Retrouvailles avec Maman et découverte de la Bosnie Herzégovine : Sarajevo et Mostar !

Après mes 10 jours en Albanie, je pars en Bosnie-Herzégovine rejoindre Maman ! J’ai eu énormément de retours positifs sur ce pays et c’est donc avec une certaine excitation que je m’y rends ! Retrouvailles à Sarajevo puis on se dirigera vers Mostar pour voir son célèbre pont.

 

Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine !

 

Maman : Il y a 7 mois et 7 jours que nous avons quitté Léna à l’aéroport de Phnom Penh au Cambodge. C’est très long pour des parents ! Alors on a décidé de venir la voir, là où elle sera… C’est le jour tant attendu, mon mari n’a pas pu se libérer, il m’accompagne à l’aéroport, je pars donc seule rejoindre Léna pour 10 jours. 3:30 nous quittons la maison pour Toulouse, j’arriverai à Sarajevo à 12h30 après une escale de 3 heures à Munich.
Petit conseil : allez tout au bout de la salle d’embarquement près des grandes baies vitrées, vous trouverez des salons avec fauteuils, canapé, des sièges pour s’allonger face au soleil levant trop bien !
J’espère pour vous que vous ne rencontrerez pas le pot de colle qui a envahi mon espace de méditation et me trouvant peu loquace, a fini par me demander : je vous ennuie quand je vous parle ? …. Euh, comment dire et rester polie ?

Léna : De mon côté, la nuit a été longue. J’ai pris un bus de nuit de Podgorica (capitale du Monténégro) jusqu’à Sarajevo. Sauf qu’au lieu d’arriver à 6h, mon bus est arrivé à 4h !! J’ai donc débarqué à l’aéroport (après 3 km de marche !) de très bonne heure avec l’espoir de pouvoir m’allonger dans un coin et finir ma nuit. Malheureusement, c’est un petit aéroport et il n’y a pas vraiment d’espace pour dormir. Quand j’arrive il est presque 5h … je trouve une table dans un coin, à côté d’une prise et c’est donc pliée en deux que je vais grignoter quelques heures de sommeil. A 7h, je suis réveillée par le gérant du café. Bon, c’était rapide ! 3 cappuccinos, un paquet de gâteaux, un film, plusieurs heures de blog plus tard, le vol de Munich est annoncé, je suis prête à accueillir Maman !!! Trop contente !!! Trop fatiguée !!!

Maman : A l’arrivée Léna est là ! Émotion, joie, larmes, la toucher, enfin ! La prendre dans mes bras ! L’embrasser !
Nous nous dirigeons vers la sortie et les taxis pour un début en douceur …
Le taxi dit que notre guesthouse est à 30 kilomètres et donc 15€ tandis que maps.me annonce 10 km et le manager de notre chambre a envoyé un mail précisant pas plus de 10€ ! Léna ne se démonte pas 10 km et donc 10€ ou rien ! Ce sera rien !
On sort donc de l’enceinte de l’aéroport à pied !
On marche un peu, un taxi est arrêté mais pas disponible au bord de la route, il appelle un de ses collègues qui nous prend en charge pour 10€ … Léna a eu raison de s’entêter, il suffisait de s’éloigner de l’aéroport pour voir les prix baisser. Nous arrivons dans un quartier piéton et le taxi nous dépose à proximité de notre adresse. C’est parfait ! Super guesthouse, bon choix ma fille ! Chambre à deux lits décorée rouge, cuisine rouge trop mignonne …

Léna : Nous arrivons à Seven heavens en plein cœur de la ville. J’ai dû revoir mes critères habituels, pas de dortoir avec Maman mais sans exploser le budget non plus ! J’ai trouvé le parfait compromis dans cette petite auberge et ce qui m’a décidée c’est le rouge, sa couleur préférée, je voulais marquer des points pour nos deux premières nuits ! Je ne suis pas sûre du degré de confort que l’on trouvera par la suite…
Telle Mary Poppins, Maman sort de son sac mes anciens habits d’hiver : OUIIII, enfin je vais changer de fringues ! Et surprise, je rentre encore parfaitement dans mon jean ! Le régime je-voyage-en-Europe-ça-coute-plus-cher-donc-je-mange-moins à l’air de fonctionner ! En parlant de nourriture… Je n’ai pas mangé à part quelques gâteaux à l’aéroport et il est déjà 14h30 ! Explosion de saveurs en vue, aujourd’hui c’est repas français à Sarajevo !!! Confit de canard, pâtes, saint nectaire et pomme de Mellecey. MIAAAAAM ! Trop trop bon ! Merci Mamounette !

