SaeLao Project, mon expérience !

J’ai mis beaucoup de temps à écrire cet article car je ne savais pas très bien quoi dire… J’avais beaucoup d’attentes avant d’intégrer SaeLao et malheureusement je ne suis pas arrivée au bon moment, les cours d’anglais venaient d’être suspendus… Avec du recul, voilà le récit plutôt positif de mes 2 semaines là bas !

SaeLao Project, qu’est ce que c’est ?

 

L’organisation SaeLao project, à Vang Vieng au Laos, a pour principale mission d’être un exemple pour les communautés locales environnantes. Créée en 2008, elle est fondée sur 3 axes principaux : Education, Employment and Environment. Sur leur site, vous pouvez retrouver l’ensemble de leurs projets et ambitions. Par exemple, un projet de permaculture et d’alimentation biologique, l’ambition d’être autonome en eau et électricité, et bien sûr des cours d’anglais gratuit pour plus de 350 enfants !



Ayant déjà eu l’occasion de faire du volontariat avec des enfants, j’avais proposé mon aide pour une période d’un mois sur la partie permacutlure, développement durable et construction qui étaient pour moi un moyen de découvrir de nouvelles choses! J’avais bien sûr accepté de donner des cours d’anglais si mon aide était nécessaire et d’utiliser mes compétences sur la partie marketing/com si besoin également.

L’arrivée à SaeLao

Après mon réveil un peu brutal suite à la folle soirée de la veille à Vang Vieng, un pick-up vient me chercher. A bord, que des volontaires hyper souriants ! On se met en route et après un stop au marché, on part à travers les rizières et les pics montagneux, direction le site de SaeLao ! Les paysages sont splendides, c’est mon premier trajet à l’arrière d’un pick-up, cheveux au vent, j’en prends plein la vue !

Chaque semaine, les volontaires arrivent le dimanche et s’ensuit une journée « d’intégration » où l’on visite le lieu, découvre le fonctionnement du site et se voit attribuer un projet principal. Lors de mon arrivée, on est que 2 nouveaux : Joe, un anglais expatrié en Asie depuis des années et moi. On est ensuite rejoint par une famille, un jeune couple français qui voyage avec leurs 2 enfants de 1 an et demi et 3 ans ! Sur place, il y a déjà de nombreux volontaires. Nous sommes au total une quinzaine de volontaires « short-team » comprendre moins de 3 mois et il y a 5 « long-team » qui sont chargés de coordonner les équipes et les projets.

Projet personnel !

 

Mon projet était d’organiser une soirée caritative en partenariat avec un bar de Vang Vieng. La première édition, organisée par Léa et Ophélia avait eu lieu un vendredi soir. Au programme : jeux et ventes de gâteaux de 20h à minuit. Succès très mitigé… Le but était donc d’augmenter les bénéfices ! Accompagnée de Audrey nous acceptons de relever le défi ! J’ai beaucoup échangé avec Ophélia qu’elle m’explique ce qui avait fonctionné ou pas la dernière fois et j’en arrive vite à la conclusion qu’organiser une soirée « sans alcool » (comprendre, sans gagner d’argent sur la vente d’alcool) à Vang Vieng c’est pas le bon plan ! Vu que les gens sont là pour faire la fête… Je propose donc à Hervé (le coordinateur actuel de SaeLao) d’organiser la « soirée » l’après-midi. Au programme : jeux, vente de gateaux/smoothies, musique live avec les musiciens/chanteurs présents dans les volontaires. Ainsi, au lieu d’une soirée, on propose un moment convivial autour d’un goûter.
On rencontre ensuite Laure, une française, et Lala, un laotien, qui tiennent le Lalaland Bar où à lieu la soirée. Ils sont plutôt emballés par l’idée mais l’après-midi, les touristes sont en activités (bouées, tyrolienne, moto….) et personne ne viendra. On opte alors pour un horaire intermédiaire : de 16h à 19h.

Une fois le projet mieux défini, il nous faudra, avec Audrey, faire une to do list et tout mettre en place.
– Créer et imprimer des flyers (merci à Gwen qui est graphiste pour son aide !)


