Le centre de la Jordanie, de Dana à Petra à pied !

Après mes premiers jours dans le chaos d’Amman, c’est parti pour la découverte de Petra, l’une des 7 merveilles du nouveau monde ! Et après… quand rien n’est prévu, tout est possible !

Jour 4 : Petra et rencontre impromptue ! 

Avec Amela et Hana, nous prenons de bonne heure un bus depuis Amman la capitale, jusqu’à Petra.

Je n’ai pas réservé d’hôtel et ai privilégié Couchsurfing pour me trouver un hôte pour 2 nuits dans cette ville. Jo Bedouin Life, c’est son nom sur Couchsurfing, a près de 500 références plus que positives d’autres voyageurs/voyageuses qu’il a hébergé(e)s. Son concept est particulier, pas de Couchsurfing (dormir sur le canapé) mais du Cavesurfing (dormir dans une grotte, comme les bédouins, peuple nomade de Jordanie).

Je suis donc très excitée à l’idée de le rencontrer. Nous avons rendez vous à Sunset Hotel pour que je dépose mon sac. Jo, de son vrai nom Ghassab m’accueille à bras ouvert et grand sourire, après avoir déposé mon backpack, je pars à la découverte de Petra.

Avec les filles nous marchons un long moment, l’entrée pour visiteurs est à 2,5 km du Trésor, lieu emblématique de Petra. Sur ces 2,5 km, nous réalisons très vite que nous ne serons pas seules. Dès le départ, des bédouins nous proposent de nous rendre en calèche ou à cheval jusqu’au trésor. Ensuite, nous arrivons dans le fameux Siq, cet immense canyon avec ses falaises qui s’élèvent de chaque côté. C’est impressionnant ! Plus l’on se rapproche du Trésor, plus le bruit s’intensifie. Il y a beaucoup de monde et donc beaucoup d’échos !

Le trésor est comme sur les photos, magistrale et parfaitement découpé dans la roche, c’est beau.

Le monde présent m’empêche cependant d’apprécier le moment. Les nombreux bédouins, surnommés ici les « Jack Sparrow de Petra » nous accostent de toute part « view from the top ? Easy, guide, 10 minutes! » certains sont plus subtiles que d’autres. Beaucoup d’enfants nous proposent également de nous emmener par le chemin le plus court jusqu’à la vue d’en haut. Cette fameuse vue que tout le monde prend en photo ! Par le chemin « normal » celui indiqué sur la carte, il faut environ 1h. Leur raccourci (un escalier extrêmement raide) est certes plus court mais ne me tente pas du tout !! Je vois des enfants descendre ce chemin en courant, sautant, volant…. de vrais cabris! Avec mes deux pieds gauches, c’est la chute assurée !

Nous continuons donc notre visite sans guide par le chemin sans risque ! Nous apercevons les premiers tombeaux, ces grottes creusées dans la falaise.

Il fait déjà très chaud (pour un mois de Mars !!) et je ne suis pas sûre d’apprécier leur façon de traiter les animaux … plein de petits ânes sont attachés en plein soleil et réquisitionnés pour porter les (gros) touristes jusqu’au sommet du monastère (800 marches). Outre la maltraitante animale des ânes, je suis choquée de voir que ce sont des enfants d’à peine 10 ans qui font le trajet à pied en courant, jusqu’au sommet pour diriger les ânes. Certains touristes ne semblent pas avoir d’éthique….

En voulant prendre un peu de hauteur pour nos photos, nous commençons à grimper quelques marches, puis d’autres et encore d’autres escaliers…

Notre curiosité nous pousse à aller jusqu’au bout de ce chemin, nous avons emprunté le chemin du haut sacrifice sans même le savoir !! Nous continuons jusqu’au sommet où la vue est absolument époustouflante ! Le plus haut point de Petra, les montagnes tout autour, c’est incroyable ! Une tente bédouine est installée près du drapeau jordanien et nous pouvons profiter d’un thé et racheter des bouteilles d’eau bien méritées !

Un guide bédouin assis à côté de nous nous indique que nous pouvons redescendre par un autre chemin qui nous permettra d’arriver vers le palais Qasr Al Bint. Ce chemin est génial !! Il n’y a presque personne et les vues sont magnifiques, j’adore !

