Voyage en Roumanie, la Transylvanie en stop! (1)

La Roumanie, c’est un pays où je m’étais promis d’aller pendant mon année à Budapest. Le temps a passé sans que je ne me décide, préférant passer de courtes escapades en Italie, Grèce, Jordanie, Bulgarie … En voyant mon départ de Budapest approcher à grand pas, je ne pouvais plus repousser ! Me voilà donc à chercher un billet et le moins cher c’est pour … Targu Mures ! Où ça ? Je ne sais pas non plus. Je ne vérifie pas vraiment et achète le billet qui est une super affaire sans me poser de question. Après avoir cliqué sur « acheter » je commence à regarder les hébergements, les transports, les endroits à voir dans la région de la Transylvanie … et je déchante ! Des choses à voir il y en a des tonnes ! Des transports et des logements, nettement moins. Ce n’est pas gagné !  Je me dis qu’avec Couchsurfing et en stop je devrais m’en sortir. Et le grand départ arrive très vite, le 26 Mai, en route ! Enfin, en vol ! 

Jour 1 : de Budapest à Sighisoara

Réveil à 3h45, direction le bus pour l’aéroport, ça pique ! Je n’ai quasiment pas dormi, anxieuse ? Peut-être un petit peu. Pas facile de quitter son confort. Même si je l’ai déjà fait auparavant, partir sans rien préparer apporte son lot d’émotions ! 

Arrivée à l’aéroport je prends un grand smoothie pour me donner des forces. A peine dans l’avion, je m’endors comme un bébé et loupe, comme souvent à mon habitude le décollage et l’atterrissage… 40 minutes de vol et me voici déjà arrivée à Targu Mures ! J’avais regardé des photos de l’aéroport sur Google Streetview avant de venir et c’est encore pire que sur internet. Il n’y a rien, strictement rien. 

2 avions décollent et 2 atterrissent chaque jour. Ça fait peu !

C’est très simple, la salle des arrivées est minuscule et en 5 pas on se retrouve sur le parking où il y a uniquement des taxis. Bon, je vais retirer des sous, des Leu au cas où. Je fais 2 fois le tour de la salle de départ et de celle d’arrivée (2 tours sur moi-même du coup, vu la taille de l’aéroport) sans trouver. Je finis par apercevoir un petit distributeur mais là, catastrophe, ma carte ne fonctionne pas ! A moins que ce soit le distributeur qui est en panne, je ne saurai jamais n’ayant jamais eu d’autres soucis avec ma carte par la suite. Je n’ai donc pas le choix, ce sera déplacement en stop jusqu’à la prochaine ville et réellement sans argent pour une fois ! Comme je crois fort fort fort au destin, je sais que ce souci technique est uniquement là pour m’encourager à faire du stop. C’était la petite tape dans le dos dont j’avais besoin pour me lancer ! 

Car oui, le stop en Europe, ça me connaît ! Mais quand je l’ai fait il y a bientôt 2 ans (le temps passe beaucoup trop vite !) j’étais dans un état d’esprit aventurier, je ne côtoyais que des voyageurs dont c’était le quotidien et qui savaient me rassurer quand j’exprimais quelques craintes. 

Maintenant, je suis plus sédentaire, il fallait voir la tête de mes collègues à qui j’ai annoncé la nouvelle avant de partir « je vais voyager une semaine en Transylvanie, en stop! ». Je n’ai pas forcément entendu les mots positifs ni ressenti les bonnes énergies dont j’avais besoin. Ne m’arrêtant pas à si peu, j’avais retrouvé du courage dans des vlogs de stop en Roumanie sur YouTube, sur le site Hitchwiki, la bible des auto-stoppeurs et sur les nombreux blogs de voyage. Et ils avaient raison, ces inconnus voyageurs :

c’est hyper facile le stop en Roumanie ! 





Me voici donc devant la petite route à travers champs où est situé l’aéroport. J’ai besoin de tourner à une intersection dans 2 km, pas question de faire du stop sur une si courte distance, ce sont mes pieds qui vont m’amener à Ughendi ! Et ça fait du bien de marcher au soleil de bon matin (pour rappel, j’ai atterri à 7h30). Ça me réveille et me met en condition. Je chantonne, je rigole, je suis euphorique de cette nouvelle épopée qui démarre ! Arrivée à la fameuse intersection, au rond-point qui me permettra de rejoindre la route qui mène à Sighisoara, je me pose et lève le pouce avec toujours cette sensation d’avoir fait ça toute ma vie et qu’il s’agit là de la chose la plus normale au monde.

