Ouarzazate, Oasis de Fint et vallée de Dades

Ouarzazate, la porte du désert

Comme toujours à mon habitude, je dors comme un bébé dans le bus de nuit depuis Agadir, le mouvement régulier me berce et je me réveille à 6h du matin lors de notre arrêt à Ouarzazate. J’ai comme une impression de déjà vu, le bus est arrivé en avance, ça me rappelle l’Asie du Sud Est. Malheureusement, les marchés ne sont pas encore ouverts à cette heure si matinale. Je m’avance dans la station de bus et apprécie de trouver des bancs et sièges où je peux m’installer pour finir ma nuit. Je ne suis pas la seule, d’autres personnes dorment également sur ces lits de fortune, 2 heures plus tard, j’émerge avec la lumière du soleil.

Je me dirige vers la place principale et trouve un café restaurant Habous qui a également des viennoiseries. Je déjeune en terrasse, les rayons du soleil me réchauffent, croissant, jus d’orange, j’en profite pour feuilleter le Guide du Routard que j’ai emprunté à Ahmed.

Après avoir repris des forces, je me dirige vers la Kasbah Taourirt, mon gros sac sur le dos, j’observe l’architecture locale, les maisons ressemblent aux châteaux de sable que je faisais avec des seaux en plastique quand j’étais petite. La ville semble être sur le point de s’envoler ou de s’écrouler à tout moment, et pourtant, ses installations sont là depuis des années !

Alors que je prends des photos, je croise un monsieur, Momo, qui me demande où je vais, je lui réponds que je vais visiter la Kasbah et il m’invite gentiment à boire le thé dans son restaurant également intitulé la Kasbah. J’accepte sa proposition mais je viendrai le boire après ma visite. J’achète mon ticket et je laisse mon gros sac dans le local. Les guides se bousculent pour me proposer une visite guidée, je refuse gentiment et pars à la découverte en solo.

Les escaliers me mènent dans une galerie d’art, les tableaux sont colorés et très jolis. Puis, je me perds dans le dédale de couloirs et l’enchevêtrement de pièces vides.

Les groupes se succèdent et j’entends quelques explications lorsque le guide parle en anglais. C’est ainsi que j’en apprends plus sur la chambre avec sa jolie mosaïque. L’intérieur me rappelle Marrakech et le palais Bahia. Les plafonds sont sublimes et les vues par les fenêtres sont surprenantes. Ouarzazate est situé au milieu du désert mais à tout de même de grandes étendues de verdures au bord de la rivière.

En sortant, je pars à la découverte de l’ancienne ville juste à côté. Said se propose de m’accompagner, bien que je lui dise que je n’ai pas besoin des services d’un guide, il m’explique de nombreuses choses sur ce vieux village. Les maisons sont faites en terre séchée, il faut tourner régulièrement les briques pour que tous les côtés sèchent au soleil.

Ce quartier est séparé en 3 parties, pour les berbères, les arabes et les juifs. Le nom de la ville, Ouarzazate signifie « sans bruit ». Cette ville est étrangement silencieuse comparée aux grosses agglomérations dans lesquels j’ai pu me rendre précédemment. La balade est agréable, Said me montre différent points de vue, nous nous arrêtons boire le thé à Kasbah Amazighs où Jawad me parle de cette fondation où les femmes fabriquent des tapis. Cette coopérative, qui ressemble fortement à la caverne d’Ali Baba a été sponsorisée par Jamel Debbouze. Ouarzazate est connue comme le Hollywood marocain, c’est dans cette ville que sont tournés de nombreux films : Ali Baba et les quarante voleurs, Lawrence d’Arabie, Gladiator, Asterix et Obelix : Mission Cléopâtre, … (Il est d’ailleurs possible de visiter les studios de tournages !)

Nous partons ensuite dans la palmeraie avant que je ne fasse demi-tour pour me rendre au restaurant de Momo. Je laisse un petit pourboire à Said pour sa gentillesse et ses explications.