Nous croisons des bédouins isolés avec une casserole en train de cuire leur repas et nous invitant à les rejoindre (moyennant finance) et d’autres qui vendent des bijoux ou des cailloux.

Nous traversons des décors très différents, nous croisons la route d’enfants qui rentrent de l’école avec leurs uniformes et cartables sur le dos. Ils nous demandent à boire et à manger… ils sont déjà trop habitués aux touristes !!

Nos routes se séparent au palais avec Hana et Amela, elles vont poursuivre leur visite jusqu’au monastère mais je dois rejoindre mon hôte Ghassab à l’hôtel où j’ai déposé mon sac.

Qasr Al Bint
Le Grand Temple

Je fais un détour par l’église byzantine qui a de très belles mosaïques au sol ! Et un autre petit crochet par les tombeaux, c’est gigantesque !

En fait, seul 40% de Petra est visible aujourd’hui, 60% sont encore recouverts de sable ou sous nos pieds. C’est déjà immense ! Incroyable !

Arrivée à l’hôtel, je recharge rapidement mon téléphone et profite de la wifi pour envoyer un petit message à mes parents « je rejoins mon couchsurfeur, je n’aurai sûrement pas internet, je donne des nouvelles dès que possible, tout va bien, bisous ».

Rencontre avec Ghassab

Ghassab arrive et ni une ni deux, nous partons en voiture, on discute, nous avons pas mal de points communs : les voyages, le yoga, la méditation, la nature … Il me demande ce que j’ai prévu de faire en Jordanie, je lui explique que je n’ai rien planifié.

Première bonne impression.

Après quelques minutes, je lui demande où l’on va. Il me demande si je veux dormir dans sa maison d’hôtes ce soir ou dans la grotte. Je réponds que je suis là 2 jours, alors c’est comme ça l’arrange mais que j’aimerai bien voir la grotte. Il me répond qu’il n’est pas là demain.

Ah ? Et tu vas où ?

Il est guide et part 4 jours en randonnée demain matin avec un groupe de 8 lituaniens.

Tu veux venir?

C’est une randonnée dure ? Enfin il faut être sportif ? Je demande….

Non non t’inquiète. Et il y a une jeep qui nous suit pour porter les sacs et préparer le camp tous les soirs et aussi un très bon cuisinier qui nous fait le dîner.

Ça te dit ?

Bien sûr !

On se tape dans la main et me voilà lancée dans cette folle aventure avec un homme que j’ai rencontré il y a tout juste 5 minutes.

Du coup on se rend chez lui, sur son terrain il a sa maison et une maison d’hôtes avec 3 chambres. Seules 2 chambres sont louées par une famille polonaise ce soir, la troisième est pour moi. Une chambre immense avec 1 lit double et 2 lits simples ! Il me demande si ça me convient, moi qui m’attendais à dormir dans une grotte j’ai été bien surclassée !

Il me montre la douche (chaude!!), m’offre le thé et un goûter à base de pita et vache qui rit jordanienne, nous goûtons avec Lost son ami qui l’aide à gérer le gîte.

Ghassab doit organiser des choses pour le lendemain et je lui demande si je peux prendre le chemin au dessus de sa maison pour voir le coucher de soleil. Il me demande si j’aime bien les chiens, la réponse est non normalement, mais dans ce cadre paradisiaque, avec des chameaux et des chats plein le jardin, je réponds oui ! Lucky arrive et nous partons, accompagnés de 3 autres chiots, sur la petite colline. Je joue avec les chiens (des vrais gentils mignons) et nous regardons le coucher de soleil (les chiens aussi, oui!) sur les montagnes qui nous entourent. C’est diiiiiiingue ! Trop de beauté en un jour, je suis aux anges.

Ghassab revient peu de temps après, il me propose de l’accompagner pour dîner chez son voisin et ami. Il y a 4 ou 5 bédouins et un couple allemand qui passe son deuxième soir ici.

Nous discutons tous ensemble. Ghassab a une formation de physiothérapeute et a énormément voyagé à la recherche de médecine alternative, notamment en Inde et en Asie du Sud Est. Il a eu une vie hors du commun.

Parti à 16 ans d’une famille nomade, très pauvre en Jordanie pour vivre et étudier en Allemagne, il se spécialise en médecine, travaille dans des hôpitaux. Il se met à son compte et devient reconnu comme physiothérapeute, il gagne bien sa vie. Après avoir suffisamment économisé, il commence ses voyages et apprend l’acupuncture, le yoga, la méditation, les plantes et les huiles médicinales et probablement tout un tas d’autres choses. Les années suivantes sont rythmées par 6 mois de travail en Allemagne, 6 mois de voyage.