5 voitures passent puis un monsieur s’arrête. Il a une jolie voiture, ne parle pas un mot d’anglais / français / hongrois. La conversation est plus que compliquée. Il a une figurine de danseuse hawaïenne qui bouge au rythme de sa conduite sur le tableau de bord, c’est assez surprenant ! Les paysages sont extrêmement verts et vallonnés. Nous doublons une sorte de calèche tirée par des chevaux sur une route à 90 (ou à 80 comme on dit maintenant). Tout est normal.




Mon chauffeur essaye de parler mais je ne comprends rien du tout, en revanche, il comprend où je vais et me dépose parfaitement au bon endroit, à une station essence dans le sens où je dois aller. Il y a un restaurant avec une très vieille voiture dans le jardin, je prends une photo et un monsieur qui travaille au restaurant fait comme s’il allait venir poser à côté en rigolant, je suis une vraie touriste dans la pampa roumaine !

Moins de 5 minutes après, une voiture s’arrête. 2 papys à l’intérieur, pas un mot d’anglais ni de hongrois, c’est compliqué ! Alors que l’on roule, le bip bip de la voiture ne s’arrête pas, le conducteur n’est pas attaché. Je ne sais pas s’il est un peu sourd ou comment il fait pour juste ignorer ce bruit insupportable. Après quelques minutes, le bip s’arrête. Nous roulons dans la campagne profonde et les odeurs vont avec. J’aperçois des vaches, des chèvres, des chevaux dans les prés tout autour. Je ne m’inquiète donc pas. Après encore 5 minutes je réalise que l’odeur vient de la voiture. Je suis assise à l’arrière et il semblerait qu’il y ait des passagers dans le coffre. J’entends des « cuicuicui » derrière moi, j’opte pour des poussins ! Voyage sonore et odorant mais j’arrive 20 km plus loin quand le conducteur me baragouine quelque chose, je comprends qu’il doit tourner et me dépose là. Pas de souci ! Je les remercie et descends. 

Je suis à une nouvelle intersection au milieu de nulle part. Les femmes ici sont habillées en « tenue traditionnelle ». Longues jupes colorées à rayures, haut uni, longs cheveux. Je ne m’y attendais pas ! Après à peine 5 minutes une nouvelle voiture s’arrête. Un homme seul. Il a l’air de connaître quelques mots, alors quand je me présente et que je dis (en hongrois car apparemment c’est censé être la langue étrangère qu’ils maîtrisent le mieux dans cette région) que je suis française, il me regarde avec de grands yeux et répète « française ? Je parle un petit peu français » 

En fait de « un petit peu », il parle un très bon français !! Grammaire et vocabulaire impeccables ! Il met un peu de temps à chercher ses mots mais il s’exprime très bien, il m’explique qu’il est professeur pour des enfants en difficulté et qu’il est en train d’ouvrir son école. Il a appris le français durant ses études il y a plus de 30 ans et n’a pas pratiqué depuis ! Il est lui-même surpris de constater qu’il se souvient très bien. Il m’explique que les rues sont vides car les habitants sont allés voter ce matin pour les élections européennes. Il me recommande des choses à voir et à manger. Je lui demande de m’apprendre à dire bonjour et merci en roumain, conclusion, c’est pas évident ! Je passe le reste du séjour à m’entrainer à prononcer le merci : « Mulțumesc » qui ressemble à « moulsoumesk », enfin je crois… 

Super trajet ! Il est adorable et je le remercie chaleureusement lorsqu’il me dépose à l’entrée du centre-ville piéton de Sighişoara.

Sighişoara, jolie ville classée au patrimoine mondial de l’UNESCO

Il est 8h30, heure de Budapest et j’ai l’impression d’avoir déjà vécu une journée ! Avec le décalage horaire, il est en fait 9h30 en Roumanie. Je me dirige vers la seule auberge de jeunesse que j’ai repérée sur internet, Burg Hostel. La gérante a l’air sincèrement surprise de me voir alors qu’elle fume sa cigarette sur la terrasse. Elle me dit que la chambre n’est pas prête mais je peux poser mon sac « là-bas » avec un geste de la main vers les cuisines du restaurant et revenir quand je veux. Le tout avec le sourire et de façon agréable mais c’était un accueil surprenant ! Les cuisines sont au sous-sol dans une cave voûtée. Très sympa ! 