Momo m’offre un jus d’orange et je prends un tajine de légume pour le déjeuner, un peu cher mais le cadre est sympa.

Je profite du wifi pour contacter mon hôte couchsurfing, Rachid qui m’informe que son cousin va me récupérer dans une demie heure pour m’amener chez eux. Parfait ! Alors que je marche pour me rendre au point de rendez-vous, une voiture me dépasse et me demande si je suis bien Léna, un peu surprise je réponds que oui et il m’explique qu’il est en avance. Je monte avec lui et nous partons en direction de l’Oasis où je vais séjourner pour 2 nuits.

La belle Oasis de Fint

Nous discutons sur la route, il m’informe qu’il a joué avec Kev Adams dans le film Aladin qui a été tourné ici. Il me montre fièrement un selfie d’eux deux. Nous traversons le village de Tabounte qui est la nouvelle ville de Ouarzazate, moins chère que le centre-ville mais à deux pas des commerces. Ensuite, nous traversons une immense zone de projet de lotissement abandonné, des centaines de compteurs électriques semblent attendre désespérément leurs maisons. Les routes ont été aménagées ainsi que les ronds-points mais l’endroit est désert. La route se transforme en piste de sable et nous roulons encore une dizaine de kilomètres dans le désert noir. Il n’y a rien à perte de vue, aucune infrastructure, aucune végétation, rien. C’est impressionnant.

Nous tournons sur la gauche et après quelques mètres, la route descend, j’aperçois alors une tache verte derrière un rocher. La route est vaguement goudronnée, nous descendons dans le trou, la tache verte se rapproche. Le nom de cet endroit unique est Oasis de Fint qui signifie « l’oasis cachée » en berbère.

Un pont est en construction pour enjamber un ruisseau. Je suis transportée dans un autre monde, une autre époque, la première personne que j’aperçois est un vieil homme assis sur un âne, des bottes de paille et des poulets vivants sont suspendus de chaque côté.

Nous traversons le village verdoyant pour rejoindre une partie plus sèche où est construite la mosquée et le centre du village. Je découvre l’auberge de la Roche Noire où la famille de Rachid, mon hôte habite et travaille. La maison principale est une immense pièce, haute de plafond avec des coussins colorés pour s’asseoir tout autour. Des tables servent à recevoir les clients aux heures de repas. Rachid m’accueille chaleureusement, bien que très occupé par la gestion de son établissement, il est aux petits soins et s’assure que je ne manque de rien. La terrasse a une vue magnifique sur la roche et la fameuse « tache verte » comme j’aime à décrire cette oasis. Je décide d’aller me promener avant le coucher du soleil pour découvrir de plus près la nature luxuriante qui a réussi à s’imposer dans ce milieu hostile. En me promenant sur le chemin, un garçon joue avec son ballon de foot, il me fait une passe, je lui renvoie la balle et nous continuons ainsi jusqu’à la rivière ! Sans échanger un mot une connexion se crée. Arrivée au bord de ce ruisseau, plein d’enfants sont réunis, certains m’adressent quelques mots en français, me demandent comment je m’appelle, j’apprends donc le prénom des 10 petits bouts présents. Nous échangeons encore quelques passes de ballon et je m’éloigne doucement pour m’intéresser aux garçons assis au bord de l’eau, ils sont en train de fabriquer des dromadaires en feuilles de palmier ! Je suis impressionnée, je regarde comment ils font et immédiatement, flattés par mon intérêt, ils m’offrent toute la famille dromadaire, une bonne dizaine !

Les enfants continuent leurs jeux et je reprends ma balade le sourire aux lèvres après ce beau moment. Ce lieu est apaisant, le silence règne et les lumières changent au fur et à mesure que le soleil descend. J’observe les enfants traverser l’eau en sautant de rochers en rochers. Puis vient l’heure de la sortie de l’école, les petites filles gambadent à travers les herbes hautes, sac d’école sur le dos, deux d’entre elles viennent me parler intriguées par ma présence et repartent en courant de plus belle.

