Le sublime village d’Orchha

Après la visite un peu décevante d’Agra, nous sommes contentes d’arriver dans un petit village beaucoup moins touristique ! Orchha a su nous charmer par son calme, ses bâtiments incroyables, ses habitants aux sourires bienveillants, ses couchers de soleil magnifiques, ses petits prix, … Un vrai coup de coeur ! Un de plus, oui 😉

Jeudi 30 Janvier  

Découverte du village d’Orchha 

Léna : Après les péripéties de la veille pour acheter le billet de train, nous nous rendons de bon matin à la gare d’Agra. Nous découvrons avec surprise sur les billets que notre train est qualifié « d’express », en effet, il va frôler les 60 km/h ! Quelle chance ! Je n’imagine pas les trains « pas express » ! On est loin des TGV que l’on connait 😉

Arrivées à la gare, il est compliqué de trouver le bon quai, de comprendre l’ordre des wagons et de savoir où nous positionner pour être devant la bonne porte. Malgré nos airs perdus, personne ne vient à notre rescousse. Nous sommes trop habituées à ce que les indiens s’approchent spontanément pour nous aider. Je cherche un comptoir où demander des renseignements. Derrière une vitre, des employés sont assis et papotent mais un gros panneau indique « no enquiries ». Alors à qui s’adresse t’on quand on a une question ? Je finis par demander à un passant, il m’explique gentiment qu’il n’y a pas vraiment d’endroit où attendre.

Quelques instants avant que le train n’entre en gare, les numéros de wagons seront annoncés et alors, il faudra courir pour se mettre en face de la bonne porte. D’accord… Les minutes passent, notre train ne semble pas arriver, nous sommes un peu inquiètes, sommes-nous au bon endroit ? Finalement, c’est avec 20 minutes de retard que nous voyons notre train express arriver. Il est très propre et confortable, les sièges sont numérotés et en plus, nous avons même le petit déjeuner inclus ! Un plateau repas avec un jus de fruit, du pain de mie, du beurre, des samossas, des petits pois… Super !!  

Quelques heures plus tard, c’est l’arrivée à Jhansi. Notre destination finale, Orchha, est à une quinzaine de kilomètres de là. Nous prenons un tuk tuk. Ce très cher chauffeur refuse de nous déposer à notre auberge si l’on ne paye pas un supplément. En effet, il a décidé de nous déposer à l’hôtel de son choix pour toucher une commission. J’insiste lourdement, lui expliquant que nous nous sommes mis d’accord sur un tarif. Rien à faire, il reste buté et nous dépose à 600 mètres de l’hôtel que nous avons réservé. Autant vous dire que les au revoir sont froids et que nous partons sans nous retourner !!  

L’hôtel Sunset en revanche est sympa, il y a un rooftop. Nous nous y installons pour bloguer au soleil ! C’est une petite ville beaucoup moins touristique. Un peu campagne. Nous vivons toujours au milieu des animaux, nous apprenons aussi à avoir des coupures d’eau, d’électricité et donc d’internet. Mais nous avons la vue sur un fort, des palais, des temples, des cénotaphes, … 

De jolies rencontres désintéressées…    

Maman : Orchha est une petite ville de 9000 habitants posée sur une rivière, la Betwa. Nous nous sentons immédiatement bien ici : peu de touristes, nous nous mélangeons à l’activité locale, petit tour sur le marché coloré au pied du temple.

Une petite fille de douze ans très enthousiaste nous accoste. Elle ne va pas à l’école et pourtant elle apprend à parler l’anglais parfaitement, un peu de français et d’espagnol avec les touristes. Elle a son shop (stand) qu’elle tient avec sa mère et sa sœur mais elle n’essaie pas de vendre, elle est accrochée à Léna qu’elle dévore du regard, elle parle sans arrêt avec une grande maturité. La jeune vendeuse nous attache à chacune un bracelet au poignet, c’est « free » (gratuit), on sait que ça l’est rarement… et la voilà partie à faire un tatouage au henné sur la main de Léna, toujours « free »…. Comment refuser elle est tellement entière dans ses attitudes.

“Tu as des frères et sœurs, Léna ? Non ?” Elle prend sa mine contrariée. “Maintenant tu es ma sœur.” Et elle sert Léna dans ses petits bras ! Elle lui fait promettre que nous repasserons la voir après notre balade. Oui promis, et nous repartons ! C’était free. Bien sûr que nous repasserons et bien sûr que nous lui achèterons quelque chose. Plus loin c’est le vendeur d’une boutique qui nous accoste il nous parle en français. Nous lui disons que nous allons manger. Après avoir échangé quelques mots, nous repartons. 