Maman : Après avoir beaucoup papoté, donné des nouvelles des uns et des autres, nous nous mettons en route pour découvrir la ville. Nous habitons le vieux quartier. Nous sommes entourées de petites ruelles bordées de minuscules commerces vendant foulards, habits, objets en tous genres, artisanat, salon de thé, café, mosquées, églises, musées, restaurants traditionnels …. et beaucoup de monde partout, locaux et touristes.

Ce soir, pour nous, ce sera un retour à l’hôtel pour manger le foie gras qui nous attend au frigo ! Puis, en route pour une bière mais il n’y a que des salons de thé … !!! Nous réalisons que nous sommes dans le quartier musulman !!! En même temps 85% de la population est musulmane dans cette ville. Oups on tourne un moment puis la population change et maintenant ce ne sont que des cafés spécialisés dans le café que nous trouvons, toujours pas de bar ! Heureusement maps.me nous sauve, les 3 bistrots étaient dans notre rue un sous notre guest et les deux autres juste en face !! Il y a une logique, c’est le quartier touristique ! Nous nous asseyons, prenons une bière bien méritée après cette longue marche, puis nous avons juste à traverser la rue pour rejoindre notre chambre.

Le premier matin, nous nous réveillons tranquillement quand je vois une araignée qui monte près de moi le long du mur, le temps d’alerter Léna qui essaie d’ouvrir les yeux, elle poursuit son chemin sur mon lit, je bondis sur mes pieds, après quelques murmures bien étouffés (ou pas) une agitation maîtrisée (ou pas), sous le regard de Léna en mode réveil au fond de son lit, j’attaque un mouchoir à la main, je me déclare grande guerrière victorieuse de l’araignée monstrueuse devant ma fille, médusée par tant d’énergie matinale, qui m’indique juste : la poubelle est derrière toi !

Léna : Quel réveil…. Et il n’est que 7h du matin ! Après avoir dormi avec un gecko énorme au Cambodge, elle hurle pour une petite araignée de rien du tout… On prend alors le petit déjeuner, un mélange de tout ce qu’on a, au menu : du pain bosniaque, de la pâte à tartiner de Bourgogne, du thé Sri Lankais, une grenade du Monténégro, très international ce repas ! Puis, on part pour le free walking tour avec Neno ! En se promenant le long des quais pour rejoindre notre point de départ face au théâtre, on remarque un gros bâtiment jaune et vert le long des quais. Je le trouve très moche, maman trouve qu’il est assorti aux arbres, aux couleurs de l’automne… Le guide nous le confirmera c’est “the ugliest building” comprendre : le plus moche ! Il n’en est pas fier haha !

Maman : Le guide est jeune et très sympa. Son anglais est très bon mais fortement marqué par un accent bosniaque : les R sont tous prononcés et les W deviennent des V … super pour moi qui ne pratique pas souvent l’anglais, je comprends plutôt bien les explications, c’est parti pour 2h30 d’histoire passionnante.

Léna : Comme vous commencez à en avoir l’habitude, quelques infos sur la ville :

La ville de Sarajevo est créée par les ottomans au XVème siècle, une des plus importantes villes des Balkans. En effet, l’actuelle Bosnie-Herzégovine (très important de ne pas oublier “Herzégovine” !!) a pendant 400 ans été part de l’empire ottoman. Par conséquent, le pays est fortement imbibé de la culture du Moyen Orient. On y retrouve, bien sûr, la religion musulmane, mais aussi l’architecture et les nombreux salons de thés, cafés, shisha, marchés façon bazar…

Suite à cette occupation, c’est sous l’empire austro-hongrois que s’est retrouvée la Bosnie-Herzégovine pendant 40 ans (1878-1918). Cette période a été propice au développement du pays, notamment avec l’apparition de l’électricité, d’un circuit ferroviaire ultra performant (pour relier Vienne) et l’architecture de certains quartiers sont les témoins de cette époque.

