D’incroyables rencontres à Jaipur

Jaipur est la capitale du Rajasthan. C’est une ville importante de 3 700 000 habitants, construite au XVIII ème siècle, elle a été pensée dans son organisation : de grandes avenues coupées à angle droit par des ruelles. Moderne, elle semble aérée. Les bâtiments sont souvent en grès rose. En 1875, à l’occasion de la visite du Prince de Galles, toute la ville a été peinte en rose justifiant son surnom de Pink City. C’est aussi l’occasion pour Maman de découvrir pour la première fois le couchsurfing et nous allons aller de belles rencontres en incroyables rencontres au cours de ces quelques jours à Jaipur !

Samedi 25 Janvier 

Réveil en couchsurfing à Jaipur 

Maman : Arrivées de Bundi la veille au soir chez un couple qui propose une chambre dans leur appartement en couchsurfing (pour ceux qui ne connaissent pas : hébergement gratuit chez des locaux, basé sur la rencontre et l’échange culturel). Ils donnaient un cours de cuisine à un groupe de personnes et après un accueil sympathique mais bref pour ne pas déranger, nous nous sommes éclipsées dans notre chambre. Il s’agit d’un logement identique à ce que nous connaissons en France, avec le même confort. J’avoue que ça fait du bien de se retrouver dans un cadre familier. Mais c’est aussi frustrant d’avoir coupé avec le dépaysement. Bref, très française, jamais satisfaite !  

Léna : Nous nous réveillons de bonne heure ce matin, impatientes de vivre cette nouvelle journée ! Nous sommes accueillies par un couple d’une grande gentillesse. Monty prépare notre petit déjeuner composé de fruits et muesli. Il s’assied avec nous et nous faisons connaissance. Il organise des cours de cuisine et nous propose de participer gratuitement à celui de ce soir. Inutile de dire que c’est une expérience qui ne se refuse pas !

Nous discutons longuement avec lui. Sa femme Harshita est plus en retrait, elle parle moins bien anglais. Monty nous parle de son expérience dans le tourisme, des voyages qu’il a organisé à travers l’Inde, le Népal et le Bhoutan. Il a une grande connaissance de son pays et sa culture, il est bavard mais c’est un plaisir de l’écouter. Il a créé une sorte d’agence de tourisme, il inaugure d’ailleurs les bureaux à la fin du mois. En discutant un peu plus, il me propose de m’héberger gratuitement à Jaipur pendant quelques semaines en échange de mon aide dans le développement de son entreprise. C’est un projet intéressant ! Je prends bonne note de sa proposition.  

Patrika Gate : lieu instagrammable 

Maman :  Logées en banlieue de Jaipur, avec la circulation et la pollution que vous imaginez, nous préférons commander un Uber pour nous déplacer.

Direction le lieu instagrammable number one : Patrika Gate. Il s’agit d’une porte gigantesque construite récemment, magnifique, féérique, comme un lieu magique, romantique. Les murs sont peints avec de jolies couleurs douces, des motifs fleuris, … La porte marque l’entrée d’un parc, qui est en fait un rond-point très calme. Beaucoup de touristes avancent comme nous le nez en l’air éblouis par tant de beauté … Quand un homme passe un balai rustique composé de plumes de paon puis une lavette mouillée au sol, entre nos pieds, sous l’œil du gardien attentif aux touristes étourdis, juste préoccupés à faire des photos. Il rappelle à l’ordre les malheureux irrespectueux de ce travail : on ne marche pas dans la partie propre ! Une fois de plus quand c’est l’heure de faire le ménage, c’est l’heure du ménage et tant pis pour les autres ! Ils sont vraiment incroyables !