Puis, c’est l’heure de dénicher à manger ! Beaucoup de pizzerias partout, je me laisse tenter ! De toute façon, les spécialités roumaines sont à base de viande, je vais passer pour cette fois ! Je choisis la pizzeria Al Forno, je l’ai aperçue en arrivant et elle me tentait bien. Sur le chemin je vois une banque et en profite pour retirer, ça fonctionne du premier coup ! Je ne suis plus pauvre !! J’appelle maman pour lui souhaiter une bonne fête et commande une pizza. Je suis épuisée et il n’est que 11heures ! La pizza est bof, pas mauvaise mais pas exceptionnelle. 

Je me promène, je prends mon temps, me perds dans les petites rues du centre-ville. Je découvre l’hôtel de ville, des églises, de jolis monuments, c’est incroyablement coloré !

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Je me dis que personne ne doit être triste ici, ils voient la vie couleur arc en ciel ! 

La plupart des maisons ont un écriteau « monument istoric » j’adore comme les roumains ont simplifié notre langue française si compliquée ! Beaucoup de mots ont des racines latines et il est assez simple de déchiffrer ce qui est écrit, ça me change du hongrois ! Je vois par exemple des « Coafor » vous l’aurez compris, des coiffeurs. Il y a aussi les « Salon de toaletaj canin », je vous passe la traduction 😉 J’aime vraiment beaucoup l’atmosphère paisible de Sighisoara même si je croise par moments des bus de touristes … 

Je monte ensuite par le chemin « normal » jusqu’à l’église sur la colline. Au sommet du village, je découvre une église, un immense cimetière et une école. En 1642, ils ont construit un chemin abrité menant jusqu’à cette école pour que les écoliers puissent s’y rendre lorsqu’il pleut. Ce chemin est en fait un escalier en bois, vraiment très sympa ! 2 hommes y jouent de la musique et proposent leur CD à la vente. Je m’assois au soleil à proximité et me repose au son de leur musique. Puis je redescends de ma colline en empruntant le fameux escalier ! Je me perds à nouveau dans les ruelles et prends beaucoup trop de photos….

Je décide de monter en haut de la tour de l’horloge, l’emblème de la ville qui culmine à 64 m de haut ! L’entrée coûte 15 Leu (3€) et il faut ensuite grimper jusqu’au sommet.

A chaque étage, des objets anciens sont exposés, des meubles, des instruments utilisés en médecine, des objets appartenant à cette tour, et tout en haut, le mécanisme de l’horloge !

Il y a 7 marionnettes qui apparaissent chaque jour à côté du cadran de l’horloge. Une par jour et chacune a sa signification.

Je grimpe les dernières marches et suis fascinée par la vue. Des petits toits en brique surmontent les maisons colorées, on dirait encore plus un village de poupées ! C’est féerique. Je reste très longtemps là-haut à faire le tour de la tour.

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Direction un petit restaurant Medieval Cafe pour une pause gourmande. Je prends un gâteau traditionnel à la rhubarbe et un café pour gagner des forces !
De la petite cour intérieure, j’aperçois le sommet du clocher de la tour !

Puis c’est l’heure d’une petite sieste à l’ombre… vite interrompue par des touristes ! Direction la jolie cathédrale que j’ai aperçue de loin. Je traverse la rivière, malheureusement, j’ai loupé les heures d’ouverture et me contenterai donc de la voir de l’extérieur. 

Je longe la rivière, traverse le pont, essaye de repérer un endroit stratégique pour faire du stop le lendemain, il faudra que je reparte d’ici mais la route n’est pas très large et à part à un arrêt de bus, ça risque d’être compliqué pour que les voitures s’arrêtent. Tant pis, je découvre par la même occasion la partie du village qui ne fait pas partie du centre historique mais qui est également pleine de vie et colorée ! Je me rends compte que tout le monde a l’air heureux… puis je me rappelle que c’est juste que je me suis habituée à la Hongrie et à leur absence de sourire !