Il part ensuite travailler pour une ONG au Cambodge qui aide les personnes alcooliques à guérir en leur apprenant à vivre autrement, dans la jungle. Il y reste longtemps, aide de nombreuses personnes. A son départ, ils lui offrent un collier avec un arbre de vie. Il l’a toujours autour du cou et l’évoquera à de nombreuses reprises au cours des jours à venir.

Le dîner se passe très bien, Ghassab avait pris soin de me demander si je mange de la viande dès mon arrivée à 10h ce matin, j’ai donc plein de légumes qui m’attendent sur le barbecue. Ici, les hommes cuisinent et font la vaisselle !

Après ce bon repas, Ghassab me propose une séance de méditation que j’accepte avec plaisir. Je ne suis toujours pas douée mais je progresse en partie grâce à mes cours de yoga hebdomadaires à Budapest. Nous passons 1 heure assis dans le salon, dans le noir, enfumés par une douce odeur d’encens. Il me donne de l’aloe vera frais de son jardin pour mettre sur mes coups de soleil et je m’en vais me coucher dans ma grande chambre, épuisée mais détendue.

Jour 5 : départ près de Dana pour 4 jours de rando ! 

Après une très bonne nuit de sommeil, réveil à 6h30, petit petit déjeuner délicieux à base de hummus, pita, œuf dur, fromage de chèvre et une spécialité que je ne connais pas de l’huile d’olive avec des herbes aromatiques, j’adooore !

Ghassab me demande de quel équipement je dispose pour le trek, hmmm, j’ai juste les chaussures ! Il me donne donc un petit sac à dos pour mettre mon pique nique et ma bouteille d’eau (+ crème solaire, portable, appareil photo, mouchoirs…), un chapeau de paille qu’une cliente française a oublié et un sac de couchage qui me rejoindra directement au camp de base de ce soir avec toutes mes affaires.

 En route ! Direction un petit village près de Dana pour rejoindre le Jordan trail, un sentier de randonnée que Ghassab a eu la chance d’inaugurer lors de l’ouverture en 2015.

Après une grosse demi-heure de route en jeep dans des paysages splendides, nous sommes à 1600m d’altitude, à proximité de Dana, et je rencontre les 8 lituaniens qui ont réservé les services de guide de Ghassab (pour plus d’infos : http://www.jordandeserthikes.com/) et de son équipe pour l’organisation de cette randonnée.

Je sympathise immédiatement avec Kamilē, l’accompagnatrice du groupe de 26 ans qui est fan de sport de glisse et de voyage ! Je parle aussi avec Karolis qui a vécu un an à Budapest pendant ses études ! Le reste du groupe ne parle pas très bien anglais et est plus âgé, nous aurons donc des rapports cordiaux sans grande complicité.

Le premier jour le circuit est relativement simple et plat. Mais les vues sont déjà à couper le souffle. Les montagnes rocheuses sur notre droite dominent la vallée et pointent le bout de leur nez, nous les apercevons d’au dessus des nuages. C’est impressionant. Ghassab nous parle des plantes, il explique que cette zone a été sous l’eau à une époque et que nous allons donc trouver des fossiles marins! Ce sol était très fertile et les romains y ont cultivé des vignes pour produire du vin. Ensuite il y a eu des oliviers et on peut toujours voir certains troncs !

La terre est sèche maintenant et cette zone n’est plus cultivée. Il neige régulièrement l’hiver, il faut dire que nous sommes toujours en altitude ! Mais en mars, pas de neige ici, un grand et beau soleil !! Après le coup de soleil pris à Jerash, je suis contente d’avoir un chapeau de paille pour protéger mon visage du soleil agressif de Jordanie! Tant pis pour le look de touristes sur les photos … et les manches longues, ce n’est pas pour le froid mais bien pour me protéger car en vrai, il fait super beau !

Après avoir marché quelques heures, pris de nombreuses photos et découvert les plantes et la nature environnante. Nous nous arrêtons pour le premier pique-nique face à une vue indescriptible, un ravin entre 2 montagnes qui plonge si bas qu’on semble ne pas en voir la fin du haut de notre montagne. Une vue à 180 degrés sur les environs et des paysages plus impressionnants les uns que les autres.

