Après Pushkar, nous arrivons à Bundi qui est aussi appelée la cité des sources, cette ville a compté jusqu’à 65 puits avec des escaliers. Chacun était dédié à une divinité. Blottie au creux d’une vallée, elle est très verdoyante et nous retrouvons les maisons aux murs bleus. Un gigantesque palais est construit sur ses hauteurs ainsi qu’un fort abandonné encore plus haut, telles les aventurières que nous sommes, nous allons découvrir ce lieu incroyable !
Léna : Le bus nous dépose dans le centre-ville, nous sommes à moins d’un kilomètre de notre auberge, pour une fois j’ai réservé d’avance, nous irons à Bhavyam Homestay, comme nous arrivions tôt, je voulais être sûre que quelqu’un nous accueille à 5h du matin. Effectivement, à peine le temps de l’appeler qu’un monsieur vient nous ouvrir la porte et nous installe dans une petite chambre. Il nous indique que nous pouvons nous reposer et que nous effectuerons l’enregistrement plus tard. Il fait extrêmement froid à cette heure matinale, la couverture ne suffit pas, nous enfilons des épaisseurs et nous nous serrons dans le lit. Le sommeil arrive vite mais nous sommes vite réveillées par les bruits de la rue.
Jeudi 23 Janvier
Découverte de Bundi
Léna : Pour bien débuter notre journée, nous montons prendre le petit déjeuner sur le toit-terrasse : une omelette ! Parfait, ça me va. Puis, une fois nos affaires installées dans notre nouvelle chambre (plus grande, plus de couvertures et plus éloignée de la rue, nous devrions être bien), nous partons en ballade pour découvrir la petite ville de Bundi. Des ruelles commerçantes très animées, des dizaines et des dizaines de petits magasins vendant sensiblement les mêmes choses de toutes les couleurs et toujours ce bruit et cette agitation caractéristiques de l’Inde.
Léna : Nous passons sous une porte et découvrons un marché. Le GPS m’indique que nous devrions y voir des puits. Effectivement, imbriqués entre les rues animées se trouvent deux immenses puits, à notre grande déception (mais pas à notre surprise…) ils sont remplis de déchets et l’eau dans le fond est quasi inexistante ou croupie… Nous continuons notre balade, après tout, le puits le plus connu est un petit peu plus loin !
Le puits de Rani Ji Ki Baori est au milieu d’un joli parc bien entretenu, il est gigantesque ! 20 mètres de profondeur, 10 visibles et 10 sous l’eau, c’est très impressionnant. L’eau peut monter jusqu’aux éléphants en haut des colonnes ! C’est difficile à imaginer… Il a été construit au XVIIème siècle et est dédié à Vishnou. Des tortues nagent au fond et se reposent sur les marches, elles ont l’air bien ici.
Maman : Nous poussons la ballade jusqu’à un autre puits, à Dhai Bhai Kund. J’ai lu qu’il a été construit par un maharaja en hommage à sa nourrice ! Ce pays est toujours aussi surprenant ! Des escaliers tout autour permettaient d’accéder à l’eau en toute saison. Ce lieu aujourd’hui si paisible a connu une époque où il était fréquenté par ses habitants portant des récipients remplis, vraisemblablement posés sur leurs têtes en gravissant ses marches étroites !
Léna : Il est maintenant habité par les singes, nous faisons une pause, assises sur les marches à les observer ! Un gourmand venu manger le collier de fleurs déposé en offrande me permet de prendre de jolies photos ! Il est juste à nos pieds. En parlant de manger, je me rappelle que ce matin, en quittant notre guesthouse, une dame nous a invitées à venir dans son restaurant juste en face. Nous y retournons. Sitôt installées à une table étroite qui donne sur la rue, elle nous propose de feuilleter ses livres d’or remplis de centaines de messages.
Maman : Nous ne choisissons pas le menu, elle sait ce qu’elle veut nous préparer, nous sommes ses premières clientes de la journée, pourtant elle envoie son mari faire les courses à vélo. Dès son retour, il doit repartir pour d’autres achats car entre temps deux personnes se sont installées à la table voisine. Eux non plus ne choisissent pas leurs plats. C’est toujours l’Inde !
Après ce repas traditionnel, nous partons à pied en direction du Sukh Mahal, Palais du plaisir, où vivaient les courtisanes, lieu romantique à souhait, au bord du lac de Jait Sagar. Nous parcourons une allée le long du bassin, en compagnie de singes espiègles. C’est un endroit très ressourçant après l’agitation des rues. Puis nous retournons vers la ville, toujours à pied, par un autre chemin qui nous fait traverser des quartiers calmes, pauvres, où nous croisons des gens surpris de nous voir ici.
L’heure du coucher de soleil !