Retour à l’auberge pour prendre possession de mon lit et je l’espère, rencontrer des jeunes avec qui papoter ! Malheureusement, je suis toute seule dans ma chambre. La gentille dame qui s’occupe du lieu me dit qu’elle a une réservation pour un garçon qui arrivera tard. Bon, c’est raté pour les rencontres ! Je me douche, enfiiiiin, je me sens propre après cette très longue journée ! J’attrape mon livre et pars bouquiner dans un parc au bout de ma rue en attendant le coucher de soleil. Des chinois me prennent en photos bien que je leur aie gentiment demandé d’arrêter. L’un d’eux s’assoit à côté de moi et me fait comprendre qu’il ne sait pas / n’aime pas lire. Je m’en fiche en fait ! Tu ne parles pas anglais, tu m’empêches de lire, tu me prends en photos et tu perturbes ma tranquillité ….. zen …..

Il reste 2 heures avant que le soleil ne disparaisse derrière la colline, mon corps réclame le sommeil, tant pis pour le coucher de soleil. Je fais un dernier tour du centre-ville pour prendre encore plus de photos des maisons colorées et je rentre grignoter mon dîner et aller me coucher. 

Fin d’une première longue mais belle journée !

Jour 2 : Sighisoara – Brasov 

Je me réveille après 11 heures de sommeil bien mérité ! Et j’aperçois mon voisin de chambre assis dans son lit. On fait connaissance, il est roumain et habite à Brasov qui est ma destination du jour ! Je lui demande ses recommandations de choses à faire là-bas et il m’explique qu’il travaille pour l’organisation des free walking tours de la ville (ça explique en partie son excellent anglais !). Il me recommande d’y aller à 18h, parfait c’est noté, j’y serai ! 

Je me mets rapidement en marche, il y a 100 km jusqu’à Braşov et j’ai déjà bien fait le tour de la jolie Sighişoara. Sur le chemin, je cherche une boulangerie où je pourrai m’acheter quelque chose pour le petit déjeuner. J’aperçois deux jeunes filles en train de manger une viennoiserie, j’essaye de lire discrètement le nom sur l’emballage et arrive à déchiffrer « Gigi ». Je regarde sur maps.me et bingo ! Boulangerie à 200 m. Quelle surprise de voir la queue devant cette petite fenêtre qui donne sur la rue. Il y a une grande baie vitrée qui permet de voir le monde qui s’affaire à l’intérieur à fabriquer des petites viennoiseries. C’est encore mieux que ce que je cherchais. Il y a un genre de gros beignet mais pas sure de ce qu’il contient, je me rabats sur un genre de Pretzel à la cerise. Trop bon ! 

Je mange en rejoignant la route qui mène à Braşov. Comme je l’avais bien vu la veille, ce n’est pas un bon endroit où lever le pouce. Je tente pendant quelques minutes à l’arrêt de bus mais je sens rapidement que personne ne s’arrêtera. Je passe inaperçue au milieu des personnes qui attendent le bus. Je marche donc sur un petit chemin piéton surélevé jusqu’au prochain endroit où une voiture pourrait s’arrêter. Après plus de 2 km, je suis toujours dans la ville (ce qui n’est jamais bon pour faire du stop car les gens ne comprennent pas où tu vas, ou s’arrêtent dans le village…) et il n’y a toujours pas de place. Je me retourne pour voir le chemin parcouru et souffler un peu, il fait déjà chaud et je ne sais pas marcher lentement, quand je me retrouve nez à nez avec un mini bus / van blanc. Je lis « Braşov » sur le pare-brise. Le bus s’arrête quelques mètres plus loin pour déposer des voyageurs à la volée et je me rapproche rapidement. Le chauffeur m’indique qu’il peut me prendre pour 25 leu (5€). Je ne réfléchis pas longtemps et saute dans le bus. 

Je suis au fond et ne vois donc pas la route qui est censée être jolie dans ces environs, mais le minibus est complet et je ne peux donc pas bouger. 

Je m’endors très rapidement pour me réveiller plus d’une heure après au son de la mélodieuse voix d’une passagère qui hurle des choses en roumain à côté de moi. Tout le monde l’ignore. Je crois comprendre qu’elle se rend à l’hôpital pour des problèmes de santé et qu’elle a froid car assise en dessous de la clim. Tout le monde l’ignore, elle me fait un peu de peine. Mais en fait, elle criera en boucle tel un disque rayé pendant les 20 minutes qui suivent. Et finalement je comprends pourquoi tout le monde l’ignorait ! Il y a des musiques sympas qui passent à la radio. J’écoute d’une oreille en tentant de rester éveillée pour apercevoir les montagnes qui nous entourent. La route tournicote. Quand une chanson me semble familière… Indila, Tourner dans le vide ! Je ne m’y attendais pas. 

