Phnom Penh, le choc !

Phnom Penh, capitale cambodgienne souvent peu appréciée des voyageurs … Si je m’y rends, c’est avant tout pour retrouver mes parents à l’aéroport ! En effet, ils viennent passer 15 jours avec moi et l’on fêtera ensemble mes 6 mois de voyage et donc, mes 6 mois loin d’eux… Comme vous l’a dit ma Maman dans cet article, nous écrirons nos aventures Cambodgiennes tous les trois afin de vous faire partager notre voyage comme si vous y étiez !

Léna : Je suis arrivée à Phnom Penh en début d’après-midi et ai donc pu profiter de la jolie chambre d’hôtel du Rachana en attendant mes parents. Vers 21h, après avoir acheté des petits gâteaux et yaourts (il faut adoucir le dépaysement …) je suis partie à l’aéroport en moto-taxi avec ma pancarte en carton (trouvée dans une poubelle, oups !) sur laquelle j’ai pris le soin d’écrire “papa & maman ❤️” au cas où ils ne me reconnaîtraient pas avec mes quelques kilos en plus, mon bronzage et mon look de voyageuse… Ils arrivent après une escale en Chine et sont donc bien reconnaissables au milieu de tous les asiatiques qui descendent de l’avion !

Papa : À l’arrivée facile de retrouver Léna qui dépasse d’une tête tous les asiatiques qui attendent. Je la trouve très en forme. Je ne suis pas dépaysé, un grand panneau Vinci construction indique des travaux dans l’aéroport. Nous découvrons directement le monde de la négociation car Léna discute le prix de la course avec le chauffeur de taxi pour se rendre à l’hôtel. Puis, nous sommes surpris par la conduite peu orthodoxe dans la circulation du chauffeur jusqu’à l’hôtel.

Maman  : Le chauffeur de taxi s’arrête au milieu de la route pour décharger les sacs, rien d’anormal ici. L’escalier qui mène à nos chambres est raide, bas de plafond, étroit pour nous plus nos sacs et les marches trop petites pour la longueur de nos pieds ! Deux étages comme cela et nous sommes transpirants. Heureusement, nous arrivons dans une très jolie chambre, la plus spacieuse que nous aurons au Cambodge mais nous ne le savons pas encore : climatisation, eau chaude, frigo, miroir, chasse d’eau, fenêtre, balcon… Les retrouvailles sont volubiles, gourmandes (chocolat, quiche lorraine de la maison, petits gâteaux, thé) mais la fatigue du voyage nous gagne et après une douche, nous allons nous coucher épuisés par les 24h de voyage.

Léna : Le réveil est tranquille et nous prenons un petit déjeuner dans la chambre avec les gâteaux Léa Nature, clin d’œil à mon année passée en alternance dans cette entreprise. Miaaaaam, les bons palmiers au beurre ! Accompagnés de carrés de chocolat noir à l’orange et de papaye du jardin de Kampong Cham.

Nous partons ensuite au musée national du Cambodge.

Papa : Sur la route, nous sommes constamment interpellés par les tuk tuk (ils sont casse couilles !) mais nous préférons marcher pour nous « imprégner du lieu ». Cependant, il fait déjà chaud !! La cour intérieure est très jolie mais le musée n’est pas très grand, composé de nombreuses sculptures et quelques divinités. Ensuite, nous passons voir le monument de l’indépendance et la grande place qui l’entoure. C’est impressionnant. Nous remontons ensuite le long de la rivière et découvrons la conception asiatique de la propreté : pas de poubelle, tous les déchets sont laissés au bord de la route ou jetés dans la rivière.

Maman : Premier aperçu de la vie locale, les petits stands de street food tenus par la famille au complet, assis à même le sol, accroupis ou dormant par terre, sur des hamacs ou même sur les tables, sur les motos à proximité. Trois enfants s’approchent de nous pour mendier, ce sont les premiers que l’on voit, comment résister … nous leur donnons un petit sachet de gâteaux à partager. C’est bien peu mais la raison nous dit de ne pas les encourager … quel dilemme !!

