Retour à Imsouane et paradis secret à Tafedna

Après quelques jours à Agadir, la tentation était grande de repasser par Imsouane. J’étais partie suite à un trop plein d’émotions en tout genre et pourtant, cet endroit m’a énormément manqué. Je n’ai pas peur de le dire, Imsouane est un lieu magique et vraiment spécial. J’ai hâte de revoir mes collègues, mon bébé chat, de retourner surfer, de refaire du yoga, de voir à nouveau le temps s’arrêter. Il y tous ces signes qui me poussent à revenir, un évènement super cool dimanche après-midi, une expo d’art avec DJ, les anniversaires de mes collègues (Lily, Lisa, Maureen, elles sont toutes nées la même semaine, incroyable non ?) et le retour du soleil !

Trajet en stop !

Je pars donc en stop en fin de matinée, je m’arrête à Tamraght faire un dernier coucou à Giulia et Jawad sur ma route. Nous prenons un smoothie à Babakool, je suis heureuse de les voir, ce sont vraiment devenus des amis au cours de ces 2 derniers mois.

Le trajet en stop jusqu’à Imsouane est le plus laborieux de ces derniers mois, je ne sais pas pourquoi je galère autant. Je trouve un premier chauffeur très rapidement, mais sur une petite distance, jusqu’au rond-point de Taghazout. Il est gentil et serviable mais ne parle pas beaucoup. Quand il me dépose 3 autres filles franco-italiennes sont également en train de faire du stop. Une voiture s’arrête et bien qu’elle me propose de monter avec elles, je leur laisse la priorité et choisis d’attendre la prochaine voiture.

Quelques secondes plus tard, une grosse Porsche passe, je lève le pouce avec 0 espoir que le bolide s’arrête, et pourtant, je vois la Macan ralentir ! Incroyable. Encore une fois, c’est un petit trajet mais toujours mieux que rien, j’avance dans la bonne direction. Le monsieur est très gentil, il parle français et m’explique qu’il travaille dans l’agriculture et la culture des tomates qui sont exportées en France. Il se rend au restaurant et m’invite à me joindre à lui mais je dois continuer ma route, je souhaite voir l’évènement Salon Jardin à Olo. Il me dépose et je lève le pouce une nouvelle fois.

C’est un gros camping car qui s’arrête cette fois, un couple espagnol-argentin me propose de m’amener à quelques kilomètres de là, ils vont à un spot secret de surf. J’accepte avec plaisir, leur véhicule est super spacieux et bien aménagé, ça me donne des idées … J’ai de plus en plus envie de voyager en van, mais pas toute seule ! Et je n’ai toujours pas trouvé avec qui faire ce voyage, affaire à suivre !

Quelques kilomètres plus loin, au milieu de nulle part, je lève le pouce une nouvelle fois. Une voiture s’arrête rapidement, il s’agit d’un monsieur d’un certain âge qui parle parfaitement français et se surnomme « la tortue » car il n’aime pas rouler vite, il s’excuse même de me mettre en retard. Pour être honnête, il roule à une vitesse normale ! Il est très bavard et me parle de sa passion pour la pêche et l’océan, il ne pourrait pas vivre ailleurs que sur la côte et adore manger du poisson. D’ailleurs, il fait la route jusqu’à Tamri juste pour manger dans un restaurant de poissons frais. Il me propose également de manger avec lui mais toujours le même refrain, je dois poursuivre ma route.

Je traverse le village de Tamri à pied, un monsieur qui a habité plusieurs années en France m’accompagne jusqu’à un meilleur endroit pour faire de l’autostop, il est trop content de parler français et est surpris de ne m’avoir jamais vue dans ce village quand je lui dis que j’habite à Imsouane depuis plusieurs mois. Il faut dire que je ne suis pas beaucoup sortie d’Imsouane lorsque j’habitais ici. Il repart comme il est venu me laissant avec mon pouce en l’air à la sortie de Tamri.

J’attends longuement, les minutes passent et très peu de voitures circulent. Il fait une chaleur à mourir, je cuis mais je garde espoir. Une voiture passe et me propose de m’amener à Imsouane pour 20 dh (moins de 2 EUR) la somme est ridicule mais question de principe, je refuse, je veux y aller en stop. 30 minutes plus tard, je n’ai pas bougé et je regrette d’avoir fait ma tête de mule, j’aurai peut être dû accepter car personne ne passe sur cette route aujourd’hui… Il faut dire que c’est l’heure de manger, il est 14h00. L’évènement Salon Jardin termine à 15h, je me suis fait une raison, je vais le rater.