J’arrive à Braşov après près de 3 heures de route, je suis contente d’avoir pu redormir un peu et d’arriver de bonne heure. La station de bus est à 4 km de l’auberge que j’ai repérée. J’applique la fameuse règle : moins de 5 km je marche ! c’est parti ! Je longe la route principale, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux… je suis surprise par la taille de la ville ! C’est grand et ça a l’air beaucoup plus développé que ce à quoi je m’attendais. Au détour d’une rue j’aperçois une énorme montagne avec les lettres blanches BRAŞOV à la Hollywood ! Trop bien, j’adore ! Ces lettres me guident jusqu’au centre de la ville qui est littéralement au pied de la montagne.

Je me dirige vers mon auberge « Carousel hostel » qui est en fait nommée « Devil Clown » quand j’arrive devant… à l’intérieur, une déco très atypique, j’entends par là, des centaines de clowns partout !!! Particulier ! La dame à la réception n’est pas aimable du tout, ça va que l’auberge n’est pas chère et bien située !! Personne dans ma chambre quand j’arrive, je pose donc mes affaires et direction : manger !

J’ai repéré un petit restaurant avec des options végétariennes (pas simple dans ce pays, à part les pizzas) qui est très bien noté sur Trip Advisor. Je me rends donc chez Simone, c’est le nom du resto. Ça ne paye pas de mine de l’extérieur mais l’intérieur est très sympa. Il y a uniquement le menu du jour avec une soupe, 2 plats (un végétarien et un avec viande) et un dessert. Je commande soupe et plat : un régal, je ne suis pas déçue ! 

Je me balade dans un parc, les hommes âgés jouent aux échecs pendant que des femmes s’occupent de l’entretien des jardins publics. Tout au long de mon séjour, je réalise qu’il y a beaucoup de jeunes, d’enfants, d’ados, beaucoup de femmes enceintes, de poussettes … ça a l’air d’être un pays très jeune ! Et tout le monde a l’air heureux.

(Je suis peut-être toujours biaisée après 1 an à vivre en Hongrie…). 

brasov roumanie stop ville
La place principale de Brasov

Je me promène de long en large dans le petit centre-ville. Je veux visiter les musées mais ils sont fermés le lundi, raté ! Je décide donc de me rabattre sur le mont Tampa mais le téléphérique qui permet de s’y rendre est fermé et à pied, je ne sais pas combien de temps il faut, je ne voudrais pas être coincée là-haut pour la nuit. 

Après une promenade le long des remparts, car oui, Braşov est une ville fortifiée, je finis par m’asseoir au soleil sur un banc, c’est ça le bonheur ! Retour ensuite vers le centre-ville historique, je suis toujours fascinée par les façades des maisons colorées.

La place principale est immense et vraiment agréable. Au centre, une fontaine et tout autour des terrasses de restaurants ensoleillées. J’aperçois un clocher d’église et me rapproche, je rentre dans un petit couloir qui mène à une cour intérieure, c’est hyper mignon ! Juste à côté de ce petit coin secret se trouve un magasin de glaces 100% naturelles : EISkalt. Excellentissime ! 

Puis c’est enfin l’heure du free tour, je me rapproche donc de la fontaine qui est le point de rendez-vous et là surprise ! Le groupe de personne qui se rapproche est plutôt … âgé ! En général, dans tous les free tours que j’ai fait en Europe, la moyenne d’âge devait être aux alentours de 30 ans. Ici on est sur une moyenne au-dessus de 60 ans ! Pas sûre de rencontrer d’autres backpackers … 

Le tour est intéressant, la guide nous explique que la ville de Brasov était située entre l’empire Ottoman et l’Europe de l’ouest, bénéficiant d’une loi exemptant les taxes, elle est devenue un carrefour important pour les marchands saxons. La ville était donc sous l’influence germanique, ville fortifiée, entourée d’une muraille et de petites tours, elle s’est ensuite étendue tout autour. Le monument principal de la ville est l’église Noire, son nom vient d’un incendie survenu au XVIIe siècle. Nous passons ensuite de nombreux jolis bâtiments, beaucoup d’églises, l’une des ruelles les plus étroites d’Europe, une synagogue, la porte de Catherine qui nous permet de rejoindre le quartier Romain de la ville ! Nous terminons notre tour vers la première école de Roumanie. Il s’agit d’un endroit d’enseignement où ont été stockés, pendant la période communiste, de nombreux ouvrages et livres religieux ou scolaires en langue roumaine datant du XVIe siècle. 