– Fabriquer les panneaux pour les jeux (on a mis tous les volontaires sur le coup)
– Faire les courses pour les gâteaux et smoothies
– Faire les gâteaux ! Et vu le four, ce n’était pas gagné. Une fois encore, on a été bien aidées, notamment Siobhan et son super brownie !
– Accrocher les posters dans tous les bars/guesthouses.
– Distribuer les flyers. Des km à marcher sous la chaleur, mais heureusement on est plutôt tombés sur des gens sympas et intéressés par le projet. On était 2 teams, Célia avec Georges, Audrey et moi.
– Installer les jeux et mettre en place le stand de gâteaux.
– Jouer de la musique et chanter : on laisse ça à Elodie !!
– Et finalement, servir les clients, expliquer le projet.

 

Au final, on a eu énormément de monde ! On a récolté 750 000 kip (90€) malheureusement, une fois déduits le prix des flyers et des courses, la marge (certes positive!) n’était pas si conséquente. On décide donc pour la prochaine fois, de faire beaucoup moins de flyers et de favoriser le contact humain / bouche à oreille en allant directement à la rencontre des gens dans la rue.

Les gâteaux étaient plutôt super bons ! Gros succès de tous ceux au chocolat, comme quoi, le chocolat ça manque à tout le monde en Asie !!

Les rizières !

Pendant les deux semaines où j’étais à Vang Vieng, c’était la période de récolte du riz ! Une chance ! J’ai eu l’occasion d’y aller 4 ou 5 fois (pour 2,5h), avec du recul c’était génial, mais sur le coup, j’y allais parfois à reculons…

La première fois, j’étais super enthousiaste, avec Joe et Chantal on était surexcités ! On est allés de 9h à 11h30 dans la rizière de Me Mai, la chef cuisinière de SaeLao. On devait rassembler les paquets de riz et les attacher ensemble à l’aide d’un bâton de bambou. La première heure s’est super bien passée, après, on crevait de chaud !

Le midi, nous avons été invités chez Me Mai et Pe Mai pour manger avec eux. Un merveilleux moment. Le poisson a cuit sur un barbecue improvisé, on a cueilli les pamplemousses dans le jardin et tous pique niquer assis par terre ! Le tout arrosé de LaoLao et de BeerLao bien entendu !!

Nous avons demandé à y aller de 7h à 9h30 les fois suivantes pour éviter la chaleur. Nous y allions donc AVANT les Laos, qui eux font les horaires normaux « 8h – 11h30 / 14h30 – 17h30 »  chose impossible pour nous petits occidentaux !! Nous avons appris à couper le riz, à la faucille ! C’est hyper fatiguant, ça fait mal au dos, aux mains … Et la plante est urticante ! On avait des boutons rouges plein les bras et les jambes, donc obligés d’être en pantalons et manches longues. Avec le chapeau couvre-cou/nuque et les lunettes, un vrai look local ! Au moins, je n’ai pas pris de coup de soleil !

Déroulement d’une journée :

 

7h : début des morning tasks. Ca va de nettoyer l’enclos de Mama Pig et ses bébés, à nettoyer le restaurant ou les toilettes, à faire le petit déjeuner ! En général, après avoir fini sa morning task, tout le monde vient filer un coup de main en cuisine pour terminer de préparer le repas. Cuisiner pour 20 personnes ça prend du temps !!

9h30/12h : projet personnel ou projet de groupe. (inversé avec les morning tasks quand on allait aux rizières)

12h – 15h : Repas, temps libre (= aller au secret lagon)

15h – 17h30 : projet personnel/projet de groupe/foot avec les enfants du village.

18h – ….? : préparation du dîner pour ceux qui veulent, repas, temps libre, soirée !

A cela se rajoute les corvées de vaisselles, matin/midi/soir avec un système de planning roulant.

Les volontaires !

Je suis arrivée la première semaine dans un groupe déjà formé et très complice ! L’ambiance était géniale ! Première soirée : Alcool, musique, jeux de cartes, j’étais dans l’ambiance. C’était en fait une soirée de départ pour Léa et Ophélia qui sont en fait restées plus longtemps ! Je me suis très rapidement intégrée dans leur groupe. Notamment grâce à l’activité du moment : la peinture ! Avec Cécile et Sara on a peint les tabourets et les bancs pour les enfants. 3 filles qui peignent toute la journée forcément que ça y allait niveau papotage et gossips !!  Tous les soirs, après le repas, on joue au Uno, au Poker ou tout autre jeux de cartes ! Ca révèle vite les caractères 😉 Miko joue de la guitare pendant qu’on se relaxe dans les hamacs… Pas facile la vie !

