Notre expérience avec la police à Colombo !

Ce n’est pas l’expérience la plus drôle qui nous soit arrivée, mais avec un peu de recul, c’est quand même un grand moment ! Notre expérience avec la police, entre rires, désillusions et désespoir. Que se passe-t-il dans un commissariat au Sri Lanka ?! On vous dit tout !

Les faits :

Nous sommes arrivées à Colombo en fin d’après midi. C’est notre dernier jour ensemble (enfin, à ce moment là, c’est ce qu’on croyait !).

On décide de quitter notre auberge plutôt sympa afin d’aller boire un verre. Après s’être promenées une petite heure, nous décidons de rentrer, il n’est que 20 heures mais on est fatiguées.

C’est notre dernière soirée, on a encore plein de choses à faire (échange de bons plans, partage des photos, …). Sur le chemin du retour, on chante notre chanson ou devrais-je dire notre hymne qui nous suit depuis le Laos : Riptide de Vance Joy. On est en pleine analyse des paroles (qui, il faut l’avouer, ne veulent pas dire grand chose !). On est à 500 mètres de notre hôtel, sur le trottoir qui longe une deux fois deux voies bien éclairée. Un tuktuk s’approche de nous. Je m’apprête à dire “no thank you” comme je le fais à peu près 500 fois par jour ! Mais avant que je ne comprenne ce qu’il se passe Elisa est déjà partie en courant et en hurlant. Je cours aussi sans comprendre. Au bout de la rue, deux gardes surveillent un restaurant. Ils nous avaient saluées quelques minutes auparavant et nous voient arriver affolées. Ils cherchent à nous aider mais quand on leur dit qu’un chauffeur de tuktuk vient d’arracher le sac à main d’Élisa et de s’enfuir avec, ils sont bien désolés mais ne peuvent rien faire. Un tuktuk rouge à Colombo c’est un peu comme un taxi jaune à New York, il y en a des milliers de partout… Tous les passants s’arrêtent et cherchent à nous aider. Certains nous proposent de l’argent pour qu’on puisse prendre un tuktuk pour aller à la police, d’autres nous accompagnent, quelqu’un a arrêté un tuktuk (qui nous fera la course gratuite d’ailleurs !) et en moins de 5 minutes nous sommes à la police. C’est là que l’aventure commence !

Local police station ….

Les policiers nous proposent de nous asseoir, nous demandent d’où l’on vient, plus intrigués que vraiment intéressés par notre souci. On changera 6 fois de sièges en 5 minutes ! Il nous font passer d’un bureau à l’autre sans aucune raison. “Take a seat” et “where are you from?” semblent être les seuls mots qu’ils connaissent. On tente tant bien que mal d’expliquer pourquoi on est là mais le seul truc qu’ils retiennent est “red tuktuk“. Après nous avoir demandé 10 fois “quelle couleur le tuktuk ?” et qu’on réponde à chaque fois “rouge !” comme si ça allait changer quelque chose…

On finit par arriver dans le bureau de quelqu’un qui parle anglais et qui semble être le chef, il semblerait qu’il ait été rappelé après sa journée de travail pour s’occuper de nous. On raconte pour la dixième fois notre histoire, il nous dit, tel un acteur de film policier américain “je vais m’occuper de votre cas mademoiselle“. Il nous demande de revenir le lendemain car personne ne peut écrire la déposition maintenant. On lui explique que le plus tôt sera le mieux car Elisa doit partir à 13h pour une retraite de yoga. Il nous propose 10h, on demande 8h, il descend à 9h30, on comprend vite qu’il n’est pas du matin! On finit par valider 8h. Cela fait presque 2h que l’on est là pour rien au final !

Pendant ses 2 heures, je tentais de chercher sur internet comment tracer un portable pour localiser le voleur et le policier, assis en face de me demander “vous trouvez ?“. Je pensais naïvement que c’était son travail… On lui demande si l’on peut utiliser son téléphone pour appeler l’auberge et les prévenir que la clé de la chambre a été volée et s’ils peuvent surveiller que personne ne  viennent voler nos affaires (ça serait le comble !). Il nous fait le désormais fameux “non du menton” qui veut en fait dire oui. Ça n’a pas non plus l’air de vraiment lui faire plaisir ! On nous demande aussi un nombre incalculable de fois ce qu’il y avait dans le sac, à savoir :  portable, carte bleue, 50€ et … un rouleau de papier toilette !

