Samedi, j’ai appréhendé ma première sortie seule à Hué. Différent de tout ce que j’avais vécu auparavant : pas d’amis français à rejoindre au bar, pas de voyageurs rencontrés dans les dortoirs avec qui aller boire un verre et mes étudiantes de l’université étaient occupées.

Oui mais voilà, hier c’était ma première soirée sans cours du soir ! Un samedi en plus !

Alors je me suis motivée. Je me suis dit que ça ne servait à rien d’appréhender, que j’allais vivre des moments comme celui-ci encore de nombreuses fois au cours de mon voyage. Autant m’y habituer au plus vite.

Je me suis préparée, après avoir repoussé au maximum le moment d’y aller j’avoue… J’ai mis ma toute nouvelle robe faite sur mesure à Hoi An. J’ai mis du mascara (première fois depuis 25 jours !). Je me sentais bien, jolie, prête à affronter la nuit.

Je me suis d’abord dirigée vers le marché de nuit. Je pensais flâner entre les stands pendant une petite demi heure avant de me rendre au bar pour profiter de l’happy hour (j’avais besoin de « courage » vous comprenez ? haha).

Mais en fait, rien ne s’est passé comme prévu !

Je me suis garée sur le parking du marché. Deux vietnamiennes se sont garées en même temps que moi et m’ont directement abordée. J’étais en train de prendre la plaque d’immatriculation de mon scooter en photo (on n’est jamais trop prudent face à la multitude d’engins à deux roues garés dans ces parkings !!) et elles se sont gentiment moquées de moi.

La plus âgée, Ly, parlait un anglais parfait! Elle me rassure et me dit que grâce au numéro distribué à l’entrée, j’ai juste à demander aux gérants de l’aide pour retrouver mon scooter si jamais j’étais perdue, ou plutôt si j’avais perdu mon scoot. (Ca peut paraitre anodin, mais je me suis fait une frayeur l’autre jour. A la sortie du super marché, impossible de retrouver où j’étais garée, enfin si je savais où je m’étais garée mais mon scooter n’y était plus ! Il avait été déplacé 2 rangées plus loin ….) Je la remercie et imagine que l’on va continuer nos chemins séparément. Pas du tout !! Elle engage alors la conversation et nous papotons une quinzaine de minutes. Elle est étudiante en chimie et se promène avec sa nièce. Elle me propose de me prendre en photo avec la vue et me rappelant que je vous dois une photo de la robe, j’accepte bien volontiers ! Elle se lance alors dans un shooting, telle une photographe, me faisant « poser » sous tous les angles. Malheureusement les photos sont  floues, je ne m’en suis pas rendue compte sur le coup.

LA fameuse robe !

Nos chemins se sépareront juste après.

A peine s’est elle éloignée de 2 mètres que deux vietnamiens, un garçon et une fille, s’approchent de moi. « bonsoir, est ce que tu souhaites parler en anglais avec nous ? » J’admire la volonté de tous ces Vietnamiens qui apprennent les langues étrangères simplement en parlant aux étrangers dans la rue. J’accepte avec plaisir. On passera 2 heures ensemble !! Ils ont mon âge, sont étudiants en médecine. Ils viennent une fois par semaine au marché et rencontrent beaucoup de touristes. Leur anglais est très bon. On se raconte nos vies d’étudiants respectifs, nos voyages, nos plats préférés, nos bonnes adresses, nos rêves, on partage un Ché sur le trottoir. Sur leurs conseils je goute les graines de lotus, pas mal mais la prochaine fois je suivrais mon instinct, je préfère quand même les fruits ! Après une photo souvenir, nos routes se séparent.

Les étudiants en médecine

Ché sur le trottoir ! C’est une soupe sucré avec des glaçons, on met ce qu’on veut dedans !

Entre temps le marché s’est vidé, il n’y a quasiment plus d’exposants. L’happy hour est terminé mais je suis ravie de ma soirée.

Je prends quelques photos avant de me rendre aux Brown Eyes Bar !

J’arrive au bar, je cherche directement Phuong, une serveuse avec qui j’ai gardé contact. Je la trouve à l’intérieur, on se serre très fort dans les bras. Elle n’a pas changé, toujours ce même sourire et ce regard pétillant. Etudiante la journée, serveuse la nuit, un rythme de vie pas des plus simples. Elle termine ses études en Juin, alors que le bar s’agrandit de 2 nouvelles salles à l’étage. On papote rapidement mais la soirée bat son plein et elle doit retourner travailler.

Je ne suis pas une seconde toute seule qu’une jeune femme s’approche de moi « Are you here alone ? » Je réponds que je connais la serveuse qui vient juste de s’éloigner mais que sinon je suis seule oui. On passera toute la soirée ensemble ! Et puis du coup à deux c’est beaucoup plus simple d’aller vers les autres. On se fait un petit groupe, 3 anglais, 1 hollandaise, 1 australienne et moi. Ah oui, et beaucoup de vietnamiens autour de nous, trinquant entre chaque gorgée « chúc sức khỏe ! ». On rigole bien, je ne vois pas le temps passer. Je ne peux pas trop tarder, j’ai des cours le lendemain et de la route pour rentrer. On se dit au revoir, on sait qu’on ne se reverra pas, nos trajectoires sont opposées. On a le sourire aux lèvres de cette si agréable soirée.

Peur d’être seule un samedi soir je disais ? Je ne l’ai pas été une seule minute. Des personnes bienveillantes, intéressantes et profondément gentilles sont venues d’elles mêmes me parler. J’ai vraiment passé une très bonne soirée. Je n’ai absolument pas profité du marché de nuit, j’ai loupé l’happy hour mais finalement je n’ai pas eu besoin de courage non plus ! Un cocktail gracieusement offert par Phuong en l’honneur de nos retrouvailles m’aura fait toute la soirée.

J’imagine que ce ne sera peut être pas toujours aussi simple, je reste réaliste. Mais si j’ai accepté de parler à tous ces inconnus, alors, dans la situation inverse, je trouverai bien des gens pour parler avec moi ? 🙂