Beaucoup de touristes font des selfies, certains changent de tenues pour des shootings photos interminables, des couples indiens se promènent, des professionnels font des photographies de mariés, une troupe de danseurs répète une chorégraphie, … 

Léna : Après avoir pris nous aussi de jolies photos dans ce lieu original, nous décidons d’appeler un Uber. J’ai bien tenté de négocier les prix avec les tuktuks présents mais devant leur refus de diminuer leurs prix, nous choisissons la simplicité… En attendant notre chauffeur, nous dégustons pour la première fois un poha ! Un riz jaune pilé avec plein de toppings, des cacahouètes, des crudités, des épices, mmmh délicieux !! 

Direction le temple aux singes  

Léna : Le chauffeur Uber arrive rapidement, il a l’air surpris de prendre deux touristes aujourd’hui. Il est très curieux, cherche à faire connaissance, savoir d’où l’on vient, ce que l’on fait ici… Au moment de nous déposer à destination, le Monkey temple, il propose gentiment de nous accompagner. Comme il nous a fait bonne impression, nous acceptons avec plaisir.  

Praveen nous explique qu’il habite à côté de ce temple et à l’habitude de s’y rendre avec sa famille. Il nous fait visiter chaque monument, s’incline devant chaque divinité avec beaucoup de respect et tente, malgré la barrière de la langue, de nous expliquer la légende accompagnant chaque dieu. Il y a aussi des bassins d’eau où fidèles et singes se baignent. Certains pour se purifier, d’autres pour s’amuser… Il y a des centaines de singes autour de nous, ce temple porte bien son nom ! La montagne s’élève de chaque côté, le calme est absolu. C’est incroyablement apaisant et féérique.  

Au dernier temple tout en haut, un prêtre nous bénit, il nous parle de la vie, de la Foi, de spiritualité, de bienveillance, de générosité… C’est beau et maman verse quelques larmes, comme toujours ! Nous sommes sensibles dans la famille haha.  

Rencontre avec la famille de Praveen  

Maman : De retour à la voiture, Praveen, notre gentil chauffeur, nous propose de nous conduire dans sa maison à quelques kilomètres de là pour rencontrer sa famille. Sans l’ombre d’une hésitation, nous acceptons, confiantes.  

Il commente ce que nous voyons tout au long du voyage. Soudain il quitte la route principale pour un chemin dans un lotissement. Les maisons sont toutes identiques. Praveen roule au pas, certes la route est défoncée, mais il veut être sûr que tout le monde voit qu’il est accompagné. Il est touchant, fier, hyper souriant. Il salue les gens que nous croisons, klaxonne ceux qui ne regardent pas. Bref, tout le monde sait que nous arrivons. Les gens s’approchent du véhicule pour nous observer, étonnés de voir des étrangères ici. C’est très embarrassant pour nous, mais tous semblent tellement heureux de nous saluer, ils nous font de grands sourire. Étrange sentiment d’être pour eux LE spectacle ! 

Devant sa maison, nous sommes accueillies par sa famille, ses voisins proches. Beaucoup d’enfants nous entourent, nous sommes présentées à chacun d’eux. Sa femme se retire vite à l’intérieur pour nous préparer le chai, elle n’ose pas croiser notre regard, elle semble très timide. Elle est très belle. 

Léna : Nous sommes invitées à nous asseoir sur un lit qui sert aussi visiblement de table et de canapé dans a pièce principale. A peine installées, la pièce se remplit, tous les yeux sont braqués sur nous ! Beaucoup d’enfants et de femmes s’installent autour de nous. Les hommes restent à l’extérieur de la pièce, passant une tête de temps en temps attisés par la curiosité de notre présence.

Par la porte ouverte, nous voyons les voisins nous observer depuis leurs fenêtres ou leurs toits, je leur fais un petit signe de la main et quelques secondes plus tard, les voilà assis à nos côtés. Les moins timides viennent nous serrer la main, essayent de communiquer avec les quelques mots d’anglais qu’ils connaissent. Parfois ils nous parlent en hindi et quelqu’un essaie de nous traduire cette bride de conversation. D’autres sont plus réservés et nous observent à distance, intimidés par notre présence.  

Maman : Nous montrons les photos de la famille, du chat, de Cahors, de la France, la mer. Tout semble les intéresser ! Puis c’est parti pour une séance de selfies tous ensemble.

