Le nord du Maroc : Tanger et Assilah

Maintenant que j’ai renouvelé mon visa à Ceuta, je suis libre de me promener au Maroc comme bon me semble ! Me voici donc à Tanger, cette ville tout au Nord du pays dont j’ai entendu beaucoup de bien de la part de mes amis marocains, et du moins bien de mes amis touristes. Hâte de me faire mon propre avis ! Puis, j’ai prévu un arrêt à Assilah, petite ville touristique sur la côte pour profiter de l’océan…

Tanger, passage éclair

Toujours dans mon bus tout pourri qui arrive de Fnideq, il fait nuit et j’ai faim, j’attends avec impatience d’arriver à Tanger.

Et zut, je ne suis pas descendue du bus et maintenant il part dans l’autre sens. Pourtant je suivais sur mon GPS ! Je pensais qu’on allait s’avancer jusqu’à une station de bus que j’avais repéré sur la carte, mais pas du tout ! Alors que j’étais à 2 km de mon auberge, le bus a pris la direction opposée. J’attendais qu’il s’arrête dans une gare routière mais je dois me rendre à l’évidence, c’est raté. Il fait déjà nuit et je ne sais pas trop où je suis, quand des personnes descendent du bus à un rond-point je leur emboîte le pas. J’attrape un taxi et retour au centre. Alors que les 2h de bus m’ont coûtée 20 dh (moins de 2€) j’en ai pour 35 dh de taxi !! Ça reste raisonnable mais pas très malin !

Je découvre l’avenue Mohammed VI qui longe le port, c’est hyper moderne et joliment éclairé dans la nuit. Beau boulevard. Je termine le dernier kilomètre à pied à travers la vieille médina, j’admire la vue depuis les remparts, je vois la pleine lune. Elle ne me fait plus le même effet qu’à Imsouane. Je suis de retour dans la civilisation.

Je marche jusqu’au Melting Pot Hostel de Tanger où je suis très bien accueillie par Bilal qui est… le meilleur ami de Mehdi, un collègue d’Olo ! Décidément le monde est beaucoup trop petit au Maroc. Après une douche bien méritée (20 km à pied aujourd’hui !) je m’assois sur la terrasse et discute avec d’autres clients. Je rencontre un photographe mexicain, un brésilien en vacances pour 3 semaines, une canadienne qui enchaîne les volontariats, une française qui travaille à l’auberge, un blogueur chinois, un iranien qui nous fait des démonstrations de danse traditionnelle… Une très bonne soirée ! Ça me change de mes derniers jours toute seule.

Vue de l’auberge !

Le lendemain, c’est parti pour la découverte de Tanger !

Je me promène sur les remparts, je vois l’ancien port et la belle mosquée.

Le ciel est bizarre, je ne sais pas ce que la météo me réserve. Je me promène dans les ruelles de la Medina de Tanger, c’est tout petit ! Je vois la place du petit Soco, je ne lui trouve rien d’exceptionnel. En revanche, j’aime beaucoup la place du grand Soco, aussi appelée place du 9 Avril ! Je m’assois un moment pour observer l’agitation ambiante.

Des jardiniers sont en train d’élaguer les palmiers, ils montent tels des singes au sommet !

La suite de ma visite se compose de beaucoup de pauses sur tous les bancs que j’aperçois. Je me fonds dans la masse et j’observe. J’aime bien l’atmosphère de cette partie de Tanger ! Je traverse un parc avec plus de chats que je n’en ai vu de toute ma vie ! J’ai réussi à en mettre une vingtaine sur la photo, je vous laisse imaginer !

Puis je me rends au café Hafa, un incontournable de la ville de Tanger. Je marche à travers les quartiers plus chic, je vois les enfants sortir de classe avec leurs cartables sur le dos et les étudiants en train de discuter dans la rue. Il y a aussi des terrains de sport, cliniques, des écoles privées. Un beau quartier. Le café Hafa domine la mer, des terrasses en cascade qui offrent une vue imprenable sur l’horizon. Il est même possible d’apercevoir l’Espagne ! A ce sujet, la plupart des marocains parlent espagnol dans cette ville ! Peu d’anglais et quasiment pas de francophone … Chaque région à sa spécificité !

La balade continue aux tombeaux phéniciens sur la falaise. Jolie vue également.

Je traverse la Kasbah dans la médina de Tanger, des ruelles propres, fleuries, des murs blancs, c’est hyper sympa ! Retour dans le centre de la médina, je pars en direction d’un resto qui s’avère fermé et poursuit ma balade vers le Théâtre Cervantes. J’arrive devant un restaurant, chez Bachir, où locaux et touristes s’entassent, après un rapide coup d’œil à la carte, je m’installe en terrasse. Je découvre la salade d’épinards : le Bakoula, j’adore !!