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Rachid m’a conseillée de grimper en hauteur sur la colline désertique pour observer le coucher de soleil, je monte donc jusqu’à une antenne d’où je domine le village. Un petit garçon me suit et s’assied à côté de moi, nous contemplons les lumières changer et la nuit tomber en silence, il me dit « bye » et repart en courant vers le village. Je reste encore un peu avant de rejoindre ma maison.

Les hommes sont en train de mettre la table pour les clients, je propose mon aide mais me sens un peu gauche dans leur organisation bien rodée. Les femmes sont en cuisine en train de préparer le repas. Je suis invitée à manger à la table de Rachid et sa famille, nous partageons un couscous. Vous allez rire, enfin, eux ont bien rigolé ! Nous sommes tous installés autour de la table, le plat de couscous au milieu, pas de couverts et du pain, ils m’invitent à me servir la première. Ayant l’habitude de manger les tajines en utilisant un morceau de pain en guise de cuillères et ne sachant pas manger le couscous directement avec mes doigts (pas simple de faire une boulette sans en mettre partout), j’attrape un morceau de pain et me sers comme je le fais habituellement. Ils me regardent mi- choqués, mi-amusés et m’expliquent que ça ne se fait pas du tout ! Ils s’empressent d’aller me chercher une cuillère, je suis gênée. Pour moi, ça revient au même de manger un tajine ou un couscous avec du pain, mais apparemment c’est très différent !! Message reçu, je ne recommencerai pas. Le repas est délicieux, lorsque nous avons terminé, Rachid et ses frères/cousins se mettent à jouer de la musique, j’assiste à un véritable concert ! En même temps, je suis invitée à jouer au Uno avec d’autres membres de la famille. Quelle belle soirée !

Une journée à Ait Ben Haddou

Réveil de bonne heure aujourd’hui, je souhaite me rendre à Ait Ben Haddou, une ville conseillée par Ahmed, mon hôte couchsurfing d’Agadir. Mais avant toute chose, je fais une séance de yoga, j’ai une grande chambre avec des tapis au sol, j’en profite ! Quel bonheur de s’accorder ce temps de bien être chaque jour. Je prends le petit déjeuner avec des clientes françaises rencontrées la veille puis je m’installe en terrasse pour bouquiner. J’ai demandé à Rachid de me prévenir si quelqu’un se rend à Ouarzazate aujourd’hui, l’endroit où je dors est incroyable mais à 30 minutes de la ville en voiture, je suis un peu isolée et dépendante des autres. J’aide une cousine à faire les lits des clients, nous changeons les draps dans les différentes chambres puis un cousin part pour Ouarzazate faire des courses et se propose de m’amener, parfait ! Il me dépose en centre-ville, d’ici, je me promène dans le marché, j’adore observer l’atmosphère de ces endroits grouillants et où la vie semble en même temps si tranquille. Je marche ensuite à travers la ville et aperçois de jolis bâtiments, longe une école, traverse une grande place et arrive finalement au snack El Baja. Locaux et touristes remplissent le lieu, alors que le reste du quartier était plutôt vide, ce restaurant est plein ! Je m’installe et commande une assiette de haricots blancs et une salade marocaine, le tout accompagné d’un thé à la menthe. Prix qui bat tous les records, je paye 1,5€ !

