point qui fait face à la mairie, j’adore la forme circulaire pour un parc, je trouve ça très convivial.

Les bâtiments de la poste et de la gare sont vraiment impressionnants, immenses et façonnés. C’est l’heure de pointe, il est aux alentours de 18h et ça grouille de partout. Impossible d’avancer, à contre sens, une vague humaine semble sortir du passage souterrain pour prendre le train, nous sommes impressionnées et un peu perdues. Nos quelques à priori sur la sécurité à Mumbai/en Inde en tête, nous sommes rassurées par la présence de la police à chaque coin de rue.   

Le soleil va bientôt se coucher, nous accélérons le pas pour nous rendre jusqu’à Marine Drive, la route qui longe la côte, mais avec la pollution, le soleil est bien caché et nous ne profiterons pas de notre premier sunset en Inde. En revanche, les quais sont remplis de jeunes, de moins jeunes, de familles, tous venus s’asseoir au bord de l’eau pour terminer la journée.   

Expérience dépaysante, quelle aventure !   

Maman : Nous décidons de reprendre le train pour rentrer. Nous sommes dans le wagon des femmes, elles portent leurs sacs devant elles et non dans le dos. Je les imite sans trop savoir pourquoi. Quelques arrêts plus loin, nous comprenons mieux … Un train à l’heure de pointe et c’est la cohue pour monter dedans, nous nous retrouvons empilées, corps contre corps, des arrêts une minute chrono autrement dit il faut sauter en marche et pas de portes pour sécuriser, des gens au bord de l’ouverture prêts à bondir dès que le train ralentit … et nous coincées au milieu qui ouvrons de grands yeux en manquant nous faire broyer par ces femmes qui poussent pour entrer ou redescendre… tout à coup une solidarité se met en place par ces mêmes femmes qui comprennent que nous sommes incapables de jouer des coudes comme elles (nous sommes les seules étrangères du wagon !) pour redescendre et qui nous font un passage entre elles pour que l’on puisse sortir à peu près décemment ! Haha !    

Léna : Le secret, se mettre en file indienne (cette expression porterait-elle bien son nom ?) dans le train par ordre de sortie puis sauter dans le sens de la marche (pas dans l’autre, sinon, chute assurée !). Ainsi, les personnes ne descendant pas à cet arrêt sont derrière vous et vous poussent littéralement pour que vous puissiez vous extraire du wagon malgré les nouveaux passagers qui grimpent en même temps, une vraie organisation ! Nous nous retrouvons sur le quai, le train repart déjà, les gens sont accrochés à l’extérieur pour tenter de monter quand même, d’autres lâchent prise ! Nous restons là de longues minutes à observer les autres trains subir le même assaut, sidérées !  Et la circulation sur le retour dans la rue a bien changé depuis le matin, les voitures sont touche-touche !

Repas street food !    

Léna : Épuisées par nos expériences, nous décidons de prendre un repas dans le quartier de l’auberge de jeunesse, à Bandra. Nous n’avons plus vraiment l’énergie nécessaire pour affronter la circulation et nous arrêtons au premier stand de street food que l’on trouve. Impossible de comprendre le menu mais il y a une photo, je leur montre que je veux ce qui est dessiné car j’ai vu des personnes en manger et ça à l’air bon. Difficile de vous décrire de quoi il s’agit, je ne sais pas vraiment moi-même. Super bon mais un peu (pour moi), beaucoup (pour maman) épicé ! Nous mangeons debout à côté des marchands qui nous regardent avec de grands sourires bienveillants, ils semblent contents de nous voir apprécier leurs spécialités … il ne faut pas les décevoir malgré le feu dans la bouche !   

Le bidonville de Dharavi     

Maman : Nous faisons une nuit de 8h, très bien ! Nous sommes en forme pour le programme d’aujourd’hui qui risque d’être psychologiquement difficile, la visite d’un des plus grand bidon ville au monde : Dharavi à Mumbai. Une association propose de visiter avec un guide qui y vit. L’argent récolté sera utilisé pour donner des cours d’anglais aux personnes du bidonville souhaitant acquérir de nouvelles compétences.