Papa : Nous arrivons au marché central, premières impressions, c’est sale, malodorant, sombre, bondé, les prix ne sont pas affichés… C’est le premier marché que nous voyons. Bon appétit !

Maman : Oui, c’est vrai mais les stands sont très colorés, les gens nous adressent spontanément des sourires et leurs yeux confirment la sincérité de cet échange. On se sent bien malgré tout. La preuve, on cherche où manger !

Léna : Je choisis de leur faire découvrir la nourriture locale sur le marché et leurs présentent donc les différents types de street food. Au choix, soupe de nouilles, assiette de riz avec un choix de légumes ou plats cuisinés à la poêle et viandes au barbecue.

Papa : On découvre la difficulté de choisir où manger. Nous nous en remettons à notre guide culinaire pour le choix. Léna fait 3 fois le tour, regarde s’il y a du monde (des locaux, soyons précis !), compare les prix, regarde la carte ou dans la gamelle l’aspect des produits puis tout à coup, donne le feu vert, c’est là qu’on mange!

Maman : On prend trois plats différents pour pouvoir partager. On essuie les couverts avec un papier que l’on jette par terre (us et coutumes locales). À boire sur la table, nous avons une carafe de thé servie gratuitement avec des glaçons. Premier dilemme, faut-il boire ou pas ? Pour le premier repas, nous les enlevons mais ce sera la seule fois, ils en mettent partout et avec la chaleur, c’est rafraîchissant !

Léna : Papa goûte le premier plat et fait une tête peu convaincue. Il dit que ça n’a pas de goût et je lui conseille de rajouter les épices présents sur toutes les tables au restaurant. Au choix, différentes sortes de piment (sec, en sauce maison ou industrielle), des condiments, des sauces au poisson, au soja… Une fois qu’il a goûté le piment (je préviens, plus ils sont petits plus ils sont forts mais il tient à croquer dedans!) il goûte à nouveau et me dit “ça ne sent plus rien, il fait chaud ici ! ». Nous allons ensuite voir la colline de dame Penh (d’où le nom Phnom Penh = colline de Penh). Après avoir fait touuuuuut le tour du lieu, nous trouvons finalement l’entrée. Le prix est d’1 dollar pour les touristes. Le parc est simple mais mignon, calme.

Papa : Nous décidons alors de rentrer à l’hôtel nous reposer. Le soir, nous ressortons pour manger. Ce que nous rencontrons dans la rue dépasse tout ce que je peux imaginer. Des monticules de déchets trônent au milieu de la route et des trottoirs, dégageant une odeur nauséabonde, j’ai regretté d’avoir retrouvé mon odorat ! A proximité, des stands de nourriture où Léna s’arrête et une fois installés nous sommes face à une montagne de déchets, bienvenue à Phnom Penh ! Léna confirme que c’est sale, plus que ce qu’elle a vu jusqu’ici. Le repas est passable mais Léna se régale et Aline trouve que c’est bon. J’ai bien compris qu’on n’a pas fini de manger des soupes, des “noodles” et du “fried rice”….

Maman : Nous rencontrons un tuk tuk qui nous aborde en Français en disant : “les mecs là-bas m’ont dit que vous aviez besoin de moi pour aller à S21 demain !” et effectivement, c’était notre programme, son coup de bluff sera payant, il est sympathique et parle un Français argotique. On lui demande de venir nous chercher à 8h à l’hôtel, sa réponse :

“Quoi ? 8h ? Mais les Français font la grasse mat’ normalement !”

On s’en va, peu certains qu’il vienne au rendez-vous. Mais surprise, le lendemain, il est là et nous devance même de quelques minutes.

Direction S21, c’est notre premier tuk tuk et l’expérience est agréable.