Enfin arrivées au restaurant, je découvre avec bonheur la carte : Des pâtes au pesto ? Oh ça fait envie ! No spicy, et rien d’autre que des pâtes et du pesto ! Ce sera no spicy du tout mais cuisiné avec de l’huile, de la crème, des plantes aromatiques et inconnues ! Mais ça m’a fait du bien !  

Léna : Je commande des momos, des genres de raviolis népalais ! Depuis le temps que je voulais goûter, c’est plutôt pas mal 😉  

Nous discutons avec le propriétaire des lieux, il est originaire de la ville mais a eu un véritable coup de cœur pour ce village. Il est venu y installer son restaurant, il vient tout juste d’ouvrir et est intéressé par nos retours. Il nous conseille d’aller au bord de la rivière pour le coucher de soleil, juste au bout de la rue.  

Coucher de soleil sur la rivière  

Léna : Nous nous dirigeons vers les cénotaphes mais l’entrée est payante et il faut acheter le ticket « pass » qui permet de visiter tous les monuments de la ville directement au fort. Tant pis, nous reviendrons demain pour entrer dans l’enceinte de ce lieu qui semble majestueux (de ce que l’on voit par-dessus le mur haha).

Nous longeons le bord de la rivière, accompagnées des chiens et autres animaux qui vivent ici. Le lieu est très agréable, verdoyant, reposant. Des pêcheurs sur leurs bateaux naviguent au fil de l’eau, des croyants procèdent à des rites dans l’eau, des enfants jouent dans les rochers, des groupes de jeunes écoutent de la musique sur les marches… Et nous ! Nous sommes les seules touristes et pourtant, personne ne nous observe vraiment. C’est tellement agréable !!! Les lumières du soleil couchant sur la rivière finissent de me faire adorer ce lieu.  

Maman : Magnifique, sereine, Orchha est aussi appelée l’âme de l’Inde et ça lui va bien ! Nous rencontrons Ghislaine, une québécoise sympathique avec qui nous échangeons quelques mots. Puis nous remontons par le centre-ville. Nous voyons à nouveau notre vendeur qui parle français. Il nous demande si nous avons bien mangé, où nous allons maintenant ? Il propose de nous emmener visiter à moto … Je ne sais pas ce qu’il faut répondre, j’apprends au quotidien avec Léna à ne pas voir le mal ou l’intérêt personnel partout, chaque jour l’Inde me dit d’avoir confiance en la nature humaine

Spectacle sons & lumières au Fort

Léna : Bien que je sois persuadée des bonnes intentions de cette personne, nous refusons sa proposition car nous souhaitons nous rendre au spectacle de sons et lumières qui se produit chaque soir dans le fort à la nuit tombée. A nouveau les couleurs du coucher de soleil me laissent sans voix lorsque nous traversons le pont qui mène au fort.

Le Fort Rajah Mahal est très imposant de nuit. Malheureusement, le « spectacle » n’est pas passionnant : une voix monocorde nous raconte la vie des habitants du village depuis le 12e siècle…  heureusement les éclairages intermittents sur les différentes parties du château et du fort font une danse très jolie, le cadre est féerique. 15 minutes auraient suffi, cela dure presque une heure. J’en profite pour faire de jolies photos de nuit avec mon appareil photo, le ciel est étoilé, c’est beau !  

Maman : Il fait nuit. Nous rentrons à notre hôtel mais beaucoup de monde circule dans les rues. La balade est très agréable.  Avant de se coucher, j’ai bien vérifié que la fenêtre soit fermée ! Pourtant il fait toujours très froid dans la chambre…. Il faut préciser que cette fois-ci “fenêtre fermée” ne veut rien dire car par endroit du papier journal la maintient au mur elle n’est fixée qu’en bas, un espace de plusieurs centimètres entre le mur et le cadre laisse passer l’air ! Nous allons encore remonter les couvertures jusqu’à notre menton ! 