Bien que les lieux soient très sales et très peuplés (1 million d’habitants sur 2 km carré, soit 1 personne pour 2 mètres carré), les gens sont souriants, dignes, solidaires, les femmes portent des saris colorés pour travailler. Le bidonville est organisé pour subvenir à leurs besoins et vivre en autonomie. Chaque quartier a son activité, nous passons donc d’une activité à l’autre au fur et à mesure de notre déambulation. Ces intouchables assignés depuis toujours au rôle de nettoyeurs sont devenus au fil des années des artisans ! Ils deviennent respectables même s’ils ramassent toujours les déchets de la ville et respectés, ils recyclent les plastiques, les papiers, les tissus, les savons usagers des hôtels, ils sont potiers, tanneurs, marchands, guides touristiques, …  Tous les habitants travaillent 7 jours sur 7 et fabriquent la plupart des objets made in India que l’on achète partout dans le monde, le tout à partir d’objets recyclés, rien n’est perdu tout est réutilisé. Un bel exemple !    

Nous ne constatons pas de mendicité, tous sont actifs, ils n’inspirent pas la pitié ! Les enfants sont gais, beaux, même si leurs pieds nus sont noirs, certains portent des costumes d’écoliers et jouent au foot ; l’école est gratuite et obligatoire de 6 à 14 ans en Inde depuis 2010, ils sont donc scolarisés et ne travaillent pas avant 14 ans. Les ONG donnent des cours complémentaires aux plus grands.  

Léna : Je suis vraiment étonnée de la propreté des habitants, dans le quartier musulman, tous les hommes sont vêtus de blanc (du blanc vraiment blanc !), les femmes ont des saris colorés aux couleurs vives, sans taches ni salissures, les enfants jouent au foot dans des uniformes flambant neuf, peu importe leur âge, ils sont vêtus de vêtement propres et bien entretenus. Nous verrons de nombreuses femmes faire la lessive dans les rues, et les vêtements sécher sur les fils au travers des ruelles ou sur les toits.   

Notre guide nous a demandé au début de la visite de ne pas prendre de photo, j’adore cette « règle », j’ai bien trop souvent constaté dans mes voyages précédents que certains touristes prennent ces visites pour une excursion au zoo et n’ont aucun scrupule à prendre des adultes ou des enfants qui n’ont rien demandé en gros plan. Au moins, lors de cette visite, les habitants sont respectés et regardés avec respect.

A la fin du tour de Dharavi avec l’organisation « Reality Tours and Travels », nous faisons quelques emplettes au magasin, un moyen de contribuer aux projets de ce bidonville qui est en pleine croissance économique !   

Repas et premières impressions   

Maman : Suite à cette visite, nous marchons à travers différents quartiers non touristiques et enfin, nous entrons au Café Madras, le serveur, qui travaille pieds nus nous installe face à 2 dames qui sont servies avant nous. Elles nous voient loucher dans leurs assiettes (nous ne sommes pas très discrètes à ce jeu !). Comme elles ont deux cuillères elles nous en tendent une pour que l’on puisse goûter dans leur plat. Trop mignonnes !  

Le dilemme suivant est de savoir si l’on peut boire le verre d’eau servi avec le repas ! Les gens boivent en wifi comme dit Léna. Ça signifie basculer la tête en arrière et faire couler le liquide dans la bouche sans toucher le verre des lèvres. On n’y arrive pas, on s’en met partout !  Ici c’est presqu’un sport national !  

Ensuite, le thé est servi dans un shot de thé et un bol à rebord est posé à côté, nous sommes sensées transvaser ? comment ça se boit ?  On regarde autour de nous mais personne ne boit à ce moment-là !   

A peine nous terminons la dernière bouchée, la dernière gorgée que tout est vite débarrassé, on comprend qu’il faut quitter les lieux.  

Léna : Le service et le repas ont été tellement rapides que nous n’avons pas eu le temps de planifier la suite de notre journée, nous découvrons un parc au milieu du rond-point qui fait face au restaurant et décidons de nous y installer.