Malheureusement, tout ce petit groupe s’en va à la fin de la première semaine. Reste plus que Joe, Miko et moi. Sniiiiiif, vous allez me manquer ! Le nouveau groupe arrive, énormément de français ! L’ambiance est complètement différente de la semaine précédente car personne ne se connait. Je me sens un peu moins à l’aise avec les nouvelles personnalités. Mais on organise la soirée à Lalaland et je suis bien occupée ! Tous les jours avec Audrey, on s’accorde une pause au Secret Lagoon. En fait, c’est NOTRE blue lagoon. Le vrai est envahit de touristes coréen alors nous, on traverse à travers champs pour aller se baigner dans un endroit où la rivière est plus large…

 

La cuisiiiiiiine !

 

J’étais très souvent en cuisine ! J’adore voyager mais cuisiner memanque aussi beaucoup ! Du coup, là, j’étais aux anges : 2 à 3h par jour à cuisiner !!! Bon le seul inconvénient, c’est qu’on était assez limité au niveau des ingrédients : riz (collant ou vapeur), oeuf, farine, carotte, oignon, tomate, pomme de terre. Alors pour nourrir 20 personnes, 2 fois par jour, il faut se montrer innovant ! (le repas du midi était cuisiné par Me Mai)

Nous avons donc fait beaucoup de légumes sautés avec du riz, mais aussi : une tortilla de patata, des pancakes le matin à la banane, des naan, des pizzas calzones à la poêle, une soupe style vietnamienne, différentes sortes d’omelettes, des pommes de terres grillées, une purée, des salades de légumes frais (avec une sauuuuuuce miiiiiiiam : mayonnaise, huile, citron, gingembre). Et en dehors des super bons plats qu’on a cuisiné, on passait de très bons moments en cuisine !! Une fois le casse tête de «qu’est ce qu’on fait à manger ce soir? » terminé, c’était des rires avec Cécile, Miko, Audrey, Sara, … Bon, des rires au milieu des épluchures et des odeurs d’huiles quand même !

Soirée improvisée !

Et puis un soir, pendant la conception des calzones de chef Miko, Me Mai débarque et nous invite tous à une soirée ! Un peu hésitants au départ, les calzones sont en train de cuire… On se dit que c’est une occasion à ne pas louper ! Arrivés dans la maison, la musique bat son plein, une quantité de nourriture incroyable repose au sol. On est invités à manger, et BOIRE. Ici, un seul verre pour tout le monde, rempli de bière, quand tu l’as dans la main tu dois le boire cul sec, puis tu le rends et il est de nouveau rempli pour quelqu’un d’autres. On a beau être une vingtaine, les cul sec s’enchainent. Franchement : BEURK. Et en parallèle, une autre personne fait le tour du cercle et distribue des shots de LaoLao. Pas le temps de profiter du diner, ici l’alcool passe avant tout ! Avec Audrey, on avait fait des gâteaux pour le dessert post-calzones, mais on est bien contentes d’avoir pu amener quelque chose à partager ! On rentrera se coucher pas très tard, nos journées sont quand même bien remplies et le réveil sonne tôt tous les matins ! On mangera les calzones le lendemain, à 10h, après avoir passé 2h dans les rizières !

Bah alors, il est où le problème ?!

Deux jours avant mon arrivée, j’ai reçu un mail m’annonçant que les cours d’anglais étaient suspendus pour les enfants. Pas de soucis, ce n’était pas la raison principale de ma venue (je le rappelle, principalement la permaculture). Une fois arrivée sur place, je découvre que notre guide pour l’intégration est dans l’asso depuis … 2 mois ! Et que la personne ayant le plus d’ancienneté est là depuis 8 mois, il me semble. Je trouve ça un peu bizarre…. Bon, tout le monde à l’air content, super ambiance, je suis toujours super motivée !
L’annonce de mon projet me semble super intéressante, je suis enthousiaste.
Puis, je commence à poser des questions, pour la permaculture du coup ça se passe comment ? « Ha ouais, la permaculture, bah en ce moment y a personne pour s’en occuper donc y en a pas. » Ok…
Bon, et l’eau, l’électicité ça se passe comment ? « L’eau potable est filtrée, on n’en achète pas, mais le reste ne fonctionne pas en ce moment. L’éléctricité c’est un projet mais à part le biogaz récupéré par le compost y a rien. » Ok ….