Vendredi 31 Janvier 

Visite du Fort d’Orchha 

Maman : Ce matin, il fait froid dans la chambre (ça change!) et nous n’avons pas très envie de nous lever. Notre dernier repas remonte à hier 17 heures. Curieusement Léna ne se plaint pas d’avoir l’estomac vide. Nous partons à la recherche d’une banque pour retirer un peu d’argent. Nous sommes surprises car il y a des travaux partout dans les rues. Des tranchées longent les façades et il faut passer sur des planches pour entrer dans les maisons, les boutiques. Nous décidons de prendre notre petit déjeuner à Open Skaï. Encore un peu malade, je ne sais pas quoi commander je rêve de choses simples, sans épices, natures. Je ne suis pas sûre de ce que je vais avoir dans mon assiette. En fait, l’appétit me revient en mangeant.     

Léna : Alors que j’observe la rue depuis la terrasse du restaurant, j’aperçois Ghislaine, la québécoise rencontrée hier soir ! Elle lève la tête au même moment et je lui fais signe de nous rejoindre. Elle est contente de discuter avec nous, elle voyage seule avec un chauffeur qui la dépose là où elle veut. Elle a prévu des étapes dans plusieurs villes. Son expérience est plus mitigée que la nôtre. Nous lui conseillons de sortir des axes les plus touristiques. Voyageant seule, elle a un peu d’appréhension à manger au boui-boui du coin… Fortes de notre expérience, même Maman l’encourage ! Nous échangeons longuement sur nos voyages. C’est aussi l’occasion pour moi d’entendre les ressentis de maman, comme nous vivons ce voyage ensemble, ce bilan est intéressant.  

Léna : La balade se poursuit avec la visite du fort. Après plusieurs allers et venues, nous finissons par trouver l’entrée et acheter les billets. Nous nous retrouvons dans la cour où nous avons vu le spectacle hier soir, les bâtiments sont toujours très beaux mais le côté féérique a disparu.  Les murs sont noircis et un peu dégradés par le temps. Nous enchaînons rapidement avec la visite du palais. Un bâtiment magnifique sur plusieurs étages et avec plein de cours. Je grimpe tous les escaliers et maman me suit à son rythme en suivant mes indications « viens c’est incroyable ! ». En effet, arrivées sur les terrasses nous avons la vue sur la cour intérieure et les alentours. J’A-DO-RE !   

Maman : Ce palais est superbe. Trois bus de touristes font la visite en même temps que nous, dont un groupe de français Nous tendons l’oreille mais nous ne comprenons rien à ce que dit le guide indien qui baragouine un français très approximatif. Dans les chambres, les peintures au plafond sont très jolies mais l’absence d’éclairage ne les met pas en valeur, comme d’habitude. Nos lumières de portable ne sont pas suffisamment puissantes pour nous permettre d’apprécier vraiment. Dommage car c’est magnifique. 

Deuxième fort Jahangir Mahal Immense bâtisse qui n’a été utilisé que pour une nuit il y a plus de 100 chambres pour les soldats et 136 pour les invités. À nouveau des escaliers partout un vrai labyrinthe. Léna n’en finit plus de monter, descendre, se perdre dans les différents lieux.  Nous profitons du soleil, du calme, de l’atmosphère saine et du cadre. Tout est très joli. Nous sommes restées très longtemps c’était très agréable. Les groupes n’ont visité que quelques pièces et sont repartis aussitôt. Je suis triste de penser qu’ils n’en retiendront pas grand-chose et surtout qu’ils étaient très nombreux à faire la queue pour entrer dans chacune d’elles. Alors que nous, nous avons vu tellement plus et dans de bien meilleures conditions.  

Des ouvriers sont suspendus en haut des tours par quelques fils pour des travaux de peinture. Ils sont pieds nus !! Les consignes de sécurité ne sont pas les mêmes que chez nous, c’est sûr.   

Léna : En sortant nous partons voir les autres bâtiments derrière le fort, il n’y a personne à part quelques ouvriers qui font la sieste, allongés sur des murs en plein soleil. Le site est immense et tous les bâtiments sont en travaux, il y a de gros efforts entrepris sur la rénovation. Pas seulement dans le fort mais dans toute la ville ! Pourtant ce petit village n’est pas cher du tout comparé aux villes touristiques dans lesquelles nous nous sommes rendues auparavant. Pour vous donner une idée, nous avons payé 200 rs pour visiter tous les sites de la ville d’Orchha (3 temples, le fort et le palace, les cénotaphes, … ) contre 1300 rs pour 3h dans le Taj Mahal !  

Nous faisons un arrêt repas au café sur le pont, je commande un hamburger végétarien, curieuse de voir à quoi cela va ressembler ! Je suis servie d’une galette de légumes entre deux chapatis (pain indien) et c’est très bon !  