Nous sommes entourées de jeunes très amoureux, très tactiles, toutes religions confondues. Ils se bécotent sur les bancs publics, bancs publics …  Ils ont l’air libres et indépendants, peu soucieux du regard des autres. Nous profitons aussi de ce moment pour partager nos premières impressions et observations, tous les à priori sont tombés, nous sommes agréablement surprises de toutes nos découvertes. Certes, la pauvreté est présente, la saleté et la pollution également mais nous ne constatons pas (ou très peu) de mendicité, nous ne ressentons pas de pitié, beaucoup de personnes nous observent et dès que nous échangeons un regard, leurs yeux s’illuminent et un sourire jailli. Nous ne comptons plus les Welcome to India et les Hello bienveillants reçus.   

Maman : Les femmes portent majoritairement le sari traditionnel en faisant toujours attention d’accorder leurs pantalons avec leurs écharpes, leurs sacs à main ou leurs bijoux, leur ventre est apparent, leur décolleté et bras découverts, le contraste est fort avec celles qui portent la burqa, bien que ces dernières n’hésitent pas à porter un élément coloré pour égayer leurs tenues. Leurs saris magnifiques semblent trop travaillés pour le quotidien mais elles font le ménage, les lessives et prennent les transports bien qu’elles semblent souvent gêner par le foulard qu’il faut remettre en place en permanence. Aussi, à Mumbai beaucoup de femmes sont habillées comme chez nous en jean/tee shirt, la modernité a pris le pas sur la tradition.   Les indiennes portent beaucoup de bijoux en or ou argent, des bracelets aux chevilles ou aux poignets, des bagues aux orteils et aux doigts, un anneau dans le nez parfois relié à l’oreille, de nombreuses boucles d’oreilles, des tatouages au henné ou permanent. Elles sont féminines et gracieuses, voilées ou pas, leurs sourires se lisent dans leurs regards.   

En ce qui concerne les hommes, nous sommes surprises de les voir aussi tactiles entre eux, ils marchent dans la rue en se tenant par la main, par le cou, quelques soient leurs âges. Au niveau vestimentaire, nous voyons de tout, ils sont en robes, sarouels, jeans, tuniques mais barbes et cheveux roux semblent à la mode ! Ce n’est pas à notre goût 😉 Aussi, ils n’hésitent pas à porter du rose, du khôl autour des yeux, ils ne semblent pas avoir les mêmes règles sociétales que nos sociétés occidentales, très normées.   

Après avoir bien papoté, repéré notre prochaine destination et comment s’y rendre, nous nous remettons en route. Nous marchons sous un pont aérien très long qui représente une rivière. C’est une voie piétonne qui traverse ce quartier. Nous en oublierions presque la circulation ! Ça fait du bien !   

Visite de notre quartier à Mumbai : Bandra  

Léna : Nous devenons des pros des transports, nous attendons à côté des autres femmes sur le quai pour être sûre d’être en face du wagon féminin. Le « F » nous indique que le train sera « fast » et en ce qui concerne la direction, bien que pas trop sûre de nous, nous partons toujours dans le bon sens ! Le quartier dans lequel nous séjournons, nommé Bandra est un quartier moderne de shopping et les boutiques sont touche-touche sur toute la rue principale. Tout d’abord, nous souhaitons voir un lac, c’est agréable un espace sans agitation et vert, le plastique qui flotte sur les bords et l’odeur gâchent malheureusement le moment. Un petit temple hindou est en bord de route, nous jetons un regard intrigué sans oser rentrer.   

Maman : Un kilomètre de boutiques et 2 églises plus tard, nous nous dirigeons enfin vers la Basilique Notre Dame du Mont, l’incontournable du quartier. Nous hésitons quelques secondes quant au chemin à prendre, une dame gentille nous accompagne spontanément en parlant sans arrêt bien que nous ne comprenions pas tout, pas simple leur accent ! Arrivées devant l’escalier qui mène à l’église, elle nous prévient que nous allons être fatiguées car ça monte beaucoup. En la voyant faire demi-tour, nous comprenons qu’elle a fait un détour pour nous guider ! Vraiment adorable. Ce quartier résidentiel a été construit par les portugais, et est aujourd’hui un lieu de pèlerinage pour les chrétiens et le quartier à la mode où les stars de Bollywood habitent !  