Je suis forcément un peu déçue, les raisons principales de ma venue sont complètement inachevées voire inexistantes.
Je pensais pouvoir me satisfaire des autres activités proposées mais malheureusement, à part la peinture, la soirée et les rizières, nos journées sont vides. Alors certes, on cuisine, on passe du bon temps tous ensemble, on rigole, on joue aux cartes, on va se baigner… Mais je ne me sens pas utile. Et si je fais du volontariat c’est pour donner quelque chose de ma personne à des populations qui ont besoin d’aide. Pendant les rizières je me sentais utile, mais c’est éreintant. Le reste du temps, j’avais l’impression d’être en colo ! Attention, je ne dis pas que c’est pas cool les colos, mais 2 semaines m’ont semblées assez !

Pas le bon moment ?

Après avoir discuté avec les autres volontaires, certains étaient là depuis longtemps, d’autre revenaient pour la deuxième ou troisième fois, certains étaient sur des périodes d’un an de volontariat, je me suis dit que je manquais quelque chose. Pourquoi mon expérience était si « négative » (en terme de projet humanitaire) par rapport à la leur ?
Tout simplement car je n’ai pas eu la chance de rencontrer les enfants et de donner les cours. Tous sont unanimes, c’est magique, merveilleux, incroyable et j’en passe ! Et sans les cours, ils étaient aussi d’accord que la vie à SaeLao est complètement différente. Les cours ont été suspendus par le gouvernement pour une durée indéterminée (une semaine à la base, plusieurs mois à présent) car l’organisation prenait trop d’ampleur. 350 enfants se voyaient enseignés l’anglais par des étrangers. Le gouvernement a eu peur, tout bêtement, que des notions de politique, de globalisation soient enseignées. Des choses bien réglementées dans le programme scolaire laotien. Ici, pas question de démocratie, de lois internationales ou de parties de l’Histoire qui fâchent. Bien sûr, aucun de ces sujets n’étaient abordés dans les cours d’anglais, mais comme les programmes d’anglais de SaeLao étaient rédigés en anglais, impossible pour les inspecteurs de savoir de quoi ils traitent. Conclusion, cours suspendus jusqu’à ce que SaeLao puisse fournir un programme d’anglais clair et détaillé en laotien et utilisant des supports  approuvés par le gouvernement (adieu, la méthode Cambridge). Catlyn et Lara, deux volontaires long-termes en charge du pôle éducation travaillent dur pour rédiger tout ça, et que les cours puissent reprendre au plus vite !

Pour combler ce manque de contacts avec les enfants que beaucoup de volontaires étaient venus chercher, on nous a proposé d’aller jouer au foot après l’école. L’occasion pour nous de passer de bons moments avec les enfants.

Un soir, les filles (avec qui nous faisions des dessins pendant que les garçons jouaient au foot) nous ont elles-mêmes réclamées un cours d’anglais. Alors, on a improvisé des échanges, en ne faisant que de l’oral. C’était un très beau moment.

 

Conclusion :

Je ne regrette pas du tout d’être passée par SaeLao. C’est un beau projet qui malgré quelques défaillances a le mérite d’exister depuis 8 ans ! De nombreux volontaires y ont participé tentant toujours de rendre le projet meilleur, tant sur le plan humain qu’écologique. Je ne suis pas arrivée au bon moment, mais je garderai en mémoire la bonne humeur qui règne entre les volontaires, cette énergie positive ! On voit qu’on est tous là pour les mêmes raisons et ça fait du bien ! Si j’ai l’occasion de repasser sur Vang Vieng, pour sûr je m’arrêterai à SaeLao, voir l’évolution du lieu et des projets ! Beaucoup de belles rencontres, de beaux moments et de beaux souvenirs resteront liés à cet endroit.