Soudain Praveen s’agite et fait sortir tout le monde. Le repas arrive ! Nous sommes invitées à manger : Aloo gobi, patates chou-fleur au menu.  Trop bon ! Babita cuisine très bien, notre hôte ne dit pas le contraire en montrant son ventre. Comme d’habitude, nous ne voyons pas beaucoup la femme de la maison. Occupée à nous recevoir, elle a passé l’essentiel de son temps en cuisine.

A peine le repas terminé, notre chauffeur a à cœur de nous ramener à notre destination d’origine, pas le choix, nous nous mettons en route pour le musée Albert Hall après une nouvelle séance photo-souvenir devant la maison.

Le musée Albert Hall  

Léna : Devant l’entrée, nous cherchons où acheter les tickets, un homme sort de derrière le guichet, il nous fait de grands signes de la main, il semble monté sur ressort ! Nous nous approchons curieuses et amusées, il nous accueille en chantant, trop heureux de nous vendre les billets, le sourire ne le quitte pas une seconde, il est content car il s’ennuyait de ne pas voir de clients étrangers (pourtant il discutait avec ses collègues !). Après les questions habituelles : d’où l’on vient, notre duo mère-fille, ce que l’on a déjà visité, où l’on va, combien de temps nous pensons rester en Inde, etc. nous avons finalement nos tickets !

La femme qui nous remet l’audioguide me dit de suivre les numéros de 1 à 34. Mais ça commence mal, le 1 est derrière une barrière où l’on ne peut pas aller !!  Alors que j’essaye de m’approcher pour apercevoir le numéro 1, un garde nous fait signe de rentrer directement dans le bâtiment mais nous sommes directement au numéro 5, ça m’agace ! Mais ce n’est que le début… Après le 5 on passe au 9 puis au 13 et enfin au 7. Ça n’a aucun sens !! 

Maman : Léna est exaspérée dès notre arrivée dans le musée et ça ne va aller qu’en s’amplifiant. Elle ne supporte pas l’idée de manquer la moindre salle, la moindre explication, puisque pour elle, visiter un musée signifie qu’il faut TOUT lire. Depuis toute petite elle a toujours été comme ça et ça ne lui passe pas, elle ne supporte pas les incohérences d’autant que c’est un musée cher et c’est censé être le plus beau du Rajasthan. Le musée présente de belles pièces, les explications de l’audioguide sont intéressantes, nous en apprenons beaucoup sur la culture du pays.  

Léna : C’est du grand n’importe quoi : il y a des portes ouvertes avec un garde assis devant et il nous interdit d’entrer, des portes fermées avec une flèche qui indique pourtant de passer par là, des flèches qui vont à gauche et d’autres à droite, un labyrinthe mal expliqué !!

En arrivant à la fin de la visite, nous nous asseyons dans la dernière pièce et je décide d’écouter la piste numéro 1 qui était dans une partie non accessible du musée et à ma grande surprise, ils annoncent dans l’introduction qu’il est normal que nous soyons confus durant cette visite et qu’il soit compliqué de suivre les flèches (WTF !). Si j’avais écouté ça au début, je ne sais pas si j’aurai été plus compréhensive ou encore plus énervée… ! Je suis forcée de reconnaitre que le musée était tout de même intéressant et nous avons appris de nombreuses choses sur la culture et l’histoire du Rajasthan !  

En sortant, nous passons rapidement dans le parc attenant au musée, des milliers d’oiseaux sont dans les arbres, ils s’envolent devant nous et le ciel est rempli de petites taches noires. En même temps, le soleil se couche au loin, c’est vraiment très joli. Un dernier Uber et nous rentrons à notre maison pour le cours de cuisine.  

Maman : Cela peut paraître étrange de dire “notre maison”, mais à travers ce pays tellement éloigné de ce que l’on connait, en changeant de lit quasiment toutes les deux nuits, il nous semble normal de nous approprier nos lieux d’accueil, là où nous laissons nos affaires, symbolique d’un lieu sécure, cette expression nous est coutumière ici : “nous rentrons chez nous !

