Si vous suivez mes aventures, vous savez déjà que j’aime voyager en rencontrant les locaux, apprendre à connaitre la culture du pays dans lequel je me trouve, je suis toujours curieuse de nouvelles expériences. C’est pour cela que j’essaye toujours de garder mes options ouvertes en ne réservant pas de logement à l’avance, en gardant un itinéraire très flexible pour laisser place à l’inconnu et aux rencontres.
J’ai voulu faire la même chose dans ce voyage avec maman, alors, quand Praveen, notre chauffeur Uber rencontré à Jaipur quelques jours auparavant nous a proposé de nous rendre dans sa famille à plus de 2 heures de route, nous avons accepté ! Nous ne savions pas à quoi nous attendre, nous ressentions une profonde gentillesse venant de notre hôte et pour avoir rencontré sa famille et ses amis lors d’un déjeuner, nous étions en confiance. Il faut savoir suivre son intuition, faire confiance à l’Autre et au destin pour vivre des moments extra-ordinaires.
Nous vous emmenons avec nous pour 24h dans une famille indienne, un échange riche en sourires, en bonne humeur et en découvertes.
Lundi 27 Janvier
Léna : Alors que nous attendons dans la cour de notre Couchsurfeur à Jaipur, nous apercevons la voiture de notre chauffeur et nouvel ami qui approche. Praveen arrive accompagné de sa femme mais aussi de leurs 2 enfants ! Nous montons à l’arrière à côté de leur fille, nous sommes 3 à l’arrière, ils sont 3 devant, normal en Inde ! A peine avons-nous démarré que la petite fille est malade et vomit par la fenêtre, elle a le mal des transports. Elle reste accrochée à la portière, la tête à l’extérieur. Ses parents ne s’arrêtent pas pour la réconforter ni pour la plaindre, je tente tant bien que mal de lui porter de l’attention mais elle n’a pas l’habitude et se renferme. Elle est mal à l’aise. Praveen nous explique alors qu’il va la déposer chez son frère à la sortie de la ville, tant pis pour elle, sa fille ne viendra pas avec nous. Les au revoir se font de loin, la petite pleure devant la maison alors que nous redémarrons. Décidément, il ne fait pas bon être une fille en Inde.
Maman : Le trajet en voiture est agréable, nous sommes sortis de la zone urbaine, il y a moins de circulation ; il y a moins de danger mais il faut quand même éviter les camions, les véhicules à contre sens, les chiens, … Praveen nous parle souvent, il s’assure que nous allons bien il est très heureux et très fier de nous emmener. Sa femme reste très discrète, elle ne dit rien. Elle nous adresse juste quelques sourires puis se détend un peu au fil du voyage. Elle s’adresse parfois à son mari qui nous fait la traduction. Le garçon, âgé de 6 ans environ, assis contre elle, joue sur le téléphone une grande partie du voyage, puis, lassé, il tourne les boutons de la radio, personne ne dit rien quand il change sans arrêt de stations. Soudain il a une nouvelle idée pour attirer l’attention, il tourne le bouton pour faire varier le volume de la radio, de plus en plus fort. La radio hurle, son père le gronde en rigolant : Naughty boy !!
Visite d’un temple et Chand Baori
Heureusement pour nos oreilles, nous arrivons à un temple que Praveen souhaite nous faire visiter.
Il nous raconte l’histoire du puits qui y est accolé : Chand Baori. Les dieux l’ont fait construire pour la population mais des fantômes sont venus une nuit et ont coupé la tête des statues. Plus personne n’est venu chercher de l’eau après cela. Notre guide semble très affecté par ce récit, dont nous n’osons pas mettre en doute la véracité. Le puits est superbe, 20 mètres de profondeur. Une touriste demande à la femme de Praveen l’autorisation de la prendre en photo. Elle accepte. Il faut dire qu’elle est extrêmement belle dans son sari rouge. Nous montons à nouveau dans le véhicule puis poursuivons notre route.