Après une courte sieste / séance de méditation suivant les préférences de chacun, nous repartons en marchant jusqu’au camp de ce soir où nous allons dîner et dormir avant de nous remettre en route le lendemain.

Nous sommes en avance sur le programme alors Ghassab nous emmène voir une arche dans la roche, un endroit hors du temps, on se croirait sur Mars ! Je ne sais comment décrire ces gros dômes sortant du sol au milieu des montagnes. C’est incroyable. L’arche est sublime, nous faisons une pause en admirant la vue.

Avec Kamile, nous nous tentons à l’escalade pour nous rendre au dessus de l’arche, c’est facile d’après Ghassab mais on ne doit pas être très douée ! Kamile prend un selfie pendant que je suis en train de redescendre et on dirait que je suis en train de plonger, super photo haha!

Puis direction le camp, nous avons vu les Jeep arriver, le campement est en préparation.

Les repas sont fournis par l’équipe qui travaille avec Ghassab, nous avons un excellent cuistot qui n’est autre que l’ancien cuisinier de l’ambassadeur de Jordanie en Israël ! Excellents repas à la carte ! Et il m’a très gentiment fait des plats végétariens en plus / à côté des plats prévus pour le reste du groupe! Il y a aussi une autre personne qui se charge de l’organisation du camp et du transport de nos bagages d’un point à l’autre, il monte la tente, installe les matelas d’appoints, aide à préparer les dîners et les petit déjeuners … une équipe de choc, supra efficace !

Pour cette première nuit, assez fraîche soyons honnêtes, je décide de dormir dans la grande tente avec tout le monde. Une nuit ressourçante ! Nous nous sommes endormis à 21h30 pour un réveil avec le soleil juste après 6h. Ce sera notre rythme de la semaine ! Des nuits de presque 9h qui font du bien !

Jour 6 : la rando continue et nuit à la belle étoile

Le deuxième jour, le chemin que l’on suivait la veille se transforme en sentier. Nous sommes bien contents d’avoir un guide car il nous fait passer à des endroits incroyables. Nous grimpons en silence pendant plus d’une heure pour faire ce que l’on appelle « walking méditation », de la méditation en marchant. Seule avec la nature, je me retrouve dans une bulle où tous mes soucis s’envolent. Je suis connectée à moi même et mon environnement, plus rien ne compte. Ça fait du bieeeeen !

Arrivés en haut de cette montagne, nous longeons la crête sur plusieurs kilomètres. Le vide sur notre droite est saisissant, pas question de glisser ou la chute serait fatale. Le sentier est bien assez large pour que cela n’arrive pas, mais maladroite comme je suis et avec mes deux pieds gauches, il vaut mieux que je me concentre. Je regarde donc le sol, à défaut du paysage, et en profite pour admirer les cailloux incroyables tout au long du trajet. Les pierres sont tantôt rouge sang, puis orange, jaune, violet, rose, un dégradé de couleur juste incroyable.

Avec Kamile on s’imagine désormais dire :
– Quelle est ta couleur préférée ?
– La Jordanie !

Je n’avais jamais vu un sol aussi coloré, c’est vraiment merveilleux, je ramasse des petits cailloux tout au long des 4 jours, je devrai faire un choix en rentrant et je n’en garderai que 10 petits …

Il y’a aussi des fleurs de toutes les couleurs et je suis très surprise de découvrir des pissenlits avec de grosses épines ! Pour moi, seuls les cactus piquaient dans le désert…

Nous marchons toute la journée, pique niquons dans un cadre incroyable à midi, au sommet d’une montagne avec une vue à 360. Ghassab a porté la bouilloire pour que l’on puisse se faire du thé. On s’assoit chacun face à la vue infinie qui s’offre à nous et le silence s’intensifie. On n’ose plus parler, subjugués par la nature autour de nous.

Au loin on aperçoit le désert, le sable fait comme des vagues sur le sol. C’est beau.

Avant de venir en Jordanie, j’avais cette idée que ce serait un pays relativement plat, ne me demandez pas pourquoi, je ne sais pas ! Peut être l’idée du désert associée à du sable fin, lisse à perte de vue…. toujours est il qu’il n’en est rien ! Et pour mon plus grand bonheur !

