Visa run à Fnideq/Ceuta

Déjà 3 mois que je suis au Maroc, c’est incroyable comme le temps est passé vite. Je ne me sens pas vraiment prête à partir alors j’ai décidé de faire un visa run (renouveler mon visa) à Ceuta, une ville espagnole sur le territoire marocain. En tant que française/européenne, nous bénéficions de 3 mois de visa à chaque entrée sur le territoire, il suffit donc de sortir du pays et d’y rentrer à nouveau pour avoir 3 nouveaux mois. A Ceuta, aussi appelé Sebta, pas besoin de traverser la mer, je peux traverser la frontière à pied, ça m’arrange !

Opération : Visa Run !

De Tétouan, je prends un grand taxi pour Fnideq, nous sommes 7 dans la voiture pour 40 km, je commence à avoir l’habitude. J’ai loué une chambre dans un Airbnb pour la nuit, je suis très bien reçue par Monim, j’ai une chambre privée avec un grand lit, waouh ça fait longtemps que ce n’est pas arrivé ! C’est immense pour moi toute seule, il y a une grande cuisine, je suis trop contente je vais pouvoir me faire un bon petit plat !

Après avoir déposé mes affaires, je pars me promener le long de la plage, c’est trop joli. Je suis tellement heureuse de retrouver la mer ! Malheureusement, c’est la Méditerranée, le bruit des vagues me manque depuis Imsouane. J’aperçois la ville de Ceuta, c’est une presqu’île qui semble flotter au milieu de l’eau !

Je fais le tour de la jolie mosquée bleue et après la balade de rigueur au marché, je suis surprise de voir la tonne de produits industriels, vetements, cosmétiques, … qui semblent être “tombés du camion” et mis en vente sur des stands de fortune. Les rues sont impraticables, remplies de produits en tout genre.

J’achète des légumes et rentre me faire plaisir dans la cuisine de mon grand chez moi, j’utilise les épices présents dans la cuisine, aïe aïe ce n’est pas du paprika mais du piment !! Ça pique mais c’est quand même bon. Je me sens un peu seule, je n’ai plus l’habitude, j’ai été très rarement seule au cours des derniers mois. C’est important aussi de faire un point sur sa vie de temps en temps. Je dors de bonne heure et me réveille tard, il faut croire que j’étais fatiguée !

Visa run !

Je pensais partir tôt pour la frontière mais il est déjà 11h, tant pis !  J’applique la règle des moins de 5km j’y vais à pied, me voici donc en route pour les 3 km qui me séparent de l’Espagne. La route est très agréable, je marche le long de la côte. Il y a un espace piéton aménagé (plutôt rare au Maroc!). Sur ma droite, la mer et les pêcheurs qui gravitent sur les rochers à la recherche de poisson. Sur ma gauche, la route passante et les montagnes dominant la mer. J’ai retrouvé le soleil, c’est trop agréable !

J’arrive rapidement à la frontière, il y a du monde partout, des voitures stationnées dans tous les sens, beaucoup de taxis et des gens qui semblent attendre, attendre quoi ? Je ne sais pas. Je suis un peu perdue, il n’y a aucun panneau indiquant où se rendre. Un monsieur qui vend des choses à manger me fait signe de doubler une file et d’aller directement vers des douaniers qui sont à une entrée. Les douaniers me voient et me font signe. Sans aucun contrôle de mon passeport ils me font signe d’avancer. Je viens donc de griller toute la file simplement au faciès, parce que je n’ai pas l’air marocaine (et pour cause, je ne le suis pas…). J’avance ensuite entre des barrières, d’autres douaniers me font signe d’avancer, je continue ma route. Finalement, un douanier qui était en train de parler avec des personnes (je sous entends par là que ce n’était pas son boulot de checker les passeports), demande à voir mon passeport, il m’indique que j’ai loupé le tampon de sortie ! Tellement pas de contrôle que j’ai pu quitter le pays sans m’en rendre compte. Demi-tour, je demande mon tampon à un douanier caché derrière une petite fenêtre, toujours aucune indication sur la marche à suivre (pas de panneau, rien!). Je poursuis donc ma traversée entre les deux pays et cherche où enregistrer mon entrée en Espagne : il n’y en a pas ! Je rentre en Espagne sans aucun contrôle. (j’ai vu une petite fenêtre pour les citoyens non européens mais personne n’a vérifié si j’avais effectivement le bon passeport, j’aurai pu être canadienne, australienne ou que sais-je!). Bon, et bien on peut dire que c’était facile !