Pause repas improvisée dans la famille éloignée de Praveen
Léna : Soudain, Praveen semble se rappeler qu’il a de la famille dans le coin, il nous demande si nous avons faim et passe un coup de fil. Quelques minutes plus tard, nous sommes dans un village. Praveen demande par la fenêtre aux passants où vivent son grand oncle et tante. Nous ne comprenons pas bien ce qu’il se passe. Quand la voiture s’engage dans la rue, des dizaines d’enfants courent à nos côtés et tapent joyeusement sur les vitres. C’est très impressionnant. Nous sommes invitées à rentrer et prendre place sur le toit d’une maison, nous comprenons qu’il s’agit de la famille de Praveen, mais pas la famille proche. Je compte une vingtaine de têtes autour de nous, dans la maison. C’est complètement fou !
Nous sommes installées avec Babita sur un tapis sur le toit, les hommes, eux, sont sur des chaises tout près de nous. Elle tire constamment sur son voile pour rester à l’abri des regards des hommes. Les jeunes filles du quartier s’assoient autour de nous et entreprennent de me faire un dessin au henné sur la main. Elles y passent un temps fou et me recouvrent la paume et le dos de la main, puis prolongent presque jusqu’au coude ! Elles échangent entre elles et rient beaucoup.
Maman : Les femmes vont préparer le repas. Je demande à l’une d’elles si je peux venir aider. Très fière, elle me fait signe de les suivre jusqu’à la cuisine. Elles épluchent les légumes, j’essaie de prendre un couteau pour couper les pommes de terre mais on me reprend le couteau des mains et je dois m’asseoir sur une chaise au centre de la petite pièce. Celle qui m’a fait descendre revient avec une lame de couteau sans manche. Je comprends qu’il n’y avait que deux couteaux à éplucher. De plus, elles ne semblent pas d’accord, en tant qu’invitée, je ne dois pas travailler. Léna nous rejoint dans la cuisine mais très vite on nous demande de monter sur la terrasse et nous devons nous asseoir à nouveau. Le repas est servi pour nous 5 et tout le monde reste assis autour de nous. Ils nous regardent manger …
Léna : Je me retrouve à devoir manger avec la main gauche, ma main droite étant recouverte de henné en train de sécher. Sans parler du fait que je suis beaucoup moins à l’aise avec ces doigts, étant droitière, il est également très impoli en Inde d’utiliser sa main gauche pour manger. Cette main est considérée comme impure, c’est celle que l’on doit utiliser pour faire sa toilette (aux toilettes …). Je me sens très mal à l’aise avec tous ces regards braqués sur moi. Le repas est comme toujours, délicieux ! Nous sommes gâtées.
Au moment de repartir et de monter dans la voiture, ce ne sont pas moins de 50 personnes qui nous escortent ! Nous rigolons, gênées. Heureusement Babita et Praveen se joignent à nous, ils sont très amusés. Cette situation est vraiment improbable ! Nous jouons les stars en saluant l’ensemble des personnes à grand coup de “namaste” !
L’arrivée dans la famille de Praveen
Maman : Nous nous abritons dans la voiture qui démarre, suivis par quelques personnes et les enfants sur les premiers mètres. Quelques kilomètres plus loin, nous arrivons en pleine campagne au milieu des champs de colza et autres cultures que nous ne savons pas identifier. Nous prenons une petite route bordée par des huttes en pailles. Puis un petit village de quelques maisons. Nous nous arrêtons dans la cour d’une ferme composée de plusieurs maisons accolées : nous sommes arrivés !
Des vaches sont attachées à un pieu planté dans le sol. Juste derrière un petit bâtiment fermé par des portes en bois : les sanitaires. Nous sommes présentées aux différents membres de la famille et aux amis et voisins. Ils sont tous très gentils, curieux et flattés d’échanger avec nous, un mot en anglais ou en hindi, un sourire, un regard, … Nous ressentons beaucoup de bienveillance. Nous faisons la connaissance du maire de la commune, Brijendra, il a 26 ans. Il est professeur des écoles et enseigne aux enfants du village. Marié récemment, il a un bébé de 4 mois. Il parle anglais et échange beaucoup avec nous. Il propose de nous emmener voir la laiterie mais ce n’est pas le moment d’après Praveen. Nous continuons de faire connaissance avec plein de gens et à nous déplacer dans le village.