Aux alentours de 16h, nous rejoignons le camp pour cette deuxième nuit. L’endroit est sublime à nouveau, nous avons plein de chèvres comme voisines !

Après un thé chaud et des petits gâteaux, je pars m’isoler avec mon bouquin, je trouve un gros rocher rond et lisse, face au coucher de soleil, et je m’installe pour une bonne heure de lecture avant la tombée de la nuit.

En retournant sur le campement, je croise Ghassab, nous discutons assis face à la vue. Une caravane de 50 chameaux passe au loin dans la vallée, c’est magique !

Il me propose de revenir travailler avec lui. Il aurait besoin d’aide pour encadrer le marché français, il a beaucoup de clients et des clients exigeants qui nécessitent beaucoup d’attention ! Je suis touchée par son offre et promets d’y réfléchir.

Avec Ghassab nous avons des personnalités très similaires : de nature solitaire nous n’avons pas besoin de parler tout le temps, nous aimons bien prendre du temps à l’écart du groupe pour se retrouver, il est entier et n’accepte pas les gens en retard ou qui ne savent pas trop ce qu’ils font, il est très ouvert sur les autres, paysages, médecine alternative, voyage, méditation, yoga …

Tous les soirs sous la tente commune où l’on prend le dîner, Ghassab raconte des blagues sur les nomades, sur les bédouins. Hors de questions pour lui de faire des blagues sur d’autres populations/ethnies/croyances … car il trouve qu’il est plus drôle de se moquer de soi même. Chaque soir nous aurons donc 3 blagues ou petites histoires … c’est marrant de voir que toutes ces blagues pourraient être retransmises chez nous. On est sur le même niveau que les blagues sur les belges ou sur les blondes mais en version nombre de chameaux ou bédouins de différentes régions.

Ghassab est une personne extrêmement bienveillante qui ne souhaite pas propager de négatif. Il nous raconte qu’il a été victime de racisme lors de ces années en Allemagne mais au lieu d’y répondre par la violence et l’énervement, il y répondait en éduquant les gens et en prenant le temps de leur expliquer en quoi il n’était pas différent d’eux.

Ghassab m’a beaucoup fait penser à mon hôte Workaway Saulius, en Lituanie. Tous les deux ont une générosité et une bienveillance tellement pure et sincère que je n’ai jamais vu chez personne d’autre. Ils donnent sans compter, sans rien attendre en retour. Ce sont réellement des rencontres qui changent la vie et la vision que l’on peut avoir du monde. Alors merci Ghassab de m’avoir fait vivre cette expérience et merci d’avoir ravivé les souvenirs de la générosité de Saulius par la même occasion. Cela me remplit de bonheur et de bonnes ondes.

Après un excellent dîner avec probablement une des meilleures salades de ma vie (plein de crudités et des petits croûtons frits, miiiiiiam) et une soupe de lentilles à tomber, nous décidons, Kamile, Carolis et moi même de dormir à la belle étoile !

Par peur d’avoir froid je mets tous mes vêtements sur moi !! 2 pantalons, 4 tee shirt, 2 gilets + le sac de couchage et une couverture. Les deux lituaniens me laissent dormir au milieu pour que je sois à l’abri du vent, ça a du bon d’être la plus jeune ! Au final, il ne fait pas si froid ! Nous discutons en regardant les étoiles mais la fatigue nous rattrape vite. Une bonne nuit réparatrice et un réveil avec le soleil sur les coups de 6h du matin.

La vue au réveil

Jour 7 : rando jusqu’à Little Petra et nuit dans la grotte

En route pour Little Petra ! Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Papa alors j’ai un objectif, trouver du réseau pour le lui souhaiter. Cela fait 3 jours que je n’ai pas allumé mon portable et ça fait tellement de bien ! Une vraie digital détox ! Bizarrement, ça ne me manque pas du tout et je redoute le moment où je vais devoir me reconnecter …

Après un super petit déjeuner comme tous les matins à base de hummus, œuf dur, pita, fromage de chèvre … quelques étirements pour se mettre en forme, nous voilà repartis pour cette nouvelle journée de marche !

Nous faisons une pause à proximité d’un canyon, c’est tellement haut, je me sens tellement petite… c’est dans ces moments là qu’on réalise que l’on n’est rien face à la nature.