En 1914, un mouvement révolutionnaire appelé les Black Hand (les mains noires) se met en place en Serbie avec l’idée de libérer “le peuple slave” de l’occupation austro-hongroise. Gavrilo Princip à 19 ans, est membre de ce mouvement et lorsqu’ils projettent de tuer l’empereur lors de sa visite officielle à Sarajevo, il fait parti du commando. La première tentative d’assassinat est un échec, et c’est finalement à la suite d’un malentendu entre l’empereur et son chauffeur que ces derniers s’arrêtent en face du café où Princip mangeait un sandwich (détail important !!) et qu’il a alors eu l’opportunité d’assassiner Franz Ferdinand et sa femme. Le pays est toujours divisé, certains le voient comme un héros nationaliste qui les a sauvés, d’autres comme un assassin qui a été à l’origine d’une guerre terrible… Histoire surprenante, comme Princip n’a pas 20 ans au moment des faits (2 semaines avant son anniversaire !), il ne peut être condamné à mort. Il est donc condamné à la prison mais il meurt peu de temps après, de la tuberculose.

Le pont latin et en rose le bâtiment où l’archiduc et sa femme se sont arrêtés en taxi et ont été assassinés.

Maman : L’assassinat de François Ferdinand d’Autriche et de sa femme le 28 juin 1914 qui engendra la première guerre mondiale a été une excuse pour toute l’Europe.

La Yougoslavie est créée en 1919. Elle comprend : la Serbie, la Croatie, la Macédoine, le Monténégro, la Slovénie et la Bosnie-Herzégovine. Les diversités religieuses et nationalistes engendrent des troubles dans le pays jusqu’à la fin de la première guerre mondiale qui donne alors naissance au « royaume des serbes, croates et slovènes ». Ces peuples sont très différents les uns des autres, l’entente est toujours très fragile.

Après la deuxième guerre mondiale, Tito s’impose pour rétablir une union au sein du pays, il fonde le régime communiste yougoslave et met en place une dictature de 1945 à 1980.
Il dira :  « la Yougoslavie a 6 républiques, 5 nations, 4 langues, 3 religions, 2 alphabets et un seul parti. »
Ses prises de positions l’éloigneront de Staline, il sera alors soutenu par les États-Unis. Le pays connaîtra une postérité grâce à son développement économique, son ouverture sur le monde (tourisme) et sa rupture avec le communisme stalinien.

En 1984, Sarajevo accueillera les jeux olympiques d’hiver.
Mais après la mort de Tito, la montée des nationalismes fait éclater la Yougoslavie. L’effondrement des pays communistes voisins déclenche la guerre entre les différents peuples de Yougoslavie. La Bosnie-Herzegovine est déclarée indépendante le 1er mars 1992, suite à un référendum approuvant l’indépendance du pays par 62% de la population. Mais le résultat provoque la division entre les croates de Bosnie-Herzégovine ainsi que les bosniaques qui sont favorables et de l’autre côté, les serbes de Bosnie soutenus par les paramilitaires serbes, menés par Slobodan Milosević, qui veulent rester attachés à la Yougoslavie. Ceux-ci sont automatiquement intégrés dans « l’armée serbe de Bosnie » nouvellement créée.

Le 5 avril 1992 marque le début du siège de Sarajevo, la capitale du pays. Un blocus de la ville et de ses habitants par les forces serbes qui les bombardent depuis les collines autour de Sarajevo. Bilan : 44 mois de siège, 10 000 morts, 300 impacts par jour dont 3777 impacts d’obus le 22 juillet 1993.

Aujourd’hui Sarajevo redevient une capitale européenne moderne grâce aux industries et au tourisme.

Léna : Pour revenir sur des anecdotes données par Neno. Sarajevo signifie le palais dans la vallée en turc. En effet, à l’époque de l’empire ottoman, il y avait un immense palais en bois. Celui-ci n’existe plus aujourd’hui mais le nom est resté.