Je rejoins ensuite la station de taxis partagés, d’après les informations trouvées sur internet je dois prendre un premier taxi jusqu’à Tabouraht et de là, changer pour Ait Benhaddou. Un monsieur tente de me dire que ce n’est pas possible de faire cela et que je devrais prendre un taxi personnel jusqu’à ma destination pour 20€, je ne tombe pas dans le panneau et pars trouver quelqu’un de mieux intentionné. Pas besoin de beaucoup chercher, je trouve rapidement le taxi pour Tabouraht et monte. A l’intérieur un américain semble ravi de me voir, il me demande si je me rends aussi à Ait Benhaddou, il ne semble pas très sûr de son itinéraire, je confirme le trajet. Nous  payons 10 dh (1€) jusqu’à ce village étape, un taxi partagé est déjà sur le départ, nous montons et partons immédiatement pour notre destination, nous payons 5 dh. L’entrée du village est à 20 dh. Je commence ma visite avec l’américain et continue rapidement toute seule. Je me balade dans les ruelles, c’est une ville musée avec des magasins partout mais j’aime toujours autant les couleurs des tapis et les motifs des bijoux. Je grimpe au sommet d’un petit dôme, la vue à 360 degrés est incroyable ! La ville est construite toute en hauteur alors que les alentours sont relativement plat, le lit d’une rivière totalement à sec permet de réaliser la sécheresse de cette région.

Je suis invitée par Houcine à visiter sa boutique et boire le thé, la conversation avec les vendeurs est toujours la même. Ils me disent : « Hello » et je réponds systématiquement « Salaam Aleykum » ils enchainent sur un « labes ? » (ça va ?) et lorsque je réponds « Bekheer Hamdoulah » (très bien, merci dieu), je les scotche systématiquement ! Ils me demandent alors si je parle darija, je réponds « chouia » (un peu) et la conversation se poursuit en anglais, généralement désintéressée de tout intérêt financier, j’ai réussi à montrer patte blanche et je sors de la catégorie acheteur pour redevenir une personne qu’ils ont envie de connaitre. Si je sens qu’un échange de ce type est possible alors je m’arrête, c’est le cas d’Houcine. Il me dit qu’il a une terrasse avec une jolie vue sur son toit, je pénètre donc dans son magasin et découvre la superbe vue qu’il possède, il me raconte l’histoire de sa vie : son père était un vendeur nomade dans le Sahara, lui, a décidé de s’installer ici pour vendre les objets collectés par son père et les objets fabriqués par sa famille. C’est ainsi qu’il me fait découvrir une boussole très ancienne que ses ancêtres utilisaient pour se repérer dans le désert, il ne sait malheureusement pas s’en servir. Houcine adore les blagues et en connait des dizaines, il enchaine et réussit à me faire esquisser quelques sourires. Nous buvons le thé puis je pars jusqu’au sommet du village, le point de vue est incroyable !

C’est déjà l’heure de repartir, je ne suis pas encore sûre de la façon dont je vais réussir à rejoindre l’Oasis et si quelqu’un pourra venir me chercher donc je préfère ne pas trop trainer. Je me dirige vers un taxi partagé, je suis la première cliente, il y a 9 places à remplir, ce n’est pas gagné, après 15 minutes, je suis toujours seule dans le taxi. Je commence à perdre patience. Très peu de voitures passent sur cette route, l’option de faire du stop me parait donc difficilement envisageable. Lasse d’attendre dans la voiture, je patiente à l’extérieur. Une voiture s’approche, je lève le pouce et bingo elle s’arrête ! Il s’agit d’un couple italien trop sympa, le mec a déjà pas mal voyagé et nous discutons donc des destinations communes où nous nous sommes rendus. La fille me parle aussi de leurs expériences marocaines, nos routes se séparent malheureusement à Tabouraht, j’aurai bien passé plus de temps avec eux. Je vois des taxis partagés mais vide, hors de question de patienter encore des heures, je préfère tenter le stop. Un couple franco-marocain vivant à Casablanca s’arrête et ils m’amènent jusqu’à Ouarzazate. Ils sont super sympas aussi, nous discutons voyage, ils adorent Casablanca et m’en vantent les avantages, intéressant d’avoir le point de vue d’expatriés.

A Ouarzazate, je prends un taxi partagé pour me rapprocher de la route qui mène à l’Oasis. Le taxi ne se remplit pas, décidément je n’ai pas de chance aujourd’hui. Le chauffeur me propose de payer 2 places car je suis assise à l’avant, je refuse et lui dis que je partagerai mon siège comme il est normal de le faire ici, il me regarde surpris. Mais en 30 minutes, le taxi est rempli (enfin, plus que rempli !).