On s’arrête boire le thé dans un village nomade, c’est le camp où la maman de Ghassab habite encore à plus de 80 ans.

Dans ce camp, fait d’une toile de tente tendue et de tapis posés par terre, il n’y a que des femmes et des enfants. Le feu est allumé sous l’abri et la fumée pique les yeux. Nous sommes invités à nous assoir et une dame âgée prépare le thé.

Ghassab nous demande en anglais « pas trop sucré? » nous sommes unanimes, le thé ici est toujours extrêmement sucré et loin de nos habitudes occidentales … Ghassab indique donc à la vieille dame en arabe de ne pas trop en mettre. Ce sera donc 2 verres plein de sucre pour 12 tasses !!!

Les cabris jouent tout autour de la tente et les enfants les poursuivent .

Après cette petite pause très authentique, nous reprenons la marche. Toujours de jolies couleurs de pierres, de beaux paysages mais nous retrouvons petit à petit la circulation … nous traversons même une route ! Ça ne nous avait pas manqué pendant ces 3 jours coupés du monde.

Après avoir passé la route, nous sommes à nouveau perdus dans la nature !

Nous nous dirigeons ensuite vers le camp de ce soir, la grotte de Ghassab !! Trop hâte !

La grotte est beaucoup plus jolie que ce à quoi je m’attendais. Les murs sont peints en blanc et décorés de guirlandes colorées, c’est super convivial ! Il y a une terrasse devant et un robinet à l’extérieur !

Je demande à Ghassab s’il pourrait partager sa connexion pour quelques instants afin que j’envoie un bon anniversaire à papa. Il m’explique qu’il n’y a pas de réseau ici mais il doit passer chercher sa maman au campement où l’on a bu le thé pour l’emmener chez sa sœur dans le village de Little Petra en 4×4 et que je peux venir avec lui. Nous voilà sur la route, j’apprécie de voir les paysages d’un œil « extérieur » les montagnes se dressent autour de nous et non en dessous de nous. Je pense que la Jordanie en voiture ça doit être sympa aussi, mais pas autant qu’à pied !!

Je rencontre sa maman et suis invitée à boire le thé dans le village avec sa sœur et d’autres membres de sa famille. La maison est en taule et il y a un feu au milieu de la pièce qui brûle avec une cheminée pour évacuer la fumée.

Après cette pause inattendue au plus près des locaux, nous repartons pour la grotte. Je retrouve l’ensemble du groupe prêt à manger, super je rentre juste à temps !

Le cuisinier m’a fait une assiette végétarienne séparée, un genre de ratatouille épicée, un régal !! Il y a une très grosse assiette et je goûte également le plat traditionnel qu’il a cuisiné (la viande est à part donc j’aurai eu largement assez…) avec une sauce au yaourt, un genre de crêpe qui sert à manger avec les doigts, du riz et de la salade comme hier. Miaaaaaaaaaaam !!

Une fois la nuit tombée, nous montons nous coucher dans la grotte. Il y a 8 matelas et plein de couvertures. Il fait vraiment bon a l’intérieur, pas besoin de se couvrir comme la veille. Et bonus, nous ne sommes pas réveillés par le soleil !! Nous dormons donc TOUS de 21h30 à 7h00 ! Impressionnant …

Jour 8 : Little Petra et Petra

Après cette nuit réparatrice, un petit déjeuner au pied de la montagne, nous partons pour Petra ! Mais par la porte arrière cette fois. Il faut environ 2h de marche pour rejoindre le site classé ! Une marche dans des paysages toujours splendides et une arrivée au Monastère a 10h du matin, soit, avant l’arrivée massive des touristes ! On est trop bien !

Nous montons au point de vue sur le monastère et je rencontre le plus mignon des bébés chats ! Il miaule en nous voyant arrivés, comme il a l’air beaucoup plus propre que tout ceux que l’on a croisé jusqu’à présent, je m’arrête pour le caresser, ni une ni deux le voila grimpé sur mes genoux accroupis puis sur mon sac à dos ! Je suis l’attraction, les touristes nous prennent en photos ! Après de longues minutes de caresses, j’explique à ce petit chat que je dois continuer l’ascension, je le pose par terre et commence à marcher, le cœur brisé! Ce bébé chat me rattrape et monte à ma jambe comme à un tronc d’arbre ! Le voilà à nouveau perché sur mon dos ! Je le remets par terre et il nous suit jusqu’au sommet ! Il se fait caresser par tout le monde, certains lui donnent à manger, il n’est pas malheureux. Je pars en me retournant plusieurs fois, qu’est ce que j’aurai voulu l’emmener avec moi…

La vue sur le monastère est superbe et nous sommes vraiment contents d’être là relativement tôt, il n’y a pas trop de monde.