Nous arrivons au bon moment pour le cours de cuisine. Une américaine y participe avec nous. Nous sommes accueillies avec un collier de fleurs et un thé au citron, gingembre et miel, trop bon ! Voilà qui commence agréablement bien. Ballu est cuisinier, il va animer le cours. Monty est là pour l’aider et nous donner des précisions plus générales.  

Léna : Au programme ce soir, nous préparons : un dal aux 5 lentilles, un curry de légumes verts bizarres qu’on ne connaissait pas (les ladyfingers) et un autre de petits pois-carottes saupoudré de mangue séchée, un riz aux graines de cumin, un pudding au riz et cardamome et deux pains : chapatis et parathas. Un festin !  

Ballu nous montre comment réaliser chaque plat et nous invite ensuite à participer. Les chapatis, depuis notre passage à Udaipur, nous savons les faire ! Toutes fières, nous nous appliquons à reproduire la technique de la famille de Rahul. Après plusieurs heures en cuisine, il est temps de passer à table. Tout est très très très bon, nous nous régalons ! Nous discutons dans une atmosphère agréable. Harshita, la femme de Monty nous rejoint, tard dans la soirée, ainsi qu’un ami du couple, nous passons un bon moment tous ensemble.  Nous ne cessons de nous resservir, incapables d’arrêter de manger ces délicieux mets… Ma gourmandise me perdra haha !

Maman : Au fait, je ne vous parle même plus de la température dans notre chambre, à croire que ça s’est arrangé ou que l’on s’y est habituées, pourtant il fait toujours très froid la nuit et il n’y a pas de chauffage. Ce matin je regarde par la fenêtre, derrière le rideau qui était fermé depuis 2 jours et je découvre que nous avons encore dormi la fenêtre ouverte !! Une fois de plus ! 

Dimanche 26 Janvier 

Pink city 

Léna : Nous nous sommes levées de très bonne heure pour nous rendre au palais des vents qu’il est recommandé de voir au lever du soleil… Vous commencez à le savoir, le matin, j’ai du mal alors j’espère que l’effort en vaut le coup ! Malheureusement, nous sommes un peu déçues à notre arrivée. Le bâtiment est certes original mais je ne trouve pas les lumières incroyables en cette heure si matinale avec l’ombre qui sépare le bâtiment en deux…

Maman : Le palais des vents est le plus célèbre monument de Jaïpur. Il est construit comme une façade, tout en longueur sur 5 étages, il ne mesure pourtant que 3 mètres de large tout en haut. Il permettait aux femmes du harem de profiter de l’animation de la rue par les nombreuses fenêtres, sans être vues, naturellement. L’architecture est très originale, on dirait un décor de théâtre. Mais il est vrai que coincé au milieu des autres bâtiments, avec la rue juste devant, on n’a pas de recul, il n’est pas mis en valeur.   

Un homme nous accoste et nous propose de venir dans un café en face du bâtiment pour avoir un beau point de vue. Nous le suivons, confiantes comme toujours. Nous montons avec lui des escaliers et nous arrivons devant une porte fermée. Il ouvre le café pour nous.

Il nous accompagne sur la terrasse : “vous voulez boire quoi ? Cappuccino, black tea, masala tea,…” Nous prendrons 2 masala svp. Il continue sur sa lancée : “Ou plutôt un cappuccino !” Euh, … non, du thé normal alors. C’est possible ? Il enchaîne : “Ou du cappuccino !” Pas le choix, donc ! Alors deux capuccinos ! Nous sommes habituées maintenant, on ne fait jamais ce que nous voulons dans ce pays ! Mais ils sont si gentils que l’on n’ose jamais les contrarier.  