A peine 10 minutes s’écoulent et nous sommes déjà arrivés. Il va bientôt faire nuit, tard pour faire du stop, j’hésite sur la meilleure façon de me rendre à l’Oasis, Rachid m’envoie des SMS pour me communiquer les prix des taxis, trop cher. Il me dit que si je ne trouve pas de transport il pourra venir me chercher, ça m’embête de le faire se déplacer. Je choisis de tenter le stop, après tout, il y a bien quelqu’un qui doit se rendre à l’oasis, il n’est pas si tard. Je suis dans ce lotissement désert, sur cette belle route goudronnée qui ne semble mener nulle part et j’attends. Le soleil se couche au loin, c’est une jolie vue ! Une moto passe, je lui fais signe mais il n’a pas la place de me prendre et s’en excuse, je comprends très bien ! Je patiente longuement dans ce silence anormalement lourd, les minutes passent lentement, je ne suis pas spécialement inquiète mais pas rassurée non plus. Le soleil commence vraiment à se coucher… Finalement, un bruit de moteur au loin, un 4×4 met son clignotant et arrive dans ma direction, je me mets au milieu de la route, l’homme s’arrête et je lui explique que je dors chez Rachid à l’Oasis, il accepte gentiment de m’amener, il ne parle pas bien français mais nous réussissons à échanger un peu. Sauvée ! J’arrive 15 minutes plus tard, pari réussi !

Ce soir, il y a un spectacle de musique à La Roche Noire où je séjourne. Une troupe d’artiste enchaine les danses et les chansons, c’est super ! Ils nous font participer au spectacle, j’apprends donc quelques pas de danse, les hommes chantent, les femmes répondent puis elles tournent en cercle en tapant dans leurs mains. C’est un moment très convivial, je suis trop heureuse d’assister à ce type de représentation typique, cette troupe est originaire de l’Oasis, on ne pouvait pas rêver plus local !

Nouvelle destination : Tinghir !

Pour ne pas changer les bonnes habitudes, je commence ma journée par une heure de yoga puis, le petit déjeuner avec les clients. J’ai décidé de partir en direction de Tinghir en stop et je rêve de pouvoir m’arrêter dans les différentes villes étapes sur la route pour observer les paysages de cette région. J’informe mon hôte de mon plan et il m’apprend que Tobias, un client allemand part aujourd’hui pour Tinghir … en voiture ! Alors que je guette l’arrivée de cette personne que je ne connais pas, j’aperçois un homme ranger un gros sac à dos dans le coffre d’une voiture et s’apprêter à partir, ni une ni deux, je vais à la portière du conducteur alors qu’il est assis derrière le volant et lui fais signe. Il ouvre la fenêtre et je lui demande l’air de ne pas savoir, où il se rend. D’abord surpris, il finit par me répondre qu’il part en direction de Tinghir « génial moi aussi ! » est ma réponse. Il est toujours dubitatif et ne comprend pas vraiment ce que je fais là, je lui explique que je voyage en stop et lui demande très poliment si il pourrait me rapprocher de notre destination commune ? Même Ouarzazate serait un bon début pour moi. Il réfléchit et finit par accepter, je comprends bien que je l’ai pris de court et qu’il n’a jamais eu à faire à quelqu’un voyageant en stop ! En route, nous faisons connaissance dans sa voiture de location, il est parti sans rien planifier pour 2 semaines, il vient tout juste d’arriver et ne sait pas encore où aller, amateur de site surf et de nature, je lui partage mes connaissances et mes expériences acquises au cours de mes bientôt 3 mois ici. Il souhaite marquer un arrêt à Ouarzazate avant de se mettre en route, je lui répète les infos apprises avec Said il y a 2 jours. Au moment de repartir, la voiture ne démarre pas, est-ce qu’il ne serait pas en train de me faire le coup de la panne ? haha ! Heureusement nous sommes en plein centre-ville et il y’a des gens tout autour. Je tente d’appeler le service de location, injoignable. Un homme marocain nous prête son téléphone pour que l’on essaye d’appeler, personne ne répond non plus. Nous gardons notre calme, la journée commence mal. Après de nombreux essais, la voiture redémarre, nous ne savons pas ce qu’il vient de se passer. Par mesure de sécurité, nous nous dirigeons vers l’aéroport où il y a une agence de location. Raté, à notre arrivée l’aéroport est désert et le service inexistant. Deux hommes sur le parking viennent à notre rencontre et nous demandent ce qu’il se passe, j’explique en français et ils se proposent d’appeler pour nous le numéro d’urgence, toujours pas de réponse. Encore raté. L’un des hommes nous dit qu’il y a un gros garage Dacia à Tinghir, comme la voiture fonctionne et que Tobias s’y rend, il décide de prendre le risque et nous prions pour que la voiture supporte les 160 km jusqu’au garage.