On rentre ensuite à l’auberge, tout le monde nous attendait après le coup de fil, ils sont très sympas, nous proposent du chocolat, d’utiliser leur téléphone … Quand on leur raconte l’histoire, ils hallucinent. “Quoiiiii ? Mais c’est la rue la plus safe de Colombo ! Il y a des caméras partout“. Bon, bah pas de chance

Le lendemain, on se rend à la station de police un peu en retard c’est vrai, mais Elisa a passé la soirée au téléphone avec son assurance, sa banque et ses parents afin de tenter d’arranger tout ça. Elle m’a impressionnée par son sang froid. Elle a tout géré sans montrer le moindre sentiment d’énervement ou de panique. En vrai, je suis plus énervée qu’elle ! Pour une fois qu’on s’autorisait une sortie le soir (à 20h !!!!) et alors qu’on avait tout bien fait comme il faut (vêtements couvrants, rien de valeur sur nous, pas tard, rue éclairée,…) il a fallu qu’on manque de chance et croise ce vilain tuktuk !

Bref, après une très courte nuit, le même policier que la veille nous accueille dans son bureau. Cette fois, il a l’uniforme. Sa première phrase est “je vous ai vues acheter à manger hier soir, vous avez pris quoi ?” Bah oui, on s’est arrêté au premier restaurant à côté de la station de police …. la question suivante concerne notre petit déjeuner du matin.

S’ensuivent des dizaines de questions sans aucun rapport avec le sujet de notre visite, qui, rappelons le concerne un vol de sac à l’arrachée !
Nous aurons donc des questions sur notre itinéraire au Sri Lanka, les endroits que nous avons préférés, la visite des monuments religieux dans les différentes villes, l’ascension d’Adam’s peak. Mais aussi des choses plus surprenantes comme connaître notre religion, la profession de nos parents, ce qu’on pense du métier d’ingénieur, la raison de notre visite du Sri Lanka, le pourquoi du comment on voyage seules …

 Je commence à bouillir, on peut en venir au fait ????

On raconte une première fois l’histoire. Puis une deuxième fois, au moins 6 ou 7 fois en tout ! La question qui revient le plus, est toujours “de quelle couleur est le tuktuk ?” Vous comprendrez bien que la réponse n’a pas changé, toujours et encore “rouge !!!“.

Alors qu’on pensait devoir répéter l’histoire autant de fois afin qu’il ait tous les éléments pour écrire la déposition, il demande finalement à Elisa de l’écrire elle-même, à la main, sur un papier (je croyais qu’hier on n’avait pas pu le faire car la personne en charge n’était pas là ?!). Il regarde rapidement ce qu’Elisa a écrit et déclare “je ne peux pas lire, vous faites les M comme les N” …..
Il demande ensuite une description des objets perdus et alors là, il nous scotche : il nous demande le numéro de la carte bancaire ! Bien qu’elle ait été bloquée la veille, il ne veut pas s’en servir aussi ?!

On ressort 2 heures plus tard avec un papier tapé à la machine à écrire qui déclare les objets perdus.

Tourist police station

Sur les conseils de Sam, qui travaille à l’auberge, on se rend à la station de police pour touristes. Climatisée cette fois, quand on arrive, la télé est allumée, certains lisent le journal, d’autres sont sur leurs téléphones, ils sont tous très occupés et personne ne s’occupe de nous, on doit patienter.

On est ensuite reçues par le chef une fois de plus. Il répondra à ses 3 téléphones qui sonnent environ toutes les 30 secondes pendant tout le temps de l’entretien. Ah oui, la porte s’ouvre aussi très régulièrement, il n’y a définitivement pas de secrétaire au Sri Lanka !

Il demande à Elisa son passeport (Ha bah oui, c’est seulement là qu’on réalise qu’ils ne nous l’avaient pas demandé avant!). Il cherche à comprendre ce qu’il s’est passé avec un petit schéma, ça nous fait plus rire qu’autre chose. Le policier nous apprend qu’il mangeait dans le restaurant où l’on a parlé avec les gardes au moment de l’incident !

