Le Sri Lanka : mes premières (mauvaises!) impressions

Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait avant d’arriver au Sri Lanka, je n’avais aucune connaissance sur ce pays, ni sur sa culture, son histoire, sa capitale, RIEN ! Je savais simplement que c’est un pays d’Asie et que, paraît-il, c’est très joli.

Plus la date approchait plus les témoignages m’inquiétaient : “c’est une bonne première approche de l’Inde“, “une fille seule au Sri Lanka?!“, “ha tu rejoins une copine c’est bien“. Et quand j’ai demandé à ma copine Elisa qui était déjà sur place ce qu’elle en pensait, elle n’a pas trouvé mieux pour me rassurer que de me dire “je te raconterai !”.

Bon, ça s’annonce bien !

L’idée que je me faisais de mon arrivée au Sri Lanka s’en est retrouvée un peu faussée… j’avais une petite appréhension, était-ce vraiment différent ? plus “dangereux” ? L’inde ça reste pour moi inaccessible en tant que fille seule (oui c’est stupide, il y a plein de filles qui y vont seules et qui adorent ! Mais il y a aussi tellement de retours négatifs, mitigés, ou qui encouragent à la prudence que j’en suis pas très rassurée…) alors je peux le dire, je ne me sentais pas prête à affronter l’Inde !
Mais Léna, qu’est ce que tu racontes, tu ne vas pas en Inde mais au Sri Lanka !!

Attention : Ceci n’est que mon ressenti lors des premières 24h !

Au Sri Lanka depuis 1 mois maintenant, j’adore ce pays et je ne peux que recommander à quiconque d’y aller !

Arrivée à l’aéroport

J’avais lu sur les forums que la route de l’aéroport à la ville était longue et que les taxis coûtent chers. En plus, j’arrivais à 23h donc pas de bus et une certaine angoisse de ce que j’allais découvrir. Je me mets directement en chasse de personnes avec qui partager un taxi et aperçois 3 filles, gros backpacks sur le dos en train de négocier un taxi, ni une ni deux je me joins à elles. Le chauffeur va nous déposer à 4 adresses différentes ! Mais pour arriver jusque-là, j’ai du traverser le hall de l’aéroport, affronter le regard des hommes, observer les femmes en sari, me mêler à l’agitation constante… Et c’est bête, mais le faciès “hindous” de cette population asiatique me déstabilise, je perds mes repères ! Plus de yeux bridés, de teints pales et de chevelures noires et lisses. Ici les femmes ont de grands yeux qu’elles maquillent, de très long cheveux ondulés, les hommes ont la peau très foncée, une barbe et une pilosité plus développée, ils n’ont pas la même carrure qu’en Asie du Sud Est. Fini la taille 32 et les gabarits de 40kg ! C’est perturbant après 6 mois, un vrai petit choc culturel !

Dans le taxi pour rejoindre mon auberge (soigneusement choisie sur internet) on emprunte l’autoroute, l’auto-quoi ?! Le taxi roule à 120km/h ! Truc de fou ! En revanche, je découvre vite un des aspects de la personnalité des Singalais… Le chauffeur ne connaît pas la première adresse, nous, on a toutes maps.me, on tente de lui indiquer mais il refuse de nous écouter, préfère se perdre pendant 10minutes puis téléphoner à l’auberge. Ensuite, c’est mon tour d’être déposée, rebelotte, je lui indique la route mais il refuse de m’écouter… Finalement, on y arrive, après plusieurs détours et en suivant les indications de personnes dans la rue !

Première nuit… la pire !

En arrivant, bizarrement, il n’y a aucun nom sur la porte de la Guesthouse. Surprenant. Je sonne, une fois, deux fois, on finit par venir m’ouvrir. Un vieil homme que j’ai réveillé visiblement. Il me montre la chambre, je suis dans sa maison. Il y a un dorm avec une dizaine de lits, on n’est que 2. Un chinois et moi.  Je ne sais pas si c’est l’appréhension liée aux “on dit” sur ce pays, le choc culturel auquel je n’étais pas préparée, la perte de mes repères, l’absence de nom sur la porte, la chaleur étouffante, le décalage horaire, le fait que je ne peux pas recharger mes appareils électroniques depuis 2 jours car les prises sont différentes, qu’il n’y a pas de wifi dans cette Guesthouse, l’absence de connaissance sur ce pays ou simplement l’ensemble de tout ça, mais j’ai peur. Le chinois est bizarre, c’est un fait (rien à voir avec le Sri Lanka pour le coup !).