Nous ressortons en traversant le pont, les indiens dans cette ville sont très gentils et bienveillants. Tous nous parlent uniquement pour faire connaissance sans chercher à vendre la plupart du temps et sans demander de selfies !  

Visite de deux temples  

Maman : Cette fois, nous faisons les asociales et décidons de ne pas passer devant la boutique du monsieur qui parle français et qui nous attend pour nous offrir un chaï, ni devant la petite fille qui nous accoste chaque fois et ne veut plus nous laisser repartir, trop mignonne ! Nous prenons donc un chemin de traverse pour aller au temple Chaturbhuj.

Arrivées devant un immense bâtiment nous posons nos chaussures pour entrer et nous retrouvons au milieu d’une grande salle. Un monsieur est assis là. Il nous propose de monter dans les étages et passe devant nous avec une lampe pour nous éclairer. Je le suis mais dès le bas de l’escalier, j’ai envie de faire demi-tour, chaque marche fait 50 ou 60 centimètres de haut et il est très difficile de les escalader, j’ai toujours mon entorse qui me gêne, …  le monsieur me tend gentiment la main pour m’aider. Arrivés au premier niveau, nous faisons le tour du temple par l’intérieur, en suivant une sorte de mezzanine qui surplombe la salle, c’est très impressionnant.

Puis notre guide nous fait signe de le suivre pour l’ascension d’un deuxième escalier. Un peu hésitante j’y vais quand même mais j’ai décidé de monter les escaliers à quatre pattes cette fois-ci, je pense qu’il est surpris mais c’est efficace et ma cheville semble apprécier. Au deuxième niveau, nous faisons à nouveau le tour du bâtiment par l’intérieur, toujours impressionnées et toujours plus haut ! Il nous propose alors de monter encore un étage et là j’ai vraiment envie de capituler je ne sais pas comment je redescendrai rappelez-vous au Cambodge c’était déjà compliqué et en Bosnie aussi, … bref les escaliers ce n’est pas mon fort !

Je continue de le suivre quand même, trop curieuse … A cet étage nous débouchons à l’extérieur. Nous arrivons encore plus haut, directement sur le toit nous sommes sur une grande terrasse au pied des dômes et nous avons une vue magnifique sur la ville et l’ensemble de ses temples, palais et cénotaphes. Il s’agit du point le plus haut d’Orchha. Des animaux ont fait leur vie sur ces hauteurs : écureuils, beaucoup de perroquets verts, des lézards… Nous sommes fascinées par les vautours qui ont élu domicile ici. Comme prévu, je redescends difficilement mais sans l’aide de personne.  

Léna : A notre sortie, devant ce temple, une famille de touristes indiens nous interpelle, ils viennent d’une ville à quelques heures d’ici. Ils sont intrigués par notre présence et sont d’humeur blagueurs. Nous suivons bien volontiers cet élan de bonne humeur, l’une des femmes me pique mes lunettes de soleil et joue à la star, prenant la pause pendant que sa sœur la prend en photo. S’ensuit une longue séance de selfies dans les rires ! 

2ème tentative : les cénotaphes !

Léna : Comme nous avons le pass aujourd’hui pour visiter les lieux importants de cette ville, nous retournons aux cénotaphes de la veille. Le jardin est très propre et silencieux, nous nous asseyons sur les bancs, observant les écureuils, oiseaux et vautours. C’est très relaxant comparé à l’agitation et aux bruits de la ville. Nous restons longuement à papoter au soleil, un peu fatiguées de notre journée.

Alors, quand nous rentrons à l’hôtel et qu’il n’y a pas d’électricité, nous ne cherchons pas à comprendre. Nous décidons de nous reposer en attendant que ça revienne, tant pis. Une heure plus tard, toujours dans le noir, nous ressortons de la chambre et à notre grande surprise, les lumières du couloir fonctionnent ! Pas douées ? Hahaha ! Nous n’avions pas vu le disjoncteur individuel pour chaque chambre…  