Ici, tout se passe normalement si je puis dire. Il fait une photocopie du passeport, vérifie que le visa est en règle, pose des questions pertinentes (dans quelle direction est parti le tuktuk, si quelqu’un nous a vues, à qui on a parlé…). Bon, il nous fait quand même une remarque qui nous reste un peu en travers de la gorge “vous avez vu d’autres femmes dans la rue ?” notre réponse est “non” et lui de renchérir “les femmes ne sortent jamais après 19h au Sri Lanka“. Bon, et bien ça, c’est dit. Ça nous remet bien les pieds sur terre, on a beau être au XXIe siècle, être des femmes indépendantes qui voyagent, on n’a pas toutes les mêmes libertés/possibilités…

Il vérifie ensuite le papier qui nous a été donné par l’autre bureau de police et il y a une erreur ! Ils ont écrit “perdu” au lieu de “volé“. En fait, ce n’est pas vraiment une erreur, ils nous ont bien prises pour des connes ! La déposition écrite à la main d’Elisa ne sert à rien (on s’en doutait mais on nous le confirme !). Le gentil policier du bureau touristique appelle l’autre et lui remonte un peu les bretelles de ce qu’on comprend. On doit donc y retourner !

Retour au bureau local …

C’est reparti, on re-raconte l’histoire pour la millième fois. Cette fois, il nous demande le passeport,  quelqu’un (qui parle anglais !) écrit la déposition, il arrange l’histoire à sa sauce (il nous dit que c’est mieux si c’est romancé…!!!) et on doit batailler pour avoir la vraie version, il n’arrête pas de dire “c’est pas grave” alors que si ! Quand il dit que quelqu’un dans la rue a volé le sac avant de sauter dans un tuktuk pour s’enfuir, ce n’est absolument pas ce qui s’est passé ! Je commence à franchement m’impatienter, il est midi et on est là depuis plus de 3 heures !  (Plus les 2 heures la veille !). Les policiers n’ont pas apprécié s’être fait prendre et ils sont beaucoup moins aimables. Bizarrement, ils ne nous posent plus aucune question hors sujet ! Ils nous accusent d’avoir changé la version lors de notre passage à l’autre bureau, puis nous disent qu’ils pensaient que l’on voulait “juste un papier pour l’assurance“. On le contredit : pourquoi nous a-t-il dit s’occuper de notre cas ? Vouloir regarder les caméras de surveillance ? Demander 1000 fois tous les détails s’il pensait nous donner “juste un papier”. Concernant l’histoire différente, on insiste pour qu’il ressorte le papier écrit à la main par Elisa afin qu’il constate que c’est la même histoire, bizarrement, il ne peut pas remettre la main dessus ! Grrrr, je bous !

En tout cas, dans les deux bureaux de police, il n’y a pas d’ordinateur, pas de wifi. Les dépositions sont manuscrites puis ils les ré-écrivent sur des machines à écrire (d’époque !).

À la fin de nos 4 heures de déposition, les policiers souhaitent nous amener sur la scène du crime ! Nous voilà, dans un énorme 4×4 en plein centre de Colombo, accompagnées de 6 policiers armés jusqu’aux dents ! On a du mal à indiquer le lieu exact tellement la rue est animée et différente de la nuit. Les deux gardes du restaurant nous reconnaissent et confirment notre version. Les policiers cherchent les emplacements des caméras de surveillance qui pourraient avoir filmé la scène. Les passants nous regardent amusés : qu’est ce que ces deux petites touristes ont bien pu faire pour avoir une telle garde autour d’elles ! Après cela, ils nous déposent au centre commercial pour qu’Elisa puisse racheter un téléphone…

En conclusion :

Au final, on en a rit ! Mais se faire voler ses affaires pendant un long voyage c’est vraiment dur psychologiquement, on a “toute notre vie” sur nous ! Heureusement, Elisa n’avait pas son passeport dans le sac et elle possède une deuxième carte bancaire qu’elle avait laissée à l’hôtel. Ce qu’il faut retenir c’est que ça peut arriver partout (rappelez-vous de ma mésaventure similaire à Hanoi au Vietnam au tout début de mon voyage).
Nous ne sommes pas responsables de ce vol, nous n’avons rien fait pour provoquer cette mésaventure, alors nous ne pouvons qu’apprendre de cette situation et relativiser !

À faire en cas de vol de sac :

– Bloquer la carte bancaire et surveiller les dépenses dans les jours à venir si le voleur a déjà eu le temps de l’utiliser
– Utiliser google (?!) pour essayer de localiser le téléphone et bloquer le téléphone
– Se déconnecter de sa boîte mail, compte facebook
– Se rendre dans une station de police pour TOURISTES !
– Être bien attentif aux démarches et aux mots employés (perdu/volé)

Si quelque chose vous paraît louche c’est sûrement que ça l’est : suivre son instinct ! On n’a pas osé interrompre le policier et ses questions hors sujets, on aurait dû !