Tobias a également prévu de faire des arrêts dans les différents (et nombreux!) points d’intérêts que l’on va rencontrer sur notre route, c’est plus que parfait !!! Le premier arrêt est dans le village de Skoura, une immense palmeraie située au bord de la route. Nous tournons dans les petits chemins, pas sûrs de ce que nous sommes censés observer. Les chemins de terre sont très étroits, des systèmes d’irrigation ont été mis en place pour alimenter les différents terrains en eau. Des maisons faites en sable semblent sur le point de s’effriter autour de nous, c’est extrêmement sec. Nous faisons un arrêt car nous sommes un peu perdus, le GPS a dû mal à nous suivre sur ces chemins qui n’en sont pas, je descends de la voiture pour observer les paysages et me retrouve au milieu d’un verger marocain ! Autour de moi et à portée de main se trouvent : des olives, des grenades et des dattes ! Je mange une grenade à même l’arbre, trop bonne ! Je fais attention de ne pas me tacher avec le jus rose qui me dégouline sur les doigts. Je goute une olive pour la énième fois, je n’arrive pas à admettre qu’une olive sur un arbre ce n’est pas bon…

Nous nous remettons en route, toujours sur des mini chemins jusqu’à la Kasbah Amerhidil, il est indiqué sur notre guide qu’il y a 2 entrées, une de l’ancienne Kasbah et l’autre de la restaurée, bien que connaissant cette information, nous réussissons à ne pas prendre celle que l’on voulait ! En fait, il y en a 3… Résultat, nous avons acheté le ticket pour celle du milieu, c’est très joli ! Je ne peux pas vous dire si c’est mieux ou non que celle de droite du coup.

Où sont les roses ?

Puis, nous repartons en direction de la vallée des roses, au village de Kalaat M’Gouna, c’est l’heure de la pause déjeuner, au menu frites/olives/salade de tomates, classique mais bon, c’est tout ce que j’aime ! J’achète des dattes au marché, aperçois des têtes d’animaux se vider de leur sang (beurk) et c’est reparti en voiture.

La route est absolument incroyable, nous allons de surprises en surprises ! A chaque virage, les paysages changent, tantôt nous sommes entourés de roches rouge, puis au milieu d’un désert blanc, une oasis verte, au cœur d’un canyon, des forteresses s’élèvent au loin comme dans un rêve, puis à nouveau des falaises autour de nous, c’est incroyable ! En revanche, la vallée des roses n’a pas de roses … ce n’est pas la saison ! Nous ne trouvons même pas les rosiers à notre grand étonnement.

Tels des touristes, nous faisons des arrêts tous les 200 mètres pour prendre des photos, ça nous fait bien rire, nous ne sommes pas très fiers de nous, ce type de tourisme n’est pas notre genre, mais la tentation d’immortaliser tous ces beaux paysages est trop forte.