Finalement, une voiture passe très vite devant moi, j’ai mon pouce en l’air et je vois une tête sortir de la fenêtre arrière me demandant où je vais, je réponds Imsouane et la voiture s’arrête bien plus loin, enclenche la marche arrière et viens me récupérer ! 3 hommes dans la voiture, celui à côté de moi à l’arrière est un ancien prof de surf d’Imsouane qui a décidé d’opter pour une vie plus « normale » en acceptant un poste de commercial à Marrakech. Il souhaite montrer à ses collègues son ancien lieu de vie et ils vont donc faire une étape à Imsouane. Parfait, ils vont pouvoir me déposer, c’est le dernier trajet de la journée. Nous parlons tout le long, Mohamed est super sympa et m’explique qu’il est compliqué de vivre longtemps à Imsouane, la vie y est agréable mais il est dur de se projeter, il rêvait d’une vie de famille et il ne pouvait l’obtenir à Imsouane avec les romances éphémères et le turn over incessant.

Je suis de retour !

Ils me déposent enfin au rond-point d’Imsouane, le fameux « centre-ville » et je n’ai pas le temps de descendre de la voiture que j’aperçois Lahcen, Bennett et Lisa ! Je ne savais même pas que Lisa était revenue, je suis trop contente ! Nous discutons quelques minutes dans l’émotion de nous retrouver, ils sont sur le point d’aller surfer mais me recommandent de passer d’abord à l’évènement organisé à Tayourt car tout le monde y est encore. Une voiture s’arrête et je vois Abdo en descendre, les yeux écarquillés, surpriiiiise je suis de passage ! Quand la voiture redémarre, je vois Nabeela sortir d’un des shops au bord de la route, suivie de Ceri ! Incroyable, en quelques secondes, je vois tous ces visages familiers et suis accueillie par de nombreux sourires, ça me fait un bien fou ! Arrivée à Tayourt, les exposants ont déjà tout rangé, je suis là trop tard mais je retrouve le reste de mes amis : Jimena, Mitch, Mohamed, … Je vois aussi les gérants d’Olo qui sont surpris de me voir revenir exactement 1 mois après mon départ, ils me proposent immédiatement de retravailler avec eux, je rigole et réponds « Non, pas cette fois ! Je suis là en touriste ! ». A ce moment-là, je n’ai aucune idée de la suite des évènements.

Je décide de dormir sur le toit de la maison des staffs, comme j’en avais l’habitude pour regarder les étoiles. En arrivant à la maison, je suis émue de voir que certaines choses que nous (les 3 filles avec qui j’ai habité le premier mois) avions aménagé sont toujours là : les plantes de Lisa dans les bouteilles en plastique, les décorations en recyclage de Joana, les rideaux coupés, le miroir penché … Je retrouve vite mes marques et en même temps je sens bien que l’ambiance a changé, il y a plein de nouvelles personnes que je ne connais pas dans cette maison.

Réveil sur le toit !

Retour au Smoothie bar, je retrouve Selma, Isa, Mehdi, Fouad, mon bébé chat Titou ! Trop de bonheur. En passant acheter des bananes, je croise par hasard Federico ! Un ancien qui est également revenu, waouh ! En quelques minutes, j’ai retrouvé tout le monde, c’est un sentiment incroyable de se sentir chez soi si loin de chez soi.


Je me rends au cours de yoga et vois Maureen ! Je mange dans le tout nouveau restaurant Anzar qu’Emma vient d’ouvrir après des mois de travaux. C’est beau de voir que ce petit village évolue en permanence, que de nouveaux évènements, restaurants ouvrent, que de nouvelles personnes viennent et créent de belles choses.

Alors que je suis au restaurant avec Lisa, elle reçoit un message lui demandant si elle peut commencer à travailler au Smoothie bar le lendemain pour quelques jours, Lisa ne peut pas car elle a déjà des choses de prévues et alors que je ne l’avais pas envisagé une seconde, tel un cri du cœur je lui dis « t’inquiète, je vais couvrir ces quelques shifts ! ». Et voilà comment je me suis retrouvée à travailler de nouveau au Smoothie Bar pendant 1 semaine !

J’ai commencé dès le lendemain à 7h du matin, j’ai pu observer le plus beau des levers de soleil ! J’ai rencontré 2 nouveaux membres de l’équipe : Mary une allemande et Karen une belge. Elles sont toutes les 2 adorables et je suis trop contente de travailler avec elles. Je retrouve aussi mes habitudes de boulot avec Mehdi et Lahcen. Je prends un plaisir fou à faire les smoothies et préparer le petit-déjeuner. Contrairement à la dernière fois, j’ai pris les choses plus à la légère et j’ai réellement apprécié chaque minute !