Dans le passé, Sarajevo était une ville importante de commerce et de nombreux marchands s’y rendaient pour vendre leurs affaires. La culture du pays veut donc que l’on accueille les voyageurs pendant 3 jours gratuitement. Ensuite, il est temps de changer de maison d’accueil. Ils ont conservé cette tradition et ne visite jamais leurs amis ou famille plus de 3 jours, au risque de sembler malpoli, de s’imposer !

Il en va de même pour les cafés, ici on se retrouve autour d’un café. On offre à son invité un premier café pour lui souhaiter la bienvenue, un deuxième pour l’inviter à se confier et le troisième signifiant qu’il est tant de se dire au revoir.

Neno nous explique que la période communiste est encore très présente dans les conversations, il n’y a pas un repas de famille où le sujet n’est pas discuté. Il explique que certains aspects de la vie à cette époque sont regrettéss : l’économie était meilleure, le taux de chômage inexistant. La vie était globalement plus simple. Aujourd’hui, le taux de chômage en Bosnie-Herzégovine est de 26% ! Bien entendu, il nuance ses propos en évoquant la censure et tous les interdits. Il conclura par un simple “aucun système n’est parfait“.

On raconte tout ça comme si c’était simple mais il nous a fallu beaucoup de temps pour tout comprendre !! Lire des articles sur internet, visiter un musée et les explications de Neno… Un passé pour le moins complexe !

Maman : La visite était super intéressante. Neno vivait ses explications autant qu’il les donnait, mêlant l’histoire de son pays avec ses souvenirs personnels, des anecdotes familiales, son quotidien de musulman non pratiquant.
Ça fait bizarre de penser que ce jeune a connu la guerre durant le siège de 92, que ce qu’il raconte s’est déroulé il y a une vingtaine d’années !

Nous allons ensuite manger dans un petit restaurant local fortement recommandé par tous : Hodzic.

Léna : On commande un seul cevapi, pour avoir déjà gouté et failli mourir tellement c’est lourd, un pour deux va suffire ! On accompagne avec une assiette de crudités et un yaourt avec dans un coin de notre tête, l’idée de manger un dessert dans un autre endroit. Le serveur n’est pas super aimable mais maman aura le droit à un clin d’œil (que je n’ai pas vu, donc je le trouve toujours pas très sympa). En tout cas, on se régale, la viande est de bonne qualité, le lieu bondé et le prix extrêmement correct ! 6€ !

Maman : Puis nous retournons errer dans les ruelles et nous installons dans un café typique pour déguster deux cafés : un turc et un bosniaque, très fort et très parfumé… il faudrait sans doute renouveler plusieurs fois l’expérience pour s’y habituer et peut-être apprécier … on ne sait pas trop quoi faire du marc qui flotte dans la tasse !

Léna : Maman qui n’aime déjà pas le café à la base, tient à gouter. Elle dépose le marc dans sa soucoupe : c’est du propre ! Puis, elle fait une telle grimace en buvant sa tasse que le serveur vient débarrasser avant même qu’on ait finit ! Elle n’est pas sortable ! Nous nous mettons ensuite en route pour découvrir l’une des plus belles mosquées des Balkans : Gazi Husreb-Beg, très mignonne au centre d’une petite cour, toute blanche, des dômes verts et le minaret qui s’élève haut dans le ciel. Il y a aussi un cimetière dans un coin et un café avec des gens qui parlent en terrasse, super sympa !

Maman : Nous évitons soigneusement de marcher sur les tapis devant l’entrée et retirons nos chaussures que nous laissons sur une petite étagère, puis nous sortons des sacs une écharpe pour couvrir nos cheveux et nos épaules ; nous voilà prêtes. Un monsieur nous accueille en nous guidant : nous entrons directement dans la pièce principale, fermée à nous par une chaîne qui empêche d’avancer au centre : les murs blancs sont décorés d’une petite frise peinte pour souligner les angles et tours de portes, d’immenses tapis recouvrent le sol, à gauche une vitrine en verre protège un énorme livre ancien : le coran. A droite, un rectangle abrité par un « étage » délimité par une barrière est réservé pour les femmes, elles peuvent aussi suivre la cérémonie du haut de cet espace en montant par les escaliers. Devant nous, une « chaire » permet à l’orateur de dominer l’assemblée. Tout l’espace restant est pour les hommes.