Au bout du chemin, à Bou Tharar, nous avons la possibilité de faire demi-tour mais il nous faudrait une bonne heure et demie et nous avons déjà vu ces paysages ou, nous pouvons continuer sur un minuscule chemin que l’on aperçoit sur Google Earth mais que mon GPS ne connait pas. Tobias veut tenter, j’ai des doutes, c’est lui qui conduit, c’est sa voiture, je lui fais confiance ! Nous passons 3 fois devant l’embranchement du chemin sans le voir, nous finissons par demander à des passants mais la barrière de la langue est bien présente, je tente de leur expliquer que l’on veut rejoindre le village de Ait Ben Ali et ils me font signe de faire demi-tour, je tente d’expliquer que nous cherchons la petite route, ils font une tête étonnée et un signe de la main genre « bof ». Bon, ça n’arrange pas nos affaires, nous finissons par comprendre que l’on doit en fait rentrer sur le parking d’un hôtel et passer derrière les maisons qui longent la route pour rejoindre le chemin. Il s’agit vraiment d’un sentier de randonnée où quelques rares voitures doivent circuler. Les enfants du village se précipitent sur la voiture et tapent aux vitres, nous n’étions pas préparés et ne savons pas comment réagir. Nous continuons sur quelques mètres et laissons le village derrière nous. Le chemin fait 15 km, ce n’est pas grand-chose, sauf si l’on roule à 15km/h ! La route (qui n’en est pas une) est extrêmement cabossée, plusieurs fois, Tobias descend pour choisir la meilleure option où engager les roues. Nous avons de la chance, la voiture fonctionne désormais ! Par mesure de sécurité, nous ne coupons jamais le moteur, d’ici à ce que quelqu’un nous trouve, il pourrait s’écouler plusieurs jours ! Les paysages sont grandioses, splendides, le coucher du soleil derrière nous reflète des lumières orangées. Je suis un petit peu inquiète, est ce que l’on va rejoindre la route avant la nuit ? Sur la carte, les derniers 3 km ne semblent pas relier à la route principale, j’ai peur que nous ne devions faire demi-tour à un moment donné. Nous sommes totalement seuls au monde, nous croisons une femme qui marche, j’ignore où elle se rend, il n’y a rien par ici, juste de la roche.

Une heure plus tard, nous apercevons des bâtiments, youpi, nous sommes sauvés ! L’adrénaline est à son comble, ce chemin nous a épuisé.

Nous nous arrêtons dans le premier café que nous trouvons sur la route, un grand thé à la menthe plus tard, Tobias regarde son GPS, il nous reste 45km jusqu’à Tinghir où je pense passer la nuit. En fait, il s’est trompé en effectuant la réservation de son hôtel et il ne loge pas à Tinghir, la nuit est déjà bien tombée, pas question de faire du stop et je ne me sens pas de chercher/trouver un bus pour terminer le trajet, je demande à Tobias s’il pense que je peux demander à son hôtel s’il leur reste de la place pour moi, je continue de m’incruster dans son voyage haha. Nous arrivons donc à Hiking Nomads, ils ont un lit en dortoir de disponible, parfait ! Nous dinons un tajine avec les autres clients présents, je rencontre 3 marocains, un couple de français et deux chinoises. Nous passons un bon moment tous ensemble et allons nous coucher, je suis toute seule dans le dortoir, génial ! Enfin, ce bonheur ne dure pas, à peine une heure plus tard, je suis réveillée par des démangeaisons qui me rappellent drôlement les punaises de lit du Myanmar ! Ayant déjà vécu cette malheureuse expérience, je reconnais vite les symptômes et sais qu’il ne faut vraiment pas bouger pour réussir à choper ces petites bêtes en pleine action, après de longues minutes j’ai la preuve ultime de leur présence : des taches de sang sur les draps et j’arrive à écraser 2 bestioles ! (ça ne sert à rien de les écraser, même coupées en deux elles vivent encore, increvable ces trucs!). Je trouve le propriétaire des lieux sur la terrasse et lui demande à changer de chambre, il accepte sans discuter et j’ai donc une chambre double, pas rassurée pour autant, je ne dors que d’un œil mais les vilains insectes ne m’ont pas suivie, sauvée !