Fin du tour, vers l’ancienne école.

Suite à cette visite je vais m’acheter un cornet de frites, après avoir vu tout le monde en manger cette après-midi, je suis tentée ! Et je ne suis pas déçue, face au coucher de soleil sur la place principale, je me remémore ma journée et ses jolies découvertes ! Je suis trop heureuse d’être là, vraiment ravie ! Après avoir marché pas moins de 20 km, il est temps de rentrer à l’auberge, j’ai acheté de quoi me faire une grosse salade composée, un régal. Dans la cuisine je rencontre 1 argentine, 2 espagnols et un franco-argentin. Nous discutons un petit peu, la conversation tourne vite à l’espagnol, je n’ai pas l’énergie nécessaire pour m’accrocher à suivre la conversation dans cette langue. Je vais donc me coucher, tente de lire mais m’endors épuisée après quelques minutes. 

Jour 3 : Brasov – Rasnov – Peles 

Nouvelle journée, je prends mon petit déjeuner au sous-sol de l’auberge (avec les clowns). Petit déjeuner vraiment basique, mais bon, ce n’est pas cher alors je ne vais pas me plaindre. J’hésite un petit peu sur mon programme de la journée, aujourd’hui j’ai prévu visite de châteaux ! Mais j’ai décidé de faire l’impasse sur le célèbre château de Bran, le château de Dracula. De ce que j’ai entendu, c’est cher, extrêmement touristique et ça ne vaut pas tant le coup que ça…  Je décide donc de me rendre à celui de Rasnov, un château en haut d’une colline à 15 km de Brasov. 

Je marche depuis mon auberge jusqu’à l’embranchement d’où part la route qui va dans cette direction. Je cherche vaguement la station de bus, mais je me rabats très rapidement sur le stop, ça sera beaucoup plus simple ! 

Une station-service, parfait, je lève le pouce, un homme s’arrête à peine 5 minutes plus tard, il parle anglais mais n’est pas bavard, après 2-3 tentatives infructueuses pour lancer la conversation, je me contente du silence. Arrivée à un rond-point, je remarque qu’il ne prend pas la bonne direction, je lui demande donc de s’arrêter pour que je puisse partir en direction de Rasnov. Il me regarde et me dit « Rasnov ? haha, avec ton accent je n’avais pas compris ça, oui c’est l’autre route ! ». Je m’étais pourtant appliquée pour le dire bien « Rachnof ». Il est désolé pour ce quiproquo et s’arrête immédiatement, je repars donc dans le bon sens. 

La première voiture s’arrête pour m’amener plus loin, c’est un papy dans une camionnette qui ne parle pas anglais mais il va à Rasnov donc c’est parfait ! On échange comme on peut malgré la barrière de la langue, il est curieux de ma présence ici. Il me pose en plein centre de Rasnov, j’adore vraiment ces petits villages saxons, colorés avec une montagne derrière. La rue qui mène au pied de la colline est trop mignonne. Je me sens seule au monde, il n’y a aucun touriste. 

Arrivée au pied de la montagne, je choisis d’emprunter les escaliers, hors de question de faire ma flemmarde et de prendre le funiculaire pour monter. Je me balade dans la forêt, commence à apercevoir la ville et les alentours (la campagne, des champs et d’autres champs). Puis, je me retrouve derrière les remparts, je suis absolument toute seule et j’adore ! Je passe une première porte dans le mur de garde et me retrouve de l’autre côté, face aux montagnes enneigées. C’est trop beau ! Il y a énormément de vent, je m’envole ! Je lutte jusqu’à l’entrée principale, ici juste un bus scolaire rempli d’enfants, toujours pas de touristes en vue. 

Après avoir payer 12 LEU (2,5€), je pénètre à travers la grande porte d’entrée. Je découvre enfin le château, imposant au bout de son petit chemin entouré d’herbe verte. Je grimpe tout d’abord dans la tour de garde qui surplombe l’entrée, les escaliers en bois grincent sous mes pas et pour redescendre, c’est très étroit, gare à la chute ! 