Nous restons là, bien tranquilles à observer le palais des vents, les singes qui profitent du lever du soleil et jouent sur les bordures des fenêtres, jusqu’à ce qu’un groupe de personnes asiatiques arrive … Ils envahissent tout l’espace, font des photos à tout va. Une bagarre de singes éclate sur la terrasse à côté de nous. Un homme tente de les chasser pour qu’ils ne viennent pas se battre trop près de nous. Les séances photos continuent, imperturbables !  

Léna : Une fois que notre cappuccino est terminé et que nous avons bien profité de la vue, nous nous dirigeons vers Jantar Mantar, le musée d’astrologie. Cet endroit est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il s’agit d’un immense jardin devant le palais, où le Maharaja Sawai Jai Singh II a fait construire tout un tas d’instruments pour observer le ciel et les astres au XVIIIème siècle. Il y a par exemple un cadran solaire de 27 mètres de haut qui donne l’heure exacte à 2 secondes près ! C’est fascinant, mais nous ne comprenons pas tout. J’essaye d’écouter ce que les guides expliquent aux autres groupes, le fonctionnement de certaines constructions reste flou malgré notre concentration. En tout cas, nous sommes impressionnées par la précision et les calculs qui ont été nécessaires pour construire ces instruments de mesure !  

Direction Ajmer  

Maman : Notre journée se poursuit par la visite du fort d’Amber, situé à Ajmer. Pour s’y rendre, nous choisissons de prendre le bus local qui est … plein ! Comme toujours ! A peine embarquées que des hommes se lèvent pour nous laisser leurs places assises. Dans les transports ici, nous avons remarqué que les femmes voyagent généralement assises et les hommes cèdent facilement leurs sièges.

Soudain plusieurs passagers autour de nous s’agitent pour nous faire descendre à un carrefour au bord de la route. Léna vérifie sur maps.me, il y a effectivement quelque chose à voir ici mais nous n’avons pas projeté d’y venir. Nous allons quelques arrêts plus loin pour visiter le fort ! Tout rentre aussitôt dans l’ordre. Les passagers sont satisfaits de notre réponse. On a failli se faire descendre avant notre arrêt ! Preuve une fois de plus qu’ils se préoccupent toujours de nous, même si l’on ne demande rien.  

Dès l’arrêt de bus à Amber fort. Nous comprenons que le lieu est touristique. Il y a déjà du monde à cette heure-ci, mais ça semble encore raisonnable. Je suis surprise de voir que des gens payent pour grimper sur des éléphants qui les transportent sur quelques mètres jusqu’à l’entrée des remparts. Tout ça pour qu’un homme les prenne en photo à l’arrivée. Grrrr … J’ai du mal à comprendre la bêtise humaine ! 

Le fort est gigantesque, posé sur un pic rocheux, il domine toute la vallée. Il est entouré par 9 kilomètres de remparts. A l’intérieur, un palais des merveilles est à découvrir. Les maharajas avaient envisagé que ce fort puisse malgré tout céder à une attaque. Un deuxième fort, tout aussi majestueux est construit sur la colline un peu plus haut : Jaigarth fort. C’est par là que nous allons entamer notre visite. Nous montons un chemin escarpé. Ça monte, ça monte ! Mais les gens se sont arrêtés au premier fort et il n’y a personne sur ce chemin.  

Léna : La visite du fort de Jaigarh vaut le coup ! La vue depuis là-haut est vraiment sublime ! Nous observons les perroquets voler autour de nous, les remparts sur les collines alentours, le fort d’Amber en contrebas, le lac et les jardins …

Comme il se fait tard, j’ai faim. Il n’y a pas de restaurants là-haut, nous optons pour un paquet de chips et des samossas, ça dépanne ! Alors que maman est en train d’engloutir la dernière bouchée de samossas, j’aperçois un petit écureuil qui espérait grignoter nos restes, je dis à maman que c’est dommage que nous ayons tout fini et à ma grande surprise… elle recrache le dernier morceau qu’elle vient de croquer pour lui donner ! Hahaha ! Après ce petit encas, nous redescendons pour visiter le fort d’Amber qui nous parait si grand et démesuré !  