Arrivées en haut, nous découvrons une jolie petite église dans le soleil couchant, avec des tours qui rappellent un château de princesse.

Léna : Le soleil commence à descendre, hors de question de louper cela, on descend vite de notre colline pour rejoindre le bord de mer, nous allons jusqu’à la pointe mais un gardien est en train d’essayer de faire sortir tout le monde, nous nous faufilons pour apercevoir le pont qui relie ce quartier au sud de Mumbai, pas moins de 8 voies sur près de 6 km!   

Nous cherchons en vain les « maisons de star » et le « Bollywood boulevard » qui est censé être dans le coin, nous apercevons de jolies maisons mais aucune étoile par terre, tant pis ! De la musique semble provenir d’une ruelle entre le bord de mer et la route, nous nous y engouffrons et sommes en fait dans un bidonville ! Les ruelles sont peintes de jolies couleurs, deux femmes nous font des sourires. En sortant, nous découvrons l’étendue de ce bidonville vue sur mer, presque invisible depuis la rue, les toits sont à la hauteur de la chaussée.   

Maman : Sur le chemin du retour vers l’auberge, nous faisons étape à Elco restaurant car les gens mangent debout dans la rue, quelque chose qui nous intrigue. Nous demandons à gouter deux de leurs spécialités : le Sev Puri et le Pani Puri. Un monsieur les prépare sous nos yeux et les distribue un par un, nous voilà à gober des boulettes qui ressemblent à une pomme dauphine, rempli d’un liquide épicé et d’un genre de purée de légumineuse, la coquille craque sous nos doigts, il faut le mettre en une fois dans la bouche et c’est alors un mélange de saveurs, d’épices et un arrière-goût de piment qui nous envahi le palais. Je pleure ! La deuxième assiette était encore plus épicée, je la laisse à Léna !!!  

Premier bus de nuit !!   

Léna : De retour à notre jolie auberge, nous prenons une douche, récupérons nos vêtements que nous avons lavés et étendus pour qu’ils sèchent dans la journée, nous mettons nos sacs sur le dos et partons à la recherche d’un rickshaw. Mission plus compliquée que prévue, 3 chauffeurs refusent de nous conduire à la station de bus, nous ignorons pourquoi. Finalement, l’un d’eux accepte, sauvées !

Premier trajet en rickshaw !

Il nous dépose au bord d’une grande route, au moins 3 voies, où des gens attendent avec des sacs. Il n’y a aucune indication sur des possibles bus passant par ici et nous ne savons pas vraiment comment nous orienter. Des personnes nous conseillent d’appeler la compagnie de bus pour leur signaler que nous sommes là et nous assurer qu’ils vont bien nous prendre. Pendant notre attente, nous constatons avec effroi que les bus s’arrêtent une dizaine de secondes et qu’il faut littéralement courir pour les attraper ! Ce n’est pas gagné ! Heureusement, nous reconnaissons le nom de notre compagnie de bus de loin et sommes prêtes quand il arrive. Pas le temps de dire ouf, nous voilà dans notre couchette !   

Maman : Agréablement surprise par notre lit, moelleux, spacieux, propre, prises pour le téléphone, couvertures, … Pour 7 euros chacune, ce trajet de 9h devrait bien se passer ! Le chauffeur conduit bien et nous pouvons dormir paisiblement jusqu’au matin.   

Ces premiers jours à Mumbai nous ont agréablement surpris ! Loin de tous les préjugés négatifs que nous avions pu entendre, nous sommes allées de bonnes découvertes en superbes expériences. Nous n’aurions pu rêver d’un meilleur départ pour ce roadtrip d’un mois. En confiance et déjà sous le charme de l’Inde, nous sommes prêtes pour la suite ! Direction les grottes d’Ellora 🙂


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