La ville basse compte une vingtaine de mosquées mais la montagne environnante ne permettant pas aux croyants de descendre 5 fois par jour à la prière, ce sont 200 mosquées qui ont été édifiées tout autour. C’est énorme sachant que Sarajevo et son agglomération comptent 400 000 habitants.

Léna : Puis nos pas nous dirigent vers la mairie qui fait aussi office de musée et bibliothèque. Durant les combats, ce bâtiment a été pris pour cible et 2 millions de livres anciens ont été brulés, c’était l’histoire de ce pays, de ces hommes qui s’affrontaient là qu’elles que soient leurs religions.
Le bâtiment est magnifique de l’extérieur mais aussi à l’intérieur une grande coupole très lumineuse donne accès à des pièces, salles de réception, un tribunal. Au sous-sol nous visitons le musée. Il nous raconte l’histoire de ce pays à travers des photos , des textes, des reliques. Le musée est rond, alors on commence par l’extérieur et on tourne tel un escargot dans sa coquille, ça donne presque le tournis ! Et avec tout ce qu’on lit et essaye de comprendre, c’est fatiguant ! Le musée nous permet de refaire le point sur les informations que l’on a eu ce matin avec Neno, super intéressant !

Maman : Toute cette journée d’immersion dans l’histoire de ce pays a été intense émouvante et poignante. Nous avons le besoin de nous alléger l’esprit : destination le point de vue sur la ville non sans un arrêt à la terrasse d’un salon de thé conseillé pour son originalité. Le salon de thé Cajdzinica dzirlo à une décoration orientale par ses tapis et tables basses. La terrasse est agréable avec des petits bancs. Les chats sont rois et trônent sur les sièges ou les genoux des clients. L’originalité tient certes au lieu mais aussi à son propriétaire, sosie de Jesus aux cheveux blancs et barbe, jusqu’aux habits. Il parle plusieurs langues et philosophe sur la vie, les voyages, nous souhaitant une bonne route …

Léna : J’ai beau appeler le petit chat pour qu’il vienne me voir, c’est sur les genoux de maman qu’il a élu domicile ! Il grignote le menu et se fait grattouiller par tous les clients, une belle vie de chat ! On commande deux thés différents, servis dans un joli service mais avec un gros sablier qui fonctionne à l’envers, les bulles remontent pour indiquer le temps qui passe, original mais ça casse un peu le style traditionnel du lieu. Alors qu’on papote avec maman, une jeune femme nous interpelle en français. Elle habite en Slovaquie depuis 2 ans et visite Sarajevo en repérage, elle compte revenir avec ses élèves. Nous discutons un moment avec elle. Elle me pose des questions sur mon voyage et ça me fait bizarre d’y répondre devant maman. Des questions auxquelles j’ai répondu des dizaines de fois depuis le début de mon voyage et qui me paraissent habituellement banales sont plus difficiles à formuler sous le regard attentif d’une maman. L’heure tourne et nous avons prévu de monter voir le coucher du soleil depuis la yellow fortress.

Maman : On a une vue sur les montagnes qui nous encerclent et nous dominent, on distingue de grands espaces verts parsemés de croix blanches, ou de pierres plus ou moins régulières, il s’agit des cimetières juifs et musulmans qui témoignent des événements passés.

 

En redescendant, nous nous arrêtons à une terrasse de café près de notre auberge, pour apprécier une bière sur une terrasse dont les sièges sympas nous tendaient les bras. Après avoir mangé à l’auberge, pas envie de se coucher si tôt… on repart dans les ruelles profiter de l’agitation et des lumières de la nuit. C’est une belle soirée que nous finirons à la terrasse d’un pub.

Léna : Pour quelqu’un qui n’aime pas la bière, elle grimace moins que sur le café, moi je vous le dis 😉

Maman : Dernier matin à Sarajevo, on prépare les sacs pour le départ qui aura lieu dans l’après-midi. Pour le petit-déjeuner, il faut finir les restes que nous ne pourrons pas emmener, notamment les pâtes. Léna se dévoue avec délice!