Les jours passent à toute vitesse, je mange une super pizza à Petit Surfeur, un excellent Taco à Coffee house, une crêpe à la Cre’Pierre. C’est comme si je n’étais jamais partie. Un soir, les 3 américains de la Staff House décident d’organiser un diner de Thanksgiving et j’ai le plaisir de découvrir toute cette nouvelle famille dont je fais à moitié partie réunie autour d’un repas incroyable pour Imsouane ! Jamie à cuisiner comme une chef, tout le monde se régale. C’est la première fois que je vois des restes et pourtant, elle a réussi l’exploit de cuisiner pour 20 personnes ! Un régal.

Je retourne surfer également, un vrai plaisir ! Les vagues sont énormes maintenant, je comprends mieux pourquoi l’hiver est la saison haute par ici. Bien que l’eau soit très froide, il y a du monde à Magic Bay. Et aussi à Cathédrale pour les pros 😉


J’arrive à prendre quelques « grosses » (pour moi c’était gros haha) vagues, je suis fière de mes progrès. Cependant, je prends trop la confiance et ne suis pas assez prudente, ou pas assez douée et me fais mal 3 fois en 3 jours. D’abord un énorme bleu sur la cuisse, puis le pied ouvert avec les ailerons de la planche, enfin, une oreille qui saigne après que la planche me soit tombée sur la tête par inadvertance de ma part. Message reçu, le surf c’est fini pour cette fois ! Il faut savoir écouter les signes de l’Univers et ne pas tenter le diable, je ne retourne donc pas surfer. Mais je suis contente de mes progrès, c’est l’essentiel.

Le dernier soir est déjà là, après le travail, toute notre petite équipe du Smoothie Bar est réunie et nous buvons quelques bières dans les rires et l’enthousiasme de nous rendre en soirée. C’est l’anniversaire des filles, une grosse soirée est prévue à Petit Surfer. Tout le monde est là, le restaurant est rempli, la musique bat son plein, les gâteaux arrivent avec les bougies, nous passons une excellente soirée. Je n’aurai pas pu rêver mieux comme soirée d’au revoir.

Mon cœur est rempli d’amour pour ce bel endroit, je suis sereine et pars plus légère que la première fois. Les au revoir sont plus simples. Je suis tellement heureuse d’être revenue et de finir sur cette bonne note.

Parfois, il faut savoir s’écouter, j’avais besoin de partir pour mieux revenir. Il n’y a pas de hasard je crois. Imsouane m’aura appris tellement sur moi-même ; je suis passée par tous les états mais j’en ressors grandie et plus forte que jamais !

Paradis secret, chuuuuut ….

Et c’est le départ, je pars en stop pour l’Ane Vert à Tafedna, où Teresa et Maureen vont me rejoindre.

Je connais bien cette route, je lève le pouce et un taxi partagé s’arrête pour me conduire à la route principale « Essaouira-Agadir ». A l’arrivée, le chauffeur ne veut pas que je paye les 5 dh, waou, c’est un joli cadeau de départ, trop gentil ! Sur la route principale, une voiture s’arrête immédiatement, 4 personnes à l’intérieur, je m’assois à l’arrière, serrée entre 2 femmes avec mon gros sac sur les genoux ! Nous sommes un peu à l’étroit. Il s’agit de 4 sportifs algériens francophone, 2 hommes et 2 femmes. Je discute tout le long avec ma voisine de droite, je leur demande quelles sont les différences qu’ils ont pu constater entre le Maroc et l’Algérie, elle me répond que culturellement c’est très proche et qu’ils n’ont pas remarqué de grosses différences. En revanche, les marocains mangent plus épicé ! Ils se rendent d’Agadir à Casablanca, une longue journée de voiture. Je suis bien contente d’avoir fait un bout de route avec eux, c’était super intéressant ! J’ai beaucoup de chance, à peine descendue de voiture à l’embranchement pour la route de Tafedna, une voiture passe et s’arrête ! C’est une toute petite route, un cul de sac à l’arrivée dans le village 15km plus bas !

Les vues surplombant la mer à mon arrivée me laissent sans voix, je ne m’habitue pas à la beauté de la côte marocaine. Arrivée dans le village, j’adore cette rangée de maison aux volets bleus qui semblent contempler l’océan. Quelques rares restaurants et magasins sont ouverts mais ce que j’observe tout de suite c’est le calme et l’immensité de la plage avec les bateaux bleus qui reviennent de la pêche. Ce village semble hors du temps.