Léna : Un monsieur devant son magasin tente de nous aborder, nous le saluons tout en continuant notre route. Il nous demande pourquoi les touristes ne leur parlent pas. Surprises par sa remarque nous nous arrêtons et tentons de lui expliquer que l’on se fait accoster toute la journée. Il n’est pas facile de faire la différence entre gens gentils, vendeurs insistants, ou arnaques. Après quelques mots échangés avec lui, il nous suggère gentiment de rejoindre la route principale pour voir le coucher du soleil. Nous suivons ses indications et traversons un quartier tout en escalier qui semble très pauvre entre la route qui surplombe et le village. Tout en haut, la vue est vraiment sympa ! Nous arrivons juste pour le coucher du soleil. Le fort est teinté de jaune, c’est agréable et très calme …
Maman : Nous nous asseyons sur un muret, des femmes nous regardent de loin par une fenêtre, elles nous font de petits signes de la main. Deux autres discutent à proximité en nous observant. Nous échangeons quelques mots avec elles. Elles portent des petits dans les bras. Un jeune garçon se rapproche et entame la conversation. Nous parlons de son école, les devoirs, ses matières préférées, …
Nous commençons à redescendre vers le cœur du village par un escalier. Les femmes qui nous faisaient signe à la fenêtre sont de sa famille. Quand nous passons près de la maison, elles proposent de nous offrir à boire. Nous refusons gentiment. Nous sommes entourées d’enfants joyeux qui nous font de beaux sourires, ils ne parlent pas anglais. Deux verres d’eau nous arrivent quand même. Impossible de leur dire non ! Nous buvons en remerciant poliment … mais intérieurement on se demande si cette eau est bien filtrée ! Notre système immunitaire et digestif est fragile comparé aux leurs !
Maman : Puis nous repartons. Quelques escaliers et rues plus loin, dans un quartier peut-être un peu plus isolé, une dizaine d’enfants se précipitent vers nous en quémandant. Ils s’agitent tous autour de nous. Une petite me touche le bras en me parlant et je sens son autre main se glisser sur mon sac à dos. J’avertis Léna de faire attention au sien. Les enfants nous sollicitent beaucoup, ils sont très insistants. Un jeune garçon dans mon dos en profite lui aussi pour tenter d’ouvrir mon sac, pendant qu’un autre me parle. Nous leur expliquons que nous ne donnerons rien, nous voulons juste échanger avec eux, ils finissent par nous laisser nous éloigner. C’est la première fois que nous ressentons de l’insécurité … et cela vient de la part d’un groupe d’enfants. Je suis très triste en rentrant.
Vendredi 24 Janvier
Léna : Au réveil ce matin, nous préparons nos sacs en prévision de ce soir car nous repartirons déjà vers notre prochaine destination. Nous traversons tout le village en direction du fort, je veux prendre mon petit déjeuner avec une vue sur le lac, je choisis donc le Rainbow Rooftop Restaurant mais en fait, bien que le restaurant soit au dernier étage, il n’y a pas de vue, je suis déçue. Je commande une super omelette sans oeufs à base de lentilles, le résultat est bluffant ! C’est excellent !
Nous observons les singes et les perroquets depuis notre perchoir et dès le petit déjeuner terminé, je paye et nous repartons en direction du Palace à quelques mètres de là. Je vais pour acheter les tickets et mon porte-monnaie a disparu. Je m’en suis servie il y a 5 minutes, il ne doit pas être bien loin. Demi-tour, nous revoilà au restaurant mais ils font mine de ne pas comprendre ce que je leur dis, ils s’agacent quand je leur demande s’ils ont trouvé mon porte-monnaie. J’essaye d’insister un peu mais ils me maintiennent mordicus qu’ils ne l’ont pas vu. Ça a le don de me mettre de mauvaise humeur pour la journée. Non pas que j’y tienne particulièrement, ce n’est pas non plus pour la somme d’argent qu’il contenait, mais c’est une question de principe !
Visite du palais de Bundi
Maman : La ville est construite au pied de Garth Palace, palais lui-même dominé par le fort Taragarh, destiné à protéger Bundi. Une voie pavée mène aux pieds des remparts du palais. Nous entrons par la porte des éléphants. Nous traversons des galeries, de grandes pièces, des escaliers. La plus haute partie du bâtiment est réputée pour être dans les nuages à la période de la mousson. Murs et plafonds sont décorés de jolies fresques et sculptures. Cette visite ne nous emballe pas plus que çà, ce n’est pas le premier palais que nous visitons depuis le début de notre séjour au Rajasthan…
Maman : Nous accédons par un chemin à un deuxième château, avec un superbe jardin et un bassin au centre. C’est le Chitrashala, l’appartement de la reine. Nous sommes sous le charme de ce lieu très romantique, des gens peignent dans la cour, d’autres sont assis dans l’herbe. Des écureuils font leur vie autour de nous, nullement effrayés par les visiteurs. Nous essayons d’entrer mais nous sommes face à des portes fermées.