 

S21 aussi appelé musée du génocide est en fait un lieu qui servit de centre de détention et surtout de torture de 1974 à 1979 sous le régime des Khmers rouges dirigés par Polpot. Le but de la torture étant de faire avouer des faits inexistants pour justifier la peine de mort qui sera ordonnée par le directeur quand il l’aura jugé nécessaire, cela pouvait durer des mois. Les personnes concernées étaient les intellectuels, les artistes, les opposants, les croyants,… mais aussi des familles entières supposées dangereuses pour le régime. Sur les 12 000 personnes internées seules 7 en sortiront vivantes. Un gigantesque exode est organisé, les villes sont évacuées pour les campagnes où les gens sont employés dans des travaux forcés, mourront dans les rizières car inexpérimentés dans la culture du riz et épuisés de leur 19h de travail quotidien. Toute la technicité est détruite, le travail redevient manuel et intense pour annihiler toutes critiques du système. 2 millions de personne (un quart de la population) mourront durant cette période, d’épuisement, de famine ou à la suite de tortures et d’exécutions.

Il s’agit au départ d’une université transformée grâce aux barbelés, aux barreaux des fenêtres, aux grillages aux balcons en centre de détention d’où l’on ne peut ni s’échapper, ni se suicider. Aujourd’hui, les murs sont couverts de photos des visages des prisonniers, des tableaux représentent les scènes de torture, certains instruments sont encore là pour témoigner. Ces lieux et plus particulièrement les cellules sont encore habitées par l’âme des prisonniers qui vivaient enchaînés ici.

La petite cour intérieure témoin de ces atrocités est aujourd’hui bien paisible, les arbres, qui étaient déjà là, assurent la transition avec nous et maintenant des enfants jouent, rient, font du vélo comme si les barbelés qui sont toujours sur les murs d’enceinte n’existaient pas.

Encore bouleversés, nous quittons ce lieu devenu paisible pour l’activité intense des rues environnantes…

Léna : En se rendant au Palais Royal, nous traversons de petites rues loin des quartiers touristiques où nous découvrons le travail manuel du bois et la fabrication des meubles dans des ateliers à même le trottoir. Des hommes travaillent assis par terre en maintenant les pièces de bois calés entre leurs pieds nus tout en manipulant des outils pointus ou coupants !

Maman s’arrête tout le long de la route pour prendre les fils électriques et les maternités en photo tandis que papa observe les chantiers de constructions (il paraît qu’en France ils ne pourraient pas être sur le chantier en tongs et qu’ils devraient être attachés… oui mais, on est au Cambodge Papa…) et se résigne devant l’absence de voiture française dans les rues.

Ensuite, nous nous perdons un peu mais arrivés à une intersection, deux hommes se précipitent à notre rencontre et nous demandent “tuk tuk tuk tuk ??” nous négocions le prix et le chauffeur part en courant récupérer son véhicule garé au milieu d’autres. Quand on s’approche les autres chauffeurs tentent de nous récupérer, ils sont morts de rire et nous disent que notre choix s’est porté sur le tuk tuk le plus lent. Ce sera confirmé, on manque de reculer dans les côtes ! Et malgré la lenteur de notre embarcation, on manque de peu d’avoir un accident !

Palais Royal

Léna : Arrivés au Palais Royal, comme dans tous les lieux sacrés, il nous faut nous couvrir. Nous sortons donc de notre sac les paréos que nous nouons en écharpe autour des épaules. Après avoir acheté les tickets, au moment de rentrer dans la cour, les vigiles nous recalent (“nous” comprendre, maman et moi mais aussi tous les touristes présents autour de nous pour divers prétextes !). Il nous faut alors acheter un tee shirt très moche à 3$, à manches courtes (l’écharpe nous couvrait davantage !!), on s’en sort pas trop mal, certains devront également acheter le pantalon. C’est n’importe quoi. À l’intérieur, nous verrons des filles le nombril à l’air, d’autres en débardeurs ou vêtements transparents, c’est vraiment à la tête du client !! Un conseil, venez en pantalon et manches longues, c’est le seul moyen de s’assurer de ne pas être forcé à contribuer à ce business qui règne à l’entrée.

Papa : Le Palais est très beau, le jardin est agréable mais on regrette que certaines parties soient fermées aux touristes et il fait très chaud. On s’accorde une pause à l’ombre sur des marches, un groupe de personnes officielles s’approchent à quelques mètres de nous avec des gardes du corps. Nous ne bougeons pas et les observons du coin de l’œil et de l’appareil photo discrètement. Il s’avère que l’un d’entre eux est le président du Laos accompagné de sa femme. Nous sommes surpris par son attitude décontractée ainsi que celle des gardes (qui faisaient des selfies avec les monuments) on est bien loin des dispositifs de sécurité Français !