Maman : Sauf qu’aujourd’hui, c’est férié ! Il y a énormément de monde qui se dirige pour rentrer dans Amber Fort, une véritable marée humaine ! Comme nous avons déjà visité plusieurs forts et palais au Rajasthan et bien que celui-ci semble très joli, nous décidons de faire l’impasse au profit de la découverte du village d’Amber.  

Rencontre avec Prakash 

Maman : Nous sortons de l’enceinte du fort par un chemin. Un jeune nous aborde sur sa moto. Il veut que l’on descende visiter son village qui est très joli en contre bas, par un minuscule sentier. Ça tombe bien, c’est ce que l’on avait prévu. Nous suivons donc ses indications et le raccourci qu’il nous indique, nous arrivons directement dans la cour du temple et oh surprise ! un prêtre nous tombe dessus en nous parlant français c’était écrit dans le guide du routard que nous pouvions le rencontrer mais cela semblait improbable. Nous sommes à Shiromani Temple. Ce sanctuaire a été construit au XVIème siècle par l’épouse du maharaja en mémoire de son fils. 2 magnifiques statues éléphants gardent l’entrée. Le lieu est très paisible.

Nous partons dans le village, à la recherche d’un restaurant, il y avait longtemps ! Nous nous installons à une table où le serveur nous parle … français ! Il a travaillé pour des journaux francophones mais avec la montée d’internet, son travail a disparu et il s’est reconverti dans un métier plus rentable, le change de devise euro et dollars !  

Léna : Nous commandons le thali rajasthani spécialité d’ici, avec plein de choses à manger, maman est contente, il y a du sucré ! Pour moi ce ne sera que le salé… Moitié-moitié !

Une fois le repas terminé, nous marchons et appréhendons le retour sur Jaipur car tous les indiens venus visiter le fort sont en train de repartir, il y a des bouchons partout. A ce moment-là, sorti de nulle part, le jeune homme qui nous avait indiqué le raccourci précédemment nous accoste de nouveau. Il dit nous avoir cherchées et était déçu de nous voir manger au restaurant car il aurait voulu que nous mangions chez lui, sa femme aurait pu nous faire la même chose. Il propose de nous ramener à Jaipur sur sa moto, nous acceptons presque immédiatement ! Soulagées de ne pas avoir à rester coincées des heures dans la circulation. 

 Maman : Qui aurait pensé qu’après avoir discuté 5 minutes avec un inconnu, je lui fasse assez confiance pour lui confier nos vies, à Léna et moi, en le laissant nous conduire en 2 roues à 10 km d’ici dans une circulation inimaginable ? Ce pays abat toutes mes réticences, j’ai baissé toutes mes gardes !

A mi-chemin, il nous informe qu’il souhaite nous présenter sa famille. A moins de sauter en route, il ne nous laisse pas franchement le choix, nous acceptons. En face du Jal Mahal, palais flottant sur le lac, il tourne et nous arrivons dans son quartier. Les enfants accourent comme d’habitude pour nous rencontrer, sa femme n’a pas l’air surprise de nous voir débarquer et s’affaire immédiatement à préparer le chai. Nous sommes reçues dans leur maison, composée d’une seule pièce. Nous nous asseyons sur le lit face à un coin cuisine rudimentaire. Sa femme a des traits fins elle est magnifique, il est fier de nous dire qu’elle a été jusqu’à la classe 10 alors que lui, s’est arrêté à la 5, il a commencé à travailler à l’âge de 10 ans. Elle ne parle pas un mot d’anglais, en revanche, lui a appris en communiquant avec les touristes dans l’un de ses nombreux emplois.

Actuellement, il travaille à la restauration du fort d’Amber. Il passe tout son temps dehors et a donc le teint bronzé, il nous montre des photos de lui où il est « blanc » et se plaint de ne pas aimer être « noir » actuellement, ce qui amuse beaucoup sa femme. Ils ont un petit garçon de 2 ans. Puis, arrive l’incontournable séance de selfies avec plein d’enfants.  