Maman : Ce soir nous partons assister à la cérémonie au temple de Ram Rajah. A notre arrivée nous constatons qu’il y a déjà beaucoup de monde juste en observant le nombre de chaussures abandonnées à la porte ou laissées en garde à un monsieur à l’entrée. On y retrouve la petite vendeuse qui semble très heureuse de nous voir dans ce lieu et nous accueille de son beau sourire, selon son habitude. Plusieurs files de personnes sont devant nous et nous ne savons pas où nous mettre. Nous finissons par nous positionner au centre de la salle, un endroit semble-t-il moins prisé. Certains fervents sont allongés au sol, face contre terre, immobiles. D’autres passent à côté sans les calculer au risque de leur marcher dessus ou sur les doigts. Nous comprendrons ensuite que les gens sur les côtés attendent pour passer devant l’autel. Une télévision diffuse en direct le prêtre qui officie. La cérémonie n’est pas très longue, les gens écoutent les paroles et les chants religieux puis chacun passe devant la stèle pour donner des offrandes, le temps que chacun puisse accéder dure très longtemps.  Nous faisons le tour du temple puis nous sortons.

Un petit creux ? Pas de problème ! Nous avons repéré une adresse sur notre chemin :  Orchha Hut. Une échelle métallique permet de monter à l’étage. Mais auparavant il faut enjamber la tranchée laissée par les travaux qui permet d’y accéder. La terrasse est très jolie. Mais on ne voit personne. Un monsieur en face vient nous accueillir et nous dit de patienter que quelqu’un va venir. Nous attendons seules, tranquillement installées à une table. Un long moment plus tard un jeune homme arrive de la rue, il nous salue, allume les lumières et le voilà prêt pour nous. Nous commandons des plats locaux. Il part en « cuisine » pour les préparer. Il travaille seul et utilise des produits frais. C’est très long, mais nous ne sommes pas pressées et nous serons récompensées car c’est très très bon. Il nous parle beaucoup, raconte sa vie et rit sans arrêt. Nous passons un agréable moment et promettons de revenir le lendemain. De retour à l’hôtel, nous tombons de sommeil.  

Samedi 1er Février  

Léna : C’est déjà notre dernier jour à Orchha, il y avait vraiment beaucoup de choses à faire pour une si petite ville ! Il reste un temple que nous avions laissé tomber hier car il se trouve à l’opposé de la ville. De bon matin, nous nous mettons en route et traversons tout le village. Arrivées en haut d’une côte, le temple est en restauration (comme tout dans cette ville !) et l’entrée est payante … Le pass que nous avons acheté hier n’était valable qu’une journée ! Dommage. Nous décidons de faire le tour simplement, des temples, nous en avons visité beaucoup déjà 😉 La vue est sympa, les sculptures sur les façades également. Après une petite pause yoga et observation des oiseaux qui volent près de nous, nous repartons pour le centre-ville.  

Maman : Nous apercevons de loin des jeunes qui déchargent un camion, l’un d’eux nous regarde approcher. Arrivées à sa hauteur on lance un namaste jovial, tout en continuant notre chemin, on entend sa réponse namaste suivi aussitôt par : “I know inglis, I know inglis” prononcé d’une petite voix ! On se retourne toutes les deux, il est tellement touchant avec ses yeux posés sur nous, presque implorant. Et c’est parti pour un échange de quelques mots en anglais. Il vient de loin pour travailler jusqu’à la fin des travaux. Il est aux anges et conscientes d’avoir fait un heureux nous repartons, direction le restaurant.   

Léna : Comme nous avions bien sympathisé hier soir avec le monsieur du restaurant Orchha Hut, nous lui avons promis de revenir déjeuner avant notre départ. Nous montons les escaliers pour nous installer en terrasse. Aussitôt, un voisin se précipite et nous installe, il nous donne le menu. La cuisine ouverte est fermée et le chef n’est pas là, je demande si le restaurant est bien ouvert ; le voisin me confirme que oui et part en courant en criant à la volée pour appeler le patron. Il apparait finalement et s’excuse : il était à la douche ! A 12h30, tout est normal, c’est l’Inde haha. Le repas est à nouveau très long à préparer mais toujours très bon et le chef toujours aussi touchant et drôle. Il nous demande de donner des cartes de visite dans nos prochains lieux de passage et d’encourager les touristes à venir à Orchha. Promis !  

Bye Orchha, Namaste !