Léna : Plus tard, Brijendra nous emmène voir son champ de cultures bio dans lequel il fait pousser beaucoup de légumes : petits pois, carottes, épinards, radis, aubergines, chou, chou-fleur, mais aussi citrons, mangues et plein de choses que l’on ne reconnaît pas. Le paradis !!!! Nous déambulons au coucher du soleil entre toutes ces plantations quand Babita ramasse un radis géant ! Elle ne s’attendait visiblement pas à ce qu’il fasse cette taille. Elle est très fière et rit beaucoup, c’est la première fois que nous la sentons vraiment détendue et à l’aise avec nous. J’immortalise son beau sourire, nous prenons des selfies, ça y est, la glace est brisée !
Soirée immersion : saris, cuisine, mariage…
Maman : Le soir arrive et les femmes décident de nous habiller comme elles. Léna enfile une chemise et un sari, tenue quotidienne à la campagne pour travailler, mais aussi la tenue des jeunes filles non mariées. La voilà transformée en jolie paysanne indienne ! Tandis que pour moi, je comprends qu’elles ont un vrai problème, j’essaie un corsage, puis un autre, mais aucun ne va j’ai trop de poitrine pour permettre de fermer les attaches. Soudain, l’une d’elle arrive avec une tenue de cérémonie, un sari magnifique. Celui-ci me va parfaitement ! J’ai très peur de l’abîmer ou le salir.
Il faut savoir qu’un sari est une bande de tissu d’un mètre environ sur 5 à 6 mètres de long qui est enroulé autour du corps tout en laissant apparaître un peu de ventre, les bras, et se termine en voile posé sur la tête qui redescend vers le sol, le long du corps.
Léna : Une fois habillées, elles continuent de jouer à la poupée avec nous : elles nous maquillent, nous coiffent avec le voile sur la tête, nous passent des bracelets aux poignets, des bagues aux orteils pour maman (indicateur de mariage), nous collent un bindi sur le front… Toutes s’affairent autour de nous jusqu’à ce que le résultat leur convienne. Alors, et seulement alors, nous pouvons sortir montrer aux hommes de la famille le résultat. Tout le monde est ravi !! Et c’est parti pour une séance photos interminable …
Nous sommes ensuite invitées à aider à préparer le repas, nous nous retrouvons accroupies dans la cour, avec nos belles tenues à utiliser les bouses de vaches séchées pour faire du feu, étaler la pâte pour faire des chapatis, … Les femmes sont fières de nous montrer leurs tâches quotidiennes et nous invitent à les imiter. Mon sari ne tient pas sur la tête et ne fait que tomber. Je le remets en place tant bien que mal toutes les 30 secondes, ça les fait rire visiblement. Intérieurement, je les plains sincèrement, bien que très jolies, ces tenues ne sont PAS DU TOUT adaptées aux activités de la maison.
Puis, c’est l’heure de manger. Nous sommes assises à même le sol sur un grand tapis tressé au milieu de la cour, Praveen nous amène le repas. Nous comprenons rapidement que nous ne serons que 2 à manger, nous tentons d’expliquer qu’en France, nous mangeons tous ensemble, mais ici, c’est une marque de respect ! Les invités d’abord. Maman tente de me filer discrètement les plats les plus épicés qu’elle ne peut pas finir. J’ai chaud à la bouche mais je me régale !
Maman : Quelqu’un nous montre un album photo pour le départ en retraite de l’armée d’un frère ainé. Selon qui est derrière l’appareil photo les femmes apparaissent voilées ou non, en effet elles cachent leurs visages lorsque c’est un homme plus agé que leur mari qui les prend. L’album photo comprend donc des photos où on les voit, magnifiques et d’autres où les hommes sont accompagnés de ces mêmes personnes totalement recouvertes de leurs saris colorés certes superbes mais anonymes. Les femmes ne sont que saris !
Babita nous invite à boire le thé chez elle, elle nous dit sans cesse que le chai des autres n’est pas bon, ici, ça fait vraiment partie de l’art de recevoir et nous sommes ses invitées. Compétition gagnée haut la main, c’est elle qui fait le meilleur !