Nous continuons notre promenade en descendant les 800 marches qui permettent de rejoindre le centre de Petra. Sur le chemin, nous croisons énormément de touristes sur le dos des petits ânes avec les enfants qui courent à côté… j’ai vraiment du mal avec ce genre de touristes !!

Nous mangeons notre pique nique sur la terrasse d’un restaurant, j’achète mon bracelet symbolique de ce voyage dans un petit stand où Ghassab connaît les vendeuses. Car oui, j’ai une tradition, je ne ramène pas de souvenirs de mes voyages, uniquement un bracelet par pays où je me rends. La plupart sont cassés maintenant, mais je porte toujours mon bracelet du Cambodge, le même que je partage avec maman, celui du Sri Lanka acheté après l’ascension d’Adams Peak, j’ai un bracelet de Sziget, festival hongrois de l’été 2018 et le petit dernier, ramené d’Athènes en décembre. Tous les autres sont rangés dans une petite boite dans ma chambre et il m’arrive de verser une larme juste en ouvrant cette boite au trésor.

En parlant de trésor, après avoir fini de déjeuner, nous décidons de nous rendre tout en haut de la montagne qui surplombe le trésor. L’ascension prend environ une heure, le ciel est couvert aujourd’hui et il y a beaucoup de vent. Les vues sur le chemin sont sublimes, comme toujours en Jordanie ! Nous pouvons apercevoir toutes les montagnes autour, l’amphithéâtre en bas, la route qui traverse la ville du Trésor au Monastère….

Arrivés en haut, nous devons prendre un café pour voir la vue sur l’amphithéâtre , malins les Jordaniens ! Mais une petite pause jus de grenades fraichement pressées n’est pas de refus. La vue sur le trésor d’en haut est certes cliché mais totalement incroyable. On se prête au jeu de la séance photo, un petit chat se joint à moi encore une fois. Nous restons un bon moment sur les coussins installés dans ce café improvisé sur la roche.

Nous nous apprêtons à redescendre quand la pluie se met à tomber, une petite averse, rien de grave, nous continuons notre route. La pluie a fait fuir tous les touristes, j’apprécie d’autant plus ce lieu sacré quand il y a moins de monde !

Le temps est contre nous et nous marchons les 3 matins km du canyon dans le silence, luttant contre le vent… Il faut aussi dire qu’après 4 jours coupés du monde, le retour dans un lieu aussi touristique et bruyant est un choc.

Je ne sais pas où je dors ce soir, je n’ai rien de prévu pour la suite du voyage et sans internet, je n’ai rien pu planifier. J’ai cette idée un petit peu utopique de me rendre dans le désert de Wadi Rum dès ce soir. Il ne me reste plus beaucoup de temps en Jordanie et j’aurai l’impression d’avoir loupé quelque chose si je n’y vais pas.

Alors à 16h, quand le groupe de lituaniens se rend à leur hôtel pour la nuit, Kamile me propose de venir avec eux. Ainsi, je pourrai ENFIN prendre une douche et bénéficier de la wifi. C’est adorable, j’accepte avec plaisir, une douche n’est pas de refus après 4 jours de marche dans la nature.

 

Fin de la randonnée et départ immédiat !