Direction l’intérieur du château, c’était en fait un village et il y a plein de petites maisons (reconverties en magasin de souvenirs, pas trop touristique mais quand même…). La visite est vraiment agréable, je monte au sommet de la colline, au milieu du village. Je m’assois sur un rocher pour contempler la vue sur les montagnes, je ressens un sentiment d’apaisement incroyable. Malheureusement à cause du vent, je repars rapidement, je n’ai plus un cheveu sur la tête ! 

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Le reste de la visite est toute aussi sympa, c’est vraiment un moment hors du temps ! Je finis par redescendre, la journée n’est pas terminée, j’ai prévu de me rendre au château de Peles situé à 40 km par une petite route dans les montagnes.

Après 3 km de marche, je suis à l’intersection repérée sur la carte. La route est vraiment petite et peu passante. Les premières voitures passent devant moi puis une dame s’arrête, c’est tellement rare, je suis trop contente, malheureusement elle ne parle pas un mot d’anglais et moi pas un mot de roumain, du coup elle préfère repartir sans moi. Dommage… 

Quelques minutes s’écoulent, personne à l’horizon. Puis une fourgonnette blanche arrive, je fais un grand coucou et la camionnette s’arrête. Le conducteur parle plutôt bien anglais et est adorable ! Il ne comprend absolument pas ce que je fais là et me dis que je suis courageuse, que c’est dangereux. Je lui dis que je tombe toujours sur des personnes intéressantes et ce sera plus que prouvé durant ce trajet. 

Il m’explique qu’il est rénovateur de monument historique, il a travaillé sur plusieurs châteaux, églises et monuments de la région. Passionné par ce qu’il fait, il est à son compte et a une dizaine d’employés. Malheureusement ça l’empêche de partir en voyage comme il le souhaiterait puisque ces 10 emplois dépendent de lui. Il a quand même réussi à passer plusieurs semaines en Espagne cette année avec un ami. Alors que l’on roule, il me montre un panneau « Pique-nique » et m’explique qu’il s’agit d’un camping. Je ne comprends pas vraiment puis il me demande si je veux voir, que c’est un bel endroit, vous me connaissez, j’accepte immédiatement. On s’engouffre sur un petit chemin de terre, il y a des chevaux partout. Ce haras est tenu par un monsieur qui aide les enfants handicapés ou en situation compliquée à monter à cheval et gérer leurs émotions par l’équithérapie. Les chevaux sont magnifiques, il ouvre les fenêtres en grand et me dit de prendre des photos. Je me retrouve en plein safari en Roumanie, improbable ! 

Après les chevaux, ce sont les vaches qui sont au milieu de la route, sans barrière. Elles sont libres et il m’indique que c’est la race de vache la plus courante en Roumanie, je n’y connais rien, je le crois sur parole ! On est entourés par les montagnes, c’est vrai que c’est super beau.

Il m’explique en râlant que les personnes les plus riches de Roumanie viennent construire leurs maisons ici et que ça dénature complètement le paysage. En plus ce sont des maisons de vacances donc elles ne sont occupées que quelques semaines par an alors quelles gâchent la vue toute l’année aux résidents des alentours. Au bout du chemin, on fait demi-tour pour retourner sur notre axe. Il fait cette route tous les jours car il habite vers Sinaia (où se trouve le château de Peles) mais il travaille sur un chantier vers Rasnov en ce moment. Sa famille habite toujours près de Sinaia, ils aimeraient bien que mon conducteur se marie, il avance dans l’âge et n’a pas de femme ni d’enfant. Il m’explique que c’est son choix, il n’aime pas les contraintes et les histoires d’amour c’est trop de problème. Je ne vais pas le contredire ! 

La route se met à grimper et tournicoter, nous sommes en altitude, nous devons passer un col pour nous rendre de l’autre côté. Il a une radio reliée à ses amis qui se met à grésiller puis j’entends des voix en roumain. Il m’explique que la police est à un certain endroit alors on doit rouler doucement. Pas de souci ! 

En fait, au moindre incident sur cette route (panne, accident, neige, pluie…) la route est fermée à la circulation, c’est pour cela que la radio est très importante ! Nous sommes vraiment sur une toute petite route. Les paysages sont top, les montagnes qui nous entourent gigantesques, c’est impressionnant. Arrivés à Sinaia, il me dépose en bas de la route qui monte au château, il me tape dans la main, me souhaite bonne chance et je lui rends avec un grand sourire. Une nouvelle belle rencontre. 