Retour à Jaipur de nuit

Léna : Il nous ramène ensuite en moto jusqu’au centre de Jaipur où nous souhaitons découvrir la ville rose (eh non, pas Toulouse !) de nuit. Les bâtiments sont tous illuminés, le palais des vents est plus impressionnant que ce matin, les lumières lui donnent du relief, c’est beaucoup plus joli ! Le trafic est totalement fou en ce jour férié, nous calculons l’itinéraire pour nous déplacer en fonction du nombre de rues à traverser. Ça prend beaucoup de temps mais surtout, c’est dangereux, à cause de la circulation. Ça fait peur pour des touristes comme nous !  

Maman : Une femme portant un bébé me sollicite pour lui donner de l’argent pour nourrir son enfant, comme je dis non, elle insiste et essaye de me le mettre de force dans les bras, un peu brutalement. Il a environ 8 mois, je m’attends à ce qu’il se réfugie contre sa mère ou au contraire me tende les bras, c’est toujours comme ça d’habitude, mais au lieu de cela, il se laisse tomber la tête contre moi. Je réalise que cette attitude n’est pas normale, je n’ai fait aucun geste pour le prendre donc je continue. La femme s’éloigne en râlant après moi.  Il me revient avoir lu, que certains mendiants louent des enfants qu’ils droguent pour attiser la pitié des touristes, il s’agit d’une terrible arnaque, quelle tristesse ! Cet enfant restera un mystère pour moi !  

Dernière nuit à Jaipur 

Léna : La nuit est bien tombée, nous devons rentrer à notre Couchsurfing pour diner, je regarde sur l’application Uber, les prix sont très chers ce soir comparés au jour d’avant. Je propose donc que l’on prenne plutôt un tuktuk. Maman dit que ce n’est quand même pas cher, il y a 1,5€ d’écart et que j’abuse. Alors oui, ce n’est pas beaucoup en euro mais c’est quand même 30% plus cher ! Il n’y a pas de petites économies, nous sommes backpackeuses ou pas ?  

Maman : Oui, mais je suis encore au stade un peu apprentie backpackeuse !  Résultat, il fait froid, nous prenons toute la pollution de l’air et des pots d’échappement dans le nez, les bosses tapent les fesses et il y’a quand même 12 km soit plus de 30 minutes de trajet ! La vie de backpacker, c’est que du bonheur !  

Léna :  Dans la soirée, Praveen, notre chauffeur de Uber rencontré la veille m’appelle, il me demande de revenir chez lui, je lui réponds donc que nous partons le lendemain pour Agra et il se propose immédiatement de nous y conduire. Je refuse poliment et lui explique que nous voyageons en bus et pas avec un chauffeur privé. Il m’explique que sa famille habite à mi-chemin et qu’il pourra ainsi leur rendre visite. Afin d’écourter cet échange qui pour moi ne mène nulle part, je lui dis que je dois en parler à maman.  

Maman : Aaaah, ça sert une maman quand on voyage ! Je me retrouve avec le même dilemme : dire non va le vexer et accepter, tout devient plus compliqué (prix, distance pour lui à conduire, pas notre façon de voyager, barrière de la langue, …). Cette proposition parait excessive par rapport au temps que nous avons passé ensemble. Alors, j’ai l’idée de mettre une condition : Ok si sa femme nous accompagne et pourra aussi voir leur famille. En cas de refus, ça nous simplifie les choses. A notre grande surprise, Praveen accepte tout de suite et parait même content de cette proposition. Le départ est prévu le lendemain matin à 9h30, le temps de prendre le petit déjeuner et de dire au revoir à nos hôtes. 

Notre visite de Jaipur aura été sublimée par les rencontres que nous y avons faites : en Couchsurfing, en Uber ou tout simplement dans la rue ! Nous avons été au plus près des indiens ! En plus, la ville est magnifique. Une fois de plus, c’est un coup de cœur !

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