Je parcours les 3 km qui me sépare de l’éco-hôtel de l’Ane Vert à pied. Le chemin passe au travers de paysages magnifiques, des dunes sur ma gauche, des palmiers sur ma droite, l’océan au fond. Je dis bonjour et parle avec les dromadaires et ânes que je croise tout le long du chemin (tout est normal haha). Cet environnement est tellement relaxant. J’aperçois quelques marocains et suis surprise de les voir en doudoune alors que je suis en tee-shirt. Puis je réalise que nous sommes le 1er Décembre ! Incroyable, il fait tellement doux et le soleil tape fort !

Ma première impression de l’Ane Vert est « je veux vivre ici pour toujours ! » : c’est tout ce que j’aime !
La nature tout autour, des paysages incroyables, des petits bungalows dans un jardin arboré et fleuri, tout est écologique et durable (électricité solaire, toilettes sèches, système de récupération de l’eau, recyclage, matériaux naturels…). Il y a une salle de yoga qui surplombe l’océan, une immense terrasse avec des endroits où se poser confortablement, une salle intérieure avec une expo d’art, c’est l’endroit parfait.

Maureen et Teresa arrivent peu de temps après moi, nous nous installons sur la terrasse pour déguster un smoothie, un régal ! Chacune avec notre livre, nous passons l’après-midi à bouquiner au soleil. Nous apprécions un délicieux dîner avec des patates douces panées, des lentilles et une sauce à tomber. Excellent mais un peu cher… Comme c’est toujours l’anniversaire de Maureen, nous optons pour le dessert, un brownie chocolat mangue à tomber ! Mais après la soirée de la veille, à 22h tout le monde dort ! Il faut dire que j’apprécie d’avoir un toit au-dessus de la tête et un vrai lit après une semaine à dormir à la belle étoile sur la terrasse. Bien que j’adore voir les étoiles filantes pour m’endormir et me réveiller avec le soleil, un peu de confort est toujours agréable de temps en temps haha.

Nous sommes réveillées par un chien pendant la nuit, grrr, et le matin le ciel est gris ! Je souhaite partir pour poursuivre mon voyage et je sais que la fin de ce séjour est proche. Je dois être le 13 Décembre à Lisbonne et comme je me suis promis de ne pas prendre d’avion, il vaut mieux que j’accélère un peu. Teresa nous convainc d’écouter notre voix intérieure et en quelques secondes, alors que le ciel s’est découvert et qu’un arc-en-ciel s’est formé au-dessus de l’océan, je n’ai plus aucun doute, je choisis de rester une nuit de plus ! Le petit déjeuner, des pancakes et une salade de fruit n’y est pas pour rien également ;).

Nous marchons jusqu’au village, nous sommes seules au monde. Une plage déserte de 3 km, c’est incroyable. Un vrai endroit secret à préserver loin du tourisme de masse. Les filles souhaitent louer des planches de surf, je passe après les petits incidents de la semaine, je préfère me contenter d’une lecture au soleil. Je bronze abritée du vent par les rochers, le bonheur pour un mois de décembre !

Nos estomacs nous rappellent à l’ordre et nous dégustons une omelette et une salade marocaine sur le port. Une énorme averse nous oblige à rester à l’intérieur et nous repartons à la première accalmie jusqu’à notre petit coin de paradis.

Nous sommes toutes les trois ferventes adeptes du yoga et utilisons donc la belle salle pendant une heure. Un vrai bol d’air frais et un moment ressourçant plus tard, la pluie a repris de plus belle.

Nous nous allongeons dans les canapés du restaurant, nous sommes abritées mais pouvons toujours profiter de la vue. Avec nos bonnets et notre couverture, vous pourriez croire que nous sommes en vacances à la montagne, tout juste descendue de notre piste de ski ! Nous discutons pendant des heures de nos vies, de notre expérience marocaine, de nos plans futurs, un moment précieux d’échange et de partage. Après un tajine de légumes pour le diner (toujours cher…) et une partie de billard, nous rentrons dans notre joli bungalow pour cette deuxième nuit, coupé du monde extérieur.

A 10 heures, nous reprenons le chemin avec Maureen, 3 km à pied, toujours sac sur le dos, direction le « village » pour faire du stop et retourner sur la route principale. Malheureusement, ce village n’en est pas vraiment un et les voitures sont rarissimes. Nous attendons bien 30 minutes sans que personne ne passe, une voiture arrive et nous lui sautons littéralement dessus, en restant polies bien sur ! Nous ne laissons pas vraiment le choix au conducteur de nous prendre, il essaye de nous expliquer quelque chose mais nous ne comprenons pas. En fait, il doit faire un détour pour passer à une école sur la route. Du moment qu’on avance en direction de la route principale à 15km de là, tout nous va ! Nous y arrivons finalement et Maureen repart pour Imsouane tandis que je me rends au Nord, direction Safi à 200km de là.