Léna : Délice, faut pas abuser non plus ! Mais c’est vrai que je ne suis plus très difficile en terme de repas, peu importe ce que c’est, peu importe l’heure …

Maman : Après avoir laissé nos sacs à la guesthouse, nous nous rendons au musée voir l’expo Gallery Srebrenica, 11/07/95. Nous savons que ce sera un moment fort, bouleversant… Nous nous souvenons tous de ce nom Srebrenica , associé aux mots « massacres » et « charniers », en tout cas pour moi, c’était ce qui me restait, mais nous avons occulté les détails de l’histoire de ce peuple martyr. Il s’agit de l’assassinat de 8000 hommes et adolescents ou enfants au mois de juillet 1995 dans la région de Srebrenica en Bosnie-Herzégovine par l’armée serbe de Bosnie dans une ville officiellement protégée par l’ONU (casques bleus néerlandais dont certains responsables ont été jugés coupables en juin 2017) après que ceux-ci aient séparé les hommes et les femmes, libérant celles-ci tandis que les hommes étaient fusillés.

Léna : Pour ma part, jamais entendu parler de ce massacre. J’en suis d’autant plus bouleversée quand je vois les dates. Il m’est dur d’imaginer qu’aujourd’hui encore, certains corps n’ont pas été retrouvés (car enterrés en masse dans les forêts), des enterrements sont en cours, les familles n’ont toujours pas récupérées leurs maisons… dans un pays d’Europe, si proche du notre ! La galerie est très bien faite, beaucoup de photos, des films, des explications dans un audioguide. L’ambiance est tamisée, on est réellement avec les victimes, témoins impuissants de ces horreurs.

Maman : Il reste quelques témoignages à lire mais la gorge nouée, la tête pleine d’images fortes, nous décidons ensemble qu’il est temps de ressortir, … Nous marchons dans les rues, au milieu de ces gens qui ont connu cette époque, 20 ans, c’est hier et aujourd’hui, le soleil est là, les touristes aussi. Nous arrivons ensuite au centre commercial, nous parcourons les allées, il y a plusieurs étages, nous arrivons en haut, une terrasse panoramique avec des fauteuils accueillants nous tente pour un thé réconfortant au soleil.

Puis, nous repartons dans le cœur du vieux quartier à la recherche d’un repas typique et local, ce sera : feuilletés farcis (burek) et dessert feuilleté amandes cannelle.

De retour à l’auberge, nous prenons nos affaires, le gérant nous propose gentiment d’appeler un taxi et direction la gare pour 2h30 de trajet jusqu’à Mostar. Dans le train, les pancartes annoncent que nous avons la wifi mais elle ne ne fonctionne pas longtemps. Les fauteuils peuvent pivoter sur eux même pour se positionner dans un sens ou dans l’autre, mais nous ne trouverons pas la bonne manip’ . Bref, le wagon est classe et nous faisons un bon voyage.

Arrivées de nuit à Mostar, nous marchons jusqu’à la guest que Léna a réservée, mais elle est fermée. Nous décidons de faire le point depuis un bar mais seuls des hommes sont assis en terrasse, nous poursuivons notre chemin et trouvons enfin un groupe de jeunes, garçons et filles, installés dans un café. Nous entrons avec nos sacs pour essayer de contacter le proprio.

Léna : Me revoilà au Cambodge quand rien ne se passe comme j’en ai l’habitude ! Je ne me suis jamais retrouvée à la rue en ayant réservée à l’avance ! Mais quand je change légèrement ma façon de voyager, je suis moins rodée j’imagine… J’ai l’habitude des auberges où il y a toujours du monde à la réception. Ici, c’est une chambre chez l’habitant… Le proprio répond rapidement à mes mails, il a malheureusement eu un décès dans sa famille et ne peut pas venir nous accueillir. Nous repartons donc après un excellent chocolat chaud à la noix de coco en direction d’une autre auberge qui propose des chambres privées. Qui dit auberge dit du monde à n’importe quelle heure dit une chambre pour nous, c’est parti ! Nous trouvons finalement une chambre, très propre chez Ejla Guesthouse. Nous préparons un petit repas dans la cuisine commune, puis nous regardons le dernier Koh lanta en replay (il ne faut pas perdre les bonnes habitudes !!).

Mostar, ses petites ruelles et son vieux pont !

 

Maman : Ce matin pour notre petit déjeuner Léna nous a acheté 3 viennoiseries locales, miam !!