Il fait une chaleur à crever, je m’allonge sur le hamac dehors mais réalise qu’à 1h du matin, ce n’est peut-être “pas très safe”. Pourtant je suis au dernier étage de l’immeuble, je peux admirer les étoiles, il fait frais et c’est calme. Je n’ai pas de wifi, pas “d’armes” et je suis dans une Guesthouse sans nom où je n’ai vu que des hommes, franchement pas très rassurant.
J’en viens à regretter de ne pas avoir accepté le couteau suisse proposé par mon papa et en même temps, je me DÉTESTE de penser à tout ça ! Je suis parano à cause de rumeurs, je n’ai encore rien vu de vraiment inquiétant… Juste le fait d’être au Sri Lanka réussi à me paralyser, je ne me connaissais pas comme ça. Le lendemain, je me couvre les épaules et les genoux pour aller acheter un petit déjeuner, je n’ai dormi que 4 heures mais impossible de rester plus longtemps ! Sur le chemin jusqu’au distributeur, je me retourne plusieurs fois, je baisse la tête quand les hommes me saluent poliment, j’ai peur. Mais de quoi ?? J’essaye de me ressaisir, je n’ai AUCUNE raison valable d’avoir peur. C’est plus fort que moi. Les hommes ici sont plus imposants qu’en Asie du Sud Est et leurs regards sont un peu plus insistants. J’ai pris la (mauvaise) habitude de voir les asiatiques baisser les yeux et se sentir intimidés par ma présence, ici, c’est l’inverse.

Les bus …

Je prends le bus pour rejoindre la gare, un homme me laisse gentiment sa place assise car avec la conduite sportive du chauffeur et le poids de mon sac qui me déséquilibre, il m’est très difficile de rester debout ! Je prends cette marque de gentillesse comme un signe, ce monsieur est très gentil et bienveillant, franchement, j’ai honte de mes pensées. On roule et je sens la main d’un homme se tenir à mon appuie tête. Le bus est bondé, jusque là rien d’anormal. Puis, j’ai comme l’impression qu’il bouge volontairement ses doigts dans ma nuque. Je suis emprise d’une telle parano depuis 24h que je n’ai aucune idée de la véracité de mes pensées/ressentis. Je me décale un peu, mais je sens toujours des contacts dans ma nuque. Dans le doute, je ne dis rien… (J’apprendrai, 3 semaines plus tard, que d’autres filles ont eu ce genre de soucis dans les bus. Je n’ai donc pas rêvé et en discutant  toutes ensemble, on réalise qu’on a quand même bien raison de rester méfiante…)

Je prends vite le train pour rejoindre ma copine Elisa qui m’attend à Kandy ! Je réaliserai malheureusement assez vite qu’on subit le même choc culturel (elle vient aussi de passer 5 mois en Asie du Sud Est) et les mêmes angoisses. Heureusement à deux, on est plus fortes et ça nous rassure ! Et on déculpabilise un peu d’avoir eu exactement les mêmes pensées lors de notre première journée au Sri Lanka, à savoir : s’inventer un copain en France ou dans une ville proche si le mec est très insistant, changer une bague de doigt pour éventuellement affirmer que l’on est mariées, penser à avoir un couteau sur soi, ne pas dire que l’on voyage aussi longtemps, se couvrir les épaules et les genoux (bien que la majorité des touristes ne respectent pas cet aspect de la culture singalaise…), ne pas sortir le soir, éviter le regard des hommes, ne rendre les sourires qu’aux femmes …. Mais on est loin d’être fières de notre comportement, on a honte de réagir comme ça. On va voyager ensemble presque 3 semaines, c’est l’occasion de dépasser nos peurs !

Et on commence tout de suite par la découverte de Kandy.

Bilan :

Je recommande toujours aux personnes qui ont peur de “suivre leur instinct” et c’est le conseil que j’applique le plus au quotidien et qui a dû me sauver bien des fois depuis le début de mon voyage ! Mais clairement ici, mon cerveau n’en a fait qu’à sa tête (c’est le cas de le dire….) et des idées négatives se sont propagées à toute vitesse m’empêchant de voir les choses telles qu’elles sont réellement.
Au moment où j’écris ces quelques lignes, j’ai passé 1 mois (merveilleux!) au Sri Lanka et j’ai même prolongé mon visa donc je me suis détendue, je vous rassure !

 

Cependant, je continue de faire attention à comment je m’habille (encore plus dans les campagnes, les bus, trains, petits villages… autant par respect que par sécurité) et ce malgré la chaleur pesante. J’ai acheté une carte sim pour éviter de revivre l’angoisse de la première nuit où je ne pouvais prévenir personne en cas de problème. J’évite de sortir le soir, après la tombée de la nuit : après 19h on ne voit plus de femmes sri lankaises dans les rues, il y a sûrement une raison ! Mais surtout, je me montre sûre de moi quand les hommes m’abordent, car oui, chauffeurs de tuktuk, de bus, vendeurs, serveurs ou simplement passants vont à un moment donné tenter une approche. C’est comme ça. Parfois en lançant simplement un “baby you are beautiful” dans la rue, souvent en demandant si je suis mariée, et enfin, le fameux “mais tu es toute seule ? je peux t’aider…” que je ne sais toujours pas comment interpréter, je me fie donc au regard… Et si on me demande et bien, oui, je suis mariée !

En conclusion :
Être une fille au Sri Lanka, c’est plus difficile qu’en Asie du Sud Est mais les règles sont les mêmes que partout, être prudente, suivre son instinct, s’habiller en respectant les us et coutumes du pays, essayer de rencontrer d’autres voyageurs, ne pas se mettre dans une position de faiblesse face aux hommes. Si vous faites tout ça, alors il n’y aura aucun souci ! Et le mieux si vous pouvez, c’est de se trouver un compagnon de voyage masculin, de ce que j’ai entendu, c’est royal !