Assilah, petite ville aux couleurs andalouses

En partant de l’auberge, le réceptionniste m’indique comment quitter Tanger pour me rendre à Assilah comme une locale : au départ de Castilla il y a le bus 2i qui va à Assilah pour 7 dh. Un prix qui défie toute concurrence, super ! Arrivée à l’arrêt, un homme tente de me faire prendre son taxi et s’obstine à me raconter que le bus 2i ne passe pas. Que nenni, je connais l’arnaque et l’ignore. Quand ce monsieur bien insistant s’éloigne, un autre homme marocain qui a assisté à la scène me dit que le bus 2i va arriver bientôt et qu’il se rend également à Assilah. Merci gentil monsieur ! Effectivement, c’est hyper simple de cette façon et le bus me dépose dans le centre d’Assilah.

Je n’ai pas réservé d’hôtel mais j’ai vu un logement pas cher, l’hôtel Sahara pour 86 dh la nuit en chambre privée ! Je m’y rends et suis bien accueillie. J’ai une petite chambre sans fenêtre mais avec un lavabo et un grand lit, c’est bien suffisant pour moi. J’en profite pour laver mon linge sale puis je pars me promener. Le ciel est couvert mais je m’en fiche, je suis là pour voir l’océan qui me manque depuis 15 jours car je me promène dans les terres. J’ai aperçu la méditerranée mais c’est pas pareil, je veux entendre le bruit des vagues.

Je me promène dans les ruelles, traverse un marché, jette un œil distrait aux menus des restaurants en prévision de quand j’aurai faim et j’arrive finalement à l’entrée de la médina. Les murs sont blancs et teintés de bleus, on dirait un mélange de Tetouan et Chefchaouen ! C’est très joli. Les ruelles sont propres et silencieuses, c’est bien différent de l’agitation habituelle. Presque trop calme et silencieux. Le tour est très vite fait, il y a de jolis graffitis dans cette ville, et toujours plein de chats, je suis contente.

En revanche, je suis déçue de ne pas pouvoir voir l’océan, il est de l’autre côté des hauts remparts et tous les escaliers qui permettent de monter pour voir de l’autre côté sont fermés. Un jeune escalade mais je n’ose pas faire pareil… Je me réconforte en me disant que je vais trouver un restaurant face à la mer, raté aussi ! Ils ont clôturé la plage et il est impossible de s’approcher. Il commence à pleuvoir, je me réfugie dans un resto sans vue pour manger puis je rentre en esquivant les gouttes jusqu’à mon hôtel. Plus tard dans la soirée, je me motive à aller me promener, j’ai un mini espoir d’apercevoir un coucher de soleil, toute emmitouflée je marche le long de la clôture qui borde la côte et arrive finalement sur une plage.

Je marche sur la digue et bien que le ciel soit couvert et qu’il y ait beaucoup de vent, j’apprécie le bruit des vagues déchaînées par le vent et les rayons du soleil couchant qui filtrent à travers les nuages. Le temps est vraiment tout pourri, il fait froid, j’achète de quoi grignoter, ce sera mon dîner dans la chambre.

Du bus et encore du bus…

D’Assilah à Meknès en passant par Larache

Dès le réveil le lendemain matin, c’est parti pour un peu plus de 3h de bus, enfin ça c’est ce que je croyais ! La gare routière d’Assilah n’est pas vraiment une gare, plus un genre de parking avec 3 mini bus posés au milieu. Bon, ça s’annonce mal. L’un des chauffeurs me dit d’en prendre un jusqu’à Larache et de là-bas, je trouverai un bus pour Meknes ou Fes. Pas trop le choix, j’accepte ! Une passagère du bus me confirme en espagnol que je peux trouver un bus à Larache, ça me rassure un peu. 1h plus tard, le bus s’arrête dans le centre-ville mais pas dans une gare, je demande au chauffeur quand est ce que je dois descendre, il ne parle pas un mot de français, anglais, espagnol et me fait juste comprendre de rester assise. Je suis la route sur mon téléphone et je vois bien que l’on s’éloigne du centre… Encore une fois, pas trop le choix je patiente.

Petite étape à Larache !

Le chauffeur s’arrête finalement dans une gare routière au milieu de nulle part et m’accompagne jusqu’au guichet pour s’assurer que j’ai mon ticket pour Meknès. C’est très gentil de sa part. Départ du prochain bus dans 45 minutes, je patiente. Le bus pour Meknès est en retard, toujours personne qui parle une langue que je comprends, j’espère que mon bus n’est pas un de ceux qui s’en va. Avec 20 minutes de retard, mon bus apparaît, génial !
La météo fait des siennes depuis quelques jours et la pluie n’est pas habituelle au Maroc… Nous traversons un gros orage et à ma plus grande surprise, il pleut dans le bus ! Je m’étais assoupie et ma voisine, une jeune maman qui a sa petite fille sur les genoux me réveille, mes pieds sont pile sous une fuite et mes chaussures sont trempées. L’eau dégouline le long des vitres à l’intérieur, tombe sur les sièges, branlebas de combat dans le bus ! Tout le monde change de place, je me serre contre la jeune maman pour rester tant bien que mal au sec. Je me rappelle ensuite que j’ai mon k-way dans mon sac ! Je ne m’en suis pas encore servi depuis le début de mon voyage mais c’est le moment idéal, je le déploie sur mes genoux et couvre mon sac, parfait, maintenant j’ai un lac sur les genoux mais je suis sèche en dessous, c’est l’essentiel. En revanche, mes pieds sont frigorifiés dans mes chaussures mouillées. Je ne m’inquiète pas trop, après tout je n’ai que 180km à faire, je ne devrais pas y passer la journée. Sauf que j’ai oublié que je suis au Maroc et dans un bus local qui s’arrête partout.