Léna : Nous remontons la rue principale en direction du vieux pont. Une grande rue piétonne avec des commerces de chaque côté. Notre première visite est la mosquée Karadoz-bey datant de 1557. En plus de visiter l’intérieur on peut monter au sommet du minaret et ainsi bénéficier de la vue sur la ville. Les escaliers sont étroits et en colimaçon, maman râle, les escaliers elle n’aime pas ça !! Pourtant, ils sont assez normaux. La vue est top ! Nous observons un gigantesque clocher, une croix en haut de la colline, on aperçoit le bleu de la rivière, les montagnes tout autour, très jolie vue ! Pour la descente, maman est en panique, pour rappel, elle avait déjà eu du mal à Angkor hahaha ! Pourtant, ici, rien de comparable !

Maman : Nous redescendons à mon rythme, je n’aime pas les escaliers !!!

Puis nous partons visiter la vieille ville de Mostar : rues piétonnes et stands à touristes nous accueillent. Il faut dire que le Quartier du Vieux Pont de la vieille ville est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Nous ne sommes pas seules ici.

Durant la guerre, de nombreux bâtiments ont été détruits comme ailleurs, le vieux pont est dynamité en 1993 puis reconstruit à l’identique : le Stari Most est une arche en dos d’âne, il enjambe la rivière à 20 mètres au dessus.


Il accueille un traditionnel et ancestral championnat de plongeon. Nous prenons ensuite une boisson depuis la terrasse d’un café donnant sur le pont. Nous sommes alors témoins d’un étrange spectacle : un homme en maillot de bain s’échauffe longuement, se préparant à sauter du pont dans la rivière, mais après fortes gestuelles, il finit par redescendre tandis qu’un autre le remplace … un troisième mendie quelques euros auprès des touristes qui attendent le grand plongeon.

Léna : Comme partout, qui dit touristes dit attrape-touristes ! Le plongeon est tout ce qu’il y a de plus basique, il entre dans l’eau debout, rien d’exceptionnel mais il a eu le mérite de le faire contrairement au premier qui a juste récolté les sous et fait le show en slip de bain !

Sur le pont, nous entendons parler français et je demande à deux femmes de nous prendre en photos. Ce sont de vrais personnages ! La première qui dit « mais ils vont avancer ces petits chinois ?! » et la deuxième « bon si le gentil jeune homme veut bien se pousser ! », il faut entendre le ton et voir l’expression du visage qui va avec… On est mortes de rire ! Je ferai remarquer à maman que chaque fois que l’on croise des français ils sont soient en train de râler, critiquer, prononcer des injures … C’est systématique ! Alors on essaye de ne pas être trop françaises même si nous aussi on râle parfois hihi.

On essaye de trouver un point de vue sur le pont, à l’intérieur de la cour d’une mosquée, mais il faut payer pour pouvoir s’approcher, tant pis, on fait demi-tour on trouvera bien un autre endroit !

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bosnie herzégovine mostar pont stari most
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Maman : La rivière sépare la ville en deux, un côté musulman avec ses nombreuses mosquées, ses minarets, l’autre côté avec ses églises, les boutiques à touristes et les bars dont la musique très forte tente de couvrir l’appel à la prière des minarets dans un brouhaha surprenant.
Nous nous dirigeons vers une église en travaux dont le clocher indépendant du bâtiment est à 107m. Les portes sont fermées des ouvriers s’affairent à l’intérieur. Je vois Léna descendre des escaliers sur le côté à peine éclairée par sa lampe de portable. Non, ça ne se visite pas ! Léna revient ! Mais non maman ! J’ai déjà vu ça, les travaux dans les églises commencent souvent par la crypte, je vais voir ! Inutile de préciser que je lui emboîte le pas, dans le noir ! Elle finit par trouver un interrupteur qui nous permet d’éclairer les escaliers seulement. Nous distinguons une salle immense encombrée d’une grande quantité de chaises disposées là pour les messes qui s’y déroulent vraisemblablement. Derrière nous une pièce entrepose des objets et reliques dans des vitrines… nous en faisons le tour pour une visite (#muséebasket) tels des voleuses toujours éclairées grâce à nos portables. Nous éteindrons la lumière en repartant.