Le fort de Taragarh, en aventurières !
Maman : Nous prenons donc la direction du fort, une très jolie vue sur la ville s’offre à nous, nous comprenons que Bundi soit surnommée la ville bleue comme Jodhpur.
Dès la sortie du palais un garde nous donne un bâton pour nous défendre en cas d’attaque par les singes qui sont soi-disant agressifs par ici. Nous empruntons un chemin raide, cabossé qui monte longtemps, seules en pleine forêt. Nous passons une enceinte fortifiée et suivons un chemin qui nous mène à la citerne, immense puits qui servait de réserve d’eau sur ces hauteurs. On observe des singes allongés au soleil, d’autres surveillent leurs petits, ils vivent leur vie sans se préoccuper de nous. Nous faisons de même. Après quelques photos en prenant soin de ne pas les déranger ni de croiser leur regard, ce qui pourrait être interprété par eux comme une agression, nous poursuivons notre sentier dans la jungle.
Léna : Arrivées en haut de la colline, nous pénétrons dans l’enceinte du fort par une petite porte, et là, je me crois dans Indiana Jones ! Telles des exploratrices avec nos turbans sur la tête, notre bâton à la main et nos yeux à l’affut du moindre détail, nous découvrons ce fort abandonné. La nature y a repris ses droits, la végétation pousse partout. Fidèle à mes habitudes, je grimpe tous les escaliers à la recherche du point le plus haut et des pièces cachées. Je trouve finalement un joli point de vue et invite maman à me rejoindre. C’est incroyable, nous avons l’impression d’être seules au monde et pourtant si près de la ville !
Maman : La vue sur la vallée et Bundi est superbe de là-haut. Mais il ne reste que des murs couverts de peinture écaillée, parfois effondrés. La lumière entre par les ouvertures car les fenêtres et les portes ont disparu depuis longtemps. Les arbres et les herbes hautes ont envahi les cours intérieures. Je trouve cet endroit, perdu au milieu de nulle part, un peu angoissant, je cherche des yeux les animaux qui pourraient habiter entre les pierres, les murs effondrés, les ronces, … serpents, araignées, scorpions, singes, … et j’ai peur que Léna ne fasse une mauvaise rencontre. Des bouses au sol indiquent que les vaches sacrées viennent s’y réfugier à certains moments. Les chauves-souris par leur odeur nous rappellent leur présence. Mais c’est tout ! Nous ne verrons aucun animal féroce !
Nous prenons le chemin pour redescendre. Un homme âgé garde des chèvres tout en coupant des branches d’arbre avec une hache. Il nous voit et comprend que nous redescendons vers la ville. Alors il tente de nous expliquer en hindi entrecoupé des quelques mots d’anglais qu’il connait qu’il nous faut prendre un chemin qui longe le rempart pour voir un temple jaune dédié à Shiva. Nous lui faisons confiance et nous partons dans la direction indiquée. Nous avons la surprise de le retrouver plus loin, sans ses chèvres cette fois-ci, mais toujours avec sa hache (!). Il a traversé par la forêt pour nous rejoindre semble-t-il. Il nous fait signe de le suivre. Nous n’avons aucune hésitation. Il marche devant nous, en pleine nature, loin de toute activité humaine ! Même pas peur !
Il nous conduit à un cénotaphe et nous fait signe d’y entrer puis il disparait à nouveau. L’édifice est magnifique, soutenu par 20 piliers et gardé par des éléphants sculptés. Léna grimpe des marches d’une hauteur démesurée (ma cheville ne me permet pas de la suivre).
Léna : Arrivée sur la terrasse la vue est à couper le souffle ! C’est magnifique !! Je vois tout Bundi et les alentours, des montagnes et deux lacs ! Des oiseaux bleus s’envolent devant moi.
Maman : Pour redescendre, le chemin caillouteux est raide et dangereux, les pavés sont lisses. Nous sommes prudentes, une cheville en vrac pour ce voyage ça suffit ! Mais de jeunes indiens nous doublent rapidement, ils dévalent tels des cabris. Je les envie d’être aussi vifs et sûrs de leurs appuis.
De retour dans la civilisation, il nous faut manger avant le départ. Nous avons repéré un restaurant avec un jardin au bord de l’eau. C’est vraiment très mignon. En plus ils nous servent un très bon repas selon mes critères : no spicy.
La station de bus de Bundi
Léna : Nous passons récupérer nos affaires à la guesthouse et en route, sacs sur le dos pour la station de bus. Nous faisons une halte pour boire un jus d’ananas préparé devant nous sur le trottoir. Super agréable !