Ça me rappelle l’Asie du sud-est, en moins pire soyons honnêtes ! Les marocains ne s’arrêtent pas pour ramasser le courrier et je n’ai encore vu personne sauter par la fenêtre pour descendre.

Mais sinon, il y a des poules en soute, le nombre de personnes maximum n’est jamais respecté, les bus sont bruyants, les gens tapent au carreau pour demander au chauffeur de s’arrêter en rase campagne, il n’y a pas d’arrêts fixes et pas vraiment d’horaires. Des gens montent et descendent sans arrêt, une personne fait des aller-retours en enjambant les sacs dans l’allée pour collecter l’argent et distribuer les tickets. J’aime bien ces voyages, je me retrouve souvent assise à côté de maman avec leurs enfants et c’est toujours une bonne façon de briser la glace, je les vois m’observer avec de grands yeux et ils sont très réceptifs aux sourires. Les enfants ici sont magnifiques et les petites filles ont toujours plein de barrettes dans les cheveux.
Comme vous vous en doutiez, le trajet prend plus de temps que prévu. Après 3h de route, nous avons fait 80km… J’ai eu le temps de bien jouer avec la petite à côté de moi, elle me prête ses bagues, je lui prête les miennes, impossible de communiquer avec elle et sa maman malheureusement en raison de la barrière de la langue. Elle me donne de la mandarine et je partage mes dates. Beaucoup de sourires plus tard, c’est la fin de cette jolie rencontre. Immédiatement remplacée par une autre maman avec un bébé garçon cette fois ! Idem, il est très rieur et s’amuse à me réveiller chaque fois que je ferme les yeux. Le temps passe plus vite comme cela. Ils descendront une petite heure plus tard, j’admire la maman nouer l’écharpe qui maintient son bébé sur le dos, avec toutes ses couches de vêtements et les sacs qu’elle porte, c’est incroyable de voir son agilité ! Vous aurez peut être fait le calcul, cela fait 6h que je suis partie et je n’ai toujours pas fini les 180 premiers kilomètres… Sachant que mon trajet ne se termine pas là. Une vraie journée bus !

J’y suis presque … de Meknès à Fes

Ça y est, je suis à Meknès, pas loin de la station de bus… J’arrive enfin à la première étape ! Je vais pouvoir manger ! Je suis partie un peu précipitamment ce matin et comme le trajet ne devait pas être long, j’ai juste mangé un paquet de gâteau. Il est presque 18h et les quelques dattes que j’ai grignotées ne suffisent pas…

Et zut le bus tourne encore du mauvais côté ! Décidément depuis quelques jours, je n’ai vraiment pas de chance. Les gens descendent un peu n’importe où ! Je comprends vite qu’il n’y aura pas d’arrêt dans une station de bus et qu’il faut sauter en route.

J’entends des gens crier “Fes !!!” de l’autre côté de la vitre. J’aurai préféré manger avant d’enchaîner sur le bus suivant mais vu ma malchance actuelle, 2 bus qui s’enchaînent, c’est du temps de gagner. Je commence à descendre, attrape mon sac en soute et en deux temps trois mouvements, deux hommes poussent le petit groupe dont je fais partie à traverser la route. Enfin, les routes ! On est sur le contournement et il s’agit d’une deux fois deux voies ! Grosse route ! Nous voilà avec les sacs, les valises, tous un peu déboussolés à atterrir dans un bus stationné sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autre côté. Pas le temps de comprendre que me voilà repartie.

Fes est l’avant dernière étape de ce trajet interminable ! On y croit. Le bus s’arrête à la station sous une pluie diluvienne, je me retrouve trempée en quelques secondes. Pas le temps de réfléchir, je cours jusqu’à l’intérieur et pars à la recherche de mon prochain ticket, pour le 4ème bus de la journée. Je trouve rapidement, pose mon sac, passe aux toilettes, commande à manger. Le tout en moins de 5 minutes ! J’étais affamée, je prends d’abord une omelette avec du thé, puis un sandwich au pomme de terre et enfin, une assiette de frites. Je crois que le serveur est inquiet pour ma santé haha.

Fès direction Beni Mellal en bus de nuit !

À 21h, j’embarque pour le dernier voyage jusqu’à Beni Mellal, je devrais arriver au milieu de la nuit. Je suis rejointe par Zakaria, un ami d’Ahmed mon hôte couchsurfing rencontré à Agadir, avec qui l’on va passer le week-end !

Programme du week-end en question, je n’ai pas tout compris mais il s’agit d’une rencontre de voyageurs qui a lieu 1 fois par an. 300 personnes en moyenne se retrouvent pour camper et passer 3 jours ensemble. Sur le principe ça a l’air hyper sympa mais la météo n’est pas de notre côté. Les prévisions annoncent 4 degrés la nuit et de la pluie, ça promet !