Au réveil, un peu fatiguée, je déjeune avec Tobias et le groupe du diner de la veille. Nous nous sommes levés de bonne heure, objectif rando ce matin ! Nous partons à la découverte de la vallée de Dadès. En partant de l’auberge, nous avons juste à traverser la route et nous arrivons au milieu de jardins irrigués, nous longeons la falaise et réussissons tout de même à nous perdre…

Nous traversons plusieurs petites rivières en sautant de cailloux en cailloux ou sur des troncs d’arbre, je me sens telle une aventurière mais avec mes deux pieds gauches et ma maladresse légendaire, j’ai bien peur de tomber dans l’eau ! Les premières rivières traversées avec les pieds secs, je prends de l’assurance et ce qui devait arriver arriva, plouf les deux pieds dedans !

Après une demi-heure de marche, nous attaquons le canyon !

Nous sommes seuls au monde, c’est dingue car les vues sont magnifiques, je ne comprends pas qu’il n’y ait pas plus de touristes. Le chemin n’est plus qu’un couloir dans la roche surmonté d’obstacles à franchir tantôt à quatre pattes, tantôt en escaladant, tantôt à la force des bras … Ce n’est pas de tout repos ! Tobias est plus sportif que moi mais je le suis relativement facilement (toujours très concentrée sur mes deux pieds gauches) et c’est super agréable car nous allons assez vite ! Il passe devant et m’ouvre le chemin, me montre les prises grâce à ses connaissances en escalade.

Je ne sais pas combien de temps nous restons dans ce canyon très étroit, ça me rappelle un peu Petra et ma rando en Jordanie, mais aussi les photos que j’ai pu voir de Grand Canyon aux Etats Unis. Puis, le chemin s’élargit petit à petit et nous nous retrouvons face à une montagne, il n’y a plus qu’à grimper pour atteindre le point de vue des doigts du singe, (vous allez comprendre sur les photos pourquoi le lieu porte ce nom).

Pause au sommet, la montée m’a réchauffée, nous prenons quelques photos et nous repartons sans tarder, nous avons chacun de la route à faire cette après-midi. A nouveau, les couleurs changent tout le temps, roches rouges, lit de rivière blanc, zones arborées ou désertiques, c’est beau.

Lorsque nous apercevons la route, j’explique à Tobias que je ne peux pas perdre trop de temps et que je vais faire du stop pour retourner à l’auberge à 5km de là, je vois à nouveau la surprise sur son visage mais il est tenté par l’expérience et propose de m’accompagner. Nous marchons un long moment sur la route, aucune voiture ne passe. Les premiers véhicules ne s’arrêtent pas, raté… Finalement, un bus stoppe. Une affiche à l’intérieur indique que la capacité maximale est de 16 personnes assises et 0 debout. Nous sommes au moins le double, si ce n’est plus ! Ce mini bus nous dépose devant l’auberge, il est midi, nous avons bien marché ! Un grand tour en peu de temps, c’est parfait. 

Je récupère mon sac à dos et dis au revoir à mon compagnon d’aventures de ces dernières 24h, nous rigolons de la tournure qu’ont pris les évènements. D’un simple trajet en voiture, nous avons vécu en réalité des péripéties dignes d’un roman d’action ! Tobias part visiter la route zigzag en voiture et je pars dans l’autre sens, je dois dormir dans le désert ce soir en Couchsurfing. Je souhaite quitter l’auberge en stop, je patiente 45 minutes, le peu de voitures qui passe ne s’arrête pas, zut alors ! Moi qui pensais que c’était hyper simple le stop au Maroc je dois être dans la seule région où les gens ne s’arrêtent pas… Finalement, le bus local passe à nouveau et m’emmène jusqu’à Tinghir, sauvée !

De Tinghir, je souhaite me rendre à Merzouga, je me fais avoir et achète un billet jusqu’à Arfoud, c’est le début d’une autre série de péripéties… La suite au prochain épisode ! 

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