Léna : Babita m’invite à voir la préparation en cuisine, attention, vous n’êtes pas prêts ! Premièrement il n’y a pas d’électricité et pas d’eau, dans le noir, au toucher, elle remplit une gamelle de lait frais qu’elle met à bouillir. Puis, sur le plan de travail (dont on ignore totalement la propreté) elle écrase du gingembre, si celui-ci par mégarde, tombe par terre (dont on ignore toujours la propreté) elle le ramasse (ce qu’elle trouve au sol, dans le noir) et le met dans la gamelle ! Ensuite, quand le lait bout, elle rajoute de l’eau conservée dans un pot en terre et les feuilles de thé séché, elle fait bouillir 3 fois en ajoutant le sucre. Elle le filtre (une chance !) et c’est prêt ! Un régal pour maman qui n’a rien vu 😉
Notre nouvel ami, le professeur nous montre la vidéo de son mariage mais très vite Praveen décide qu’il est l’heure d’aller se coucher. Nous négocions pour en regarder un peu. Requête acceptée. Nous découvrons des coutumes très éloignées des nôtres. Il nous parle aussi des mariages arrangés et précise que le divorce n’existe pas dans leurs vies. Cela semble lui faire tristement écho, il ne semble pas y avoir de complicité dans son couple, à moins que ce ne soit de la pudeur … Il nous touche beaucoup par ces quelques mots.
Soudain, il est l’heure de prendre congé de tout le monde. Nous suivons Praveen, Babita, leur fils et la grand-mère dans une grange près des maisons. Des lits sont disposés dans la pièce. Le grand-père qui était déjà couché est viré de son lit et installé dehors juste devant la porte. Dois-je rappelé que les nuits sont très fraiches ? il me dit un seul mot en anglais « father » je comprends qu’il a entendu parler de nos photos de famille sur notre portable et veut voir de ses yeux le papa de Léna et ainsi s’assurer que j’ai un mari, cet éternel gros souci pour eux. Très vite, toute la famille se rassemble et le téléphone passe de main en main pour regarder les photos.
Léna : Pour le coucher, nous entrons dans une pièce fraîche (si vous avez lu nos aventures précédentes, vous noterez que nous en avons l’habitude) où se trouve une petite télé et quelques lits en toile, sans matelas. D’autres couchages sont amenés de l’extérieur et nous nous retrouvons à dormir à 8 sur 5 lits : 5 adultes et 3 enfants, à côté d’une moto et beaucoup d’autres objets sans rapport avec une chambre ! Maman et moi disposons d’un lit chacune. Cette fois, pas question de sortir nos sacs de couchage en soie, ce serait mal poli. Je vois la tête de Maman qui réalise que nous allons dormir dans les couvertures pas lavées, qui ont vraisemblablement connu plusieurs générations, sans draps, sans se laver les dents et habillés de nos vêtements de la journée, … les femmes, elles aussi, restent dans leurs saris magnifiques pour la nuit !
Maman : Nous nous couchons et c’est parti pour une séance papotage et éclats de rires avec nos voisins de lits : Praveen qui dort avec son fils et Babita juste à côté de moi. Léna de l’autre côté. La grand-mère un peu plus loin qui dort avec une petite. Un peu plus tard, tout le monde est au pays des rêves.
Quelle journée incroyable dans ce monde rural indien ! Et cette nuit ! Le grand père a une très vilaine toux dehors, je le plains, il fait très froid. Les enfants toussent eux aussi de temps en temps et rêvent aussi parfois en s’agitant. Certains respirent un peu fort. Tout le monde a la tête complètement sous les couvertures sauf nous, pas les mêmes habitudes. D’autres parlent dans leur sommeil. Léna et moi essayons de dormir enfin moi je vous raconte notre journée pendant que les autres dorment à poings fermés j’en profite même pour prendre ces quelques photos mais chut ! Quelques rares véhicules passeront sur le chemin au pied du grand-père radio-musique hurlante.
Mardi 28 Janvier
Léna : Moi, j’ai bien dormi. J’émerge tranquillement sous le bruit des ronflements, maman est bien sûre déjà réveillée, des gens font des allers et venues dans la pièce, la porte s’ouvre laissant rentrer le froid et se referme. La lumière est éteinte, rallumée, re-éteinte… Je vois des légumes arriver par cagettes, certains viennent boire dans le pot d’eau potable, bref, c’est loin d’être tranquille et il n’est même pas 7 heures.