A peine arrivée, j’envoie rapidement des messages à toutes les agences que j’avais noté dans mon téléphone lors de la préparation de mon voyage. A ma grande surprise, les bédouins qui organisent les tours dans le désert sont super réactifs. Je reçois très rapidement des réponses, positives et négatives. L’un d’entre eux, Atallah de la compagnie « Bedouins friends » me propose de me récupérer sur l’autoroute dans 2h. En effet, pour me rendre de Petra à Wadi Rum, il faut environ 2h30 de route. S’il m’attend à la sortie d’autoroute pour se rendre à Wadi Rum, je peux faire 40 km avec lui. C’est super gentil de sa part, mais je ne vois vraiment pas comment je pourrais être là bas dans 2h. Je ne suis pas encore douchée et il est bientôt 17h, il n’y a plus de bus. Atallah me demande où je suis, je réponds à l’hôtel Sunset et cette information lui fait plaisir, il connait le gérant et me conseille de leur demander un taxi pour 25 JD jusqu’à la sortie de l’autoroute. Je descends donc à la réception pour me renseigner. Je n’ai pas le temps de descendre les 2 étages que le gérant a déjà eu Atallah au téléphone, est au courant de mon projet et m’indique qu’il peut appeler un taxi. Je reconfirme le prix avec lui, 25 JD ? Il me répond que c’est impossible, le prix est de 40 JD normalement jusqu’à Wadi Rum, alors certes, si je m’arrête à l’autoroute ce sera un petit peu moins mais je comprends à sa tête que 25JD ce n’est vraiment pas cher pour ce type de trajet.

Les réceptionnistes et le gérant se concertent en arabe et tous se mettent à passer des coups de fil, je ne comprends pas vraiment ce qu’il se passe, est ce que c’est possible ou pas finalement ? est ce qu’il s’occupe toujours de mon histoire ou est ce qu’ils ont changé de sujet ? aucune idée.. Je vais m’assoir en attendant qu’il raccroche pour en savoir plus.

L’un des réceptionnistes vient me voir et m’informe : un taxi arrive dans 10 minutes, pour 25 JD. Waouuu super !! merci beaucoup, choukran ! Et voilà donc la définition même du téléphone arabe !

D’un message envoyé à un guide dans le désert à plus de 2h de route, je me retrouve avec un chauffeur à un super prix en quelques appels ! Incroyable !

Le chauffeur arrive très rapidement, il parle super bien anglais et à un badge « tourist escort ». Il a une voiture super moderne et passe les 5 premières minutes à s’assurer de mon confort : la chaleur, la musique, les sièges, si j’ai soif, faim, besoin d’une pause toilettes… Je le rassure, tout va bien, je n’ai besoin de rien. Et il en sera ainsi tout le trajet, au moins 10 fois il me refera la liste de toutes les choses qui pourraient me manquer. Il est super gentil et nous discutons un petit peu sur le trajet.

Il pleut toujours, beaucoup. Il y a du brouillard, beaucoup. Je ne vois absolument pas la route. Ni les paysages.

Je suis un peu déçue et surtout, j’ai peur de ne pas voir les étoiles ce soir dans le désert où d’avoir un temps pourri. 25 JD pour un trajet en taxi + 50 JD pour la nuit/journée dans le désert, c’est une activité beaucoup plus chère que ce à quoi je suis habituée.

Je regrette un peu d’être partie et d’avoir laissé les lituaniens et Ghassab, je me pose 1 million de questions, est ce que j’ai pris la bonne décision ?

Je découvre également la conduite des jordaniens. Comme il y a du brouillard, ils roulent tous avec les warnings, il y’a donc des lumières oranges qui clignotent à travers le brouillard. Impossible de savoir s’il s’agit d’une voiture accidentée, à l’arrêt, qui roule doucement, qui roule vite … Et en fait, ça dépend !! Je ne suis pas très rassurée. Je découvre avec surprise qu’il y a des dos d’âne sur l’autoroute, qu’il est autorisé de faire demi tour en coupant toutes les voies, de rouler à contresens dans la bande d’arrêt d’urgence, de faire une marche arrière, … !!

J’aperçois également mes premiers panneaux « attention chameaux » !

Mon chauffeur, qui connait également Atallah, l’appelle environ 25 minutes avant le point de rendez vous pour s’assurer qu’il sera bien là à notre arrivée, gentille attention.

Et effectivement, Atallah nous attend sur une branche de sortie d’autoroute dans son gros 4X4. Je pense qu’il m’attend depuis un bon moment car j’ai dépassé les 2h de délai qu’il m’avait annoncé au départ.

La suite, dans le prochain épisode… Je vous raconterai Wadi Rum et ma journée à la Mer Morte !

En conclusion, je vous recommande 1 milliard de fois les services de Ghassab, vous pouvez retrouver son site internet : http://www.jordandeserthikes.com/ et voir tous les avis positifs qu’il a sur Tripadvisor.

La Jordanie est un pays absolument sublime et découvrir ces paysages à pied est une expérience que je ne suis pas prête d’oublier !