Une après-midi en Espagne !

Arrivée de l’autre côté, je prends un bus à 0,80€ pour rejoindre la presqu’île, somme qui me semble être une fortune après 3 mois au Maroc ! Pour ce prix, j’aurai pu faire au moins 20km, pas 4 haha.

Je me promène et suis surprise que tout ait l’air fermé, j’ignore si c’est l’heure de la sieste ou simplement le fait que l’on soit hors saison ! Je constate immédiatement qu’il y a plus de femmes dans les rues qu’au Maroc et globalement moins de femmes voilées. Les hommes boivent de la bière aux terrasses de café ! C’est dingue comme ce petit détail me surprend ! Je n’ai vu personne boire de bières en « public » depuis 3 mois ! La ville est également plus propre, plus organisée ! L’architecture est européenne, les allées sont larges, les noms des rues sont clairement indiqués, les voitures roulent toute dans le même sens selon le code de la route que l’on connait en Europe… Je ne saurai même pas comment décrire les différences mais je sens vraiment que j’ai passé une frontière.

Après un petit tour dans le centre, direction le point de vue au Parque San Amaro. Je suis toute seule dans ce parc, c’est surprenant, je me demande même s’il est fermé mais non ! Je grimpe par les petits chemins et suis subjuguée par la vue ! Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi joli.

J’aperçois l’Espagne, le détroit de Gibraltar, la mer Méditerranée sur ma droite. En face, je vois la ville de Ceuta rattachée au continent, le port et la montagne de Jebel Musa qui se cache derrière un nuage. Sur ma gauche, le Maroc, la ville de Fnideq avec sa mosquée qui dépasse. Et partout, cette eau turquoise, incroyable.

Le seul bémol du parc, ce sont les cages remplies d’oiseaux … Ils me font de la peine et j’ai la chanson « ouvrez ouvrez la cage aux oiseaux, regardez les s’envoler c’est beau, les enfants si vous voyez, des petits oiseaux prisonniers, ouvrez leurs la porte vers la liberté. » qui me suit tout le long de ma promenade.

Après la balade, retour dans le centre et j’attrape un bus pour rentrer au Maroc. « Rentrer », c’est drôle ce vocabulaire que j’utilise sans même m’en rendre compte. Cela fait déjà 3 mois que je réponds à qui veut bien l’entendre que j’habite au Maroc. Et oui, c’est là que j’ai posé mon sac à dos et donc là que je vis. Un pays où je me sens bien, un pays magnifique tant par ses paysages que ses habitants.

Retour au Maroc

Le passage de frontière est tout aussi simple qu’à l’aller, toujours aussi peu de contrôle pour moi la petite occidentale. Je grille à nouveau toutes les files d’attente. J’ai fait quelques courses en Espagne (du froooomage) et j’ai donc un petit sac de courses à la main. Je pourrai passer inaperçu au milieu de toutes les femmes marocaines qui rentrent aussi chez elles, les bras chargés de sacs de courses ! Je comprends mieux l’étalage de marchandises aperçu hier à Fnideq, il y a un réel trafic.

Les douaniers ne contrôlent toujours pas mon passeport ni mon sac de courses !! Alors que les marocaines doivent ouvrir leur sac pour montrer ce qu’il contient. Délit de faciès, discrimination positive… Pfff, ça m’agace, moi aussi je veux montrer le contenu de mon sac, j’ai du fromage et du quinoa !!!

Comme à l’aller, je rentre presque au Maroc sans tampon dans mon passeport, je dois vraiment chercher le bureau, toujours aucune indication. A nouveau, les contrôles sont minimes. Je pense que j’aurai pu traverser sans passeport personne ne s’en serait rendu compte (parce que je ne suis pas marocaine j’entends). Surprenant.

De Fnideq, je trouve un petit bus qui se rend à Tanger, un bus tout pourri ! A mon grand désespoir, les vitres sont très sales et je ne peux pas bien regarder les paysages. La route est magnifique, entre mer et montagnes, le coucher de soleil en fond, des champs d’éoliennes, le port de Tanger Med. Et après un trajet qui me semble étonnamment long pour si peu de kilomètres, j’arrive de nuit à Tanger. Les lumières de la ville me rappellent que je ne suis plus dans mes montagnes.

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