Léna : Nous ne faisons rien de mal ! L’exposition est totalement terminée et nous avons encore appris des choses ! Nous repartons ensuite à l’auberge pour nous changer, nous allons partir voir le village de Blagaj et vue la chaleur, on peut sortir les shorts ! On prend le bus local au niveau du Spanish square, devant le gros bâtiment jaune.

Arrivées à Blagaj, nous marchons jusqu’à la source dans la montagne. L’eau est verte, totalement transparente, c’est super mignon ! En revanche, nous sommes surprises par le monde !!! Je ne pensais pas que c’était si touristique… Repas au resto, resto à touristes … mais nous sommes seules en bord de rivière, pas trop mal !

Puis, nous partons visiter la maison traditionnelle turque au dessus de l’eau qui est aussi un lieu de prière dans la roche. Il faut se couvrir pour y accéder, nous mettons une jupe longue sur nos shorts, des manches longues et un foulard dans nos cheveux.

Maman : C’est une sensation très bizarre d’être accoutrée comme ça, pour nous c’est comme un déguisement mais pour ces femmes, c’est leur quotidien. C’est un symbole très fort et je ne suis pas très à l’aise. Pourtant ce n’est qu’une jupe longue informe et un foulard…

Léna : La décoration est sommaire mais colorée, chaleureuse. Il y a des tapis partout. On peut goûter l’eau de la source qui sort directement par le robinet. Nous faisons ensuite le tour pour nous approcher de la grotte, on s’assoit au bord de l’eau pour profiter du soleil et de la tranquillité du lieu.

Maman : C’est un endroit très paisible qui incite à la méditation… un guide nous explique que pendant la guerre aucun projectile n’a pu atteindre la maison abritée sous la roche. Ce lieu a toujours accueilli des pèlerins et des religieux.

Pour le retour nous prenons à nouveau le bus de ville avec les locaux, il y a du monde à l’intérieur une dame entreprend d’utiliser ses quelques mots d’anglais à grand renfort de signes et de mots bosniaques pour nous parler, ses commentaires font rire tous les passagers qui l’entendent. L’atmosphère est très amicale envers nous. Quel regret de n’avoir pas pu échanger davantage avec elle et son voisin de siège !

De retour dans le centre nous repartons à la découverte de cette ville. Les maisons sont toutes mignonnes, les boutiques, les cours des habitations et tout à coup on rencontre des maisons telles qu’elles étaient après la guerre, plus de toit, plus de fenêtre, plus de porte, grise, triste, éventrée, trouée d’impacts de balles … souvent la végétation a poussé à l’intérieur, herbes et arbres ont envahi les pièces, parfois un grillage empêche l’accès d’autres fois les ouvertures du rez-de-chaussée ont été murées, elles sont tristes, lugubres la nuit, symboles d’une horreur pas si lointaine.
Dans notre chambre une photo encadrée au mur rappelle qu’une partie du toit n’avait pas résisté à un bombardement … c’est précisément là où nous dormons…

Le lendemain matin nous nous mettons en route pour la Croatie. Dubrovnik sera notre prochaine étape. Ce sera un voyage d’environ 3 heures en bus. Au revoir la Bosnie ! Voilà un beau pays qui nous a vraiment touché par son histoire.

 

En conclusion :

Nous avons vraiment apprécié la Bosnie-Herzégovine. Un dépaysement total, une histoire compliquée mais tellement importante, de jolis paysages, … Et puis, bien sûr, le plaisir de retrouver Maman !! Hâte de voir la suite !

 

Infos pratiques :

Sarajevo :

Seven Heavens Guesthouse en plein centre de Sarajevo. Super accueil, très propre, je recommande
– Neno & friends Free walking tour
– Boire un thé à Cajdzinica dzirlo
Hodzic pour un bon repas traditionnel à petit prix !
– Coucher de soleil à la Yellow fortress
– Visite de la mairie avec son musée au sous-sol et la Gallery Srebrenica.

Mostar :

Ejla Guesthouse très bien.
– Monter au sommet du minaret dans la vieille mosquée Karadoz-bey
– Le Stari Most
– Prendre un bus local au départ du Spanish Square pour se rendre à Blagaj (BEAUCOUP moins cher que les tours organisés….!)