Léna : Nous nous rendons ensuite au marché de nuit, je suis surprise qu’il soit aussi petit pour une capitale ! Je pensais qu’on y passerait du temps avant de manger, mais finalement il n’y a pas grand-chose à voir et nous mangeons face au coucher de soleil en dégustant un jus de coco dans sa noix. Nous rentrons nous doucher à l’hôtel mais nous sommes désormais SDF car nous avons libéré la chambre le matin et que nous dormirons dans un hôtel bus ce soir.

Maman : L’hôtel du Rachana a gardé nos sacs toute la journée et nous autorise gentiment à prendre une douche dans la chambre des employés. Nous sommes très satisfaits de l’accueil qui nous a été réservé dans cet établissement. Nous montons sur le toit terrasse prendre un verre en attendant le départ.

10 minutes avant l’heure prévue, nous rassemblons nos affaires et attendons à la réception l’arrivée du tuktuk qui nous mènera au bus. Le temps passe, papa s’impatiente, Léna dit de ne pas s’inquiéter que les horaires sont rarement respectés. Finalement, nous demandons au réceptionniste de téléphoner pour s’assurer qu’ils ne nous ont pas oubliés. La réponse est “ils arrivent”. Nous continuons de patienter mais toujours rien. Nous demandons à ce qu’il rappelle la compagnie de bus. Réponse “ils arrivent”. Effectivement, un tuk tuk finit par arriver plus de 30 minutes après l’heure du ramassage annoncée et 10 après l’heure de départ officielle du bus. Le chauffeur roule vite et nous sentons qu’il y a un souci. Il s’arrête à une station de bus mais on lui dit que notre bus est déjà parti. Il part alors en chasse et rattrape notre “hôtel bus” dans une ruelle où nous sommes jetés comme des malpropres. Le bus est déjà dans le noir, on nous fait poser nos sacs au milieu de l’allée, Léna se retrouve avec une Cambodgienne et nous avançons avec Philippe en pensant être installés ensemble. Mais le conducteur m’indique une place auprès d’une française bougonne, j’insiste pour être avec mon mari, il me répond qu’il n’y a pas de place. Il indique ensuite un espace au fond du bus, au milieu des bagages, dépose une couverture et annonce à Philippe que c’est son lit !

Papa : J’ai les pieds sur un ventilateur, 30cm au-dessus de la tête pour respirer, il fait une chaleur étouffante (presque 80 degrés !  😉), la nuit va être longue !! Vivement qu’on arrive ….

On est loin de la photo du prospectus : la preuve en image !

Après je ne sais combien d’arrêts, ma femme et ma fille me proposent de changer de place suite à des places libérées (certains sont descendus à un arrêt). Je refuse car j’ai enfin trouvé ma place …..

Maman : Son caractère de bélier ne nous aide pas, impossible de le faire bouger. Pour Léna et moi, la culpabilité et l’angoisse de son humeur demain matin nous empêcheront de redormir… (#gilbertade comprendra qui pourra). On arrive à Siem Reap à 5h du matin au lieu de 6h, après une grande nuit d’une heure de sommeil pour Philippe !

En conclusion :

Nous n’avons pas été séduits par la ville mais Phnom Penh est une étape incontournable pour comprendre l’histoire du Cambodge. Et surtout, cette ville marquait le début de nos aventures à 3 ! En route pour 2 semaines de découvertes, mais tout de suite, direction Siem Reap !

Infos pratiques :

  • Rachana hostel, la chambre “King” est super pour 30$
  • Visite de S21 tôt le matin pour éviter les groupes de touristes.
  • Visite du Palais Royal pas indispensable (et si vous y allez, pas d’écharpes : prenez des vraies manches !)
  • Balade le long de la rivière le matin de bonne heure ou en fin de journée car il n’y a pas d’ombre…
  • Attention aux “hotel bus”, surbooking, oubliés à l’hôtel.. Malheureusement, je n’ai pas gardé le nom de la compagnie !