Nous savons que les bus pour Jaipur passent toutes les 30 minutes, en revanche, nous ne savons pas où est l’emplacement dans la station. Je tente de demander, un homme me répond d’attendre “en plein milieu“. Bon, très bien. Nous ne sommes pas les seules à attendre là, ça me rassure et en même temps, je m’inquiète : comment allons-nous tous pouvoir monter dans le bus ?!
Le moment de vérité arrive : un bus s’arrête (en plein milieu de la station, effectivement il fallait attendre là) et tout le monde se précipite. Certains passagers descendent car arrivés à destination tandis que d’autres poussent et se bousculent pour tenter de monter dans le bus en même temps. Des personnes nous regardent, leurs yeux se posent sur nos sacs à dos et je lis dans leurs regards de la compassion, ça va être compliqué … Finalement, sans trop savoir comment, nous sommes toutes les deux dedans ! Mais pas assises à côté, vous vous doutez bien. C’est la première fois en 18 jours que nous passons quelques heures séparées !!
Un long trajet pour Jaipur…
Maman : Je me suis installée sur la banquette près de la porte. Mais le contrôleur arrive et je comprends à son regard que j’ai pris sa place. Je propose de me pousser près de la fenêtre. Il semble se radoucir et s’installe à côté de moi. Nous parlons un peu mais son anglais est très spartiate alors il prend son téléphone et me montre des photos de sa famille, ses enfants. Je fais la même chose et le trajet est plutôt agréable. Il me fait gentiment goûter des biscuits qu’il s’est acheté pour le voyage.
Léna : Pour ma part, je suis assise contre le pare-brise, perpendiculaire à la route avec le dos contre la fenêtre sur un genre de malle. Une fesse dans le vide et l’autre se retrouve pincée dans cette malle à chaque fois que je rebondis : le chauffeur roule très vite et ni les ralentisseurs sur la route, les trous dans la chaussée ni la circulation, ne le font ralentir ! Je vole dans les virages … La route ressemble à une piste de ski de fond, les traces laissées par les roues sont enfoncées dans le goudron !
Le trajet va être long, très long, ça me laisse le temps d’observer tout ce qui se passe autour de moi : la circulation bien sûre. Je vois une femme pieds nus, en train de marcher à contre sens sur l’autoroute avec une grosse charge de bois sur la tête, des scooters avec 3 adultes et 3 enfants en équilibre, ou 4 enfants et 2 adultes ! Ils ont l’air tellement à l’aise, je ne sais pas comment c’est possible et ça me surprendra toujours. Les vaches, chèvres, chiens, sangliers, piétons, scooters, tout le monde traverse cette route rapide, étonnamment sans accrochage !
Mon voisin de malle (ce n’était définitivement pas un siège…) me propose des cacahuètes et enchaine : « Tu viens d’où ? Tu es mariée ? ». Oui, ici en Inde, c’est la question qui revient le plus souvent ! Comme nous ne portons pas les signes distinctifs d’une femme mariée (point rouge au milieu du front, trait rouge à la racine des cheveux, nombreux bracelets aux poignets et aux chevilles, bagues aux orteils…) nous attirons le questionnement. Puis la conversation s’arrête aussi rapidement qu’elle a commencée.
Le bus fait énormément de bruits, nous devons être juste au-dessus du moteur, le chauffeur klaxonne sans interruption, je me demande si je vais finir sourde, ou si mon dos va me lâcher avant… Aie aie aie, tu parles d’un trajet ! Je me replonge donc à ma contemplation de la vie du bus pour me changer les idées, je remarque que les femmes sont toutes assises à l’avant et que les hommes sont au fond ou debout, la galanterie est bien présente par ici ! (au moins sur ce point….) Je vois aussi que les femmes rangent leurs billets … dans leur soutien-gorge ! Et elles mettent leurs écharpes de saris par-dessus pour aller chercher ce dont elles ont besoin sans laisser apercevoir leur poitrine, c’est une sacrée organisation.
Maman : Deux places côte à côte se libèrent et mon voisin contrôleur du bus se transforme en placier pour Léna et moi. Nous voilà de nouveau réunies pour les derniers kilomètres. Pour une fois Léna n’a pas dormi pendant un trajet. Mais nous n’avons pas pu avancer le blog non plus ! Nous arrivons enfin à Jaïpur, il fait nuit.
Bundi est une jolie petite ville avec de jolis puits, un palais comme ceux que l’on croise souvent au Rajasthan, immense, intéressant, bien entretenu… Mais c’est la visite du fort et la ballade dans la jungle en mode aventurière qui nous ont vraiment subjuguées !
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