Puis, la grand-mère arrive avec une dizaine de tasses de chai sur un plateau. Maman et moi, nous sommes réveillées et donc servies en premier. Les enfants qui dorment sous la couette se font secouer et n’ont pas le temps d’ouvrir les yeux qu’elle leur colle la tasse brulante dans les mains. Puis, vient le tour de Babita, la mamie arrache la couverture, lui secoue l’épaule et idem, elle se retrouve une tasse dans les mains. Elle a les cheveux en vrac sur la tête, les yeux fermés et n’a pas eu le temps de comprendre ce qui lui arrive. Le cousin entre dans la chambre sans prévenir, Babita que nous regardions en riant, pause la tasse à toute vitesse, attrape la couette d’un geste brusque et se recouche en se couvrant entièrement pour ne pas être vue ! Plus âgé que son mari, il fait partie des personnes devant qui elle doit cacher son visage. Elle réapparait quelques secondes plus tard, le voile la recouvre jusqu’aux épaules. Le cousin repart immédiatement, elle se redécouvre et rigole avec nous ! Tu parles d’un réveil en douceur !
Maman : En route pour les toilettes au fond du jardin, toujours chaperonnées, nous adressons un timide bonjour aux buffalos dans la cour en passant ! La question de la douche ne se pose pas, il n’y a pas l’eau courante dans les maisons, et la « douche » entendez par là des seaux d’eau froide se situe ici avec les toilettes, l’expérience ne nous tente pas.
Maman : Ensuite, c’est l’heure d’aller dire bonjour à tout le monde, nous montons sur le toit et de là, au milieu des bouses de vache en train de sécher, nous saluons les voisins qui sont aussi sur leurs toits ou dans leurs cours. L’une des femmes rencontrées la veille nous invite à venir chez elle, nous dégustons une fois de plus le chai avec plein d’autres femmes.
Vient le moment des au revoir, Praveen m’entraine derrière lui mais Léna est retenue par l’une d’elles. En fait, elle a envoyé sa fille chercher de l’argent qu’elle remet à Léna et elle nous embrasse, nous serre dans ses bras et nous tient les mains pour nous retenir. Nous ne comprenons pas ce qu’elle dit mais ses yeux sont remplis d’émotions, elle espère nous revoir. Bouleversée, je ne retiens pas mes larmes, comme d’habitude. Elle est surprise et encore plus touchée. Léna verse sa larme aussi. La séparation est très difficile. Elle nous regarde disparaitre au coin de la rue, je me retourne et leur envoie un baiser avec la main et toutes me répondent de la même façon.
Léna : Nous repartons dans la cour, en plein soleil où l’on nous installe sur un lit pour prendre le petit déjeuner, nous sommes les seules servies et tout le monde nous observe. Dommage, ce n’est pas franchement à notre goût. Une soupe épicée froide au fromage blanc avec des genre de petits beignets, maman n’en mange pas, j’essaye de faire honneur au plat ! Avec cela, des gâteaux au sucre et … du chai ! Nous avons compté, plus de 15 au cours des dernières 24h, un record battu ! Mais quel délice le chai …
C’est enfin l’heure du départ, Praveen doit nous déposer à un arrêt de bus. Entendez par là, au bord de la nationale, prêts à faire de grands signes au bus pour qu’il s’arrête. Malheureusement, le bus qui va à Jaipur ne ralentit pas, Praveen très énervé démarre la voiture en trombe, zigzague entre les voitures, monte à 120 km/heure, bien plus que sa vitesse de croisière habituelle plutôt dans les 80. Il arrive à rattraper le bus, le double, ouvre sa fenêtre et lui hurle de s’arrêter. Étonnamment, le bus s’arrête avant le péage, au milieu des voies. Nous descendons aussi vite que possible, les au revoir sont rapides, à peine le temps de prendre Babita dans nos bras, nous sommes poussées dans le bus qui redémarre aussitôt.
Maman : Les adieux ont été très brefs, mais c’est mieux comme cela, pour éviter les larmes provoquées par le trop plein d’émotions. D’ailleurs à peine installées dans le bus, nous recevons des messages de Praveen qui s’inquiète de savoir si nous avons pu trouver des places assises et nous informe que Babita pleure beaucoup. Nous voici en route pour Agra, la fameuse ville du Taj Mahal.
Ces 24 heures passées en immersion totale dans la culture indienne, si éloignées de tout ce que l’on connait, ont été intenses. Les relations malgré la barrière de la langue extrêmement fortes. Ce seront les moments les plus authentiques de tout notre voyage, où je suis le plus sortie de ma zone de confort. Je comprends mieux quand Léna nous raconte ses rencontres inimaginables pour nous dans son blog.
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