Je n’ai pas encore déjeuné et commence à avoir faim, on a mis plus d’une heure et demie à faire 40 km, il est plus tard que je pensais, j’ai peur de manquer de temps alors tant pis, j’attraperai un paquet de chips sur la route. Ça monte, je dois être dans la bonne direction, aucun panneau n’indique le château alors qu’il est quand même connu ! Des voyageurs me l’avaient recommandé durant mon escapade en Bulgarie le mois dernier. Je demande à un couple qui se promène dans le parc, ils me confirment que je suis dans le bon sens. J’arrive finalement face à un monastère, sublime ! Je prends quelques photos, finie la tranquillité de ce matin, j’ai retrouvé les touristes 😉 

Le chemin pour se rendre au château commence derrière le parking, de nombreux stands sont installés de chaque côté du chemin. Vente de produits « traditionnels », des tenues colorées, un genre de nougat, du miel, … Et les traditionnels stands à touristes que l’on retrouve partout dans le monde. Je continue ma route jusqu’à apercevoir le fameux château. Splendide ! Un vrai château de princesse Disney. L’herbe est parfaitement verte, le ciel est bleu, on dirait une carte postale. 

La visiste du château n’est pas donnée et il est interdit de prendre des photos (ou alors il faut payer le double). L’intérieur est extrêmement bien entretenu et on est transporté à une autre époque. Je recommande la visite ! 

Photo volée à l’entrée…

Balade dans le jardin, jusqu’au château d’à côté qui ne se visite pas puis je redescends vers la route à travers les bois, à l’ombre des arbres, il fait super beau et chaud ! 

Au bord de la route, c’est reparti, je lève le pouce pour le retour jusqu’à Brasov ! D’autres personnes attendent également, même des familles avec des enfants, c’est une route très passante qui rejoint Bucarest. Un monsieur s’arrête, il conduit une fourgonnette de pharmacie avec 3 places à l’avant. Il ne parle pas anglais mais arrive à me parler d’une course qui a opposé la Roumanie et la France il y a quelques années. Il tente aussi de me parler des poteaux électriques français (?). Une dame âgée attend au bord de la route qu’un conducteur s’arrête, les roumain(e)s qui font du stop ici ne lèvent pas vraiment le pouce, ils se contentent d’attendre généralement. Le conducteur me fait signe de me décaler avec un grand sourire et il ralentit pour quelle vienne avec nous. C’est une première !! Nous sommes deux auto-stoppeuses. Je comprends que ce monsieur a l’habitude d’aider les personnes qui ont besoin d’un moyen de transport sur cette route. La dame descend et dépose un billet de 5 Leu au chauffeur (1€). J’avais vu sur internet que c’est courant en Roumanie de donner un petit billet lorsqu’un chauffeur nous prend en stop. Je ne l’ai pas fait depuis le début et personne n’a eu l’air offensé. A l’arrivée à Brasov, je donne donc moi aussi un billet, de 10 Leu comme je suis restée beaucoup plus longtemps que la dame, ça me semble approprié. Mais je n’en sais rien. Le monsieur me remercie grandement et repart. Une jolie rencontre même si les échanges ont été plus compliqués. 

Je marche les 5 km qui me séparent de mon auberge. A mon arrivée, je m’installe pour lire sur la terrasse de ma chambre, je suis face aux lettres « BRASOV » sur la colline, pas trop mal comme décor pour 7€ la nuit ! Une jeune fille des Philippines est en plein tour d’Europe, elle me raconte ses prochaines destinations dans les Balkans, je suis ravie de pouvoir lui faire partager mon expérience. Je réalise que cela fait déjà 2 ans que j’ai fait mon voyage en Europe… Le temps passe beaucoup trop vite ! Les villes que je lui recommande comme « non touristiques, backpacker friendly et trop bien » ont dû changer en 2 ans. C’est dingue, j’ai l’impression que c’était hier. 

Je suis à la moitié de mon séjour et pour l’instant tout se passe comme prévu, voire mieux que prévu ! Le stop c’est hyper simple, les roumains sont adorables, j’adore l’architecture colorée… Le seul bémol, c’est le manque de rencontre avec d’autres voyageurs, je me sens un peu seule! Où sont les backpackers ?

La suite c’est juste ici : Voyage en Roumanie, la Transylvanie en stop! (2)