Maman : C’est l’heure du départ pour reprendre le train depuis Jhansi. L’hôtel nous commande un tuktuk qui vient nous chercher à la porte. Le chauffeur est trop drôle : pour éviter les routes cabossées, les travaux et la circulation il prend des chemins de terre défoncés mais à la même vitesse que sur la grande route. Nous sommes secouées un truc de fou ! Cramponnées pour ne pas être éjectées dans les virages que nous prenons sur 2 roues au lieu de 3. Ma grande Léna baisse la tête pour ne pas s’assommer au plafond ! Mais trop tard elle a quand même une bosse ! Il nous demande à quelle heure est notre train et comme nous avons de l’avance il fait plusieurs étapes sur le chemin, il dépose un colis devant un hôtel plutôt classe. Enfin comprenez bien, il s’arrête à peine devant l’hôtel, pousse le colis avec son pied pour le faire basculer du plancher du tuk tuk au sol du parking, en criant à une personne présente au loin qu’il a livré et continue son chemin puis il s’arrête quelques minutes chez lui, puis prend de l’essence, puis arrêt on ne sait pas quoi puis arrêt pour demander si le raccourci est praticable … quelle rigolade !

Nous arrivons enfin à la gare ! Entières ! J’avoue que je n’y croyais pas vraiment ! Le chauffeur attrape vite mon sac et me le présente pour que je le mette sur mon dos, idem pour Léna. Puis il nous parle en hindi mélangé à ses quelques mots d’anglais. On comprend qu’il nous demande de revenir dans son village. Il semble nous remercier, nous serre les mains comme pour les bénir, il nous fait des namaste à n’en plus finir, à nouveau les mains, il nous salue et nous comprenons enfin ce qu’il essaie de nous communiquer : il était fier de nous conduire jusqu’ici, il a pris à cœur de mener à bien sa mission !   

Nous entrons dans la gare en rigolant toujours de notre incroyable chauffeur. Rapidement, nous nous repérons et surtout nous voyons notre premier escalator depuis 1 mois. Départ dans 50 minutes : nous sommes sur le quai, tout va bien. Le train stationné devant nous va bientôt partir et le nôtre arrivera après le départ de celui-ci.

Pour la première fois nous sommes sollicitées par des mendiants, des mutilés, des handicapés, des pseudo religieux, qui nous voyant bloquées ici reviennent plusieurs fois chacun. Bien sûr que l’on a envie de donner à certains, l’un d’eux est assis et se déplace à même le sol, ses moignons apparents, mais plus que son handicap, ce sont ses yeux qui interpellent, d’un bleu très clair ! Il me fixe, me supplie, je dis non fermement mais, au fond de moi, je suis bouleversée. Il a un visage dur et pourtant il est si jeune et si beau. Quel gâchis !

Tout à coup, il s’inquiète et nous demande si nous allons à Delhi car le train va démarrer. Il pense que l’on n’a pas compris mais que c’est notre destination. Non, nous sommes juste très en avance ! C’est lui qui veut nous aider ! C’est le monde à l’envers ! Tellement de bienveillance ! Mais ils sont nombreux autour de nous et donner à un c’est être sollicitées par les autres ! Quelle tristesse ! Si nous avions été dans une rue, juste lui et nous, cela se serait passé différemment. Mais là, cela semble compliqué. 

Léna : Le train arrive et c’est parti pour 5h de trajet. Nous sommes dans un wagon couchettes, mais de jour les couchettes sont repliées et nous voyageons donc assises. Ce train roule non-stop pendant 22h ! Il est parti de la ville d’Udaipur hier soir et arrive à Kajuraho, le terminus, avec nous, à 20h. Est-ce que je précise que malgré ce long voyage, nous arrivons avec 20 minutes d’avance ??! La SNCF aurait-elle une leçon à prendre ? 😉  

Le train ralentit et un homme nous demande si l’on veut boire du chai. Un peu sceptique car cette demande est habituelle mais dans un train, c’est une première, nous acceptons. Il saute du train, nous nous arrêtons quelques instants dans une gare. Le train redémarre, pas de nouvelle de notre gentil serveur de chai mais 5 minutes plus tard, il réapparait et nous sert ! Improbable !

Arrivées à Khajuraho

A la gare de Khajuraho, il fait nuit et nous sommes assaillies dès le quai par des chauffeurs de tuktuk. Je les repousse plus ou moins gentiment, laissez-moi au moins rejoindre la gare ! Arrivées dans le hall, je vois une affiche avec mon nom et le nom de l’hôtel que j’ai réservé il y a quelques heures « RANCHO ». Nous sommes attendues et nous n’étions même pas au courant ! Incroyable !   

Orchha est une étape relaxante dans notre périple. Un village où il est agréable de flâner, sans but précis, nous laissant guider par la beauté des monuments, des paysages et des rencontres. Nous nous sommes ressourcées et prêtes pour de nouvelles aventures, direction Kajuraho !

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